Salah Farzit

Salah Farzit
Biographie
Naissance
Nom dans la langue maternelle
صالح الفرزيط
Nationalité
Activités
Autres informations
Genre artistique

Salah Farzit (arabe : صالح الفرزيط), né le , est un chanteur et compositeur tunisien du genre mezoued[1],[2], actif depuis les années 1970.

Il est considéré comme l'un des rénovateurs de cette musique populaire tunisienne, qu'il a modernisée tout en conservant son authenticité. Son nom est fréquemment associé à une forme de résistance culturelle, dans un contexte où le mezoued a longtemps été marginalisé par les institutions officielles[3],[2].

Biographie

Carrière

Salah Farzit fait partie des figures dominantes du mezoued, aux côtés de Samir Loussif et Faouzi Ben Gamra. Il contribue à faire émerger cette musique populaire dans l'espace médiatique, malgré la marginalisation dont elle faisait l'objet, notamment à la radio et dans les festivals officiels[3].

Le documentaire intitulé Art du Mezoued : chute d'un art marginal dans l'oubli met en lumière cette mise à l'écart des institutions, tout en soulignant le rôle de Farzit dans sa préservation et son évolution[4].

Innovations musicales

Dans une interview accordée à Diwan FM, Salah Farzit affirme avoir été le premier à introduire des instruments électroniques et occidentaux dans le mezoued[5]. Cette approche a permis à son œuvre de toucher un public plus jeune et plus large, tout en préservant l'essence traditionnelle du style.

Le média Raseef22 qualifie cette évolution de « modernité sonore », notant que ses chansons dépassent désormais les cercles restreints des cafés et fêtes populaires pour atteindre des espaces plus institutionnalisés[6].

Reconnaissance tardive

Malgré sa popularité, Salah Farzit a longtemps été ignoré par les institutions culturelles tunisiennes. Le média Nawaat le décrit comme un artiste « que l'on ne connaît pas » dans les cercles officiels, bien qu'il soit omniprésent dans la vie culturelle quotidienne des Tunisiens[7].

Sa participation au Festival international d'Hammamet en 2022 marque une rare reconnaissance officielle, saluée par la presse et le public[8].

Santé et soutien populaire

En , Salah Farzit est hospitalisé après un malaise. La ministre tunisienne de la Culture intervient pour organiser son transfert dans une clinique privée, illustrant la reconnaissance croissante de l'artiste par les autorités[9].

Discographie

Ses chansons, diffusées sur des plateformes comme Qobuz, mélangent mezoued, rythmes orientaux et touches électroniques. Parmi ses œuvres notables, on compte :

  • Irdha Alina Ya Lommima (1976) ;
  • Migouda (2005) ;
  • Janna Ouitrafek Nar (2016) ;
  • Ya Masaherni el Leil (2016)[10].

La chanson Irdha Alina Ya Lommima (أرضى علينا يا لمّيمة) est l'une des œuvres les plus emblématiques de Salah Farzit. Elle est créée en 1976 dans la prison tunisienne où l'artiste est incarcéré après avoir protesté contre les abus d'un officier. Farzit y exprime son mal-être et revendique ses droits civiques, dans un contexte où la loi tunisienne prive les anciens détenus de toute réhabilitation sociale[11].

Farzit chante cette œuvre dans le style Zindali, un genre musical tunisien né en détention, caractérisé par une expression brute de la souffrance à travers des paroles poétiques et des mélodies spontanées. Cette chanson marque la société tunisienne à tel point qu'elle est interdite en 1977, lorsque Farzit refuse de chanter un hymne en l'honneur du président Habib Bourguiba et de son épouse lors d'un programme radiophonique officiel. Cet acte de résistance vaut à l'artiste une interdiction de diffusion[11].

Références

  1. « Musique populaire en Tunisie : réalité du genre et perspectives socio-culturelles », sur auxsons.com, (consulté le ).
  2. (ar) « فنّ المزودْ » [« L'art du mezoued »], sur artify.tn (consulté le ).
  3. « Tunisie – Mezoued : “Nous ne sommes pas une minorité !” », sur tekiano.com, (consulté le ).
  4. (ar) « وثائقي عن فن المزود: سقوط فن الهامش في المركز » [« Documentaire Art du Mezoued : chute d'un art marginal dans l'oubli »], sur doc.aljazeera.net,‎ (consulté le ).
  5. (ar) « صالح الفرزيط : آنا أول من دخّل الآلات الغربية على المزود  » [« Salah Farzit : « J’ai été le premier à introduire les instruments occidentaux dans le mezoued » »], sur Diwan FM,‎ (consulté le ).
  6. (ar) « موسيقى المزود التونسية... رحلة فن المهمّشين من الخمارات والسجون إلى الأندرغراوند » [« Musique tunisienne mezoued : le parcours d'un art marginalisé, des bars et des prisons à la clandestinité »], sur Raseef22,‎ (consulté le ).
  7. (ar) « صالح الفرزيط، صعلوك المزود الذي لا نعرفه » [« Salah Farzit, le vagabond du vendeur que nous ne connaissons pas »], sur Nawaat,‎ (consulté le ).
  8. (ar) « مهرجان الحمامات الدولي 2022: "نشيد الفرح" لشادي القرفي: تزاوج بارع بين الموسيقى الأوركسترالية والفن الشعبي » [« Festival international d'Hammamet 2022 : Ode à la joie de Chadi Garfi : un mariage magistral de musique orchestrale et d'art populaire »], sur Tunis Afrique Presse,‎ (consulté le ).
  9. (ar) « صالح الفرزيط يتعرّض إلى وعكة صحية.. ووزيرة الثقافة تتدخّل » [« Salah Farzit souffre d'un problème de santé et le ministre de la Culture intervient »], Al Chourouk,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. (en) « Janna Ouitrafek Nar, Salah Farzit », sur Qobuz (consulté le ).
  11. (ar) « أغنية "أرضى علينا يا لمّيمة" للفنان التونسي صالح الفرزيط نشيد المظلومين » [« La chanson Irdha Alina Ya Lommima de l'artiste tunisien Salah Farzit, un hymne des opprimés »], sur Monte Carlo Doualiya,‎ (consulté le ).

Liens externes

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