Sac de Metz (69)

Stèle du musée de Metz
Informations générales
Date Printemps 69
Lieu Metz
Issue Massacre des habitants, pillage de la cité
Belligérants
Legio V Alaudae et troupes auxilliaires Garnison de Divodurum
Commandants
Fabius Valens ?
Pertes
? 4000

Guerre civile des quatre empereurs

Le sac de Metz, Divodurum Mediomatricorum à l'époque romaine, eut lieu en l'an 69 de notre ère[1]. Sur fond de conquête du pouvoir impérial, lors de l'année des quatre empereurs, la cité médiomatrique fut prise et saccagée par les troupes de Vitellius, futur empereur romain[2].

Contexte historique

Après la conquête des gaules par Jules César en 52 av. J.-C, les cités gauloises se romanisent, plus ou moins rapidement. Au Ier siècle de notre ère, l'oppidum principal des Médiomatriques[3] est devenu une cité gallo-romaine prospère, à l'instar de Reims ou de Trèves. L'habitat est encore principalement en bois et torchis, mais la zone urbaine s'est très largement développée, au sud-ouest de l'oppidum celtique de la colline Sainte-Croix, quintuplant sa superficie[1]. Profitant pleinement de la Pax Romana, la cité ne dispose pas encore d'enceinte fortifiée[4]. Sa situation sur l'axe de circulation « Rhône-Saône-Moselle », allant de Lugdunum à Augusta Treverorum, favorable au commerce, lui sera donc fatale.

Déroulement du sac

Quelques jours avant la mort de Galba, assassiné par Othon, Vitellius se fait proclamer « Imperator » des armées de Germanie inférieure et supérieure par ses légions le [5] à Colonia Claudia Ara Agrippinensium, l'actuelle Cologne[6]. Après la mort de Galba, Othon est proclamé empereur à Rome par la garde prétorienne. Vitellius partage alors ses légions, commandées par Cæcina et Valens, en deux armées. Il prend le commandement de l'une et envoie l'autre contre Othon[7].

Descendant vers Rome en suivant la Moselle, les légionnaires de Vitellius doivent passer par Augusta Treverorum, l'actuelle Trèves, puis par « Divodurum », l'actuelle Metz. La garnison de la cité, restée fidèle à l'empereur Galba et au gouverneur de la province de la Gaule lyonnaise[8] semble s'y être opposée. Tacite précise pourtant que la ville était disposée à les laisser passer, mais qu'une panique subite poussa les troupes de Vitellius à massacrer la garnison indigène et la population locale, sans raison apparente, par pure folie[3]. Environ quatre milles de ses habitants sont alors massacrés[3],[2],[1]. Valens, commandant des troupes de Vitellius, parvient finalement à arrêter le massacre, empêchant la destruction totale de la ville[9]. Des traces d'incendie et de destruction, dans le quartier des Hauts-de-Sainte-Croix et dans celui du Pontifroy datent effectivement de cette époque[10].

Conséquences

Après ce massacre, la terreur gagna les cités gallo-romaines situées entre Metz et Lyon. Craignant de nouveaux excès, leurs magistrats accueillirent les soldats de Vitellius par des prières et des supplications[10]. Divodurum connut encore l'année suivante une période de troubles, indirectement alimentée par la révolte de Civilis et Classicus[2]. Malgré cet épisode tragique, la cité médiomatrique retrouva rapidement la paix et la prospérité.

Notes et références

  1. Claude Lefebvre et Jeanne-Marie Demarolle (dir. F. Y. Le Moigne): Histoire de Metz, Ed. Privat, Toulouse, 1986, (p22-23).
  2. Ségolène Demougin : À propos des Médiomatriques, Cahiers du Centre Gustave Glotz, année 1995, ( pp. 183-194)
  3. Tacite : Histoires, livre I, 63.
  4. Les premiers remparts de pierre seront érigés aux IIIe et IVe siècles.
  5. Tacite, Histoires, livre I, 56-57.
  6. Suétone, Vies des douze Césars, Vitellius, ch. VIII.
  7. Suétone : Vies des douze Césars, Vitellius, ch. IX.
  8. René Bour: Histoire de Metz, ed. Serpenoise, 1989 (p24).
  9. « Ils (légionnaires de Vitellius) abordèrent en toute sécurité le pays des Trévires, puisque ceux-ci étaient des Alliés. À Divodurum, la cité des Médiomatriques, une panique subite les terrifia, bien qu’ils eussent été accueillis en toute bienveillance, ils saisirent soudain leurs armes pour massacrer la population innocente de la ville, non pas pour le butin, ni pour l’amour du pillage, mais par folie, par rage, et pour des raisons inexplicables, rendant par là plus difficiles les moyens d’y remédier. Toutefois, calmés par les prières de leur chef, ils s’abstinrent de détruire la ville, dont quatre mille hommes environ furent néanmoins tués. La terreur envahie alors les Gaules, au point qu’ensuite, les cités toutes entières accourraient avec leurs magistrats et des prières, à l’approche de l’armée en marche, les femmes et les enfants se prosternant sur les routes. »Tacite livre I, 56-57.
  10. Yves Burnand : Histoire de la Lorraine. Les temps anciens : de César à Clovis, Encyclopédie illustrée de la Lorraine, vol 2, ed Serpenoise et PUN, 1990 (pp 15-16).

Voir aussi

Bibliographie

  • Tacite : Histoires, livre I, 63.
  • Suétone : Vies des douze Césars, Vitellius, ch. IX.
  • Yves Burnand : Histoire de la Lorraine. Les temps anciens : de César à Clovis, Encyclopédie illustrée de l Lorraine, vol 2, ed Serpenois et PUN, 1990.
  • Claude Lefebvre et Jeanne-Marie Demarolle (dir. F. Y. Le Moigne) : Histoire de Metz, Ed. Privat, Toulouse, 1986.
  • René Bour : Histoire de Metz, ed. serpenoise, 1989.
  • Ségolène Demougin : À propos des Médiomatriques, Cahiers du Centre Gustave Glotz, année 1995, ( pp. 183-194) (en ligne).
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