Sanhadja de Srayr
| Maroc | 86,000 (2014 census) |
|---|
| Régions d’origine | Rif central, Maroc |
|---|---|
| Langues |
|
| Religions | Islam sunnite |
| Ethnies liées | Berbères de Sanhadja { isenhajen } |
Les Sanhadja de Srayr ou Senhaja Sraïr (berbère : ⵉⵥⵏⴰⴳⵏ ⵏ ⵙⵔⴰⵢⵔ (Iẓnagen n-Srayr), jebli : صنهاجة د السراير (Ṣanhaja d-Srayr)) constituent un groupe ethnique et une confédération tribale berbère du nord du Maroc, établie dans le Rif central.
Langue
Le parler berbère des Sanhadja de Srayr s'appelle Tasenhajit, Senhajiya, Shilha/Shelha (ššelḥa). Shelha est un terme en arabe utilisé pour désigner les variétés berbères en général[1], et le parler des Senhaja Sraïr il rapproche aux parlers du Moyen-Atlas[2], bien qu'il soit influencé par les parlers rifains voisins.
Des tribus constituant la confédération des Sanhadja de Srayr, celle de Ketama est majoritairement arabophone et celle d'Aït Bouchibet est totalement arabophone, tandis que les autres tribus sont berbérophones. Le parler des Ketama est considéré comme distinct de celui des autres tribus[3] et n'est plus parlé que dans 7 villages de la région: Aït Ahmed, Aït Aïssi, Makhzen, Asmmar, Talghount, Sahel et Zkara.
Le sanhadji de Srayr est considéré par l'UNESCO comme étant en « situation critique »[4]. En 2013, près de 50 000 personnes parlent le sanhadji de Srayr[5],[6].
Composition tribale
Les Sanhadja de Srayr sont organisés en confédération, ou leff, rassemblant 10 tribus d'origine sanhadja :
- Ketama[7], aux environs de la localité d'Ighadjaren et de Tlat Ketama, à l'ouest d'Issaguen ;
- Aït Seddat[7], à l'est d'Issaguen ;
- Taghzout[7] ;
- Aït Khennous[7] ;
- Aït Bounsar[7], aux environs de la localité d'Izourdaz ;
- Aït Ahmed[7], aux environs de la commune de Beni Ahmed ;
- Aït Bouchibet[7] ;
- Aït Bchir[7] ;
- Zarqet[7] ;
- Aït Mezdouy[8].
Histoire
Les tribus de Sanhaja Srayr ont fourni beaucoup pour résister au colonialisme espagnol dans le rif[9], et l'entrepôt d'armes d'Abd al-Karim al-Khattabi était situé à Aït Seddat (l'une des tribus)[10]. Leur résistance était sous la direction de Mohammed Seddiq Akhemlich, chef de la Zawiya Khamlichia, qui était très respecté dans toute la confédération des Senhaja Sraïr[11].
On notte aussi que leur majeur ville "Issaguen" nommée par les espagnols "Llano Amarillo" a connue la première étincelle de la guerre civile espagnole en 1936, sous l'organisation du général Franco[12].
Culture
Folklore
Contre l'effacement de leur langue "Tasenhajit", l’association Amazighs de Senhaja du Rif a initié plusieurs actions de valorisation, précisément à travers le festival Bachikh[13], qui symbolise à la fois la mémoire poétique locale et le renouveau culturel. Le mot Bachikh, originaire de l’héritage oral des montagnes, exalte un chant ou un cri traditionnel presenté dans les fêtes rurales[14]. Le festival offre un espace où se croisent les musiciens, les chercheurs et les jeunes engagés dans la réappropriation identitaire des Senhaja Sraïr dans le paysage culturel amazigh[15],[16].
Musique
La musique traditionnelle des Senhaja Sraïr occupe une place centrale dans leur culture. Le style musical ou poetique le plus caractéristique s'appelle Ticherribin, un chant collectif en langue senhajie, rythmé par le bendir et parfois accompagné par la ghaita. Ces chants reflètent des thèmes comme l’amour, la mémoire des ancêtres, la terre ou encore la solidarité entre les tribus. Ticherribin est souvent pratiquées pendant des mariages, des fêtes agricoles ou religieuses, avec des danses en cercle typiques du Rif central[17],[18].
Danse Traditionnelle
La danse traditionnelle Lhayt est l’une des expressions culturelles représentatives des Senhaja Sraïr et du Rif central en général[19]. Elle se pratique en groupe, en ligne ou en cercle, avec des mouvements d’épaule et de pieds synchronisés, suivis par le bendir et le chant Ticherribin[20].
Architecture Sanhadjienne
L’architecture traditionnelle des Senhaja Srayr reflète une richesse patrimoniale basée aux conditions géographiques de la région, notamment au climat montagnard froid. Les maisons sont souvent construites en pierre, en terre battue, avec des toits triangulaires faits de bois (principalement de cèdre) adaptés aux fortes variations climatiques du Haut Rif central[21].Les habitations sont généralement regroupées en hameaux[22]. Il est également important de mentioner comment ce peuple a su coexister en harmonie avec la nature[23],[24].
L'artisanat
Taghzout, parmi les tribus des Senhaja Srayr, est connu par son artisanat du cuir, du bois et la fabrication de fusils[25] traditionnels[26],[27]. Ces fusils ont été utilisés dans la guerre du Rif pour résister aux forces coloniales espagnoles[28],[29]. En revanch cette talent artisanal reflète l’identité riche et l’histoire des Senhaja Srayr.
Religion
Généralement les Senhaja de Srayr sont des musulmans. Selon Abdulrahman Al-Tayyibi dans sa revue[30] "Le cadre religieux des tribus Senhaja Srayr : la Zawiya Khamlichia comme modèle", Les Senhaja de Srayr suivent la secte soufie sunnite à la manière Khamlichi. Il faut également noter que'Esteban Ibáñez dans l'introduction de son dictionnaire "Diccionario Español Senhayi" a mentionné que les Senhaja Srayr sont encore attachés à leurs croyances, rites et superstitions ancestrales. Il a dit aussi que le maraboutisme, ou culte des saints, est encore profondément ancré chez eux, tout comme le culte sacré des grottes, de certains animaux et autres forces secrètes de la nature…[31]
Voir aussi
Références
- ↑ (en) Evgeniya Gutova, Senhaja Berber Varieties: phonology, Morphology, and Morphosyntax, Paris, La Sorbonne, (lire en ligne)
- ↑ BRILL's First Encyclopaedia of Islam: 1913-1936 (1993), Morocco - VII. Linguistic survey, p.598 (ISBN 9789004097964)
- ↑ Mena Lafkioui, Atlas linguistique des variétés berbères du Rif, dans: Berber Studies, vol. 16 (Köppe, 2007) (lire en ligne)
- ↑ Atlas UNESCO des langues en danger dans le monde, Senhaja de Srair
- ↑ « Conversation Socratique : une langue ignorée : le berbère des Senhadja de Srayr », sur Culture31, (consulté le )
- ↑ (en) Evgeniya Gutova, Direct object clitic pronouns in Ketama/Senhaja Berber (Northwestern Morocco) (lire en ligne)
- Bernard G. Hoffman, The structure of traditional Moroccan rural society, dans: Studies in social anthropology, vol. 2 (Mouton, 1968), p.175
- ↑ Bien qu'elle ne soit pas citée par Hoffman, la tribu d'Aït Mezdouy est en grande partie d'origine et de langue sanhadjiennes (Marvin W. Mikesell, "Northern Morocco: A Cultural Geography" (1985) ; Menna Lafkioui, "Atlas linguistique des variétés berbères du Rif" (2007)) et est le plus souvent décrite comme faisant partie des Sanhadja (Ángel Doménech Lafuente, "Apuntes sobre geografía de la zona norte del Protectorado de España en Marruecos" (1942) ; J. Cabello Alcaraz, "Apuntes de geografía de Marruecos: Con ligera descripción de Argelia y Túnez y las posesiones españolas del África occidental" (1951)).
- ↑ « La Lanterne : journal politique quotidien », sur Gallica, (consulté le )
- ↑ Charif Adardak, Processus d’organisation territoriale de la Région de «Senhaja Sraîr» jusqu’à la fin du Protectorat espagnol (1956) (lire en ligne)
- ↑ Jarmān ʻAyyāsh, Les origines de la guerre du Rif, Publications de la Sorbonne, (ISBN 978-2-85944-045-9, lire en ligne)
- ↑ (es) « El llano amarillo en el que nació la peor guerra de España », sur www.larazon.es, (consulté le )
- ↑ Said EL BOUZIDI, Bachikh dans l’ouvrage d’Al-Bakri : Une tradition antique dans la continuité historique (lire en ligne)
- ↑ Saïd El Bouzidi, « De Bakchos à Bachikh : la survivance d'un culte », Dialogues d'histoire ancienne, vol. 22, no 1, , p. 17–30 (DOI 10.3406/dha.1996.2260, lire en ligne, consulté le )
- ↑ (en-US) « La 11ème édition du Festival Bachikh », sur ArtmApp (consulté le )
- ↑ « Bachikh, des rituels pour implorer la fertilité lors du début de la campagne agricole - ALBAYANE », ALBAYANE, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- ↑ (ar) عبد الله إڭلا, الثقافة اللامادية بمنطقة صنهاجة سراير وسبل إدماجها في التنمية (lire en ligne)
- ↑ (ar) محمد بن عبد ﷲ أغزوت, العرس الصنهاجي عند إكوثامن )كتامة( :مدشر "آيت عاكسي "نموذجا (lire en ligne)
- ↑ [vidéo] « اعراس تاغزوت 2022 إقليم الحسيمة عرس في البادية دخلو تشوفو تقاليد وطبيعة غزالة », Dj mohamed taghzouti, , 10:25 min (consulté le )
- ↑ (ar) عماد أدرداك, صنهاجة اسراير... عادات وتقاليد في طور الاندثار (lire en ligne)
- ↑ [vidéo] « اكتشاف تاغزوت الجزء 3: معمار صنهاجة اسراير المميز », Mohamed Ben abdellah aghzout, , 11:52 min (consulté le )
- ↑ Marvin W. Internet Archive, Northern Morocco : a cultural geography, Westport, Conn. : Greenwood Press, (ISBN 978-0-313-23865-9, lire en ligne)
- ↑ Mhamed BOUDOUAH et Najate MIMOUNI, Evolution de l’habitat rural et son devenir dans le Rif Central (Senhaja Sraîr) (lire en ligne)
- ↑ (ar) مجلة تيدغين للأبحاث العلمية, السكن والتراث المعماري لقبائل صنهاجة سراير
- ↑ Ali BLM, Coon Tribes Of The Rif, (lire en ligne)
- ↑ Le Maroc Inconnu (lire en ligne)
- ↑ [vidéo] « L'ART DU CUIR AU RIF. LA MAROQUINERIE DE TAGHZOUT », FUNDACIÓN EUROÁRABE, , 8:23 min (consulté le )
- ↑ David M. Internet Archive, Muslim tribesmen and the colonial encounter in fiction and on film, Amsterdam : Het Spinhuis Publishers, (ISBN 978-90-5589-205-1, lire en ligne)
- ↑ Charif Adardak, Senhaja Sraîr jusqu'à la fin du Protectorat espagnol (1956) (lire en ligne)
- ↑ (ar) عبد الرحمان الطیبي, التأطير الديني لقبائل صنهاجة اسراير: الزاوية الخمليشية نموذجا (lire en ligne)
- ↑ (es) Esteban Ibáñez, Diccionario español-senhayi: (dialecto bereber de Senhaya de Serair), Instituto de Estudios Africanos, (lire en ligne)
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