Avortement médicamenteux

L'avortement médicamenteux, ou avortement par médicament, est une intervention qui permet de provoquer un avortement à l'aide de médicaments[1]. C'est une solution alternative à l'avortement chirurgical, comme la méthode de Karman ou le curetage[1],[2],[3]. L’avortement médicamenteux est la méthode d'avortement la plus couramment administrée dans la plupart des pays, notamment en Europe, en Inde, en Chine et aux États-Unis[4],[5].

Le protocole habituel est l'association de deux médicaments : la mifépristone suivie du misoprostol[3]. Lorsque la mifépristone n’est pas disponible, le misoprostol peut être utilisé seul, bien qu'il existe d’autres options[2],[3]. Ces médicaments peuvent être administrés de façon sécuritaire pendant le premier trimestre de la grossesse[1]. Au cours du deuxième trimestre, il est préférable de les administrer en milieu hospitalier[3].

L’avortement médicamenteux est sûr et efficace à différents stades de la grossesse, y compris au cours du deuxième trimestre (de 13 à 24 semaines)[3]. Certaines données semblent montrer qu'il pourrait aussi être utilisé pendant le troisième trimestre[6]. Les effets secondaires les plus courants sont, entre autres, des saignements génitaux, des crampes utérines, des nausées et de la diarrhée[2]. L'avortement médicamenteux n'a aucune incidence sur le risque de trouble mental, de cancer du sein ou d’infertilité[1]. Aux États-Unis, la mortalité maternelle est 14 fois moins élevée que celle d’un accouchement; l’hospitalisation, les transfusions sanguines ou la chirurgie sont nécessaires dans moins de 4 cas sur 1 000[7].

L’avortement médicamenteux a été administré pour la première fois dans les années 1970[2]. Aux États-Unis, il a été pratiqué plus d’un demi-million de fois en 2020[8]. L’Organisation mondiale de la santé recommande l'accès à l'avortement médicamenteux pour toutes les femmes et les filles, afin de réduire le taux d’avortements dans des conditions insalubres et les décès qui en résultent[9]. Aux États-Unis, l'avortement médicamenteux pouvait coûter plus de 500 $ US en 2023; en revanche, des organismes de bienfaisance peuvent les fournir gratuitement ou à prix modique[10],[11],[12]. Au Canada, il est couvert par l'assurance maladie[13]. Dans les pays en développement, le coût variait entre 4 et 36 $ US en 2018[14]. L'avortement médicamenteux ne doit pas être confondu avec la contraception d'urgence (pilule du lendemain) qui doit être prise rapidement après un rapport non protégé pour prévenir la survenue d’une grossesse[15].

Statistiques par pays

Introduction des médicaments

Premier usage par médicament et par pays[16]
Pays Médicament Année
États-Unis Carboprost (en) 1979
Allemagne de l'Ouest Sulprostone 1981
Japon Gemeprost (en) 1979
France Mifepristone 1988
États-Unis Misoprostol 1988

Taux d'usage

Avortements médicamenteux par pays, en pourcentage des avortements[16]
Pays Pourcentage Année
France 76 % 2021
Suède 96 % 2021
Angleterre et Pays de Galles 87 % 2021
Écosse 99 % 2021
États-Unis 53 % 2020


Notes et références

  1. (en) Honor Macnaughton, Melissa Nothnagle et Jessica Early, « Mifepristone and Misoprostol for Early Pregnancy Loss and Medication Abortion », American Family Physician, vol. 103, no 8,‎ , p. 473-480 (ISSN 1532-0650, PMID 33856168, lire en ligne, consulté le )
  2. (en) Jing Zhang, Kunyan Zhou, Dan Shan et Xiaoyan Luo, « Medical methods for first trimester abortion », Cochrane Database of Systematic Reviews, vol. 2022, no 5,‎ (PMID 35608608, PMCID 9128719, DOI 10.1002/14651858.CD002855.pub5, lire en ligne)
  3. (en) Kristina Gemzell-Danielsson et Sujata Lalitkumar, « Second Trimester Medical Abortion with Mifepristone–Misoprostol and Misoprostol Alone: A Review of Methods and Management », Reproductive Health Matters, vol. 16, no sup31,‎ , p. 162-72. (ISSN 0968-8080 et 1460-9576, DOI 10.1016/S0968-8080(08)31371-8, lire en ligne)
  4. (en) Kapp N et von Hertzen H, « Medical methods to induce abortion in the second trimester », Management of unintended and abnormal pregnancy : comprehensive abortion care, Wiley-Blackwell,‎ , p. 178-92. (ISBN 978-1-4051-7696-5)
  5. (en) « Medication Abortion Now Accounts for More Than Half of All US Abortions » [archive], Guttmacher Institute, (consulté le )
  6. (en) Sergiu Vlad, Isabelle Boucoiran, Émilie Roy St-Pierre et Ema Ferreira, « Mifepristone-Misoprostol Use for Second- and Third-Trimester Medical Termination of Pregnancy in a Canadian Tertiary Care Centre », Journal of Obstetrics and Gynaecology Canada, vol. 44, no 6,‎ , p. 683-689 (DOI 10.1016/j.jogc.2021.12.010, S2CID 246505706, lire en ligne)
  7. (en) « Analysis of Medication Abortion Risk and the FDA report - "Mifepristone U.S. Post-Marketing Adverse Events Summary through 12/31/2018" » [archive], Bixby Center for Global Reproductive Health, (consulté le ) : « The mortality rate for women known to have had a live-born infant is 8.8 per 100,000 live births, which is about 14 times higher than the mortality rate associated with medication abortion. [Le taux de mortalité des femmes ayant mis au monde un enfant né vivant est de 8,8 pour 100 000 naissances vivantes, ce qui est environ 14 fois plus élevé que le taux de mortalité dû à l'avortement médicamenteux.] »
  8. (en) Rabin RC, « Some Women 'Self-Manage' Abortions as Access Recedes - Information and medications needed to end a pregnancy are increasingly available outside the health care system. », The New York Times,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le ) :

    « More than half a million women had medication abortions in 2020 in the United States, and fewer than half of 1 percent experience serious complications, studies show. Medical interventions like hospitalizations or blood transfusions were needed by fewer than 0.4 percent of patients, according to a 2013 review of dozens of studies involving tens of thousands of patients. [Aux État-Unis, plus d'un demi-million de femmes ont subi des avortements médicamenteux en 2020, mais, selon les études, moins de un demi pour cent ont eu de graves complications. Des interventions médicales comme l'hospitalisation ou les transfusions sanguines ont été nécessaires dans moins de 0,4 pour cent des patientes, selon une revue de littérature publiée en 2013 compilant les résultats de nombreuses études réalisées sur des dizaines de milliers de patientes.] »

  9. (en) « WHO issues new guidelines on abortion to help countries deliver lifesaving care » [archive du ], www.who.int (consulté le )
  10. (en) Allison McCann, « Inside the Online Market for Overseas Abortion Pills », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) « How Much Do Abortion Pills Cost? », sur GoodRx (consulté le )
  12. (en) « How much does the abortion pill cost? » [archive du ], www.plannedparenthood.org (consulté le )
  13. (en) « FAQ: The Abortion Pill Mifegymiso | Action Canada for Sexual Health and Rights » [archive du ], sur www.actioncanadashr.org (consulté le )
  14. (en) Jill Durocher, Catherine Kilfedder, Laura J. Frye et Beverly Winikoff, « A descriptive analysis of medical abortion commodity availability and pricing at retail outlets in 44 countries across four regions globally », Sexual and Reproductive Health Matters, vol. 29, no 1,‎ , p. 196-213. (ISSN 2641-0397, PMID 34719353, PMCID 8567879, DOI 10.1080/26410397.2021.1982460, lire en ligne)
  15. (en) « The Difference Between the Morning-After Pill and the Abortion Pill » [archive du ] [PDF], Planned Parenthood (consulté le )
  16. Voir Mifepristone#Legal_status (en anglais).
  • Portail de la médecine
  • Portail des femmes et du féminisme