Straight Flush (B‑29 Superfortress)
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    Straight Flush
     
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|   Le B-29 Hagarty's Hag, exposé au Hill Aerospace Museum (en), a été repeint en 2015 pour reproduire l’apparence du Straight Flush[A 1],[A 2]  | |
| Constructeur | Glenn L. Martin Company à Omaha, Nebraska[A 3] | 
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| Rôle | B-29-55-MO Superfortress[A 3] | 
| Statut | Préservé depuis 1983[A 3] au Hill Aerospace Museum (en) de la base aérienne Hill Air Force Base[A 3] | 
| Mise en service | [A 3],[A 4] | 
| Date de retrait | [A 3],[A 4] | 
Le Straight Flush (prononcé en anglais : [streɪt flʌʃ]) est un bombardier américain Boeing B-29 Superfortress ayant participé à la mission de bombardement atomique d'Hiroshima, à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Son nom fait référence à une combinaison gagnante au poker : la Quinte flush.
Le 6 août 1945, le Straight Flush est chargé d'une mission de reconnaissance météorologique au-dessus d’Hiroshima, quelques heures avant l’arrivée de l'Enola Gay. Son objectif est de vérifier si les conditions permettent un bombardement visuel.
Son rapport confirme un ciel suffisamment dégagé, ce qui conduit au choix définitif d’Hiroshima comme cible. L'Enola Gay met le cap sur Hiroshima, transportant à son bord la bombe atomique surnommée Little Boy, qui sera larguée sur la ville japonaise, provoquant des destructions sans précédent.
Le Straight Flush ne participe pas à la seconde attaque atomique sur Nagasaki ; cette fois, c’est l'Enola Gay lui-même qui assure le rôle d’avion de reconnaissance météorologique pour cette mission.
Seconde Guerre mondiale
Construction et caractéristiques
L'armée de l'air américaine mit en place le projet Alberta[O 1] et le programme Silverplate[O 2] dans le but de modifier des bombardiers B-29 pour leur permettre de larguer des armes nucléaires[O 2].
Le général Henry Harley Arnold ordonna personnellement que quatorze avions soient mis à disposition pour transporter la bombe atomique ainsi que les instruments nécessaires au soutien des attaques nucléaires[O 2] et quatorze B-29 modifiés furent disponibles au 1er janvier 1945[O 2].
Un total de 65 bombardiers B-29 Silverplate furent produit pendant la guerre[O 3].
Le Straight Flush (numéro de modèle B-29-55-MO[A 3], numéro de série 44-27301[O 4],[O 5]) est l'un des 531[A 4] bombardiers B-29 construit par la Glenn L. Martin Company dans son usine de bombardiers de Bellevue au Nebraska[A 3], jouxtant l'actuelle base aérienne Offutt.
Le bombardier Straight Flush tire son nom de la passion du pilote Claude Eatherly[A 5] et de son copilote Ira Cecil Weatherly Jr[A 6] pour le poker. Lors de missions de bombardement conventionnelles, ils jouaient aux cartes en vol, l’appareil étant brièvement placé en pilote automatique[A 6].
L'avion est réceptionné par l'United States Army Air Forces le 6 aout 1945[A 3], le même jour qu’un autre B-29 (l'Enola Gay) larguait sa bombe atomique sur Hiroshima, au Japon[A 3],[A 4].
Déploiement à Tinian
La conquête de Tinian et des îles Mariannes permit l'établissement de bases-clés pour la poursuite de l'offensive dans le Pacifique et tout en mettant le Japon à portée des forces aériennes américaines.
À cette époque, quatre groupes de combat aérien[note 1] furent affectés des missions de bombardement aérien contre le Japon : le 6th BG, le 39th BG (en), le 444th BG (en) et le 497th BG (en)[O 6].
Le 393d Bomb Squadron détaché du 504th BG (en) et électionné en raison de son expérience dans les missions en mer ouverte[O 7], acquise au-dessus de la mer des Caraïbes[O 7], se joignit à d'autres unités pour former le 509th Composite Group[O 7],[note 2], le 11 juin 1945[O 8].
Le 509th CG fut commandé par Paul Tibbets[O 2],[O 7].
Afin de préserver le secret entourant le 509th CG et de tromper les services de renseignement japonais, les quinze bombardiers B-29 de cette unité furent délibérément dotés des marquages distinctifs d'autres groupes de la 20th Air Force[O 9],[note 3].
Ces marquages distinctifs étaient attribués par groupe de trois avions au sein du 509th CG dans le but de dissimuler les vols de reconnaissance effectués en binôme au-dessus ou à proximité du Japon, en les faisant passer pour des missions ordinaires de groupes réguliers[O 9]. L’utilisation d’insignes déjà en service contribua ainsi à masquer les préparatifs des opérations spéciales menées par l’unité 509th CG[O 9].
Il avait initialement reçu le Victor number[A 6],[note 4] 5[réf. souhaitée], mais le 1er août 1945[réf. souhaitée], il fut doté des marques de queue triangle N (en) du 444th BG (en)[O 9], et son Victor number fut changé en 85[réf. souhaitée] afin d’éviter toute confusion avec les véritables appareils du 444th Bombardment Squadron (en)[réf. souhaitée].
En attendant la réception des bombes atomiques[O 10], le 509th CG participa à 51 missions de bombardement conventionnelles[O 10] en utilisant des pumpkin bombs[O 10].
Bombardement atomique d'Hiroshima
Le 6 aout 1945, lorsque l’équipage de l'Enola Gay décolle de l’île de Tinian, il ne sait pas encore quelle ville sera visée par le bombardement atomique[A 7]. Les États-Unis ont en effet désigné quatre cibles potentielles : Kokura, Niigata, Nagasaki et Hiroshima[A 7],[A 8].
Quelques heures plus tôt, un autre appareil, le Straight Flush, a été envoyé en mission de reconnaissance météorologique au-dessus au-dessus d'Hiroshima[A 7].
À 0h37, les trois bombardiers B-29, Straight Flush, Jabit III (en) et Full House (en), décollent séparément, chacun étant chargé d’évaluer les conditions météorologiques respectivement au-dessus d’Hiroshima, de Kokura et de Nagasaki[A 9],[O 11].
À 7h09, une alerte aérienne retentit à Hiroshima : le Straight Flush survole alors le nord de la ville[A 7]'[A 10]. Après ce bref passage, l’appareil s’éloigne, et les autorités locales, pensant que la menace est écartée, lèvent l’alerte[A 7],[A 11] à 7h31[A 10].
Ce qu’elles ignorent, c’est que le pilote du Straight Flush vient tout juste de transmettre un message crucial à l'Enola Gay :
« Couverture nuageuse inférieure à 3/10 sur toutes les cibles.
Conseil : bombarder la cible principale[A 7],[A 9]. »
L'Enola Gay met alors le cap sur Hiroshima, qui devient la cible finale[A 7].
Les radars japonais détectent ensuite, à haute altitude, les appareils Enola Gay, The Great Artiste et Necessary Evil ; toutefois, leur nombre réduit ne permet pas de suspecter une attaque d’envergure, ce qui ne justifie pas le déclenchement d’une nouvelle alerte[A 12].
A 8h15, l’explosion détruit environ 12 kilomètres carrés du centre-ville. La boule de feu rase une grande partie de la zone urbaine, provoque d'importants incendies et génère des vents de souffle extrêmes projetant corps et débris. Environ 80 000 personnes périssent instantanément[A 7].
| Avion | Commandant | Victor Number[A 6],[note 4] | Rôle dans la mission | 
| Straight Flush | Capitaine Claude Eatherly | 85[O 4] | Reconnaissance météorologique (Hiroshima) | 
| Jabit III (en) | Capitaine John A. Wilson | 71[O 4] | Reconnaissance météorologique (Kokura) | 
| Full House (en) | Capitaine Ralph R. Taylor | 83[O 4] | Reconnaissance météorologique (Nagasaki) | 
| Enola Gay | Colonel Paul Tibbets | 82[O 4] | Porteur de la bombe | 
| The Great Artiste | Major Charles Sweeney | 89[O 4] | Instruments de mesure de l’explosion | 
| Necessary Evil | Capitaine George W. Marquardt | 91[O 4] | Observation et prise de vues du bombardement | 
| Big Stink | Premier Lieutenant Charles F. McKnight | 90[O 4] | Avion de réserve, stationné à Iwo Jima | 
Équipage
Mission à Hiroshima
À son bord, le Straight Flush compte neuf membres d'équipage[A 11] :
- Capitaine Claude Eatherly : pilote et commandant de l'avion[A 13] ;
 - Second Lieutenant Ira Cecil Weatherly Jr : copilote[A 14] ;
 - Second Lieutenant Frank K. Wey, Jr : bombardier[A 15] ;
 - Capitaine Francis D. Thornhill : navigateur[A 16] ;
 - Second Lieutenant Eugene S. Grennan : officier mécanicien navigant[A 17] ;
 - Staff sergeant (en) Pasquale Baldasaro : opérateur radar[A 18] ;
 - Sergeant Albert G. Barsumian : opérateur radar[A 19] ;
 - Sergeant Gillon T. Niceley : mitrailleur de queue[A 20] ;
 - Sergeant Jack Bivans : assistant officier mécanicien navigant[A 21].
 
Fin de carrière
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Straight Flush effectua onze missions d'entrainement[A 5] et six missions de combat[A 5],[A 11] dont celle du bombardement d’Hiroshima[A 11].
Le 509th Composite Group n’a perdu aucun homme ni aucun avion, que ce soit lors des entraînements ou en situation de combat, tout au long de la Seconde Guerre mondiale[O 8].
En juin 1948, le Straight Flush est affecté au 97th Operations Group (en) du Strategic Air Command, à la base aérienne Biggs (en), au Texas[A 4].
Un an plus tard, il est transféré au 4002nd Base Services Squadron, également du Strategic Air Command, à la base aérienne de Campbell Field (en), dans le Kentucky[A 4].
En octobre 1949, le Straight Flush est ensuite affecté au 43rd Air Mobility Operations Group (en) toujours dans le Strategic Air Command à la Davis-Monthan Air Force Base, en Arizona[A 4].
L'appareil connut encore plusieurs autres transferts, puis en mai 1953, il fut affecté au Wright-Patterson Air Force Base, où il demeura jusqu'en juin 1953[A 4].
Après son passage au Wright-Patterson Air Force Base, le B-29 fut transféré au Dugway Proving Ground, dans l’Utah, pour des essais de munitions chimiques[A 4].
En novembre 1953, l'appareil fut retiré de l'inventaire de l’United States Air Force[A 3],[A 4]. Pendant les trente années suivantes, il resta sur le site de Dugway Proving Ground, servant de véhicule d’essai au sol pour tester différents types d’armes chimiques[A 4].
Finalement en 1983, l’appareil fut transféré au Hill Aerospace Museum (en)[A 3], après avoir passé avec succès tous les tests chimiques requis[A 3],[A 4].
Cet appareil est conservé dans le cadre du programme de préservation du patrimoine de l'US Air Force[A 3].
Notes et références
Notes
- ↑ Les groupes de combat aérien, appelés Bomb Group en anglais, sont abrégés en "BG".
 - ↑ Le terme composite indiquait que le groupe serait autonome, capable de mener à bien ses missions sans appui extérieur ni soutien supplémentaire[O 2],[O 8].
L'expression Composite Group est abrégée en "CG". - ↑ Les marquages de queue utilisés étaient[O 9]:
- le Cercle-R du 6th Bomb Group
- le Carré-P du 39th Bomb Group (en)
- le Triangle-N du 444th Bomb Group (en)
- et le A simple du 497th Bomb Group (en) - Le Victor number ("numéro Victor" en français) est un code d'identification.
En raison de la nature hautement secrète des missions nucléaires menées par le gouvernement américain pendant la Seconde Guerre mondiale, les appareils affectés à ces opérations arrivaient sur l’île de Tinian dépourvus de tout nose art[A 6]. Initialement identifiés par des numéros allant de 1 à 13[A 6], ces avions furent ensuite renumérotés afin de brouiller leur identification[O 9], notamment après que les services américains eurent appris que la station de propagande japonaise Rose de Tokyo avait connaissance de leur présence sur l’île de Tinian[A 6],[O 4]. 
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Straight Flush » (voir la liste des auteurs).
 
Articles
- ↑ (en) 75 Air Base Wing Public Affairs, « Hill Aerospace Museum planes get new paint », sur hill.af.mil, (consulté le )
 - ↑ (en) Airplanes-Online, « B-29 Superfortress at the Hill Aerospace Museum », sur airplanes-online.com (consulté le )
 - (en) Hill Aerospace Museum, « Boeing B-29-55-MO Superfortress », sur aerospaceutah.org (consulté le )
 - (en) Hill Aerospace Museum, « B-29 “Superfortress” », sur aerospaceutah.org, (consulté le )
 - (en) Todd Cromar, « Hill Aerospace Museum’s B-29 Superfortress gets historical makeover », sur afmc.af.mil, (consulté le )
 - (en) Alexandra Levy, « Robert Krauss’s Interview », sur ahf.nuclearmuseum.org, (consulté le )
 - Karim El Hadj et Adrien Vande Casteele, « Hiroshima : comment s’est déroulé le bombardement atomique le plus dévastateur de l’histoire » , sur Le Monde, (consulté le )
 - ↑ (en) « Atomic Bomb: Decision -- Target Committee, May 10-11, 1945 » (consulté le )
 - (en) Atomic Heritage Foundation, « Hiroshima and Nagasaki Bombing Timeline », sur ahf.nuclearmuseum.org, (consulté le )
 - (en) Tom Reinken, « ATTACK ON HIROSHIMA : DROPPING THE BOMB », sur Los Angeles Times, (consulté le )
 - (en) Atomic Heritage Foundation, « Hiroshima and Nagasaki Missions – Planes & Crews », sur ahf.nuclearmuseum.org, (consulté le )
 - ↑ Alain Labelle, « C'était le 6 août 1945... à Hiroshima », sur ici.radio-canada.ca, (consulté le )
 - ↑ (en) Atomic Heritage Foundation, « Claude R. Eatherly », sur ahf.nuclearmuseum.org (consulté le )
 - ↑ (en) Atomic Heritage Foundation, « Ira C. Weatherly », sur ahf.nuclearmuseum.org (consulté le )
 - ↑ (en) Atomic Heritage Foundation, « Frank K. Wey, Jr. », sur ahf.nuclearmuseum.org (consulté le )
 - ↑ (en) Atomic Heritage Foundation, « Francis D. Thornhill », sur ahf.nuclearmuseum.org (consulté le )
 - ↑ (en) Atomic Heritage Foundation, « Eugene S. Grennan », sur ahf.nuclearmuseum.org (consulté le )
 - ↑ (en) Atomic Heritage Foundation, « Pasquale L. Baldasaro », sur ahf.nuclearmuseum.org (consulté le )
 - ↑ (en) Atomic Heritage Foundation, « Albert G. Barsumian », sur ahf.nuclearmuseum.org (consulté le )
 - ↑ (en) Atomic Heritage Foundation, « Gillen T. Nicely », sur ahf.nuclearmuseum.org (consulté le )
 - ↑ (en) Atomic Heritage Foundation, « Jack Bivans », sur ahf.nuclearmuseum.org (consulté le )
 
Ouvrages
- ↑ Lloyd 1987, p. 10.
 - Polmar 2004, p. 17.
 - ↑ Pace 2003, p. 108.
 - Polmar 2004, p. 21.
 - ↑ Lloyd 1987, p. 11.
 - ↑ Birdsall 1977, p. 31.
 - Polmar 2004, p. 18.
 - Birdsall 1977, p. 44.
 - Freedman 1971, p. 20.
 - Pace 2003, p. 103.
 - ↑ Polmar 2004, p. 31.
 - ↑ Campbell 2012, p. 30.
 
Bibliographie
En anglais
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- (en) Roger A Freedman, Camouflage & Markings No.19 : Boeing B-29 Superfortress U.S.A.A.F. 1942-1945, Ducimus Books, , 24 p.
 - (en) Steve Birdsall (en), B-29 Superfortress in Action, Squadron/Signal Publications, , 51 p. (ISBN 9780897470308).
 - (en) Alwyn T. Lloyd, B-29 Superfortress : pt. 2 - Derivatives (In Detail & Scale 25), TAB Books (en), , 72 p. (ISBN 9780830680351).
 - (en) Steve Pace, Boeing B-29 Superfortress, Boeing B-29 Superfortress, , 111 p. (ISBN 9781861265814).
 - (en) Norman Polmar (en), The Enola Gay : The B-29 That Dropped the Atomic Bomb on Hiroshima, Brassey's (en), , 98 p. (ISBN 9781574888591).
 - (en) Richard H. Campbell (en), The Silverplate Bombers : A History and Registry of the Enola Gay and Other B-29s Configured to Carry Atomic Bombs, McFarland, , 245 p. (ISBN 978-0786469079)
 
Voir aussi
Articles connexes
- Histoire de l'arme nucléaire
 - Bombardements atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki
 - Enola Gay
 - Boeing B-29 Superfortress
 - Bombardement stratégique
 - Bombardements stratégiques durant la Seconde Guerre mondiale
 
Vidéos
- (en) [vidéo] « Boeing B-29 Superfortress », sur YouTube,
 - [vidéo] « Hiroshima, le choc nucléaire minute par minute », sur YouTube,
 
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