Robert Camelot

Robert Camelot ( à Reims, au Chesnay) est un architecte et urbaniste français.

Biographie

Robert Édouard Camelot est né dans la maison à l’enseigne du Tapis-Rouge, 57 rue de Vesle, où ses parents tenaient un commerce de nouveautés. Établi à Paris, il exerça de 1932 à 1977.

Formation (1920-1932)

Conformément à la pédagogie qui s'est imposée au cours du XIXè siècle à l'école des Beaux-Arts, l'apprentissage de l'architecture se fait au sein d'un atelier placé sous l'autorité d'un maître qui prépare ses élèves aux concours d'architecture[3].

Dès 1920, Robert Camelot s'inscrit au sein de l'atelier de Gustave Umbdenstock pour préparer le concours d'entrée à l'école des Beaux-Arts. En réalité, c'est essentiellement avec Jean Bréasson, dont l'atelier n'est pas reconnu l'école des Beaux-Arts, que Robert Camelot apprend l'architecture[4].

Robert Camelot est admis à l'école des Beaux-Arts le 14 février 1921, et il entre en première classe d'architecture[5] le 2 novembre 1923 au sein de l'atelier d'Emmanuel Pontremoli. La finesse, la simplicité et la clarté expressive qui caractérisent cet atelier ont une influence durable sur la carrière de Robert Camelot[6].

L'architecture de Robert Camelot[7] est également tributaire de son passage à l'agence de Pierre Patout rue Tronchet, en tant que stagiaire en 1924, puis en tant que salarié jusqu'en 1933. La logique du contraste qui caractérise le style de Pierre Patout traduit un compromis entre les apports de l'architecture moderne et la persistance de la tradition classique dans les techniques de construction et le répertoire stylistique[8].

En 1931, Robert Camelot part pour un séjour de neuf mois aux États-Unis grâce à la bourse Delano-Aldrich, fondée en 1930 par l’American Institute of Architects et permettant à un jeune architecte français d’aller étudier l’architecture américaine. Il remplace Jacques Carlu en tant que chef d'atelier au Massachusetts Institute of Technology, et enseigne l'architecture à l'Université de New York.

Robert Camelot est diplômé le 8 novembre 1932 avec un projet final de maison de vigneron en Champagne. Pour compléter sa formation, Robert Camelot s'inscrit à l'Institut d'urbanisme de Paris et suit les cours de Jacques Gréber.

Après deux tentatives en 1929 et 1930, Robert Camelot obtient le Second Grand Prix de Rome en 1933 pour son église de pèlerinage.

Agence Camelot-Herbé (1933-1939)

En 1933, il s’installa en association avec Jacques et Paul Herbé. Robert Camelot réalisa le premier plan d'urbanisme de Reims[9] après la Seconde Guerre mondiale sous la municipalité de René Bride (cf. : Urbanisme à Reims).

L’agence Camelot-Herbé réalisa l'école professionnelle de jeunes de filles de Beaune, le pavillon de la manufacture nationale de Sèvres à l’exposition universelle de Paris en 1937, le pavillon de la France à la foire internationale de Zagreb et celui de l'exposition universelle de New York en 1939. Architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux et des monuments historiques, en 1945.

En tant qu'urbaniste, Robert Camelot participa aux premiers plans du quartier de la Défense, en 1958 et conçut ceux de Lisieux, Nanterre, Chartres et Reims. Il est l'un des coauteurs du Centre des nouvelles industries et technologies (CNIT) et réalisa, avec Jean-Claude Rochette[10], le bâtiment de l'agence France-Presse à Paris, face au palais Brongniart.

Réalisations

Logements

  • 1951, Lisieux : immeubles rationnels préfinancés (120 logements) avec Jacques Rivet (architecte)
  • 1951, Chartres : Cité expérimentale (200 logements) avec Jacques Rivet et Luc Sainsaulieu (architectes)

Plans d'urbanisme

Édifices scolaires

  • 1937, Beaune : École de Jeunes Filles (actuel collège Jules Ferry), avec Jacques et Paul Herbé[16],[17]
  • 1949-51, Marolles-en-Brie : école circulaire
  • 1950, Grignon : internat de l'École nationale d’agriculture
  • 1951-56, Cachan : réfectoires-cuisines du Centre national d'enseignement technique (CNET)
  • 1956-65, Marly-le-Roi : bâtiment comportant un internat et des salles de travail à l'Institut national d'éducation populaire de Marly-le-Roi
  • 1961-62, Caen : Lycée de jeunes filles, avec Georges Richard et Pierre Daubin (architectes)
  • 1961-66, Reims : Centre hospitalier universitaire, avec Jean-Marc d'Anglemont de Tassigny (architecte)
  • 1964-67, Grignon : Institut national de la recherche agronomique (chaire mécano-agricole, bâtiment sportif, bureaux, pavillon de stagiaire, chambres dans l'ancien internat)
  • 1966, Caen : Collège technique, avec Georges Richard et Pierre Daubin (architectes)
  • 19?-1967, Versailles : restauration du Lycée Hoche
  • 1970, Les Ulis (ZUP Bures-Orsay) : Groupe scolaire n° 4, Avelines nord
  • 1970-71, Les Ulis (ZUP Bures-Orsay) : Groupe scolaire n° 3, La Dimancherie, avec Michel Hubert (architecte)
  • 1971-76, Courbevoie : École maternelle
  • 1974-83, Versailles : restauration et extension du Lycée technique Jules Ferry
  • 1975, Les Ulis (ZUP Bures-Orsay) : Groupe scolaire du Parc, avec Michel Hubert et Michel Picard (architectes)[18]
  • 1978, Les Ulis (ZUP Bures-Orsay) : Groupe scolaire du Bosquet, avec Michel Hubert (architecte)[19]

Écoles circulaires

Après la Seconde Guerre mondiale, l'État français engage une politique volontariste en faveur de la reconstruction des équipements et du réaménagement du territoire. Face à un taux de natalité croissant, les constructions scolaires font partie des priorités, après le logement[20].

La construction des écoles représente un défi de taille. Le ministère de l'Éducation nationale doit répondre aux impératifs de rapidité et d'économie, dans un contexte de "pénurie de main d’œuvre, de matériaux et d’organisation administrative et financière"[21]. En 1948, le ministère lance un concours qui invite les architectes à imaginer des écoles prototypes, dans une optique d'optimisation du temps et des matériaux[22]. La standardisation des modèles vise à apporter des solutions facilement réplicables sur l'ensemble du territoire. La Commission interministérielle des prototypes scolaires sélectionne les projets des architectes suivants : Jacques Barge, Claude Mazet, Pol Abraham, André Croizé, Robert Camelot avec Bernard Laffaille, et l’équipe d’architectes Dhuit, Drouin et Storez.

Dès 1948, Robert Camelot et l'ingénieur Bernard Laffaille imaginent un prototype d'écoles circulaires (ou écoles rondes), pour lequel il déposent un brevet en 1950. L'école circulaire est une sorte de rotonde, avec les salles qui s'organisent autour d'un cœur cylindrique. Des piliers en béton armé rythment la façade et soutiennent des linteaux préfabriqués. La voûte en béton est circulaire et de forme creuse, si bien que les précipitations ruissellent sur la pente et sont évacuées au centre du bâtiment[23]. Avec les écoles circulaires, Robert Camelot et Bernard Laffaille trouvent différentes manières de renouveler l'architecture scolaire :

  • L'économie des matériaux ;
  • La variabilité de la composition (possible ajout d'un étage, possible substitution du logement de l'instituteur par une classe) ;
  • L'adaptation à tous les terrains et toutes les orientations ;
  • La rationnalisation à travers et le réemploi et la sérialité ;
  • L'abaissement du temps de fabrication et de mise en œuvre (3 à 5 mois de construction)[24].

La première école circulaire réalisée est celle de Marolles-en-Brie (1949-51). De 1949 à 1958, 17 écoles de ce type sont édifiées[23], comme à Sarcelles (1952) ou encore à Barentin (1952).

Édifices protégés

Édifices protégés au titre des Monuments Historiques

  • Ecole de jeunes filles de Beaune, actuellement collège Jules-Ferry (Côte d'Or) : inscription (en totalité à l'exception des parties construites en 1976) par arrêté du 18 mars 2002.
  • Église Saint-Désir de Lisieux (Calvados) : classement par arrêté du 24 avril 2006.

Récompenses

  • Grand Prix, une salle à manger en céramique pour la manufacture de Sèvres à l'exposition de l'habitation en 1938

Distinctions

Notes et références

  1. « https://archiwebture.citedelarchitecture.fr/fonds/FRAPN02_CAMRO » (consulté le )
  2. « https://archiwebture.citedelarchitecture.fr/fonds/FRAPN02_CAMEL » (consulté le )
  3. Guy Lambert, « La pédagogie de l’atelier dans l’enseignement de l’architecture en France aux XIXè et XXè siècles, une approche culturelle et matérielle », Perspective. La revue de l’INHA, no 1,‎ , p. 129-136 (lire en ligne)
  4. Inha Jung, Architecte Robert Camelot (1903-1992), Thèse de doctorat, Université Paris I, , p. 13
  5. "Art. 47. Pour passer de la seconde à la première classe, les élèves doivent avoir obtenu : (1) en architecture, six valeurs, savoir : deux valeurs dans les concours d'éléments analytiques et quatre valeurs dans les concours de composition, dont deux au moins sur projets rendus ; (2) en mathématiques, en géométrie descriptive, en stéréotomie, en construction, en perspective, une médaille ou une mention ; (3) une médaille ou une mention de dessin d'ornement, de figure dessinée, d'ornement ou de figure modelés, d'études d'histoire de l'architecture" Henry Guédy, L'Enseignement à l'École nationale et spéciale des beaux-arts, Paris : Aulanier, , p. 116
  6. Inha Jung, Architecte Robert Camelot (1903-1992), Thèse de doctorat, Université Paris I, , p. 17
  7. Et plus particulièrement les réalisations des années 1950.
  8. Inha Jung, Architecte Robert Camelot (1903-1992), Thèse de doctorat, Université Paris I, , p. 23-24
  9. François-Xavier Tassel, La reconstruction de Reims après la Guerre 14-18, Saint Denis, Thèse de doctorat. Université Paris VIII,
  10. Jean-Claude Rochette, compagnie des architectes en chef des monuments historiques [1].
  11. Centre d'archives d'architecture contemporaine, fonds Bernard Lafaille, « Projet LAFBE-S-36-3 : Foire internationale de Zagreb (Croatie) : Pavillon de la France. 1936-1939 », sur archiwebture.citedelarchitecture.fr
  12. DRAC Ile-de-France, CRMH, archives du Label ACR. Notice monographique, CNIT, Puteaux, Hauts-de-Seine
  13. Notice no PA14000060, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  14. « 2, place Alphonse-Laveran », sur pss-archi.eu.
  15. DRAC Ile-de-France, CRMH, archives du Label ACR. Notice monographique, Hôtel de Ville, Les Ulis, Essonne
  16. Notice no IA21000218, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  17. Notice no PA21000025, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  18. DRAC Ile-de-France, CRMH, archives du Label ACR. Notice monographique, Groupe scolaire du Parc, Les Ulis, Essonne
  19. DRAC Ile-de-France, CRMH, archives du Label ACR. Notice monographique, Groupe scolaire du Bosquet, Les Ulis, Essonne
  20. « Les constructions scolaires et universitaires, le problème français », L'Architecture d'Aujourd'hui, vol. 36, no 123,‎ , p. 4
  21. Aleyda Resendiz-Vazquez, L'industrialisation du bâtiment scolaire en France (1951-73) : Échec ou réussite ?, Lacería Ediciones, , p. 50
  22. Aleyda Resendiz-Vazquez, L'industrialisation du bâtiment scolaire en France (1951-73) : Échec ou réussite ?, Lacería Ediciones, , p. 56
  23. Nicolas Nogue, « Le temps de l’ingénieur et le temps de l’architecte, ou construction industrialisée et architecture monumentale pendant la Reconstruction », dans Gérard Monnier, Le temps de l'œuvre, Editions de la Sorbonne,
  24. Aleyda Resendiz-Vazquez, L'industrialisation du bâtiment scolaire en France (1951-73) : Échec ou réussite ?, Lacería Ediciones, , p. 178-180

Bibliographie

  • CROSNIER LECONTE, Marie-Laure. Camelot, Robert (20/05/1903 - 04/11/1992). Notice INHA. [2]
  • JUNG, Inha. Architecte Robert Camelot (1903-1992). Thèse de doctorat. Université Paris I, 1993.

Liens externes

  • Portail de l’architecture et de l’urbanisme
  • Portail de Reims
  • Portail des monuments historiques français