Raoul Diagne

Raoul Diagne

Raoul Diagne en 1930.
Biographie
Nom Raoul Paul Alexandre Diagne
Nationalité Français
Naissance
Saint-Laurent-du-Maroni (Guyane)
Décès
Créteil (Val-de-Marne)
Taille 1,87 m (6 2)
Poste défenseur, milieu, ailier, gardien
Parcours junior
Années Club
1925-1926 Stade français
1926-1930 RC France
Parcours professionnel1
AnnéesClub 0M.0(B.)
1930-1940 RC Paris 211 0(7)
1940-1944 Toulouse FC
1944-1946 FC Annecy
1946-1947 IFC Nice
1947-1949 US Gorée
Sélections en équipe nationale2
AnnéesÉquipe 0M.0(B.)
1931-1940 France 018 0(0)
Parcours entraîneur
AnnéesÉquipe Stats
1949-1950 KSV Audenarde
1950-1952 GS Alger
1952-1953 SC Constantinois
1953 US Flers
1960-1961 Sénégal
1 Compétitions officielles nationales et internationales senior, incluant le parcours amateur et en équipe réserve et pas les matchs amicaux.
2 Matchs officiels.

Raoul Diagne, né le à Saint-Laurent-du-Maroni[1] en Guyane et mort le [2] à Créteil[3], est un joueur puis un entraîneur de football français.

Raoul Diagne a pu évoluer à n'importe quel poste sur le terrain, gardien de but inclus[4]. Malgré sa taille imposante (1,87 m), son style aérien lui vaut le surnom d'araignée. Sa zone de jeu de prédilection reste l'aile droite et c'est au poste de défenseur latéral droit très offensif qu'il fait principalement carrière en équipe de France. Il n'était pas rare de voir Raoul échanger son poste avec son ailier droit afin d'aller chercher un résultat en fin de partie. C'est lui qui marque ainsi les premiers buts du Racing en championnat de France professionnel. Le [5],[6], il devient le premier footballeur noir à revêtir le maillot de l'équipe de France[7], avec laquelle il a compté dix-sept autres sélections[5]. Il participe à la Coupe du monde 1938. En club, il gagne le titre de champion de France 1935-1936 et les Coupes de France 1936, 1939 et 1940 avec le Racing.

Biographie

Les débuts

Raoul Diagne est d'origine sénégalaise. Son père, Blaise Diagne (1872-1934), est député du Sénégal à l'Assemblée nationale française et ministre des Colonies. Il arrive en Métropole à dix-huit mois et découvre les joies du football à treize ans à l'école. Il fréquente un temps le Stade français, puis rejoint le Racing Club de Paris en 1926[8] avant de se joindre aux Pingouins, l'équipe fanion du Racing, en 1930.

Lors d'un match du championnat de Paris en 1931, le gardien du Racing, André Tassin, se blesse et doit quitter le terrain. Raoul Diagne prend sa place dans les buts et se révèle comme un excellent gardien. Il assure l'intérim de Tassin comme portier durant les quatre mois de l'absence du portier titulaire[8]. Raoul hérite à cette période du titre de meilleur gardien de Paris et connaît même une sélection à ce poste à l'occasion d'un match Paris-Budapest[9].

L'ère professionnelle du Racing

Pour les grands débuts du Racing en championnat de France professionnel, c'est Raoul Diagne, pourtant défenseur, qui signe les deux buts du Racing.

À l'occasion de la saison 1935-1936 qui est couronnée par un doublé coupe-championnat des Pingouins du Racing, Raoul Diagne joue la moitié de la saison comme gardien de but. Le titulaire du poste, l'ombrageux Rudi Hiden (1909-1973), a fait un de ces caprices de stars et a demandé à ses dirigeants une augmentation pour rejoindre l'équipe. Hiden, meilleur gardien de but de son temps, est coutumier du fait. Raoul Diagne le remplace dans les buts jusqu'au retour du portier viennois.

Il gagne la Coupe de France 1939 contre Lille puis en 1940 face à l'Olympique de Marseille lors d'une finale disputée cinq jours avant le déclenchement de l'invasion allemande. Raoul Diagne, tout comme son ami Rudi Hiden, désormais naturalisé français, sont alors sous les drapeaux, mobilisation générale oblige, et bénéficient pour cette finale de Coupe de France d'une permission exceptionnelle.

Équipe de France

Il est sélectionné 18 fois en équipe de France et devient le premier joueur noir à connaître les honneurs de la sélection dès 1931, pour un match amical contre la Tchécoslovaquie à Colombes (1-2). Il joue en équipe de France jusqu'au 28 janvier 1940 (France-Portugal, 3-2).

On aurait pu croire que cette sélection aurait provoqué des remous, comme ce sera le cas en Angleterre en 1978 lors de la première sélection d'un joueur noir en équipe d'Angleterre de football ou aux États-Unis en 1947 lors de l'alignement du premier joueur noir, Jackie Robinson, en Ligue majeure de baseball ; il n'en fut rien[6]. En revanche, un an plus tard, Raoul Diagne se trouve au centre d'une affaire bien plus importante que sa couleur de peau : le statut professionnel. Issu d'un milieu aisé, son avenir n'était pas vraiment programmé dans le football ; aussi se fâche-t-il avec une partie de la bonne société parisienne en acceptant de franchir le pas du professionnalisme en 1932.

Absent de la coupe du monde en Italie en 1934, Raoul Diagne est bien présent en 1938 pour disputer l'épreuve en France. Malgré la grande détermination française, il en fait souvent témoignage, les Italiens s'imposent face aux Français, 3-1 en quarts de finale à Colombes.

Fin de carrière de joueur

Il joue pendant la guerre à Toulouse où il trouve refuge jusqu'en 1942. Il joue ensuite au FC Annecy (1942-1945). À Annecy, il ouvre un bar, associé à un autre international du Racing Club de Paris, Edmond Weiskopf. Juif hongrois, ce dernier est dénoncé. Obligé de fuir avec sa famille, il achève les années de guerre dans la clandestinité. La possible responsabilité directe de Raoul Diagne dans la dénonciation de son ancien partenaire n'est pas prouvée[10]. Après la guerre, Raoul Diagne termine sa carrière de joueur à l'International de Nice (1945-1947) puis à l'US Gorée, au Sénégal (1947-1949)[9].

Carrière d'entraîneur

Sa carrière de joueur achevée, il passe son diplôme d'entraîneur et prend la direction de la Belgique pour faire ses premiers pas dans ses nouvelles fonctions[8]. Il est responsable du club flamand du KSV Audenarde en 1949-1950, puis traverse la Méditerranée pour prendre en mains le Gallia Sports d'Alger[9]. Ses débuts à Alger sont excellents, avec le gain du Championnat d'Afrique du Nord le 17 juin 1951[11]. La saison suivante, le Gallia joue la pire saison de son histoire et se trouve relégué à l'étage inférieur. Cet échec marque durablement Raoul Diagne qui devient entraîneur du Sporting club constantinois en 1952-1953 avant de rentrer en France métropolitaine pour diriger la formation normande de l'US Flers[9].

Sélectionneur de l'équipe nationale du Sénégal au début des années 1960, Raoul Diagne est en poste lors de la victoire du Sénégal aux Jeux de l'Amitié à Dakar en 1963. À cette occasion, le Sénégal bat l'équipe de France amateur 2-0 en demi-finale le 18 avril[12]. Le 20 avril, le Sénégal bat la Tunisie en finale au nombre de corners (9-4).

Il meurt à 92 ans le 12 novembre 2002 à Créteil en région parisienne[13].

Il est considéré au Sénégal comme le « grand-père du football sénégalais »[14].

La Guyane revendique également Raoul Diagne[15].

Palmarès joueur

Notes et références

  1. « Fiche de Raoul Diagne », sur FFF.fr.
  2. « Raoul, Paul, Alexandre Diagne (ligne no 481225) », sur Fichier des personnes décédées, (consulté le ).
  3. « 1931 : Diagne, un noir chez les Bleus », sur Le Républicain lorrain, (consulté le ).
  4. Nicolas Kssis Martov (d), « Raoul Diagne : l'homme à tout faire du Racing… », sur So Foot, (version du sur Internet Archive).
  5. « 1931 : Raoul Diagne marque l'Histoire », sur Fédération française de football, (consulté le ).
  6. Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos, « 15 février 1931. Le jour où le 1er Noir intègre l'équipe de France de football » , sur Le Point, (consulté le ).
  7. Lauren Provost (d), « Le clown Chocolat et les autres grandes premières pour les noirs en France », sur Le HuffPost, (consulté le ).
  8. « 15 février 1931 : Diagne, la France en Bleu et Noir », sur Conseil de la FIFA, (consulté le ).
  9. « Que sont-ils devenus : Raoul Diagne », France Football, Paris, no 520,‎ , p. 23 (ISSN 0015-9557).
  10. Catherine Nicault (d), François Virag et Ronald Virag, « Edmond Virag, dit Eddy Weiskopf, international de football (Kijpest, Wekerletelep, banlieue de Budapest, 22 octobre 1911 - Neuilly-sur-Seine, 10 mai 1996) », Archives Juives, Paris, PUF, vol. 41,‎ , p. 141-145 (ISSN 0003-9837, lire en ligne, consulté le ).
  11. Roland Hernandez Auvray, Le Livre d'or du football pied-noir et Nord-africain : Maroc, Algérie, Tunisie, Toulon, Éd. les Presses du Midi, coll. « Sport et culture d'AFN », , 389 p., 30 cm (ISBN 2-87867-050-7, OCLC 320359307, BNF 37620310, SUDOC 073736759, présentation en ligne), p. 369.
  12. (en) Andrei Russell-Gebbett et al., « Jeux de l'Amitié 1963 (Dakar, Sénégal) », sur RSSSF, (consulté le ).
  13. « Raoul Diagne est parti », sur Afrik.com, (consulté le ).
  14. Hubert Artus (d) (préf. Abd al Malik), Donqui Foot [Galaxie foot] : dictionnaire rock, historique et politique du football, Paris, Don Quichotte / Média-Diffusion / Points, coll. « Points (ISSN 0768-0481) » (no P3265) (réimpr. 2014 et 2020) (1re éd. 2011), 496 p., 21 cm (ISBN 978-2-35949-091-6, OCLC 1197025336, BNF 42657774, SUDOC 152751599, présentation en ligne, lire en ligne ), p. 78.
  15. Pierre Rossovich, « Un Guyanais premier joueur noir de l'équipe de France » , sur France-Guyane, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

Ouvrages
Documentaire

Articles connexes

Liens externes

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