Sœurs Desloges

Sœurs Desloges
Les sœurs Desloges et les gardiennes de l'École Guigues d'Ottawa en 1916.
Biographie
Naissance
Nationalité
Activité
Enseignantes

Les sœurs Desloges, Diane et Béatrice, sont deux enseignantes franco-ontariennes respectivement nées en 1892 et 1895, à Ottawa. Elles sont parfois surnommées les « gardiennes de Guigues » et elles sont un symbole de la résistance au Règlement 17[1],[2].

Biographie

Diane naît le [3] et Béatrice le , toutes deux à Ottawa[4], dans une famille franco-ontarienne très engagée au sein de sa communauté. Béatrice suit une formation pour devenir enseignante et entame sa carrière à South Indian et Moose Creek[5],[3], deux petites localités ontariennes. En elle est embauchée pour enseigner à l'école Guigues[4], où elle rejoint sa sœur Diane[6],[3].

À l'époque, les deux sœurs se retrouvent au cœur d'un conflit linguistique majeur : le Règlement 17, mis en œuvre par le gouvernement ontarien, qui limite l'enseignement du français dans les écoles publiques à la deuxième année du primaire. Pour les francophones, cette mesure est perçue comme une tentative d'assimilation culturelle[7],[3].

Les sœurs Desloges refusent de se soumettre à ce règlement. Leur détermination à maintenir l'enseignement en français malgré les interdictions devient un acte de résistance. Leur engagement les expose à des sanctions : leur salaire est suspendu, et elles sont menacées de perdre leur brevet d'enseignement. Plutôt que de céder, elles répondent en créant des classes clandestines[8], dans des lieux de fortune comme un magasin abandonné sur la rue Dalhousie et une chapelle sur la rue Murray. Leur action permet à des centaines d'enfants francophones de continuer à apprendre dans leur langue maternelle[7],[3].

« La Guerre des épingles »

Le conflit surnommé « La Guerre des épingles », survient le à l'école Guigues lorsque des dizaines de parents francophones se battent contre les policiers qui tentent d’empêcher la tenue de cours en français[9]. Ce jour-là, Béatrice et Diane Desloges, soutenues par la communauté franco-ontarienne, réintègrent leur salle de classe malgré les pressions gouvernementales. Devant l'école, des dizaines de femmes se mobilisent pour protéger l'établissement. Armées de ciseaux et d'épingles à chapeaux, elles forment une barrière humaine afin d'empêcher les inspecteurs et les policiers de déloger les enseignantes[3].

Cette résistance non violente mais résolue montre la solidarité et la ferveur d'une communauté entière face à l'injustice. Les épingles à chapeaux deviennent un symbole de défense de la culture franco-ontarienne. Les sœurs Desloges poursuivent l'enseignement, à l'intérieur de l'école, sous la protection de leurs alliées. Les jours suivants, les tensions augmentent, avec des grèves d'élèves, des manifestations publiques et un soutien croissant des médias francophones[3].

Les manifestations se prolongent jusqu'au . La crise ne se résorbe que plusieurs années plus tard : en 1921, la pression populaire et les négociations permettent un certain retour à la normale, bien que ce ne soit qu'en 1927 que le gouvernement ontarien reconnaisse officiellement les écoles bilingues. Cette victoire partielle est largement attribuée à la détermination des sœurs Desloges et de leurs partisans[3].

Héritage et postérité

Diane meurt le , à Chambly, au Québec[3], et Béatrice le , à Ottawa[4]. Depuis 1997, une école secondaire catholique d’Orléans porte le nom de Béatrice Desloges[10],[3].

Notes et références

Notes

Références

  1. (en-CA) « Diane Desloges (1892-1945) & Béatrice Desloges (1895-1957) », sur #mON400 (consulté le )
  2. Paul-François Sylvestre, « Naissance de Béatrice Desloges », sur l-express.ca, (consulté le )
  3. (en) Patrick Butler, « The Capital Builders: One language, two sisters, many hatpins », Ottawa Citizen,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. Paul-François Sylvestre, « Naissance de Béatrice Desloges », L'Express,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. « Madame Béatrice Desloges » (consulté le ).
  6. « 400 ans de leadership jeunesse » [PDF], sur Fédération de la jeunesse franco-ontarienne (consulté le ).
  7. Jean-Yves Pelletier, « École Guigues d’Ottawa », sur Encyclopédie du patrimoine culturel de l'Amérique Française (consulté le ).
  8. Parr 1995, p. 300.
  9. « La Guerre des épingles », sur thecanadianencyclopedia.ca (consulté le )
  10. « École secondaire catholique Béatrice-Desloges - Madame Béatrice Desloges », sur beatrice-desloges.ecolecatholique.ca (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes et internes

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