Place des femmes dans l'agriculture

Les études concernant la place des femmes dans l'agriculture et le monde rural recensent leurs contributions dans le développement de l'agriculture et dans le maintien de pratiques vivrières et d'un environnement agricole durables. Ces études concernent la sociologie, l'anthropologie, et l'agronomie.

Contexte

La répartition des rôles en fonction du genre dans l’agriculture est un sujet d’étude fréquent[réf. nécessaire] de la part des sociologues et des économistes agricoles. Les historiens les étudient également, car ils sont importants pour comprendre la structure sociale des sociétés agraires, voire industrielles[réf. nécessaire]. L’agriculture offre de nombreuses opportunités d’emploi et de moyens de subsistance dans le monde entier[1].

Les publications francophones interrogent peu le développement agricole en fonction de l'étude des genres et des relations femmes–hommes. À l'inverse, les travaux sur le genre étudient assez peu le développement agricole. Cependant, lorsqu'on définit le concept d’agriculture familiale il faut analyser ces rapports et ces liens sociaux[2].

Les femmes issues de minorités ethniques, de communautés rurales, continuent de se heurter à de nombreux obstacles lorsqu'elles tentent d'accéder aux nouvelles technologies et aux services agricoles.

Parfois, elles ne sont pas impliquées dans les processus de prise de décision. La plupart du temps, ces obstacles trouvent leur origine dans des pratiques de discrimination qui peuvent fortement influencer l'indépendance des femmes[3],[4]. De plus, plusieurs organisations telles que l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et des recherches indépendantes ont indiqué que l'augmentation de la mixité dans les prises de décisions des entreprises peut améliorer les conditions de production[5].

Les études de la FAO montrent que le travail des femmes est souvent moins rémunéré, avec parfois de faibles opportunités d'emploi rural en dehors de l'agriculture, une absence de choix. Certaines normes sociales peuvent empêcher les femmes d'accéder au statut d'entrepreneur[6].

Il existe des organisations à but non lucratifs, par exemple l'Union mondiale des femmes paysannes basée à Londres, dont le rôle est d'appuyer la parole des femmes du milieu rural auprès de l'ONU concernant par exemple l'inadéquation du matériel agricole et le développement de projets locaux[7].

Rôle central dans l'agriculture traditionnelle et vivrière

Sur le continent américain, la vie en société varie d’une tribu à l’autre et d’une région à l’autre, mais certaines perspectives sont communes telles que le fait d'être mère et de créer un cadre de vie sain[8]. Les femmes ont un rôle spirituel et social important, car elles transmettent des connaissances culturelles, et s'occupent de veiller sur les enfants et leurs proches. Parfois elles ont le statut de guérisseuses, bien que les hommes soient plus communément des chamanes, des chefs et des herboristes[9]. Les femmes étaient souvent chargées de superviser les systèmes agricoles d'une tribu et étaient responsables de la récolte et de la culture des légumes et des plantes pour les autres membres de leur communauté. Les femmes tribales comme les Algonquiennes ont planté leurs champs méticuleusement et d'une manière qui préservait la durabilité des terres pour une utilisation future. Après avoir cultivé une parcelle de terre jusqu'à ce que le sol manque de nutriments pour continuer, les femmes étaient chargées de décider quand et où défricher de nouveaux champs, permettant ainsi aux champs utilisés de se régénérer[10]. Les femmes des tribus Haudenosaunee contrôlaient souvent la distribution de la nourriture[11].

Au Mexique, traditionnellement, les femmes sont responsables de l’ensemble du processus de fabrication des tortillas, depuis la culture du maïs jusqu’à la cuisson des tortillas, en passant par la réalisation de la farine, processus qui prend beaucoup de temps. Pour s'adapter au style de vie moderne, il est de plus en plus courant d'acheter des sacs de farine de tortilla ou même des tortillas préfabriquées sur les marchés locaux. Cette évolution des pratiques a un impact dans les communautés rurales, où la fabrication des tortillas a une grande importance dans les traditions et la culture. Question qui se pose aussi à propos du choix des cultures. Les cultures génétiquement modifiées sont plus faciles à cultiver, tandis que les femmes ont tendance à défendre des variétés de maïs local parce qu'il est plus nutritionnel et a meilleur goût[12],[13].

Participation au développement agricole

Bien que, les femmes n'ont pas déposé de brevets en leur nom, beaucoup ont participé dans l'ombre au développement du machinisme agricole[réf. nécessaire]. On peut citer l'exemple de l'entreprise Huard. Jules Huard épouse Victorine Camus, dont les parents tiennent l’Hôtel de la Gerbe de blé, situé derrière la mairie de Châteaubriant. Cette union apporte des moyens financiers importants. En effet, chez Huard Frères, les tâches étaient réparties comme suit : Jules s’occupait du secteur fer et fonte, des combustibles et des moteurs. François du secteur menuiserie – le bois étant encore énormément employé dans la construction des outils agricoles. Victorine assurait la direction commerciale et Marie, la comptabilité[14].

Reconnaissance de l'ONU

Depuis 2007, le 15 octobre représente la journée internationale des femmes rurales, suite à une décision de l’Assemblée générale des Nations unies. Cette journée permet de mettre en valeur le rôle des femmes dans le développement agricole et rural, notamment dans le rôle qui consiste à assurer la sécurité alimentaire et réduire la pauvreté en milieu rural[15].

Notes et références

  1. (en) Marianna Khachaturyan et E. Wesley F. Peterson, « Does Gender Really Matter in Agriculture? », Agricultural Economics, Cornhusker Economics, University of Nebraska-Lincoln,‎ (lire en ligne)
  2. Hélène Guétat-Bernard 2014.
  3. (en) Bernadette P. Resurrección, Gender, Climate Change and Disasters: Vulnerabilities, Responses, and Imagining a More Caring and Better World (Background Paper for the Expert Group Meeting, Commission on the Status of Women), (lire en ligne)
  4. (en) Women's leadership and gender equality in climate action and disaster risk reduction in Africa − A call for action, Accra, FAO & The African Risk Capacity (ARC) Group, (ISBN 978-92-5-135234-2, DOI 10.4060/cb7431en)
  5. (en) Alicea Skye Garcia et Thomas Wanner, « Gender inequality and food security: Lessons from the gender-responsive work of the International Food Policy Research Institute and the Bill and Melinda Gates Foundation », Food Security, vol. 9, no 5,‎ , p. 1091–1103 (DOI 10.1007/s12571-017-0718-7)
  6. (en) The status of women in agrifood systems - Overview, Rome, FAO, (DOI 10.4060/cc5060en)
  7. (en) « About ACWW », sur Rural women in action - Associated country women of the world
  8. (en) Tarrell Awe Agahe Portman, « Debunking the Pocahontas Paradox: The Need for a Humanistic Perspective », The Journal of Humanistic Counseling, Education and Development, vol. 40.2,‎ , p. 185–99
  9. (en) Rayna Green, Women in American Indian society, New York, NY, Chelsea House Publishers, .
  10. (en) Wilson, James, The earth shall weep: a history of Native America, New York, NY, Atlantic Monthly Press, .
  11. (en) Evans, Sara Margaret, Born for liberty: a history of women in America, New York, NY, Free Press Paperbacks published by Simon & Schuster, .
  12. (en) Jon Hellin, Alder Keleman et Mauricio Bellon, « Maize diversity and gender: Research from Mexico », Gender & Development, vol. 18, no 3,‎ , p. 427–437 (DOI 10.1080/13552074.2010.521989)
  13. (es) Beth A. Bee, « "Si no comemos tortilla, no vivimos:" women, climate change, and food security in central Mexico », Agriculture and Human Values, vol. 31, no 4,‎ , p. 607–620 (DOI 10.1007/s10460-014-9503-9)
  14. Claude Brard et Christian Bouvet et Jean-Paul Moineau et Rogatien Mortier, « Huard, du labour au sans labour », Tracteurs rétro – sillon d’histoire, no 69,‎ juin juillet 2019
  15. « L'agriculture au féminin », sur Archives Nationales du monde du travail,

Voir aussi

Bibliographie

  • Maud Bénézit & Les paysannes en polaire, Il est où le patron ? : chroniques de paysannes (Bande-dessinée), Vanves, Hachette livre-Marabout, coll. « Marabulles », .
  • Hélène Guétat-Bernard, Féminin-masculin, genre et agricultures familiales, Versailles, Éd. Quae, coll. « Nature et société », (BNF 43865409).
  • Anne Lecourt, Paysannes : entre passion et souffrance, témoignages d'agricultrices d'hier et d'aujourd'hui, Rennes, Éditions Ouest-France, (BNF 47245827).
  • Christian Nicourt, L'Activité de travail des femmes des exploitations agricoles familiales, Paris, Institut national de la recherche agronomique, .
  • Commission des Communautés européennes, Direction générale Information, communication, culture, Service Information femmes, Les Femmes dans l'agriculture, Bruxelles, Communautés européennes, coll. « Les Cahiers de Femmes d'Europe », (BNF 35010732).

Articles connexes

Liens externes

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