Salle des pas perdus
Une salle des pas perdus est un large vestibule ou hall communicant avec divers bureaux et autres salles d'un bâtiment ouvert au public : gare, hôtel de ville, palais de justice, etc.
Historique
Le Dictionnaire de la langue française (1872-1877) d'Émile Littré donne comme origine de ce nom la « Grande salle qui précède ordinairement la chambre des audiences d'un tribunal, et où le public se promène »[1].
Une hypothèse — infondée — sur l'origine de ce nom serait, non la perte de temps liée à l'attente — faire des « pas perdus » en attendant un train ou un jugement —, mais un évènement historique qui s'est déroulé sous la Restauration : pendant le règne de Louis XVIII, en 1815, est élue une chambre des députés ultra-royaliste dite la « Chambre introuvable » ; devenue plus royaliste que le roi, celle-ci est dissoute par le gouvernement un an plus tard ; lors de l'élection suivante, certains députés sont réélus : ce sont « les pas perdus », par opposition à ceux non réélus « les perdus » ; ces députés réélus se réunissent dans une salle du palais Bourbon, appelée dès lors « salle des pas perdus »[2]. Une version un peu différente voudrait que ce soient les députés non réélus, « les perdus », qui ne pouvant plus accéder à l'hémicycle du palais Bourbon, se seraient rassemblés dans une grande salle attenante, appelée « salle des perdus » et dont le nom se serait transformé ensuite en « salle des pas perdus »[3]. Ces hypothèses anecdotiques sont évidemment controuvées, puisque l'expression « salle des pas perdus » était déjà utilisée au XVIIe siècle[4].
Pour les palais de justice, ce vaste espace au volume souvent imposant et haut de plafond constitue un lieu de transition entre le monde extérieur et l'espace judiciaire[5] (la salle du tribunal). C'est souvent un des lieux les plus vivants du palais de justice[5], où les avocats et leurs clients s'entretiennent une dernière fois avant un procès, et où les différents protagonistes — avocats, accusés, témoins, etc. — d'une affaire judiciaire sont interviewés par les médias[5].
Galerie photographique
-
Salle des pas perdus du palais Bourbon (Assemblée nationale française).
-
Salle des pas perdus du Palais de justice de Bruxelles.
-
Salle des pas perdus du Palais de saint Benoît (Assemblée de la République portugaise).
-
Salle des pas perdus du palais de justice de Paris.
Titres d'œuvres
Le nom de salle des pas perdus a été repris dans :
- une chanson de Maxime Le Forestier, La Salle des pas perdus (1983) ;
- Un roman en 2 tomes d'Armand Salacrou, Dans la salle des pas perdus (1982) ;
- un album de Coralie Clément, Salle des pas perdus (2001) ;
- un livre de Julia Billet, Salle des pas perdus (2003, Prix Marguerite-Audoux des collèges en 2006) ;
- une chorégraphie de Kader Belarbi, Salle des pas perdus (1997, recréée en 2010) ;
- une chanson de Rodrigo y Gabriela, La Salle des pas perdus (2014) ;
- Un roman de René Fallet, Les pas perdus (1954).
Références
- ↑ Définition de la salle des pas perdus dans le Dictionnaire de la langue française d'Émile Littré.
- ↑ « Origines de la salle des pas perdus » sur le site Jaimemonpatrimoine.fr.
- ↑ René Pagis, Dans la salle des pas perdus, De Borée, coll. « Histoire & Documents », .
- ↑ Voir par exemple Paris ancien et nouveau, Ouvrage tres-curieux, ou l'on voit la fondation, les accroissemens, le nombre des habitans, & des maisons de cette grande ville, Par M. Le Maire, Paris, Chez Michel Vaugon, 1685, tome 3, p. 84, à propos des audiences données dans la « salle des Pas perdus » [sic] du cloître Saint-Germain l'Auxerrois [lire en ligne].
- « Salle des pas perdus » sur le site Traits de justice.
Articles connexes
- Portail de l’architecture et de l’urbanisme