Philippe de Béthune

Philippe de Béthune

Titre Comte de Selles
Marquis de Chabris
Autres titres Comte de Charost
Seigneur de Font-Moireau
Comte de Mors
Successeur Hippolyte de Béthune
Commandement Gouverneur de Rennes et lieutenant-général en Bretagne
Distinctions Ordre du Saint-Esprit
Autres fonctions Diplomate
Biographie
Dynastie Maison de Béthune
Naissance
Décès
Château de Selles-sur-Cher (province de Berry, royaume de France)
Père François de Béthune, baron de Rosny
Mère Charlotte Dauvet
Conjoint (1°) Catherine Le Bouteiller de Senlis
(2°) Marie d'Alègre
Enfants (1°) Philippe (1601-1601)
(1°) Marie (1602-1628)
(1°) Hippolyte (1603-1665)
(1°) Henri (1604-1680)
(1°) Louis (1605-1681)

Philippe de Béthune, par acquisition marquis de Chabris, baron puis comte de Selles-sur-Cher, baron/comte de Charost et de Mors, seigneur de Fontmoreau, est un homme d'armes, un gentilhomme de l'administration royale, ainsi qu'un diplomate français, né vers 1565 et mort en 1649 en son château de Selles (ou Celle(s), à l'époque). Le marquis de Chabris et de Béthune est le sixième fils de François de Béthune, baron de Rosny, et de Charlotte Dauvet, qui appartenait à une famille de conseillers au Parlement[1].

Philippe est donc le frère puîné du célèbre ministre de Henri IV, Maximilien de Béthune, marquis de Rosny, surintendant des finances, fait duc et pair en 1606, sous le nom de Sully. Alors que son frère aîné reste toute sa vie fidèle à la foi protestante, Philippe de Béthune est un fervent catholique et refonde, en 1611-1612, l'abbaye de sa ville de Selles-sur-Cher qu'il confie à la congrégation des Feuillants. A proximité de l'abbaye, il fait construire en 1616 un hôpital, desservi par les Frères de la Charité. En 1633, il fonde enfin un couvent d'Ursulines à Selles, accueillant des religieuses envoyées par le couvent de Blois[2].

Une épée et une plume administrative au service des rois de France

Philippe de Béthune sert avec distinction Henri III puis Henri IV pendant les guerres de la Ligue. Le jeune homme est d'abord formé au métier des armes. Il est bailli de Mantes et de Meulan (1597). Il reçoit une charge de lieutenant de compagnie de gendarme. Chevalier des ordres du roi, il est nommé lieutenant général en Bretagne, puis gouverneur de la ville de Rennes.

En complément puis au terme de ses fonctions de police et d'administration, il occupe une place de conseiller au Conseil d'État privé et au Conseil des finances. Gentilhomme du roi, il est nommé chef du Conseil des dépêches étrangères.

À la cour, il reçoit l'honneur d'être nommé gouverneur de la personne de Monsieur d'Orléans, second fils de Henri IV[3].

Diplomate et collectionneur d'art

Premier gentilhomme de la chambre du roi, Philippe de Béthune, grand amateur d'art[4], est nommé ambassadeur en mission extraordinaire auprès de Jacques II, roi d'Écosse, puis de 1601 à 1605 ambassadeur ordinaire à Rome. Il se fait accompagner du jeune Mathurin Régnier, qui lui dédie sa sixième satire.

Il admire l'école naturaliste romaine, et sort de prison son peintre-phare, le maître lombard Le Caravage, en 1603[5].

Familier de Clément VIII, il prend part à l'élection de ses successeurs, Léon XI et Paul V. Il s'attache à une paix italienne en essayant de mettre fin à l'incessante guérilla entre les partisans du roi d'Espagne et ceux des ducs de Mantoue et de Savoie. Ce sont les prémices du traité de Pavie qui se conclut tardivement entre 1617 et 1619. Il demeure jusqu'au dans la cité papale.

Philippe est ensuite nommé ambassadeur en Savoie et en Allemagne sous les règnes de Henri IV et de Louis XIII.

En 1619, Louis XIII confie à Philippe de Béthune et au cardinal de La Rochefoucauld la mission d'apaiser les tensions avec la reine-mère Marie de Médicis, qui s'est retranchée à Angoulême après s'être enfuie du château de Blois où le roi l'avait assignée à résidence. Cette ambassade met un premier terme à ce qui a été surnommé la « guerre de la mère et du fils »[6]. Armand du Plessis, évêque de Luçon et futur cardinal de Richelieu, y joue un rôle éminent[7].

Le duc d'Angoulême et lui sont nommés députés extraordinaires en 1624 vers l'empereur et les princes allemands. Il s'agit de prendre la mesure de la désagrégation du Saint-Empire emporté dans la guerre de Trente Ans.

Les années suivantes, Philippe de Béthune est accaparé par les affaires romaines. Une ambassade extraordinaire auprès du pape Urbain VIII lui permet de mettre fin à l'ancien litige de la Valteline. Devant le pape reconnaissant, il signe un traité avec l'ambassadeur d'Espagne. En 1629, il négocie afin d'empêcher la maison d'Autriche d'opprimer la maison de Mantoue et d'annexer Cazal. Un traité d'union, entre le roi, le pape et la république de Venise est conclu.

Mais les évolutions de la politique interne française après 1628, en particulier la reconquête des lieux de sûreté protestants par le roi et Richelieu, suscitant l'hostilité d'une partie de sa large famille, l'éloigne des faveurs royales. Il reste toutefois proche des milieux diplomatiques qu'anime la pensée politique du cardinal Richelieu.

A partir de 1631, Philippe de Béthune se retire de la vie publique pour s'installer sur ses terres de Selles-sur-Cher. Il y mène une retraite studieuse et, dès 1632, fait paraître Le Conseiller d'Etat[8], manuel d'éducation politique publié sans nom d'auteur. Ce traité est réédité en 1667 à l'initiative de son petit-fils Henri de Béthune, qui le fait paraître sous le titre Diverses observations et maximes politiques de monsieur de Béthune, employé en plusieurs ambassades considérables sous les règnes d'Henry IV et de Louis XIII[9], à la suite de l'Ambassade extraordinaire de messieurs les ducs d'Angoulesme, comte de Bethune et de Preaux Chasteau-Neuf envoyéz par le roy Louis XIII vers l'empereur Ferdinand II et les princes et potentats d'Allemagne en l'année 1620.

Philippe meurt à Selles en 1649 à l'âge de 84 ans.

La riche bibliothèque de près de 2000 manuscrits qu'il a rassemblée[10], ainsi qu'une partie de ses collections d'art, constituées de statues et de toiles du courant naturaliste que ce collectionneur avait vu naître, ont attiré la convoitise de la reine Christine de Suède. Hippolyte de Béthune, héritier des collections de son père, qu'il complète à son tour, décide d'en faire don à Louis XIV, don accepté par lettres patentes de 1663. Sa collection comportait notamment deux tableaux qu'il assurait avoir achetés directement au Caravage, comme il l'attestait dans un inventaire de 1608 : « Un grand tableau original dudit Michel Lange représentant le pèlerinage de Notre Seigneur à Emmaüs, se trouvant entre deux disciples, prisé 250 livres, et un autre grand tableau original dudit Michel Lange représentant Saint Thomas mettant son doigt dans la plaie de Notre Seigneur... prisé 130 livres »[11]. L'attribution de ces deux œuvres, exposées à Loches où elles ont été retrouvées, à la main même du Caravage, divise encore aujourd'hui les spécialistes. Il commande également deux tableaux à Claude Gellée dit Le Lorrain en 1636.

Vie familiale

Philippe de Béthune[12] (1565-1649), le comte de Béthune, épouse 1° en 1600 Catherine Le Bouteiller de Senlis, fille de Philippe, seigneur de Moucy. Les enfants du premier lit sont :

En secondes noces, il épouse 2° Marie d'Alègre, fille de Christophe Ier et sœur d'Anne, en 1608. Il n'aura pas d'enfant du second lit.

Image Armoiries

Écartelé : aux I et IV, de Melun ; aux II et III, bandé de gueules et d'argent, au chef d'argent, chargé d'une rose de gueules et soutenu d'une trangle d'or chargée d'une anguille d'azur (Orsini / (Jouvenel) « des Ursins »[13]) ; sur le tout d'argent à une fasce de gueules[14].

Notes et références

  1. « Famille Dauvet, p. 4 et 5 », sur Racines & Histoire
  2. Pierre Quernez, Philippe de Béthune (1565-1649), comte de Selles et de Charost. Une longue vie au service du roi. (thèse présentée pour l'obtention du diplôme d'archiviste-paléographe), Paris, Ecole nationale des chartes, , 319 p., p.104-108
  3. André Du Chesne, Histoire généalogique de la maison de Béthune, Paris, chez Sébastien Cramoisy, (lire en ligne), p.500-501
  4. Matthieu Pène, L'épée et l'esprit. Philippe de Béthune, seigneur, écrivain et connaisseur : portrait intellectuel d’un ambassadeur à l’âge baroque (mémoire de recherche master 2 histoire, sous la direction de Lucien Bély), Paris, Université Paris IV - Sorbonne, , 269 p. (lire en ligne), « Chapitre V - Curiosité et collectionnisme béthuniens », p.154-191
  5. Merle du Bourg A, Philippe de Béthune, diplomate et collectionneur de Caravage, Dossier de l'art, no 197, juin 2012, p90-91
  6. Pierre Quernez, Philippe de Béthune (1565-1649), comte de Selles et de Charost. Une longue vie au service du roi (thèse présentée pour l'obtention du diplôme d'archiviste-paléographe), Paris, Ecole nationale des chartes, , 319 p., p.133-135
  7. Roland Mousnier, L'homme rouge ou La vie du cardinal de Richelieu : 1585-1642, R. Laffont, coll. « Bouquins », (ISBN 978-2-221-06592-1, lire en ligne), p. 174-181
  8. Philippe de Béthune, Le Conseiller d'Estat, ou Recueil des plus générales considérations servant au maniment des affaires publiques..., Paris, chez Etienne Richer, (lire en ligne)
  9. Philippe de Béthune, Diverses observations et maximes politiques de monsieur de Béthune, employé en plusieurs ambassades considérables sous les règnes d'Henry IV et de Louis XIII ([Reprod.]), (lire en ligne)
  10. Matthieu Pène, L'épée et l'esprit. Philippe de Béthune, seigneur, écrivain et connaisseur : portrait intellectuel d’un ambassadeur à l’âge baroque (mémoire de recherche master 2 histoire, sous la direction de Lucien Bély), Paris, Université Paris IV - Sorbonne, , 269 p., « Chapitre VI - La curiosité des manuscrits : histoire d'une collection », p. 192-223
  11. « Le détour par Caravage »
  12. « Maison de Béthune, p. 8 et 10-12 », sur Racines & Histoire
  13. Michel Popoff et préface d'Hervé Pinoteau, Armorial de l'ordre du Saint-Esprit : d'après l'œuvre du père Anselme et ses continuateurs, Paris, Le Léopard d'or, , 204 p. (ISBN 2-86377-140-X)
  14. Jean-Baptiste Rietstap, Armorial général, t. 1 et 2, Gouda, G.B. van Goor zonen, 1884-1887

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Pierre Quernez, Philippe de Béthune (1565-1649), comte de Selles et de Charost. Une longue vie au service du roi, thèse présentée pour l'obtention du diplôme d'archiviste-paléographe, Paris, Ecole nationale des chartes, 1994, 319 p.
  • Matthieu Pène, L'épée et l'esprit. Philippe de Béthune, seigneur, écrivain et connaisseur : portrait intellectuel d’un ambassadeur à l’âge baroque, Paris, Université Paris IV - Sorbonne, mémoire de recherche master 2 histoire, sous la direction de Lucien Bély, 269 p.
  • Dictionnaire de la noblesse par François-Aubert de la Chesnaye-desbois, réédition Berger-Levrault, Paris, 1980. (ISBN 2-7013-0276-5)
Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.
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