Renoncement aux soins

Le renoncement aux soins est l'attitude d'un patient qui renonce à des soins de santé dont il aurait pourtant besoin. Les raisons en sont variées : motifs financiers (c'est-à-dire des revenus trop faibles et une assurance maladie insuffisante pour couvrir les frais), difficulté à obtenir un rendez-vous dans un délai raisonnable[1], etc.

Le renoncement aux soins : un indicateur d’inégalités sociales

Le renoncement aux soins permet d'identifier "les facteurs objectifs et subjectifs de non-recours à un soin ou à un professionnel de santé". Plusieurs études existent (dont le BRS[2]) et montrent que les personnes en situation de précarité sont les plus touchées[3].

Une personne sur quatre est touchée par le renoncement au soin[4]

Impact sur les statistiques

Quand, et là où, les rendez-vous sont rares ou difficiles d’accès, le renoncement aux soins peut fausser les statistiques du besoin médical en faisant sous-estimer les besoins de la population ; en effet dans ce type de contexte, le nombre de consultations enregistrées reflète les rendez-vous que les gens ont réussi à obtenir, et non ce dont ils auraient eu besoin[5].

Les motifs de renoncements aux soins

Il existe plusieurs raisons qui conduisent les personnes à ne pas se faire soigner, comme par exemple :

  • complexité des démarches vers les soins ;
  • ne possède pas de véhicule pour se déplacer ;
  • des territoires en manque de médecins : en 2022, une quarantaine de départements français sont sous le seuil critique de 40 professionnels pour 100 000 habitants[6] ;
  • délais de rendez-vous trop longs ;
  • la peur de se rendre chez le professionnel de santé ;
  • certains tabous ou crainte de stigmatisation et discrimination vécues ou anticipées concernant l'accès aux parcours de soins en santé sexuelle pour des migrants, réfugiés, sans papiers, personnes racisées, travailleurs du sexe et/ou appartenant à des minorités sexuelles[7],[8],[9],[10],[11].
  • l'absence d'une complémentaire santé ;
  • l'automédication ;
  • le coût : prix du soin élevé, reste à charge important pour l'assuré ou encore l'impossibilité d'avancer les frais…

Le motif financier est celui qui est le plus avancé par les sondés.

Les "personnes pauvres" sont les plus touchées par le renoncement aux soins

D’après l’enquête "Statistiques sur les ressources et conditions de vie" (SRCV) réalisée par l’Insee en 2017, les "personnes pauvres" ont 3 fois plus de risques de renoncer à des soins que les autres[12]. Elles renoncent même parfois aux soins gratuits et pas uniquement pour des raisons de coûts pour l'individu, d'autres causes étant « liés aux environnements économique, social et physique, aux caractéristiques, expériences et comportements individuels, ainsi qu’aux services de santé et de système de soins disponibles »[13].

Références

  1. Federico Vacas, François Kraus, Le système de santé, l’accès aux soins et les couvertures complémentaires, Ipsos, 10 octobre 2007.
  2. Héléna Revil, « Identifier les facteurs explicatifs du renoncement aux soins pour appréhender les différentes dimensions de l’accessibilité sanitaire », sur en3s.fr
  3. « Qu’est-ce que le renoncement aux soins ? », sur www.vie-publique.fr
  4. APS Prévoyance, « Le renoncement aux soins », sur www.aps-prevoyance.fr,
  5. (en-US) Johanna Dufau et Marie Coris, « Installation des médecins généralistes : des territoires sur-dotés, mais pas forcément bien dotés », sur The Conversation, (consulté le )
  6. Le Monde, « Santé : les médecins spécialistes de moins en moins accessibles », journal,‎
  7. Sophie Rigot, « Santé sexuelle et population migrante, les défis du parcours de soins », La Revue de l'Infirmière, vol. 73, no 298,‎ , p. 26–27 (DOI 10.1016/j.revinf.2023.12.006, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Marie-Frédérique Lendais Jossen, Angela Walder, Bastien Briand et Sara Arsever, « Promouvoir la santé sexuelle à l’échelle d’un territoire. L’exemple de l’Antenne santé sexuelle Onex », Revue Médicale Suisse, vol. 21, no 904,‎ , p. 237–242 (ISSN 1660-9379, DOI 10.53738/REVMED.2025.21.904.237, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Emma Stirling-Cameron, Salma Almukhaini, Justine Dol et Benjamin J. DuPlessis, « Access and use of sexual and reproductive health services among asylum-seeking and refugee women in high-income countries: A scoping review », PLOS ONE, vol. 19, no 11,‎ , e0312746 (ISSN 1932-6203, DOI 10.1371/journal.pone.0312746, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Getnet Tadele et Woldekidan Kifle Amde, « Health needs, health care seeking behaviour, and utilization of health services among lesbians, gays and bisexuals in Addis Ababa, Ethiopia », International Journal for Equity in Health, vol. 18, no 1,‎ (ISSN 1475-9276, PMID 31185994, PMCID 6560764, DOI 10.1186/s12939-019-0991-5, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Samuel Brookfield, Judith Dean, Candi Forrest et Jesse Jones, « Barriers to Accessing Sexual Health Services for Transgender and Male Sex Workers: A Systematic Qualitative Meta-summary », AIDS and Behavior, vol. 24, no 3,‎ , p. 682–696 (ISSN 1090-7165 et 1573-3254, DOI 10.1007/s10461-019-02453-4, lire en ligne, consulté le )
  12. DRESS (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques), « Renoncement aux soins : la faible densité médicale est un facteur aggravant pour les personnes pauvre », sur Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques,
  13. Chika H & Tubeuf S " La renonciation aux soins gratuits dans les pays à faible revenu: une revue de cadrage sur le cas de la tuberculose dans la région des Grands Lacs africains |url=https://dial.uclouvain.be/downloader/downloader.php?pid=thesis%3A46736&datastream=PDF_01&cover=cover-mem.

Voir aussi

Bibliographie

  • Paul Dourgnon, Florence Jusot et Romain Fantin, « Payer nuit gravement à la santé : une étude de l’impact du renoncement financier aux soins sur l’état de santé », Économie publique/Public economics, nos 28-29,‎ , p. 123–147 (ISSN 1373-8496 et 1778-7440, DOI 10.4000/economiepublique.8851, lire en ligne, consulté le )
  • Després, C., Dourgnon, P., Fantin, R., & Jusot, F. (2011). Le renoncement aux soins pour raisons financières: une approche économétrique. Questions d’économie de la santé, 170, 1-6.
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