Place Bossuet

Place Bossuet

La place Bossuet
Situation
Coordonnées 47° 19′ 14″ nord, 5° 02′ 12″ est
Pays France
Région Bourgogne-Franche-Comté
Ville Dijon
Quartier(s) Centre historique
Morphologie
Type Place
Forme Rectangulaire
Histoire
Monuments Église Saint-Jean de Dijon
Géolocalisation sur la carte : Dijon
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Bourgogne

La place Bossuet est une place du centre-ville de Dijon.

Situation et accès

La place Bossuet correspond à un élargissement de la voie entre la rue Monge et la rue Bossuet. Située dans le secteur sauvegardé du centre-ville de Dijon, elle est entourée essentiellement d’hôtels particuliers :

Côté est :

Côté ouest :

L'église Saint-Jean de Dijon, qui abrite le Théâtre Dijon-Bourgogne, délimite la place côté sud à partir de la rue Brûlart. Contre son chevet se dresse une statue de l'évêque de Meaux et écrivain Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704), sculptée en 1904 par Paul Gasq et Mathurin Moreau. La maison natale de Bossuet est sise à côté au no 18, à l'angle de la rue Danton[1]. C'est à l'église Saint-Jean que Bossuet a été baptisé.

Historique

Ancienne « place Saint-Jean » puis « place Émile-Zola », elle fut longtemps un lieu très vivant où se déroulaient des marchés et des départs de diligence.

Situé à l'extérieur du castrum, première enceinte de Dijon, la place fait partie, jusqu'à la construction de l'enceinte commune entre la fin du XIIe et le milieu du XIVe siècle d'un "bourg Saint Bénigne", cité à plusieurs reprises de la fin du IXe à la fin du XIe siècle[2]. La recherche archéologique révèle à l'occasion de fouilles des usages du lieu mélant à travers le temps celui de nécropole dans l'antiquité tardive et jusqu'au XIVe siècle, mais aussi celui de centre artisanal, avec la présence d'ateliers artisanaux, vraisemblablement abandonné à la fin du XIe siècle pour faire place au champs de foire médiéval qui dessina les contours de la place actuelle.

Place Saint-Jean

Du nom de l'église attenante, la place prolongeait alors la rue Saint-Jean (actuelle rue Monge, qui allait jusqu'à la porte d'Ouche, en direction de l'hôpital général et du faubourg Raines). C'est ici que se tenait au Moyen Âge et jusqu'en 1688 l'Estape, le marché au vin au détail ou en gros, qui permettait notamment aux producteurs extérieurs à la ville de pouvoir écouler leur vin à Dijon[3].

De la place Émile-Zola à la place Bossuet

En 1904, la nouvelle municipalité socialiste du maire Henri Barabant entreprend dans un mouvement anticlérical de renommer les rues et places portant le nom de saints. La place Saint-Jean est ainsi rebaptisée du nom de l'écrivain naturaliste Émile Zola mort deux ans plus tôt et sur l'église, on installe, pour souligner ce changement, une plaque portant l'inscription suivante : "Place Émile-Zola, Grand Romancier Français aux Idées Matérialistes". L'opposition est vive et multiplie les écrits contre l'écrivain dans un contexte toujours marqué par l'affaire Dreyfus. En 1921, à une époque d'apaisement des tensions religieuses après l'épreuve de la Grande Guerre, la municipalité de Gaston Gérard fait installer au chevet de l'église Saint-Jean, à quelques mètres de sa maison natale, une statue de Bossuet et donne par la même occasion à la place le nom de Bossuet[4].

La rue Bossuet, qui devait reprendre le nom de l'écrivain garde son nom par la même opposition des riverains et c'est finalement la place du Morimont, quelques dizaines de mètres plus loin qui est rebaptisée pour devenir l'actuelle place Émile Zola.

Archéologie

D'importantes fouilles archéologiques sont menées de février à juillet 2024, à l'occasion de travaux de requalification de la place Bossuet. Elle mettent à jour plusieurs éléments permettant de reconstituer le visage du lieu aux alentours de l'an mille.

À l'extrémité Sud de la place, des fondations du chevet de l'église, détruit en 1809 pour permettre l'aménagement de la place, permettent de reconstituer différents états de cette construction du sixième siècle au XVe siècle, date des dernières constructions détruites en 1809. Ces fouilles permettent également de mettre à jour une nouvelle extrémité de la nécropole qui s'étendait entre l'emplacement des églises Saint-Jean et Saint-Bénigne. Un grand nombre d’ossements, principalement d’enfants, datés entre le XIe et le XIIIe siècle, ont été mis au jour lors des fouilles. À l’est de l'église, un ensemble de sarcophages datant du IVe au VIIIe siècle a également été découvert[5].

En remontant la place, les archéologues révèlent une rue empierrée bordée d'ensembles comportant des fosses, des trous de piquets (indiquant des constructions en bois) mais aussi un certain nombre de foyers de différentes tailles évoquant des ateliers artisanaux[6]. Les lieux semblent avoir été abandonnées aux plus tard vers l'an 1100[7].

Légende

La "maison sans toit", située au no 15 est le lieu d'une légende urbaine rapportée successivement par Marcel Racle en 1882[note 1] et Michel-Hilaire Clément-Janin en 1890[note 2][8] :

« C’était en ?… Un pâtissier, selon d’autres un charcutier, habitait place Saint-Jean. Il jouissait, surtout pour ses pâtés, d’un immense renom. Sa manière de les faire était du reste originale à ce qu’il parait. Il entrainait chez lui de tout jeunes enfants, les coupait en fins morceaux puis les mettait ainsi dans ses pâtés. […] Une fois, notre homme se trompa. Il oublia de hacher menu le doigt d’un enfant. Le pâtissier fut accusé, mais l’enquête qui s’ensuivit n’aboutissait à rien. Un perruquier vint faire sa déposition « Les enfants, dit-il, entrent dans cette maison et n’en ressortent pas ». Le pâtissier fut condamné et sa maison place Saint Jean fut rasée […] »

— Marcel Racle, La Maison maudite à Dijon

La maison du pâtissier ou charcutier, dénommé Jean Carquelin ou Craquelin aurait ainsi été reconstruite sans toit pour marquer l'infamie. Dans son récit, Marcel racle cite déjà un archiviste qu'il a consulté, soulignant le caractère légendaire de l'histoire : "C'est un conte forgé par des ivrognes et colporté par de vieilles femmes !". La Commission des antiquités de la Côte-d'Or rapporte ainsi dans ses mémoires dès 1865 l'existence de légendes similaires à Besançon (histoire de Barthélemy Labourey) ou Paris (affaire de la rue des Marmousets). Elle émet cependant l'hypothèse, sans grand fondement, que ce bâtiment abrita un jeu de paume auquel on aurait simplement ôté la verrière[9].

Notes et références

Notes

  1. Marcel Racle, La Maison maudite à Dijon, d'après des documents inédits, Imprimerie de Cîteaux, 1882, 22 p.
  2. Michel-Hilaire Clément-Janin, Les vieilles maisons de Dijon, Dijon, Damidot, 1890.

Références

  1. « [Patrimoine] La maison natale de Bossuet tombe en ruines », sur actu.fr (consulté le )
  2. « EN IMAGES. Des vestiges médiévaux découverts dans le sous-sol du centre de Dijon : "une zone industrielle avant l'heure" », sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté, (consulté le )
  3. Claude Tournier, « Le vin à Dijon de 1430 à 1560. Ravitaillement et commerce. Partie II : Consommation locale et exportation. », Les Annales de Bourgogne, vol. XXII, no 87,‎ , p. 163 (lire en ligne)
  4. Bernard Richard, Les emblèmes de la république : Préface d'Alain Corbin, CNRS, , 441 p. (ISBN 978-2-271-07366-2, lire en ligne)
  5. « Actualité | Redécouverte de la nécropole du haut Moyen Âge de Dijon (Côte-d'Or) », sur Inrap, (consulté le )
  6. « Actualité | Dijon : découvertes inédites sur le bourg de Saint-Bénigne au XIe siècle (Côte-d’Or) », sur Inrap, (consulté le )
  7. « Conférence : Bilan de 6 mois de fouilles en centre-ville de Dijon », sur Inrap, (consulté le )
  8. « Dijon : La maison « sans toit » et les pâtés de chair humaine », sur jondi.fr (consulté le )
  9. « Mémoires de la Commission des antiquités du département de la Côte-d'Or, t. 7, 1865-1869, p. 12-13. » , sur Gallica (consulté le )
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