Civette indienne

Viverricula indica

Viverricula indica
Une Civette indienne à Silchar, Assam en Inde.
Classification
Règne Animalia
Sous-embr. Vertebrata
Super-classe Tetrapoda
Classe Mammalia
Cohorte Placentalia
Super-ordre Laurasiatheria
Ordre Carnivora
Sous-ordre Feliformia
Famille Viverridae
Sous-famille Viverrinae

Genre

Viverricula
Hodgson, 1838

Synonymes

  • Viverrula Hodgson, 1842

Espèce

Viverricula indica
(Desmarest, 1804)

Répartition géographique

Statut CITES

Annexe III , Rév. du 16/03/1989

Synonymes

  • Civetta indica Saint-Hilaire, 1803 (Protonyme)

Statut de conservation UICN


LC  : Préoccupation mineure

La Civette indienne (Viverricula indica) également désignée sous les noms de Civette rasse ou encore celui de Petite civette de l’Inde[1], en opposition au Zibeth[2], est une espèce de mammifère carnivore de la famille des viverridés. Il s’agit de la seule espèce du genre Viverricula[3].

Elle est classée comme préoccupation mineure sur la Liste rouge de l'UICN en raison de sa large répartition géographique, de sa capacité d’adaptation à divers habitats et de la bonne santé de ses populations, y compris dans des zones agricoles et autres habitats anthropisés de nombreux pays de son aire de répartition[4].

Taxonomie et évolution

Civetta indica est le nom scientifique donné à l’espèce par Étienne Geoffroy Saint-Hilaire en 1803, lorsqu’il décrivit une peau de petite civette indienne provenant d’Inde et conservée dans les collections du Muséum national d’histoire naturelle de Paris[5].

Viverricula est le nom générique introduit par Brian Houghton Hodgson en 1838 lorsqu’il décrivit de nouveaux genres et espèces de mammifères collectés au Népal[6].

Aux XIXe et XXe siècles, les noms scientifiques suivants ont été proposés :

  • Viverra rasse par Thomas Horsfield en 1824, d’après un spécimen zoologique collecté à Java[7]. Il fut ensuite considéré comme une variété de Viverricula indica[8].
  • Viverra pallida par John Edward Gray en 1831, à partir d’une peau pâle de civette provenant d’un lieu imprécis en Chine[9].
  • Viverra bengalensis par Gray et Thomas Hardwicke en 1832, mentionné dans la légende d’un dessin colorié d’une civette[10].
  • Viverra schlegelii par Francis P. L. Pollen en 1866, d’après une petite civette indienne collectée dans le département malgache de Mayotte[11],[12].
  • Viverricula malaccensis deserti par J. Lewis Bonhote en 1898, à partir d’un spécimen collecté près de Sambhar, au Rajasthan[13].
  • Viverricula malaccensis thai par Cecil Boden Kloss en 1919, à partir d’un spécimen femelle collecté en Thaïlande centrale[14].
  • Viverricula malaccensis atchinensis par Henri Jacob Victor Sody en 1931, à partir d’un spécimen mâle collecté à Aceh, dans le nord de Sumatra[15].
  • Viverricula malaccensis baliensis par Sody en 1931, à partir d’un spécimen mâle de Bali[15].
  • Viverricula malaccensis muriavensis également par Sody en 1931, à partir d’un spécimen mâle collecté près de Kering, au nord du Gunung Myria dans le Java central[15].
  • Viverricula indica mayori par Reginald Innes Pocock en 1933, à partir d’une peau de civette de Maha Oya, issue d’une collection de peaux et de crânes de civettes du Sri Lanka[16].
  • Viverricula indica baptistæ également par Pocock en 1933, à partir d’une peau de civette de Hasimara dans les Dooars du Bhoutan, légèrement différente en couleur des spécimens collectés au Bengale et en Assam[16].
  • Viverricula indica wellsi par Pocock en 1933, à partir d’une peau de civette richement teintée, provenant du district de Kangra, au nord-ouest de l’Inde[16].
  • V. indica klossi par Pocock en 1933, à partir d’une peau brun foncé d’une femelle adulte originaire de Penang dans la péninsule Malaise[16].

Pocock les a toutes regroupées en tant que sous-espèces de Viverricula indica lorsqu’il a réexaminé les peaux et les crânes conservés au Natural History Museum de Londres[16].

Les sous-espèces suivantes étaient considérées comme des taxons valides en 2005[17] :

Phylogénie

Une étude phylogénétique a montré que la civette indienne est étroitement apparentée aux genres Civettictis et Viverra. Il a été estimé que le clade CivettictisViverra a divergé de Viverricula il y a environ 16,2 millions d’années. Les auteurs ont proposé de diviser la sous-famille des Viverrinae en deux groupes : les Genettinae comprenant Poiana et Genetta, et les Viverrinae au sens strict, comprenant Civettictis, Viverra et Viverricula[20].

Viverrinae stricto sensu

Civette indienne (Viverricula indica)




Civette africaine (Civettictis civetta)


Viverra

Grande civette indienne (Viverra zibetha)



Civette à grandes taches (Viverra megaspila)



Civette malaise (Viverra tangalunga)





Genettinae

Genetta



Poiana



Description

La civette indienne mesure une longueur tête-corps de de 49 à 68 cm[21], pour un corps de 53 à 58 cm et une queue allant de 38 à 43 cm[3]. Le pelage est assez rêche. Sa teinte varie d’un gris brunâtre à brun jaunâtre plus ou moins pâle, orné généralement de plusieurs bandes longitudinales noires ou brunes sur le dos et de rangées de taches sur les flancs. Généralement, l’on distinguent cinq ou six bandes dorsales nettes et quatre ou cinq rangées de taches sur les flancs. Chez certains individus, les marques sont moins visibles, avec des bandes dorsales parfois absentes[3]. Deux bandes sombres partent habituellement de l’arrière de l’oreille jusqu’aux épaules, et une troisième bande transversale peut parfois traverser la gorge. Le sous-poil est d’une teinte brune ou grise, souvent grise sur le dessus du corps et brune sur le dessous. Les poils gris du dos sont souvent d’une teinte noirâtre à l’extrémité. La tête est grisâtre ou brun-gris, le menton souvent brun. Les oreilles sont courtes et arrondies, avec une marque sombre derrière chaque oreille et une autre devant chaque œil. Les pattes sont brunes ou noires. La queue, effilée, est annelée de sept à neuf bandes alternées noires et blanchâtres[3].

Répartition et habitat

La civette indienne est présente dans une grande partie de l’Asie du Sud et de l’Asie du Sud-Est continentale, ainsi que sur certaines îles d’Indonésie. Son aire de répartition naturelle s’étend du Sud de la Chine à travers le Népal, le Bhoutan, le Bangladesh, l’Inde (y compris le Sri Lanka) jusqu’à la Birmanie, la Thaïlande, le Laos, le Cambodge et le Vietnam[4]. Elle est également présente à Taiwan[22].

Des populations insulaires sont connues à Java, à Bali, et peut-être dans d’autres parties de l’Indonésie. Sa présence est aussi suspectée ou marginalement signalée dans certaines zones de la péninsule Malaise.

En dehors de son aire naturelle, l’espèce a été introduite à Madagascar, où elle est maintenant bien établie[23]. Elle a aussi été introduite aux Comores, notamment sur Anjouan[24].

La civette indienne occupe une variété d’habitats, des forêts tropicales humides aux paysages agricoles modifiés par l’Homme. Elle est fréquemment observée dans les zones rurales, les plantations, les bordures de villages et même à proximité des centres urbains[4]. Elle évite toutefois les forêts denses et les habitats de haute altitude.

Écologie et comportement

La civette indienne est principalement nocturne, bien qu’elle puisse occasionnellement être active à l’aube ou au crépuscule[25]. Elle est de nature solitaire et généralement discrète, utilisant les couverts végétaux denses pour se dissimuler. Elle se déplace principalement au sol, bien qu’elle soit aussi capable de grimper aux arbres si nécessaire.

Elle marque son territoire avec des sécrétions issues de ses glandes anales, notamment sur les rochers, les troncs ou les sentiers forestiers, comportement typique des viverridés.

Régime alimentaire

La civette indienne est un carnivore opportuniste au régime alimentaire très varié. Elle consomme une grande diversité de petits vertébrés comme les rongeurs, les lézards, les oiseaux et les amphibiens. Elle se nourrit également d’invertébrés (arthropodes, mollusques) ainsi que de fruits, de graines et d'autres matières végétales[26].

Cette plasticité alimentaire lui permet de s’adapter à des environnements très variés, y compris les zones agricoles, les plantations, les villages, voire les zones périurbaines.

Reproduction

Les civettes indiennes peuvent se reproduire tout au long de l’année, mais des pics de naissance ont été observés en début de mousson dans certaines régions. La gestation dure environ 60 à 70 jours, et les femelles mettent bas dans des terriers ou des abris naturels[27].

La taille des portées varie généralement de 2 à 5 petits. À la naissance, les petits sont aveugles et entièrement dépendants de leur mère, mais ils se développent rapidement. Le sevrage intervient autour de 1 mois, et l’indépendance complète est atteinte quelques mois plus tard.

Notes et références

  1. Annexes au Journal officiel des Communautés européennes du 18 décembre 2000. Lire en ligne.
  2. Wildlife Institute of India : Mustelids, Viverrids and Herpestids of India: Species Profile and Conservation Status (en)
  3. (en) Blanford, W. T., The Fauna of British India, including Ceylon and Burma. Mammalia, London, Taylor and Francis, 1888–1891, 100–101 p. (lire en ligne)
  4. (en) Choudhury, A., Duckworth, J. W., Timmins, R., Chutipong, W., Willcox, D. H. A., Rahman, H., Ghimirey, Y. et Mudappa, D., « Viverricula indica », The IUCN Red List of Threatened Species, vol. 2015, no 4,‎ , e.T41710A45220632 (DOI 10.2305/IUCN.UK.2015-4.RLTS.T41710A45220632.en, lire en ligne)
  5. Geoffroy Saint-Hilaire, E., Catalogue des Mammifères du Muséum National d'Histoire Naturelle, Paris, Muséum National d'Histoire Naturelle, , 113 p. (lire en ligne), « La Civette de l'Inde »
  6. Hodgson, B. H., « Classified Catalogue of Nepalese Mammalia », Annals of Natural History, vol. 1, no 2,‎ , p. 152–154
  7. Horsfield, T., Zoological Researches in Java, and the neighbouring Islands, London, Kingsbury, Parbury, & Allen, , 160–166 p., « Viverra Rasse »
  8. Horsfield, T., A catalogue of the Mammalia in the Museum of the Hon. East-India Company, London, J. & H. Cox, , 59–60 p., « Viverricula Rasse »
  9. Gray, J. E., The Zoological Miscellany, London, Treuttel, Wurtz and Co., , « Description of two new Species of Mammalia... », p. 17
  10. Gray, J. E., Illustrations of Indian zoology..., London, Treuttel, Wurtz, Treuttel, Jun. and Richter, , Pl. 4, « Bengal Civet Viverra bengalensis »
  11. Pollen, F., « Communications from Dr. H. Schlegel... », Proceedings of the Scientific Meetings of the Zoological Society of London,‎ , p. 419
  12. Pollen, F. P. L., Recherches sur la Faune de Madagascar et de ses dépendances, Leyde, J. K. Steenhoff, , 85−125, « Chapitre IV »
  13. Bonhote, J. L., « On the species of the Genus Viverricula », The Annals and Magazine of Natural History, 7e série, vol. 1, no 2,‎ , p. 119−122 (DOI 10.1080/00222939808677937)
  14. Kloss, C. B., « On Mammals collected in Siam », The Journal of the Natural History Society of Siam, vol. 3, no 4,‎ , p. 333−407
  15. Sody, H. J. V., « Six new mammals from Sumatra, Java, Bali and Borneo », Natuurkundig Tijdschrift voor Nederlandsch-Indië, vol. 91,‎ , p. 349–360
  16. Pocock, R. I., « The Civet Cats of Asia », The Journal of the Bombay Natural History Society, vol. 36, no 3,‎ , p. 632−656
  17. Wozencraft, W. C., Mammal Species of the World – 3rd edition, , « Viverricula indica », p. 559
  18. Pocock, R. I., The Fauna of British India, including Ceylon and Burma. Mammalia – Volume 1, London, Taylor and Francis, , 362–376 p., « Genus Viverricula Hodgson »
  19. Ellerman, J. R. et Morrison-Scott, T. C. S., Checklist of Palaearctic and Indian mammals 1758 to 1946, London, British Museum of Natural History, , 282–283 p., « Genus Viverricula Hodgson »
  20. Gaubert, P. et Cordeiro-Estrela, P., « Phylogenetic systematics and tempo of evolution of the Viverrinae (Mammalia, Carnivora, Viverridae)... », Molecular Phylogenetics and Evolution, vol. 41, no 2,‎ , p. 266–278 (PMID 16837215, DOI 10.1016/j.ympev.2006.05.034)
  21. Collectif, Histoire naturelle, Flammarion, , 650 p. (ISBN 978-2-0813-7859-9), Petite civette d'Inde page 587
  22. (en) Pei, K. J.-C., « Current status and conservation of carnivores in Taiwan », Small Carnivore Conservation, vol. 38,‎ , p. 14–21 (lire en ligne)
  23. (en) Goodman, S. M. et Langrand, O., « Extinction of endemic Malagasy carnivores in western Madagascar », Oryx, vol. 30, no 4,‎ , p. 329–336 (DOI 10.1017/S0030605300021781)
  24. (en) Simons, M. P., Gautier, L. et Fowler, H., « Mammals of the Comoro Islands: a review and new records from Mayotte », Mammalia, vol. 65,‎ , p. 353–364 (DOI 10.1515/mamm.2001.65.3.353)
  25. (en) S. H. Prater, The Book of Indian Animals, Bombay, Bombay Natural History Society, (ISBN 978-0854860159), p. 193–195.
  26. (en) Joshi, A. R., « Feeding habits of small Indian civet in Royal Chitwan National Park, Nepal », Mammalia, vol. 50, no 2,‎ , p. 227–232 (DOI 10.1515/mamm.1986.50.2.227)
  27. (en) Roberts, T. J., The Mammals of Pakistan, Karachi, Oxford University Press, , 205–206 p.

Voir aussi

Liens externes

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