Renard gris insulaire

Urocyon littoralis · Renard gris de l’Islande

Urocyon littoralis
Renard gris insulaire
Classification MSW
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Mammalia
Cohorte Placentalia
Ordre Carnivora
Sous-ordre Caniformia
Famille Canidae
Genre Urocyon

Espèce

Urocyon littoralis
Baird, 1857

Répartition géographique

Statut de conservation UICN


NT  : Quasi menacé

Synonymes

  • Vulpes littoralis Baird, 1857 (Protonyme)
  • Canis littoralis A. Murray, 1866
  • Urocyon virginianus littoralis F. W. True, 1885
  • Urocyon catalinae C. H. Merriam, 1903
  • Urocyon clementae C. H. Merriam, 1903

Le renard insulaire (Urocyon littoralis), également connu sous le nom de renard gris de l’Islande, est une espèce de mammifère carnivore de la famille des canidés. Bien qu’elle soit désignée sous le nom de « renard » elle est apparentée à un genre distinct de celui des vrais renards (Vulpes), le genre Urocyon, qu’il partage avec le renard gris d’Amérique (Urocyon cinereoargenteus), duquel il se serait dissocié récemment suite à son introduction sur six des huit îles formant la Channels Islands de Californie où il est devenu endémique et s'est diversifié en six sous-espèces distinctes, chacune confinée à une seule île et présentant un nanisme insulaire.

Ces petits canidés sont généralement dociles, sont peu craintifs envers l’Homme et sont facilement apprivoisés. Ils ont joué un rôle important dans la vie spirituelle des autochtone des îles de la baie et auraient probablement été semi-domestiqués en tant qu'animal de compagnies, utilisés pour leur fourrure ou pour d'autres fonctions, comme le contrôle des nuisibles[1]. Des preuves génétiques et archéologiques suggèrent que ces renards seraient arrivés sur les îles il y a plus de 7 000 ans, probablement aidés par les premières populations humaines.

C'est une espèce menacée et qui semble plus vulnérable sur certaines îles[2]. Selon 280 échantillons de sang/sérum prélevés de 1999 à 2008, un nombre plus élevé de lymphocytes et de polynucléaires éosinophiles trouvé dans le sang des renards gris vivant dans les îles les plus au Nord laisse penser que ces derniers sont en plus mauvaise santé, ou sont plus parasités que les autres[2].

Malgré des programmes de conservation ambitieux, l'espèce, qui a perdu une partie de sa diversité génétique reste sensible aux maladies infectieuses et néoplasiques et, potentiellement, à certaines toxines et polluants[2].

Noms et étymologies

Dénominations

Taxonomie et évolution

Des preuves génétiques et archéologiques indiquent que l'espèce descend d'une population du renard gris d’Amérique arrivée sur les îles il y a environ 7 300 ans, probablement introduite par l’Homme[7],[8] Les humains sont presque certainement responsables de leur présence sur les îles du Sud[8],[9]. L'espèce est environ 25 % plus petite que son ancêtre continental, un exemple de nanisme insulaire[10].

Comme le renard gris insulaire est géographiquement isolé, il n'a pas acquis d’immunité contre les parasites et maladies introduits depuis le continent et est particulièrement vulnérable à ceux que le chien domestique (Canis familiaris) peut transporter. De plus, la prédation par le pygargue à tête blanche (Aquila chrysaetos) et les activités humaines ont décimé les populations de renards sur plusieurs îles de la baie dans les années 1990. Quatre sous-espèces de renards insulaires ont été protégées au niveau fédéral en tant qu'espèce en danger en 2004, et des efforts sont en cours pour reconstruire les populations de renards et restaurer les écosystèmes des îles de la baie. Des colliers radio sont posés sur les renards afin de suivre et localiser les jeunes individus. Ces efforts ont jusqu’à présent été largement couronnés de succès[11].

Sous-espèces

Il existe six sous-espèces de renards gris insulaires, chacune native d'une île spécifique de la baie, ayant évolué indépendamment des autres. Les sous-espèces selon Mammal Species of the World (version 3, 2005) (11 août 2025)[12], ainsi que leurs nom selon le guide Delachaux par Castelló :

Les renards de chaque île peuvent s'hybrider, mais présentent des différences génétiques et phénotypiques qui les rendent uniques ; par exemple, chaque sous-espèce a un nombre différent de vertèbres caudales. L’espèce ne s’est pas maintenue sur les deux plus petites îles : sur Anacapa en raison de l'absence de source fiable d’eau douce ; et sur Santa Barbara qui est trop petite pour supporter les besoins alimentaires d'une population viable.

Description

Le renard gris insulaire est le plus petit renard d’Amérique du Nord, avec une longueur tête-corps de 48 à 50 cm, une hauteur au garrot de 12 à 15 cm, et une queue mesurant de 11 à 29 cm. Cette queue est nettement plus courte que celle du renard gris d’Amérique, qui mesure de 27 à 44 cm. Il est légèrement plus petit que le renard véloce (Vulpes velox) et le renard nain (Vulpes macrotis), et présente une longueur comparable mais d’une hauteur moindre que le chat domestique. Sa petite taille s’explique par le fait qu’il possède généralement deux vertèbres caudales de moins que l’espèce continentale[13] Le poids varie entre 1 et 2,8 kg. L’espèce présente un dimorphisme sexuel : le mâle est toujours plus grand que la femelle[14]. La plus grande des sous-espèces se trouve sur l’île de Santa Catalina et le plus petit sur l’île de Santa Cruz[14].

Le pelage du renard gris insulaire est gris sur la tête, d’un roux cuivré sur les flancs, blanc sur le ventre, la gorge et la moitié inférieure du visage, avec une bande noire sur le dessus de la queue[14]. En général, le pelage est plus sombre et terne que celui du renard gris d’Amérique. Le renard gris insulaire mue une fois par an, entre août et novembre. Avant la première mue, les jeunes ont un pelage laineux et plus foncé que celui des adultes. Une phase brune, où le pelage gris et noir se voit remplacé par un brun sable à brun plus foncé, peut se retrouver chez les populations des îles San Clemente et San Nicolas. Il n’y a pas de certitude si cette phase correspond bien à une véritable variation de coloration lié à l’âge, ou bien à une interaction avec les épines de cactus du genre Opuntia qui s’enchevêtrent dans le pelage[15].

Écologie et comportement

L’habitat préféré de l’espèc’ est une végétation à strates complexes avec une forte densité de buissons ligneux à fructification pérenne. Il vit dans tous les biomes insulaires, incluant les forêts et prairies tempérées et le chaparral, aucune île ne supportant plus d’un milieu d’individus. Le renard insulaire se nourrit de fruits, d’insectes, d’oiseaux, d’œufs, d’escargots[16], de crabes, de lézards, d’amphibiens[16], et de petits mammifères, dont des souris sylvestres (Peromyscus sp.), ainsi que de déchets humains[16]. Il est connu pour fouiller les plages le long du littoral à la recherche de nourriture[16]. Il tend à se déplacer seul plutôt qu’en groupe. Il est généralement nocturne, avec des pics d’activité à l’aube et au crépuscule. Elle fluctue également selon la saison : il est plus actif en journée en été qu’en hiver[14].

Le renard insulaire ne craint pas l’Homme, bien qu’il puisse d’abord se montrer agressif. Il est assez facile à apprivoiser et reste généralement docile[14]. Il communique par des signaux auditifs, olfactifs et visuels. Un individu dominant utilise des vocalisations, un regard fixe et l’aplatissement des oreilles pour faire soumettre un adversaire. Les signes de dominance et de soumission sont visuels, comme l’expression faciale et la posture corporelle[17]. Ses principales vocalisations sont l’aboiement et le grognement[17]. Le renard gris insulaire marque son territoire par l’urine et les excréments.

Reproduction

Le renard gris insulaire forme généralement des couples reproducteurs monogames, qui sont fréquemment observés ensemble à partir de janvier et tout au long de la saison de reproduction, de la fin février au début mars. La période de gestation dure de 50 à 63 jours. La femelle met bas dans un terrier, avec une portée typique de un à cinq petits, en moyenne deux ou trois. Les petits naissent au printemps et quittent le terrier au début de l’été ; la mère allaite pendant 7 à 9 semaines. La maturité sexuelle est atteinte à 10 mois, et les femelles se reproduisent généralement dès la première année. Les renards gris insulaires vivent de 4 à 6ans à l’état sauvage, et jusqu’à 8 ans en captivité[14].

Menaces

Sur l'île de Santa Cruz, en 1998, des observations faites en avril (saison humide) et septembre (saison sèche) ont montré que les renards étaient porteurs des ectoparasites suivants : Pulex irritans, Neotrichodectes mephitidis et tiques (Ixodes pacificus)[18]. L'abondance des ectoparasites semble varier selon la saison[18].

Les parasites (dont ectoparasites[18]) et microbes, éventuellement importés dans les îles sont une des menaces pour l'espèce (ex : Bartonella spp.[19] responsable de zoonoses).

Notes et références

  1. Derek Booth et Allan Gillespie, « Quaternary Research and Education », Quaternary Research, Éditorial, vol. 1, no 3,‎ , p. 283–284 (DOI 10.1016/0033-5894(71)90066-4, Bibcode 1971QuRes...1..283., S2CID 251090119)
  2. Inoue H, Clifford DL, Vickers TW, Coonan TJ, Garcelon DK, Borjesson DL., Biochemical and hematologic reference intervals for the endangered island fox (urocyon littoralis) ; J Wildl Dis. 2012 Jul;48(3):583-92.
  3. ASM Mammal Diversity Database, consulté le 11 août 2025.
  4. ASM Mammal Diversity Database, consulté le 8 août 2025.
  5. « Liste des mammifères pour l'application du Règlement sur les animaux en captivité ou du Règlement sur les permis de garde d'animaux en captivité », sur Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec (consulté le )
  6. « Renard gris Insulaire », sur ManimalWorld (consulté le )
  7. (en) Courtney A. Hofman, Torben C. Rick, Jesús E. Maldonado, Paul W. Collins, Jon M. Erlandson, Robert C. Fleischer, Chelsea Smith, T. Scott Sillett, Katherine Ralls, Wendy Teeter, René L. Vellanoweth et Seth D. Newsome, « Tracking the origins and diet of an endemic island canid (Urocyon littoralis) across 7300 years of human cultural and environmental change », Quaternary Science Reviews, vol. 146,‎ , p. 147–160 (DOI 10.1016/j.quascirev.2016.06.010 , Bibcode 2016QSRv..146..147H, lire en ligne)
  8. Hofman, Courtney A., Rick, Torben C., Hawkins, Melissa T.R., Funk, W. Chris, Ralls, Katherine, Boser, Christina L., Collins, Paul W., Coonan, Tim, King, Julie L., Morrison, Scott A., Newsome, Seth D., Sillett, T. Scott, Fleischer, Robert C. et Maldonado, Jesus E., « Mitochondrial Genomes Suggest Rapid Evolution of Dwarf California Channel Islands Foxes (Urocyon littoralis) », PLOS ONE, vol. 10, no 2,‎ , e0118240 (PMID 25714775, PMCID 4340941, DOI 10.1371/journal.pone.0118240 , Bibcode 2015PLoSO..1018240H)
  9. Collins, P.W., « Interaction between the island foxes (Urocyon littoralis) and Indians on islands off the coast of southern California. I Morphologic and archaeological evidence of human assisted dispersal », Journal of Ethnobiology, vol. 11,‎ , p. 51–82 (lire en ligne)
  10. (en) George A. Lyras, Alexandra A. E. van der Geer et Lorenzo Rook, « Body size of insular carnivores: evidence from the fossil record », Journal of Biogeography, vol. 37, no 6,‎ , p. 1007–1021 (ISSN 0305-0270, DOI 10.1111/j.1365-2699.2010.02312.x, Bibcode 2010JBiog..37.1007L, lire en ligne )
  11. Christina Beck, « Endangered no more: California's island foxes make a surprising rebound. », The Christian Science Monitor,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. Mammal Species of the World (version 3, 2005), consulté le 11 août 2025.
  13. Rebecca L. Grambo, The World of the Fox, Vancouver, Greystone Books, (ISBN 978-0-87156-377-4, lire en ligne ), p. 102
  14. Moore, C. M. et Collins, P. W., « Urocyon littoralis », Mammalian Species, no 489,‎ , p. 1–7 (DOI 10.2307/3504160, JSTOR 3504160, S2CID 215746001, lire en ligne [archive du ], consulté le )
  15. (en) Sillero-Zubiri, Claudio, Hoffman, Michael et MacDonald David W. Canids: Foxes, Wolves, Jackals, and Dogs (rapport), IUCN, , p. 98 (lire en ligne)
  16. (en) « Urocyon littoralis: Information », sur Animal Diversity Web, University of Michigan (consulté le )
  17. (en) « Island Fox », sur National Park Service (consulté le )
  18. Crooks KR, Scott CA, Angeloni L, Bowen L, Kimsey RB, Van Vuren DH., Ectoparasites of the island fox on Santa Cruz Island. J Wildl Dis. 2001 Jan; 37(1):189-93 (résumé).
  19. Namekata MS, Clifford DL, Kasten RW, Henn JB, Garcelon DK, Coonan TJ, Chomel BB. Seroprevalence of Bartonella spp. in the endangered island fox (Urocyon littoralis). Vet Microbiol. 2009 Apr 14; 136(1-2):184-7. Epub 2008 Oct 28.

Bibliographie

  • (en) Crooks KR, Scott CA, Bowen L, Van Vuren D, Hematology and serum chemistry of the island fox on Santa Cruz Island ; J Wildl Dis. 2000 Apr; 36(2):397-404 (résumé).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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