Spicilège (Montesquieu)
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Montesquieu |
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800 |
Le Spicilège est le titre d'un recueil de textes, articles, observations, repris, annoté et augmenté par Montesquieu.
Genèse
Le mot latin Spicilegium, qui désigne l'action de glaner les épis, est utilisé au XVIIe siècle pour désigner des recueils de notes scientifiques ou philologiques. Au sens métaphorique, il sert à désigner un recueil de documents inédits[1]. Il est imprimé au dos du manuscrit relié de Montesquieu comme titre de son ouvrage.
Le « Spicilège » de Montesquieu a deux sources.
Il est d'abord composé d'extraits d'un cahier qui lui a été prêté, vers 1713, par le père Pierre-Nicolas Desmolets[2], bibliothécaire de l'Oratoire et ami de Montesquieu. Le père Desmolets tient le document d'un oratorien anonyme qui l'a initialement constitué. Montesquieu le précise expressément au début du manuscrit[3]. Le recueil initial est composé de 202 fragments de textes, d'articles, d'aphorismes, qui sont retranscrits par les soins de Montesquieu. Il ajoute pensées, observations, notes de lecture et réflexions de son cru. Les premiers numéros ne sont donc pas de Montesquieu, mais ont pu être annotés par lui. Ils sont composés d’extraits, de citations de livres et de journaux (Journal des savants, Mémoires de Trévoux) auxquels Montesquieu ajoute, à partir de la page 156[4] ses propres observations et citations.
Montesquieu entreprend ce travail autour de 1725[5], et ce jusqu'en 1750, date de la dernière mention. Ses sujets d'intérêt sont très divers : le commerce, la navigation, les finances publiques, la dette, la démographie, les questions médicales, pharmaceutiques et scientifiques[6]. Il poursuit la collation des citations de presse (Gazette d'Amsterdam, Gazette de France, Craftsman et Cato's Letters[1]). Il évoque ses lectures. Il rend compte de ses conversations avec le duc de Saint Simon auquel il rend visite, en 1734, à La Ferté.
L'ouvrage contient nombre d'esquisses et de « oui-dire » : Montesquieu note en effet ses conversations dans les salons et les transcrit, commençant ses rubriques par la formule : « J'ai ouïe dire à ... »[7].
Il témoigne des curiosités du membre actif de l'Académie royale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux dont Montesquieu est membre depuis 1716. Il y reprend certaines de ses observations pour les intégrer dans ses autres œuvres et notamment dans l'Esprit des lois. Ainsi les observations sur les liens entre la famine et la révolution en Chine, développées dans le Spicilège[8], se retrouvent dans L'Esprit des lois[9],[7].
Pour Catherine Volpilhac-Auger[10], le Spicilège constitue, pour Montesquieu, à la différence du recueil de ses Pensées, un « réservoir documentaire [...] surtout tourné vers l'histoire ».
Manuscrit
Le manuscrit, relié en basane vers 1735, est acheté par la bibliothèque de Bordeaux lors d'une vente aux enchères en 1939. Il est conservé dans les fonds patrimoniaux de la bibliothèque Mériadeck sous la cote Ms 1867[11] et accessible en ligne sur la base Séléné[12].
L'ouvrage contient, au début et à la fin, une série de vingt pages blanches. Les pages 21 à 156 contiennent la compilation du recueil de Desmarets. Montesquieu le note à la page 156 : « Fin de ce recueil qui n'est pas de moi mais m'avoit été prêté et que j'avois fait copier ».
L'ouvrage contient environ 800 pages. Il n'est plus complété après août 1750. L'écriture de plusieurs secrétaires est identifiée par les spécialistes, ainsi que les annotations personnelles de Montesquieu, dont certaines en anglais : 121 pages (410 à 513) sont en effet écrites de sa main. Montesquieu n'a pas envisagé la publication du Spicilège, qu'il considérait comme un cahier d'exercices.
Éditions
En 1944, André Masson publie pour la première fois le manuscrit sous le titre « Un carnet inédit. Le Spicilège » dans une édition soigneusement préfacée, qui ne reproduit pas la totalité du recueil Desmolets[7]. Le même préfacier publie le même texte aux éditions Nagel en 1950 dans les Œuvres complètes de Montesquieu[13],[14].
En 1951, Roger Caillois publie, dans la collection de la Bibliothèque de la Pléiade, les « Œuvres complètes de Montesquieu » dans l'édition Masson, en supprimant tout le recueil Desmolets[15].
En 1991, une édition établie par Louis Desgraves où le texte du Spicilège est accompagné de celui des Pensées, complète le texte de l'édition Masson, en y ajoutant des notes et une longue préface sur Montesquieu[16].
La dernière édition, la plus complète, parue en 2002, est celle, éditée à la Voltaire Foundation[17], par Roland Minuti et annotée par Salvatore Rotta[18].
Les références numérotées au texte du Spicilège varient selon chaque édition[19]. Celles du présent article renvoient à la pagination du manuscrit original[12].
Postérité
À la fin du XVIIIe siècle, Pierre Bernadau intitule « Spicilège bordelais »[20] la chronique de la vie de sa cité, dans laquelle il compile, dans un manuscrit de 45 volumes, divers écrits officiels ou privés, imprimés, gravés ou manuscrits, relatifs à l'histoire civile et littéraire de Bordeaux depuis le XVe siècle.
Bibliographie
- « Dictionnaire Montesquieu », sur dictionnaire-montesquieu.ens-lyon.fr (consulté le ) : article Spicilège, par Rolando Minuti : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- « Spicilège : index des matières - Montesquieu », sur montesquieu.ens-lyon.fr (consulté le ).
- « Spicilège : index des noms de personnes - Montesquieu », sur montesquieu.ens-lyon.fr (consulté le ).
- Spicilège Tome 13, édité par Rolando Minuti et annoté par Salvatore Rotta, 2002, Lire en ligne.
- Les Pensées dans l’œuvre de Montesquieu. Recueils et extraits en ligne (Université de Caen).
- compte rendu critique de "Montesquieu, Spicilège. Édité par Roland Minuti et annoté par t Salvatore Rotta. Tome 13 des Œuvres complètes de Montesquieu dirigées par Jean Ehrard et Catherine Volpilhac-Auger. Oxford, Voltaire Foundation ; Istituto italiano per gli Studi filosofici, Napoli ; 2002. Un vol. 19 χ 25 de 703 p., (ISBN 0-7294-0743-8), Lire en ligne.
- Catherine Volpilhac-Auger (in n° thématique : Anecdotes et historiettes), « Sens et fonction de l'anecdote chez Montesquieu », Cahiers Saint-Simon, , p. 33-39 (lire en ligne).
- Montesquieu, Un carnet inédit Le Spicilège introduction (p. 11-31) et notes par André Masson Inspecteur général des Bibliothèques et des Archives, Flammarion, , 346 p.
- Montesquieu, Spicilège. Œuvres complètes de Montesquieu 13, t. 13, Oxford, Napoli, Voltaire Foundation, Istituto italiano per gli Studi filosofici, , 703 p., tome 13 de la première édition exhaustive et critique des Œuvres complètes de Montesquieu[21], en vingt-deux volumes. Les onze premiers (tomes 1-4, 8-9, 11-13, 16, 18) coédités par la Voltaire Foundation (Oxford) et l’Istituto italiano per gli Studi Filosofici (Naples), les suivants, depuis 2010, édités par ENS Editions (Lyon) et Classiques Garnier.
Articles connexes
Liens externes
- « Spicilège - Montesquieu », sur montesquieu.ens-lyon.fr (consulté le )
- Lettre de Montesquieu au père Desmolets (sur Wikisource)
Notes et références
- « Spicilège - Montesquieu », sur Montesquieu - Unité Mixte de Recherche 5317 CNRS (montesquieu.ens-lyon.fr) (consulté le ).
- ↑ « DESMOLETS | Presse18 », sur dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr (consulté le ).
- ↑ Montesquieu, « Spicilège », sur selene.bordeaux.fr (consulté le ), p. 1.
- ↑ Montequieu, « Spicilège », sur selene.bordeaux.fr (consulté le ), p. 156.
- ↑ « Une nouvelle datation de manuscrits de Montesquieu - Montesquieu », sur montesquieu.ens-lyon.fr (consulté le ).
- ↑ « Spicilège : index des matières - Montesquieu », sur montesquieu.ens-lyon.fr (consulté le ).
- Montesquieu (préf. André Masson), Un carnet inédit Le Spicilège, Paris, Flammarion, , 346 p..
- ↑ Montesquieu, « Spicilège », sur selene.bordeaux.fr (consulté le ), p. 444.
- ↑ Montesquieu, « Esprit des Lois Livre VIII, chap. 21 », sur fr.wikisource.org (consulté le ).
- ↑ Montesquieu (préf. Catherine Volpilhac-Auger), Mes pensées, Paris, Gallimard, Folio classique, , 528 p. (ISBN 9782070443680), p. 8.
- ↑ « Dictionnaire Montesquieu », sur dictionnaire-montesquieu.ens-lyon.fr (consulté le ).
- Montesquieu, « Spicilège (manuscrit) », sur selene.bordeaux.fr (consulté le ).
- ↑ T. II, p. LXVII - LXXVI
- ↑ Montesquieu (préf. Louis Desgraves), Pensées. Le Spicilège, Robert Laffont, coll. « Bouquins », p. 126.
- ↑ Montesquieu (préf. Roger Caillois), Œuvres complètes, t. II, La Pléiade, , 1824 p..
- ↑ Montesquieu (préf. Louis Desgraves), Pensées - Le Spicilège, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1199 p. (ISBN 9782221059609).
- ↑ (en-GB) « Publications », sur Voltaire Foundation (consulté le ).
- ↑ Montesquieu, Spicilège. Œuvres complètes de Montesquieu 13, t. 13, Oxford, Voltaire Foundation ; Istituto italiano per gli Studi filosofici, Napoli, , 703 p. (ISBN 978-0-7294-0743-4, lire en ligne).
- ↑ Une table de concordance des numéros entre l'édition Barckhausen et l'édition Desgraves figure dans cette dernière, p. 1145 (Éd. Bouquins (Paris), Robert Laffont, 1991).
- ↑ Pierre Bernadau, « Spicilège bordelais (page de titre) », sur Wikimedia Commons.
- ↑ « Montesquieu - Unité Mixte de Recherche 5317, CNRS », sur montesquieu.ens-lyon.fr (consulté le ).
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