Sainte-croix-du-mont (AOC)

Sainte-croix-du-mont

Vignoble vue depuis le parvis de l'église.

Désignation(s) Sainte-croix-du-mont
Type d'appellation(s) AOC / AOP
Reconnue depuis 1936
Pays France
Région parente vignoble de Bordeaux
Sous-région(s) Entre-deux-Mers
Localisation Gironde
Climat océanique
Sol argilo-calcaire, graves et huîtres fossilisées
Superficie plantée 242 ha (en 2023)[1]
Cépages dominants sémillon B[2] et
sauvignon B
Vins produits liquoreux
Production 5 745 hl (en 2023)[1]
Pieds à l'hectare minimum 5 000 pieds par hectare[3]
Rendement moyen à l'hectare 24 hl/ha (en 2023)[1]
Site web sainte-croix-du-mont.com

Le sainte-croix-du-mont[4] est un vin liquoreux français d'appellation d'origine contrôlée produit sur la commune de Sainte-Croix-du-Mont, en Gironde.

Le sainte-croix-du-mont forme avec les appellations loupiac et cadillac une petite région produisant des vins liquoreux au sein du vignoble de l'Entre-deux-Mers, face au Sauternais.

Historique

Les historiens attribuent la production de vins blancs doux et alcoolisés en France à l'influence des négociants hollandais au XVIIe siècle : la guerre de Trente Ans ayant ravagé le vignoble rhénan, ils favorisèrent le développement d'un vignoble d'exportation dans le Sauternais, à Bergerac et en Anjou. Si la sélection des grappes par tries est ancienne, l'emploi de baies touchées par la pourriture noble (le Botrytis cinerea) pour augmenter la concentration en sucre n'est mentionné qu'à la fin du XVIIIe siècle[5], peut-être imité de pratiques de la Rhénanie (l'actuel Trockenbeerenauslese) et de Hongrie (le tokay). La légende locale raconte qu'un propriétaire du Sauternais rentra en retard pour superviser ses vendanges ; trouvant le raisin trop mûr, il décida néanmoins de le récolter en dépit de l'aspect pourri des raisins : bien lui en prit puisqu'il découvrit l'apport aux arômes du vin[6].

Dans son ouvrage de 1816, André Jullien décrit la pourriture noble et la vendange par tries sélectives : « les vins blancs de Sauterne et autres du même genre, sur-tout ceux de première qualité, sont vendangés à plusieurs reprises. On ne cueille les raisins qu'à mesure qu'ils pourrissent, et lorsque la pellicule a acquis une couleur brune et qu'elle s'attache aux doigts ; ce qui fait que la vendange dure souvent deux mois »[7]. L'auteur propose un classement des communes du département de la Gironde produisant des vins sucrés :

Charles Cocks, dans l'édition 1874 de son guide, nomme pour Sainte-Croix-du-Mont 28 producteurs et indique que la commune produit des rouges « ordinaires » (à partir d'1/3 malbec, 1/3 merlot et 1/3 larrivet, mancin et autres) ainsi que des blancs « gras, liquoreux et fins, excellents vins d'entre-mets, qui ont un bouquet tout particulier et très-agréable ; […]. Ces vins blancs sont produits par 1/3 sémillon, 1/3 sauvignon, 1/3 blancaubat, blanquette, colmusquette, blanc-verdet »[9]. Dans l'édition 1893, 42 producteurs sont nommés[10].

L'appellation est reconnue officiellement par le décret du [11]. Ce texte est ensuite modifié par les décrets des et du . Le cahier des charges a été dernièrement modifié en septembre 2009[12], en octobre 2011[13], puis en juin 2014[3].

Vignoble

Image externe
Aire parcellaire de l'appellation

L'aire d'appellation est limitée à la commune de Sainte-Croix-du-Mont, dans le département de la Gironde en région Nouvelle-Aquitaine. Elle détient une bonne situation géographique avec ses vignes bordant la Garonne, susceptibles de favoriser le développement du champignon Botrytis cinerea. Cette pourriture noble concentre la teneur en sucre, l'acidité et le glycérol des grappes de raisin.

La surface produisant l'appellation se réduit, de 400 ha en 2008[14], (elle était précédemment de 450 ha)[15] puis à 242 ha[1] en 2023.

Géologie

La falaise de Sainte-Croix-du-Mont tranche toutes les formations de l'Entre-deux-Mers, avec de haut en bas[16] :

À remarquer la curiosité que forme le banc d'huîtres fossiles de plusieurs mètres d'épaisseur, dans lequel ont été creusées, dans certains domaines, des caves spectaculaires[15].

Encépagement

Le cahier des charges limite la production de ce vin aux cépages muscadelle B[2], sauvignon B, sauvignon gris G et sémillon B[3].

Dans la pratique, l'encépagement se compose essentiellement de sémillon (85 %), complété par un peu de sauvignon blanc (12 %) et un tout petit peu par de la muscadelle (3 %)[15].

À noter que ces pourcentages sont ceux rencontrés couramment, mais que le cahier des charges ne précise pas de contrainte sur l'assemblage des vins.

Rendements

Le cahier des charges de l'appellation fixe le rendement maximum à 40 hectolitres par hectare, avec un plafond à 44 hl/ha[3].

Les rendements moyens déclarés récemment sont :

Année Superficie (ha) Production (hl) Rendement (hl/ha)
2019 313 9 920 32
2020 282 8 455 30
2021 218 4 645 21
2022 238 4 890 21
2023 242 5 746 24
2024 206 4 801 23

Vins

Le sainte-croix-du-mont étant un vin liquoreux, le cahier des charges comporte une série de contraintes particulières :

  • les raisins doivent être récoltés à surmaturité, botrytisés et /ou passerillés sur souche ;
  • les raisins doivent être récoltés manuellement par tries successives ;
  • les raisins doivent avoir une richesse en sucre supérieure à 238 grammes par litre de moût pour le sémillon et 229 grammes par litre de moût pour les autres cépages ;
  • les vins doivent présenter un titre alcoométrique volumique naturel minimum de 14,5 %.

Les vins produits sont des vins blancs liquoreux correspondant, à quelques détails près, aux normes et aux styles du cadillac, du loupiac, du barsac et du sauternes. Ils ont aussi un potentiel de garde de plusieurs décennies.

Le Syndicat viticole de Sainte-Croix-du-Mont est chargé de la gestion de l'appellation d'origine contrôlée sainte-croix-du-mont et gère le site internet correspondant depuis 2007.

Gastronomie

Ce vin liquoreux a une robe de couleur dorée, virant à l'ambre en vieillissant. Le nez est nettement fruité, évoquant les raisins secs, ou les fruits bien mûrs (abricot ou pêche), parfois les fleurs (acacia ou chèvrefeuille). La bouche est fruitée et nerveuse sur sa jeunesse, l'âge le rendant plus onctueux.

Le sainte-croix-du-mont accompagne un dessert (tarte, fruits, ou sorbets), mais peut aussi se déguster à l'apéritif, ou sur du foie gras, un poisson fin, ou une volaille. Il se garde de cinq à dix ans, mais certaines cuvées peuvent se conserver jusqu'à 25 ans ; à servir vers 8 à 10 °C[19].

Les producteurs

Quelques producteurs[15] :

  • Château Les Arroucats ;
  • Château Bel Air ;
  • Château Bidonnet-Laffitte ;
  • Château Bouchoc ;
  • Vignobles Denis Chassagnol ;
  • Château des Coulinats ;
  • Château Crabitan Bellevue ;
  • Vignobles Fonteyraud ;
  • Château La Grave ;
  • Château des Graves du Tich ;
  • Domaine de Labaleye ;
  • Chateau Jean Lamat ;
  • Château Lescure ;
  • Château des Mailles ;
  • Château Médouc ;
  • Château Morange ;
  • Domaine des Palmiers ;
  • Chateau du Pavillon ;
  • Chateau La Rame ;
  • Château de Viaut.

Notes et références

  1. « Déclaration de récolte et de production 2023 (campagne viticole 2023-2024) », sur douane.gouv.fr, .
  2. Le code international d'écriture des cépages mentionne la couleur du raisin de la manière suivante : B = blanc, N = noir, Rs = rose, G = gris.
  3. « Cahier des charges de l'appellation d'origine contrôlée « SAINTE-CROIX-DU-MONT » », modifié par le décret no 2014-703 du publié au JORF du et au BO Agri du .
  4. Le nom d'un vin est un nom commun, donc ne prend pas une majuscule, cf. les références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine.
  5. Hugh Johnson (trad. Claude Dovaz), Une histoire mondiale du vin : de l'Antiquité à nos jours [« The Story of wine »], Paris, Hachette, , 478 p. (ISBN 2-01-015867-9), p. 256-257.
  6. Claude Peyroutet, « Crus Classés de Sauternes & Barsac en 1855 » [PDF], sur sauternes1855barsac.com.
  7. André Jullien, Topographie de tous les vignobles connus, suivie d'une classification générale des vins, Paris, Mme Huzard : L. Colas, , 566 p. (BNF 30667644), p. 215-216, lire en ligne sur Gallica
  8. Jullien 1816, p. 217-219.
  9. Charles Cocks et Édouard Féret, Bordeaux et ses vins classés par ordre de mérite, Bordeaux, Féret et fils, , 604 p., p. 512-515, lire en ligne sur Gallica.
  10. Charles Cocks et Édouard Féret, Bordeaux et ses vins classés par ordre de mérite, Bordeaux, Féret et fils, , 6e éd., 792 p., p. 678-681, lire en ligne sur Gallica.
  11. « Décret du 11 septembre 1936 concernant l'appellation Sainte-Croix-du-Mont », publié au JORF du p. 10596.
  12. « Cahier des charges de l'appellation d'origine contrôlée Sainte-Croix-du-Mont », homologué par le décret no 2009-1135 du publié au JORF du .
  13. Décret no 2011-1356 du , publié au JORF du .
  14. Guide Hachette des vins 2010, Paris, Hachette, , 1402 p. (ISBN 978-2-01-237517-8), p. 390.
  15. « Syndicat viticole de Sainte-Croix-du-Mont - L'élaboration des vins », sur www.sainte-croix-du-mont.com (consulté le ).
  16. « Les appellations », sur www.vinsvignesvignerons.com (consulté le )
  17. Jacques Dubreuilh, Notice explicative de la feuille Langon à 1/50000, Orléans, Bureau de recherches géologiques et minières, coll. « Carte géologique de la France » (no 852) (lire en ligne [PDF]).
  18. « Carte géologique centrée sur Sainte-Croix-du-Mont » sur Géoportail.
  19. Dictionnaire des vins de France, Paris, Hachette, coll. « Les livrets du vin », , 383 p. (ISBN 2-01-236-582-5), p. 321.

Voir

Lien externe

Articles connexes

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