Pont Saint-Jean
| Pont Saint-Jean | ||||
| Le pont Saint-Jean en 2025 | ||||
| Géographie | ||||
|---|---|---|---|---|
| Pays | France | |||
| Région | Auvergne-Rhône-Alpes | |||
| Département | Puy-de-Dôme | |||
| Commune | Thiers | |||
| Coordonnées géographiques | 45° 51′ 05″ N, 3° 33′ 02″ E | |||
| Fonction | ||||
| Franchit | Durolle | |||
| Fonction | Pont pédestre | |||
| Caractéristiques techniques | ||||
| Type | pont-voûte | |||
| Longueur | 10+12=22 m | |||
| Largeur | 1,4 m | |||
| Construction | ||||
| Construction | XVe siècle-XVIe siècle | |||
| Gestion | ||||
| Propriétaire | Public | |||
| Historique | ||||
| Anciens noms | Pont des planches | |||
| Protection | Non classé | |||
| Géolocalisation sur la carte : Auvergne
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Puy-de-Dôme
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Le pont Saint-Jean, est un pont traversant la Durolle dans le quartier de Saint-Jean à Thiers en Auvergne. Sa date de construction exacte n’est pas connue mais il est un des plus vieux ponts de la ville avec le pont Vielh, le pont de Seychalles et le pont du Navire.
Situation et accès
Le pont permet à la rue Daguerre de traverser la Durolle et donc d’assurer la liaison entre le quartier Saint-Jean et l’avenue Joseph Claussat de la Vallée des Usines. La circulation sur le pont est uniquement pédestre du fait de la largeur limitée de son tablier et de la présence de marches sur la rive droite.
Le pont Saint-Jean est aujourd’hui entièrement masqué par une construction industrielle du début du XXe siècle positionnée en aval du pont (usine Wichard construite dès 1919). Avant cette construction, le pont était un point touristique de la ville de Thiers comme le prouvent les lithographies du XIXe siècle et les cartes postales anciennes.
L’avenue Joseph Claussat n’a été créée qu’à la fin du XIXe siècle (1882-1885) et donc avant cette période, le pont n’était relié qu’à un sentier escarpé menant aux quartiers hauts, positionnés rive gauche, de la Vidalie et des Belins. Ce sentier ancien est toujours présent et praticable.
Dénomination du pont
Le pont doit son nom au quartier de Saint-Jean situé au-dessus au sud-ouest. Ce quartier dont l’église est dédiée à Saint-Jean le Baptiste, porte le nom de Saint-Jean-du-Passet[1]. Le mot « Passet » a la sens de passage étroit et difficile pour ce secteur et il est peut-être à mettre en liaison direct avec le pont qui permettait un passage sur la Durolle dans une zone ingrate et escarpée de la ville. Sur certaines cartes postales anciennes, on le retrouve dénommé « pont des Patières » ou « pont des Patières Saint-Jean » (« patières » en patois local ou Auvergnat désignant les sentiers pentus et chemins étroits).
Dans les terriers des XV et XVIe siècles[2], ainsi que sur le plan cadastral de 1836[3], on le retrouve sous le nom de « pont des planches »[4].
Histoire
La date de construction exacte du pont est inconnue. Il est considéré par les historiens locaux comme un des plus vieux ponts de la ville de Thiers. Son existence a été rendue obligatoire dès la fondation (et la construction) de l’église Saint-Jean-du-Passet qui est mentionnée dès le début du XIe siècle (première mention en 1016). Au départ, ce quartier n’était pas relié au noyau primitif fortifié de Thiers regroupé autour de l’église Saint-Genès. Le dessin de l’Armorial de Guillaume Revel réalisé au milieu du XVe siècle montre l’église Saint-Jean-du-Passet positionnée seule et extra-muros. Ce n’est qu’à la fin du XVe voire plutôt durant le XVIe siècle que la grande enceinte va envelopper le quartier Saint-Jean en y ajoutant une porte fortifiée, la porte Saint-Jean, donnant un accès direct au pont situé en contre-bas[5]. Ce dernier apparait également comme un potentiel élément de la défense de ce quartier situé au sud-est de l’éperon de la ville médiévale. En effet, le pont Saint-Jean n’est en fait qu’un demi-pont en pierre situé rive gauche de la Durolle (extra-muros), l’autre partie étant aujourd’hui constituée d’une passerelle métallique et vraisemblablement d’un pont-levis en bois au XV et XVIe siècle. La dénomination de « pont des planches » utilisée au XVe siècle semble indiquer que le demi-pont en pierre actuel était en place à la fin du XVe siècle, l’autre partie étant une passerelle en planche, voire un tablier mobile de pont-levis. On peut donc estimer raisonnablement que la construction de la partie maçonné rive gauche entre le XV et le XVIe siècle.
Une lithographie de 1833 montre le pont Saint-Jean et le quartier l’entourant, dominé par l’église. Au début du XIXe siècle, cette zone était encore occupée par de nombreuses papeteries avec leurs derniers étages bardés de planches de bois caractéristiques qui étaient dédiés au séchage des feuilles de papier. Sur le dessin, le pont en pierre, qui semble en mauvais état notamment envahi par des plantes grimpantes mais surtout avec des parapets partiellement en ruine, présente une passerelle en bois avec des garde-corps eux aussi dégradés. Cette lithographie romantique permet de mieux comprendre pourquoi il était nommé « pont des planches ». Un barrage (localement appelé « pavé ») est présent en aval pour l’alimentation en eau des industries avales constituées de moulins ou « rouets ».
Architecture
Le pont Saint-Jean est un demi-pont maçonné d’environ 10 mètres de longueur relié à une passerelle métallique d’environ 12 mètres de portée, qui ne semble pas plus ancienne que la fin du XIXe siècle (visible et identique sur toutes les cartes postales du début du XXe siècle). Deux hypothèses sont envisagées pour expliquer le choix ou le constat du demi-pont maçonné.
- Premièrement, on peut supposer que le pont était à l’origine entièrement maçonné entre les deux rives et que la partie rive droite munie également d’une voute a été emportée par une crue à une date indéterminée. Cette explication assez répandue semble néanmoins critiquable car en cas de crue, c’est essentiellement la pile qui aurait été fortement sollicitée et détruite entrainant la destruction des deux voutes et non d’une seule, l’eau de la rivière passant des deux côtés de la pile.
- L’autre hypothèse serait que le choix de faire un demi-pont soit un choix militaire de défense de ce secteur de la ville. En effet le demi-pont maçonné rive gauche a pu permettre la mise en place d’un tablier mobile sur la rive droite. Soit par l’intermédiaire de planches qu’on pouvait retirer en cas de situation tendue ou de conflit, soit par la présence d’un pont-levis en bois qui pouvait remonter le tablier mobile en cas de besoin. Ceci peut néanmoins être nuancer par la grande portée du tablier mobile (12 mètres, ce qui est une grande contrainte technique) et par le fait que la faible profondeur de la Durolle ne constitue par un fossé naturel efficace.
Le pont Saint-Jean possède une allure trapue et solide. Le tracé du tablier n’est pas rectiligne et forme un « S » sur une dizaine de mètre. Des parapets maçonnés sont présents des deux côtés du tablier dont la largeur est de 1,4 mètre. Ce pont ne permettait pas le passage de large attelage d’autant plus que la rue Daguerre rive droite est particulièrement étroite et pentue dans ce secteur pour accéder à la porte fortifiée et l’église Saint-Jean.
L’ouvrage d’art est un pont vouté constitué d’une arche « plein cintre » reposant sur un pile avec avant-bec et après-bec pour lutter efficacement face aux crues de la Durolle.
Les modules de construction en contact avec l’eau et le courant (bas de la pile et becs) ainsi que la voute de l’arche sont en pierres taillées (appareil régulier). Les modules de la voute (claveaux), de dimension moyenne, sont essentiellement en arkose jaunâtre, la clé de voute amont est, quant à elle, en trachyte anthracite (ou pierre de Volvic). La structure générale, le style et les blocs en arkose des voutes sont très semblables à ceux du pont du Navire ce qui pourrait indiquer, sans certitude, une certaine contemporanéité dans leurs constructions. Le reste des murs maçonnés est moins soigné en montant en élévation jusqu’aux parapets (appareil irrégulier et tout-venant). Le pont a fait l’objet de diverses réparations plus au moins soignées encore bien identifiables in-situ. La dernière très visible et marquée s’est portée essentiellement sur la face sud de la pile qui est cimentée sur toute sa surface montrant des traces de coffrage et de remplissage grossier au tout-venant. On peut vraisemblablement rapporter cette phase de restauration sommaire en même temps que la mise en place de la passerelle métallique, voire de la construction de l’usine Wichard montée sur pilotis béton juste à proximité.
Notes et références
- ↑ Région Auvergne-Rhône-Alpes, « Eglise paroissiale Saint-Jean-du-Passet » , sur Site Région Auvergne-Rhone-Alpes
- ↑ Archives Municipales de Thiers – Terrier de Thiers – XVe et XVIe siècle
- ↑ Archives Départementales du Puy-de-Dôme : cadastre napoléonien de Thiers - 1836
- ↑ Georges Therre et Jacques Ytournel - Thiers : Mémoire en images –– Alan Suton - 2001
- ↑ André Kristos - Atlas de Thiers à travers l’Histoire – 2012 – publié à compte d’auteur
Voir aussi
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