Pierre Quentin-Bauchart
| Conseiller municipal de Paris Champs-Élysées | |
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| - | |
Maurice Quentin-Bauchart (d) |
| Naissance | |
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| Décès |
(à 35 ans) Bouchavesnes-Bergen |
| Nom de naissance |
Pierre Quentin Bauchart |
| Nationalité | |
| Formation |
Lycée Condorcet (jusqu'en ) École libre des sciences politiques (jusqu'en ) |
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| Père |
Maurice Quentin-Bauchart (d) |
| Parentèle |
Ernest Quentin-Bauchart (d) (grand-père paternel) |
| Idéologie | |
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| Distinctions | Liste détaillée |
Pierre Quentin-Bauchart, né le dans le 8e arrondissement de Paris et mort pour la France à Bouchavesnes dans le département de la Somme le , est un historien et homme politique français du XXe siècle. Son nom est inscrit au Panthéon parmi les 560 écrivains morts au combat pendant la Première Guerre mondiale.
Biographie
Jeunesse et formation
Pierre Quentin-Bauchart, né le [1] au No 31 de la rue François-1er à Paris, est le fils de Maurice Quentin-Bauchart (1857-1910), avocat puis conseiller municipal de Paris et de Marguerite Suzanne Marie Henriette Cambronne (1860-1942)[2].
Il suit des études classiques au lycée Condorcet à Paris où il est lauréat du concours général en histoire en 1898[3],[1],[4],[5]. Licencié ès lettres (mention histoire) en 1899 et licencié en droit en 1900[6], il se fait inscrire au barreau de Paris. Il soutient sa thèse de doctorat ès-lettres à la Sorbonne en mai 1903 intitulée Lamartine homme politique : sa politique intérieure[7],[8]. La même année, il sort premier de la section diplomatique de l'École libre des Sciences politiques[1],[6]. La publication de sa thèse est un succès et lui vaut le Prix Montyon de l'Académie française en 1904[9].
Historien et conseiller municipal de Paris
II publie des biographies, dans la série Silhouette de 1848, sur des personnalités de la Révolution de 1848 dans La Nouvelle revue en 1902, notamment Marc Caussidière et Ledru-Rollin[10],[11]. Il fait son service militaire au 72e régiment d'infanterie de novembre 1903 à septembre 1904. Nommé caporal en mai 1904, il fait les périodes d'exercices dans la réserve et passe sergent en 1906, sous-lieutenant en 1907 et lieutenant en 1911[12].
En 1905, il publie en s'appuyant sur les archives du docteur Guillotin une étude intitulée Le docteur Guillotin et la guillotine[13],[14] et donne des conférences sur différents pays étrangers comme La Route des Indes (Laon, novembre 1905)[15], Le Japon d'hier et d'aujourd'hui (Amiens, février 1907), L'Impérialisme américain (Tours, 20 mars 1907)[16].
Le , il épouse Antoinette Marie Adrienne Dufour (1885-1970) à la mairie du 16e arrondissement de Paris. Parmi les témoins se trouvent le député de la Manche Arthur Legrand et l'industriel automobile René Panhard, cousin de l'épouse[17],[18]. Le couple aura trois enfants[19].
À partir de 1911, il travaille à la rédaction d'une thèse sur le point de vue social de la Révolution de 1848 en vue du doctorat en droit. Ces travaux sont retardés par son entrée dans la vie publique, à la suite du décès de son père, puis la Grande guerre. L'ouvrage inachevé, La Crise sociale de 1848 : les origines de la Révolution de février, sur lequel il a travaillé 5 ans est publié de manière posthume en 1920 et obtient le prix Fabien de l'Académie française[20].
Après la mort de son père (en décembre 1910), il se porte candidat à la succession de celui-ci comme conseiller municipal et conseiller général de la Seine du quartier des Champs-Élysées et remporte le scrutin le 22 janvier 1911 face à M. Gérault-Carion[21]. En décembre 1911, lors de l'inauguration de l'exposition de La Cité à l'hôtel de ville de Paris, il est secrétaire du Conseil général de la Seine[22].
Lors des élections de 1912, il se représente au même poste[23] sous l'étiquette bonapartiste face au socialiste Chopart[24],[25]. Il devient membre de la Commission du Vieux Paris en juillet 1912 après sa réélection[26] et de la quatrième commission, chargée des questions relatives à l'enseignement et aux beaux-arts[27]. En décembre 1912, le préfet de Paris le nomme membre du jury permanent du musée Galliera, que son père présidait[28].
Capitaine d'infanterie pendant la Première Guerre mondiale
Rappelé comme lieutenant de réserve au 272e régiment d'infanterie, il part pour la bataille des frontières le . Au lendemain de la bataille de la Marne, après une semaine de campagne, il est nommé capitaine et occupe avec la 19e compagnie un des secteurs les plus pénibles de l'Argonne.
Le , il écrit à sa femme du ravin Guiard (dans le bois de la Gruerie) : « Ce soir après la soupe, j'ai réuni ma compagnie en armes, formée en carré, et, après un petit discours, j'ai décoré un à un mes poilus de l'insigne des "Six mois d'Argonne". Le Commandant, ayant trouvé l'idée excellente, est venu présider la cérémonie. Bref, cela a été tout à fait réussi ; beaucoup d'émotion… (Je ne cacherai pas la mienne, qui m'a un peu étranglé la gorge quand je parlais) »[29]. Son ordonnance rapporte que cette médaille a été offerte par leur capitaine aux 32 survivants de sa compagnie, sur 254 soldats[30].
Sa manière de servir lui vaut la croix de guerre avec palme, avec la citation suivante à l'ordre de l'armée en septembre 1915 : « S'est trouvé avec sa compagnie pendant huit mois dans des circonstances particulièrement critiques. Par sa belle attitude au feu, sa bravoure et son courage, joints à une belle énergie, a su maintenir sa compagnie à hauteur de toutes les épreuves »[31],[32]. Blessé par éclat d'obus en octobre 1915, il est évacué pour être soigné[31].
Le poète Gabriel-Tristan Franconi (1887-1918), qui lui est subordonné à cette époque, se souvient de l'offensive de 1915 dans le Bulletin des écrivains : « Si nous avons désiré offrir à ce mort notre humble hommage et attester ici sa valeur et sa bonté de chef, c’est que jadis, alors que la victoire naissante illuminait les brouillards de Champagne, nous eûmes l'honneur de servir à ses côtés, soldat qu’enivrait le court triomphe de Tahure et qu'il entraîna, sous l’œil de feu des mitrailleuses, vers la butte de terre crayeuse qu'il importait de conquérir »[33].
En mars 1916, il regagne le 72e régiment d'infanterie[31]. Hector Molinié (1872-1956), conseiller général de la Seine et médecin dans le même secteur pendant la bataille de Verdun se souvient de son collègue : « Nous nous retrouvions au repos à un kilomètre en arrière des lignes dans un joli ravin bien abrité, et pleins de beaux arbres. Nos gourbis étaient presque contigus et nous voisinions, tantôt chez lui, tantôt chez moi. Je savais son histoire que des officiers de son régiment m'avaient contée. À Tahure, c'est en entraînant sa compagnie qu'il avait été blessé. Depuis, miné par l'entérite, il refaisait son service, et parfois je le voyais venir pâle et amaigri, mais ne parlant jamais de lui. Les soldats l'aimaient. Il avait une façon de leur parler qui pourtant n'était point familière, mais ils sentaient que le « capitaine » s'occupait d'eux. Il faisait de longues pauses dans leurs groupes, les entretenant de ce qui les intéressait, de leurs besoins, de leurs petites misères quotidiennes et puis ils avaient vu cette haute silhouette se dresser à côté d'eux, calme, au milieu de chaque danger qui surgissait. Quand ça « bardait », ils tournaient leurs yeux du côté du « capitaine » et le capitaine était toujours là, à son poste, vivant exemple de ce qui réconforte »[34].
Après avoir occupé un secteur en Argonne, son régiment est envoyé dans la Somme en septembre et passe en première ligne au nord-est de Bouchavesnes début octobre. C'est là que Pierre Quentin-Bauchart, alors capitaine de la 9e compagnie, est tué le [25],[35],[36]. La citation qui accompagne sa décoration dans l'ordre la Légion d'honneur en précise les circonstance : « officier d'une haute valeur militaire et morale, plein d'entrain, d'une énergie et d'un courage à toute épreuve. Adoré de ses hommes et de ses camarades. A été frappé mortellement, le 8 octobre 1916, à Bouchavesnes, en faisant au petit jour la reconnaissance des positions qu'occupait la compagnie, en vue d'une nouvelle attaque »[19].
Il est inhumé dans le cimetière de Suzanne, où une délégation du Conseil municipal de Paris se rend le pour déposer une palme sur sa tombe[37].
Œuvres principales
- Lamartine homme politique : la politique intérieure, 1903
- Lamartine et la politique étrangère de la Révolution de février (24 février-24 juin 1848), 1907
- Les Chroniques du château de Compiègne, 1910
- La Crise sociale de 1848 : les origines de la Révolution de février, 1920
- Lettres de Pierre Quentin-Bauchart (août 1914-octobre 1916), Paris, Art catholique, 1918
Distinctions
- Chevalier de la Légion d'honneur, à titre posthume, arrêté du [38]
- Croix de guerre -, palme de bronze
- 1904 : Académie française - Prix Montyon pour Lamartine homme politique. La politique intérieure
- 1916 : Académie française - Prix Montyon
- 1920 : Académie française - Prix Fabien pour La crise sociale de 1848[9]
Hommages
- La rue Quentin-Bauchart dans le 8e arrondissement de Paris a été nommée en son hommage lors d'une délibération votée le [39].
- Le même jour, le Conseil municipal de Paris a inauguré dans la salle des séances du conseil un buste et des motifs décoratifs consacrés à la mémoire d'Adrien Mithouard, de Pierre Quentin-Bauchart et de Charles Fillion, morts pour la France[40],[41].
- Le nom de Pierre Quentin-Bauchart est inscrit au Panthéon dans la liste des 560 écrivains morts pour la France[42].
- Son nom figure sur la plaque commémorative 1914-1918 de Science Po dans le hall du 27 de la rue Saint-Guillaume à Paris[43], sur le monument aux morts de Villers-le-Sec d'où sa famille est originaire et le Monument aux Parisiens morts pendant la Première Guerre[44].
Bibliographie
- Étienne Hulot, « Nécrologie - Morts au champs d'honneur », La Géographie, , p. 318-319 (lire en ligne)
- Gabriel-Tristan Franconi, « L'Hommage aux morts : P. Quentin-Bauchart », Bulletin des écrivains de 1914-1915-1916-1917, no 26, , p. 1 (lire en ligne)
- Hector Molinié, « Pierre Quentin-Bauchart », La Nouvelle Revue, , p. 239-242 (lire en ligne)
- Paul Chassaigne-Goyon, « Préface », dans Pierre Quentin-Bauchart, Crise sociale de 1848 : les origines et la révolution de février, Paris, Hachette, (lire en ligne), p. V-XIV
- Henry Peyre de Bétouzet, Anthologie des Écrivains Morts à la Guerre - 1914-1918, t. 4, Amiens, Edgar Malfère, coll. « Bibliothèque du Hérisson », , « Pierre Quentin-Bauchart 1881-1916 », p. 633-642
Références
- Hulot 1916, p. 318.
- ↑ « Paris - 1881 - Naissances - 8e arrondissement - V4E 3454 - acte n°630 », sur archives.paris.fr, p. 22
- ↑ « Journal des débats politiques et littéraires », sur Gallica, , p. 1
- ↑ Peyre de Bétouzet 1927, p. 633.
- ↑ « Journal officiel de la République française. Lois et décrets », sur Gallica, , p. 4758
- Peyre de Bétouzet 1927, p. 634.
- ↑ « Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire », sur Gallica, , p. 339
- ↑ « Journal officiel de la République française. Lois et décrets », sur Gallica, , p. 3237
- « Pierre QUENTIN-BAUCHART | Académie française », sur www.academie-francaise.fr
- ↑ « La Nouvelle revue », sur Gallica, , p. 519-540
- ↑ Molinié 1920, p. VI.
- ↑ « Paris - Bauchart, Pierre Quentin - Matricule 380 - D4R1 1138 », sur archives.paris.fr
- ↑ « Le Journal », sur Gallica, , p. 2
- ↑ « La Nouvelle revue », sur Gallica, , p. 62-78
- ↑ « La Figaro », sur Gallica, , p. 1
- ↑ « Le Figaro », sur Gallica, , p. 3
- ↑ « Paris - 1906 - Mariages - 16e arrondissement - 16M 146 - acte n°582 », sur archives.paris.fr, p. 29
- ↑ « Le Figaro », sur Gallica, , p. 2
- Tableau d'honneur, morts pour la France : guerre de 1914-1918, (lire en ligne), p. 780
- ↑ Peyre de Bétouzet 1927, p. 634-635.
- ↑ « Le Matin », sur Gallica, , p. 2
- ↑ « La Cité : bulletin de la Société historique et archéologique du IVe arrondissement », sur Gallica, , p. 108
- ↑ « Le Figaro », sur Gallica, , p. 4
- ↑ « Journal des débats politiques et littéraires », sur Gallica, , p. 2
- « Le Petit journal », sur Gallica, , p. 1
- ↑ « Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris », sur Gallica, , p. 3831
- ↑ Hulot 1916, p. 319.
- ↑ « L'Aurore », sur www.retronews.fr, , p. 2
- ↑ Pierre Quentin-Bauchart, Correspondance de Pierre Quentin-Bauchart (août 1914-octobre 1916), p. 82
- ↑ « Poilus d'Argonne "on ne passe pas" - Forum PAGES 14-18 », sur forum.pages14-18.com
- Peyre de Bétouzet 1927, p. 636.
- ↑ « Journal officiel de la République française. Lois et décrets », sur Gallica, , p. 7572
- ↑ Franconi 1916, p. 1.
- ↑ Molinié 1918, p. 242.
- ↑ « BAUCHART Pierre Quentin - Mort pour la France le 8/10/1916 », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
- ↑ « Paris - 1917 - Décès - 16e arrondissement - 16D 112B - acte n°279 », sur archives.paris.fr, p. 1
- ↑ « Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris », sur Gallica, , p. 3991
- ↑ « Journal officiel de la République française. Lois et décrets », sur Gallica, , p. 8677
- ↑ « Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris », sur Gallica, , p. 2246
- ↑ « Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris », sur Gallica, , p. 2243
- ↑ « Monument aux Morts 14-18 - Mairie de Paris », sur memorial14-18.paris.fr
- ↑ « La Pensée française », sur Gallica, , p. 2
- ↑ « Émile Magazine - Les écrivains de Sciences Po morts pour la France », sur Émile Magazine,
- ↑ « Pierre QUENTIN-BAUCHART », sur www.memorialgenweb.org
Liens externes
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