Rémy Daillet-Wiedemann

Rémy Daillet-Wiedemann
Biographie
Naissance
Nationalité
Domicile
Activités
Père
Parentèle
Fernand Wiedemann-Goiran (grand-père)
Pierre de Boisdeffre (oncle)
Edwy Plenel (cousin germain)
Autres informations
Parti politique
Conflit

Rémy Daillet-Wiedemann, né en , est un militant d'extrême droite complotiste français.

Depuis , il est soupçonné d'être impliqué dans trois affaires d'enlèvement d'enfant, puis depuis dans un projet de coup d'État ainsi que plusieurs projets d'attentats terroristes.

Biographie

Famille

Petit-fils de Fernand Wiedemann-Goiran, industriel et député de Paris de à , et fils de Jean-Marie Daillet, député de la Manche de à , Rémy Daillet-Wiedemann grandit au sein d'une famille de huit enfants[1],[2]. Il est également le neveu de Pierre de Boisdeffre, diplomate et directeur de l'ORTF de à , et le cousin germain d'Edwy Plenel[2], journaliste.

Rémy Daillet est père de sept enfants[3].

Début d'engagement politique

À 25 ans, Rémy Daillet-Wiedemann s'engage avec son frère dans la guerre de Yougoslavie au sein de la Garde nationale croate dans laquelle de nombreux nationalistes français s'enrôlaient[2],[4]. Il participe à la guerre de Croatie[5].

Il rejoint le Modem en et devient responsable de la fédération de Haute-Garonne (Occitanie) en [6]. Il est exclu du parti le , après avoir été surpris en train d'enregistrer un débat lors d'une réunion interne du conseil national[1],[7],[5].

En , il entame une « grève du froid » (il reste en chemise à l'extérieur en journée et dort dans son automobile le soir) contre la fermeture de l'usine Molex de Villemur-sur-Tarn[6]. Les syndicalistes de l'usine y voient une « action politique », entamée sans concertation avec eux[8].

Dérives complotistes

En , Rémy Daillet-Wiedemann lance un site destiné à la scolarisation des enfants à domicile sur lequel il développe des argumentaires complotistes[9]. La même année, il co-signe avec son épouse un livre sur ce sujet qui lui tient à cœur[6]. Il considère que « l'école est un endroit dangereux : pédos, harceleurs, délinquants, dealers, labos et gouvernement sont les gros vecteurs du mal-être, du suicide, du meurtre, du crime courant »[6]. Contre rémunération, il fournit une série de techniques et de documents permettant d'éviter de faire vacciner ses enfants[6].

En , dans le but de promouvoir l'instruction à domicile, il se rapproche des militants d'extrême droite Farida Belghoul et Alain Escada[5].

En , il part s'installer sur l'île de Langkawi, en Malaisie puis vend des séances de coaching en ligne pour s'installer à l'étranger[2].

En , il se montre proche de la mouvance QAnon[10],[6],[11] ; il se fait « remarquer des milieux complotistes en épousant les théories les plus extrêmes »[6]. À l'automne , il publie des vidéos dans lesquelles il annonce ses velléités de coup d'État et affiche son programme insurrectionnel qui rassemble de nombreuses théories conspirationnistes ; il soutient le militant néonazi et négationniste Vincent Reynouard, et appelle au saccage des monuments mémoriels de la Seconde Guerre mondiale[5],[6]. Appelant principalement à la prise du pouvoir par un « renversement » armé du gouvernement français et la prise du palais de l'Élysée, il détaille sur son site internet (baptisé renversementdugouvernementfrançais.com) les mesures qu'il souhaiterait mettre en œuvre après avoir pris le pouvoir par la force : la « suspension de l'impôt ou tout autre prélèvement direct », le rétablissement du bagne, la « suspension de tout épandage par voie aérienne » (théorie des « chemtrails »), l'« arrêt de toute installation de réseau 5G », l'« interdiction de la vaccination de masse », la « mise en panne de tous les radars routiers automatiques » ainsi que l'« abolition de la maçonnerie » et d'autres institutions de défense des droits humains comme le CRIF, la LICRA ou SOS Racisme[12],[6],[13].

En , son nom apparaît dans une enquête sur l'attaque d'une gendarmerie à Dax. L'assaillant explique avoir été influencé par Rémy Daillet-Wiedemann[14].

Affaires judiciaires

Affaire Mia Montemaggi

En , Rémy Daillet-Wiedemann est soupçonné d'être à la tête de l'organisation de l'enlèvement par plusieurs hommes d'une fillette de huit ans, Mia Montemaggi, qui résidait dans les Vosges chez sa grand-mère pour être remise à sa mère qui n'en n'avait plus la garde et n'avait plus le droit de la voir seule - puis retrouvée dans un squat en Suisse[14],[15].

Avec sa femme et leurs trois enfants, il est interpellé par les autorités malaisiennes en , son titre de séjour étant arrivé à expiration. Il entame une grève de la faim pour protester contre son interpellation[16],[17]. Il est expulsé de Malaisie en direction de la France le , puis mis en examen par les autorités françaises dans l'affaire Mia, pour « complicité d'enlèvement d'un mineur de 15 ans commis en bande organisée », et est placé en détention provisoire[6]. À l'occasion de sa première audience, il annonce sa candidature à l'élection présidentielle de [17],[18].

En , le parquet de Nancy décide de se dessaisir au profit du Pôle antiterroriste de Paris, afin de les joindre aux faits déjà instruits par cette juridiction, considérant que les enlèvements d'enfant faisaient partie intégrante du plan d'action violentes visant le renversement de l'État[19]. Cette décision est contestée par l'avocat de Rémy Daillet[20].

En , Rémy Daillet-Wiedemann est remis en liberté sous bracelet électronique[21].

Autres dossiers d'enlèvements

En , Le Parisien révèle que Rémy Daillet-Wiedemann est cité dans un projet avorté d'enlèvement d'enfant qui devait avoir lieu, à la fin de l'année , dans le Puy-de-Dôme[22],[23].

En , il est de nouveau cité dans une autre affaire de soustraction d'enfants qui a eu lieu à Quingey dans le Doubs, en [24].

Affaire terroriste

En , Rémy Daillet-Wiedemann est mis en examen avec sa secrétaire pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle », peu après avoir posté une vidéo visionnée des centaines de milliers de fois dans laquelle il met même en garde le président de la République, Emmanuel Macron[6],[25]. Il est suspecté d'avoir constitué une organisation clandestine nationale qui aurait projeté des attentats contre des « ennemis de l'intérieur fantasmés — principalement francs-maçons et juifs, ou supposés tels », soit des loges maçonniques et lieux du judaïsme, des centres de vaccination et des antennes 5G ; puis de faire un coup d'État en menant une offensive contre plusieurs lieux institutionnels, et contre d'autres cibles comme des personnalités ou des journalistes[26],[27],[25].

Cette opération secrète baptisée « Opération Azur » avait notamment pour objectif de s'emparer de l'Élysée, de l'Assemblée nationale et du ministère des Armées, et était menée avec le groupuscule néonazi complotiste Honneur et Nation[28],[29]. Pour son vaste plan de « renversement » qu'il qualifie d'« inéluctable », Daillet-Wiedemann mobilise un « maximum de gens, de manifestants », en s'entourant d'une organisation structurée et hiérarchisée constituée de 300 personnes motivées parmi lesquelles comptent notamment 36 « capitaines de région » se répartissant le territoire, des militaires, des gendarmes et des policiers, en activité ou à la retraite, devenant selon « voltigeurs », « grenadiers » ou « assaillants » en vue de l'assaut final[13].

Le , sept personnes sont interpellées dans le cadre d'un dossier terroriste lié à Rémy Daillet. Il s'agit de cinq hommes et deux femmes, dont un ex-fonctionnaire de police et une avocate anti-vaccin, Virginie de Araujo-Recchia[30],[31],[32].

Honneur et Nation

Les complices de Rémy Daillet sont issus du groupe néonazi Honneur et Nation fondé en à partir d'une scission de la Division nationaliste révolutionnaire (-) organisation skinhead néonazie créée par un ancien membre de Combat 18[33],[34],[35]. Dirigée par Sébastien Dudognon, Honneur et Nation est soupçonnée d'être une part intégrante de l'« opération Azur » de Rémy Daillet : sous le nom de « projet Alsace », ils auraient eu comme objectif de faire exploser une loge maçonnique à Lunéville[29]. De plus, certains membres du groupe sont également mis en examen en pour un projet d'attentat contre Olivier Véran[36].

Publications

Notes et références

  1. Bénédicte Dupont et Hugo Charpentier, « Le passé en Haute-Garonne de Rémy Daillet-Wiedemann, l'homme soupçonné d'avoir organisé l'enlèvement de Mia » , France Bleu Occitanie et France Bleu Sud Lorraine, (consulté le ).
  2. Cécile Deffontaines, « « M. Macron, nous allons vous chasser » : Rémy Daillet, le complotiste qui veut faire tomber la République » , L'Obs, (consulté le ).
  3. Marie Terrier, AFP, « Ce que l'on sait du complotiste Rémy Daillet et des affaires hors-norme auxquelles il est mêlé », sur Le HuffPost, (consulté le ).
  4. Lise Ouangari, « Rémy Daillet : qui est ce complotiste qui rêve de renverser la République ? », Ouest-France, .
  5. Vincent Bresson, « L'ancien du Modem qui rêve de faire un coup d'État » , sur StreetPress, (consulté le ).
  6. Jean-Loup Adenor, « Qui est Rémy Daillet, le gourou complotiste suspecté d'avoir fomenté un coup d'État ? », Marianne, (consulté le ).
  7. S.M., « Toulouse. Rémy Daillet-Wiedemann, président du MoDem 31 » , La Dépêche du Midi, (consulté le ).
  8. « En « grève du froid » contre la fermeture de Molex » , Le Parisien, (consulté le ).
  9. Tristan Mendès France, « Affaire Mia : le parcours improbable du militant complotiste d'extrême droite Rémy Daillet Wiedemann » , Antidote, sur radiofrance.fr, France Inter, (consulté le ).
  10. « Rémy Daillet-Wiedemann » , sur Conspiracy Watch (consulté le ).
  11. Mathieu Burgalassi, « Les idiots de service », Revue des sciences sociales, no 67,‎ , p. 106–117 (DOI 10.4000/revss.8154, lire en ligne , consulté le ).
  12. Hadrien Brachet, « Affaire Mia : de Soral à Conversano, ces autres gourous français d'extrême droite expatriés » , Marianne, .
  13. « Complotisme : comment Rémy Daillet comptait s'emparer de l'Élysée » , Le Point, (consulté le ).
  14. Jean-Michel Décugis, Jérémie Pham-Lê, Ronan Folgoas et Vincent Gautronneau, « Enlèvement de Mia : révélations sur le gourou complotiste derrière le commando » , Le Parisien, (consulté le ).
  15. « Le kidnappeur de la petite Mia est mis en examen pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle » » , Le Courrier picard, (consulté le ).
  16. Mélanie Vecchio et Clément Boutin, « Rémy Daillet, figure complotiste, interpellé en Malaisie » , BFM TV, (consulté le ).
  17. AFP, « Affaire Mia : l'expulsion du complotiste français Rémy Daillet s'enlise à Singapour » , Le Monde, (consulté le ).
  18. Cédric Lieto, « Affaire Mia : Rémy Daillet, mis en examen, annonce à l'audience sa candidature à l'élection présidentielle » , France Bleu Sud Lorraine et France Bleu Cotentin, (consulté le ).
  19. AFP, « Enlèvement de la petite Mia : le parquet de Nancy se dessaisit officiellement de l'affaire au profit du pôle antiterroriste de Paris » , Le Figaro, .
  20. Éric Nicolas, « Nancy. Enlèvement de Mia : Rémy Daillet conteste le transfert du dossier au pôle antiterroriste de Paris » , L'Est républicain, (consulté le ).
  21. Lisa Guillemin et Paul Conge, « Enlèvement de Mia : le gourou complotiste Rémy Daillet remis en liberté » , Marianne, (consulté le ).
  22. Jérémie Pham-Lê, Timothée Boutry et Vincent Gautronneau, « Affaire Mia : les ravisseurs complotistes projetaient d'enlever un second enfant » , Le Parisien, (consulté le ).
  23. M.T., « Enlèvement de Mia : les ravisseurs complotistes devaient kidnapper un deuxième enfant dans le Puy-de-Dôme » , L'Indépendant, (consulté le ).
  24. Valentin Collin, « Doubs : Rémy Daillet, le gourou de l'affaire Mia, aurait joué un rôle dans une affaire de soustraction d'enfants à Quingey » , L'Est républicain, (consulté le ).
  25. Pierre Plottu et Maxime Macé, « Complotisme : Rémy Daillet et son putsch à clique » , Libération, (consulté le ).
  26. « Un projet de coup d’État mené par le complotiste Rémy Daillet déjoué par la DGSI » , L'Obs, (consulté le ).
  27. AFP, « Ultradroite : 4 proches de Rémy Daillet en garde à vue » , Le Point, (consulté le ).
  28. « Complotisme : « Youtube a une responsabilité dans la visibilité et la toxicité » de Rémy Daillet, selon un spécialiste des cultures numériques » , sur franceinfo.fr, (consulté le ).
  29. « « Projet Alsace » : pour renverser l'État, Rémy Daillet prévoyait un attentat dans l'Est » , Sud Ouest, (consulté le ).
  30. AFP, « Ultradroite : sept interpellations dans un dossier lié à la figure complotiste Rémy Daillet » , L'Express, (consulté le ).
  31. « Affaire Rémy Daillet : Virginie de Araujo, l'avocate des covido-sceptiques, interpellée » , Marianne, (consulté le ).
  32. Jérémie Pham-Lê et Vincent Gautronneau, « Gilets jaunes, avocate, naturopathe, ex-militaire : les profils hétéroclites des partisans du projet secret de coup d'État » , Le Parisien, (consulté le ).
  33. Frédéric Abela, « Ultradroite : "Ces groupes veulent faire tomber la République" » , La Dépêche du Midi, (consulté le ).
  34. Paul Conge, « Projet d'attentat néonazi : un ex-cadre du FNJ, fondateur du groupe Honneur & Nation » , Marianne, (consulté le ).
  35. Delphine-Marion Boulle, « La Division nationaliste révolutionnaire, dernier né de la mouvance skinhead » , sur Slate.fr, (consulté le ).
  36. S. Mc., AFP, « Olivier Véran cible du groupuscule néonazi "Honneur et nation" » , La Dépêche du Midi, (consulté le ).

Liens externes

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