Paulette Dubost

Paulette Dubost
Paulette Dubost en 1955
(studio Harcourt).
Nom de naissance Paulette Marie Emma Deplanque
Naissance
Paris 16e
Nationalité Française
Décès (à 100 ans)
Longjumeau
Profession Actrice
Films notables

Hôtel du Nord
La Règle du jeu
Bécassine
Blanc comme neige
Le Plaisir
Lola Montès
Viva Maria !

Paulette Deplanque, dite Paulette Dubost, est une actrice française, née le dans le 16e arrondissement de Paris et morte le à Longjumeau.

Actrice au cinéma, à la télévision et au théâtre, de 1926 à 2007, elle est notamment connue pour son interprétation de Lisette dans La Règle du jeu (1939) de Jean Renoir.

Biographie

Née à Paris en 1910[1],[2], de son vrai nom Paulette Deplanque[1], elle est la fille d'Anthime Deplanque (1848-1946)[3],[4], ingénieur gazier, et de Suzanne Dubost (1883-1972), artiste lyrique[5]. Avant d'épouser sa mère sur le tard, le 13 septembre 1929 à Villers-sur-Mer, son père avait déjà été marié trois fois et Paulette Dubost est son onzième et dernier enfant[6].

Dès l'âge de sept ans, Paulette intègre l'Opéra de Paris comme petit rat, elle fait partie de la même promotion que Josette Day et Odette Joyeux[7]. Alors qu'elle a 14 ans, elle est remarquée par l'escroc Alexandre Stavisky qui tombe amoureux d'elle et l'invite à déjeuner en tête à tête, disant à la grand-mère de Paulette Dubost : "C'est dommage qu'elle soit si jeune, Paulette. Je l'épouserais bien."[8],[9]. Elle ne croit d'ailleurs pas à sa mort en 1934, affirmant l'avoir revu bien des années plus tard à Casablanca[10]. À 17 ans, elle passe à l'opérette et va jouer pendant deux ans Les Aventures du roi Pausole aux Bouffes-Parisiens avec Simone Simon, Edwige Feuillère, Viviane Romance… Avant de passer au cinéma, elle est encore sur les planches dans Bonsoir aux Folies-Wagram et Mon amant à la Potinière.

Son regard malicieux et sa voix acidulée sont vite remarqués et, dès , elle commence à jouer pour le cinéma avec Marc Allégret. Au total, elle a joué dans environ 160 films, notamment de Jacques Tourneur, Jean Renoir (La Règle du jeu), André Cayatte, Gilles Grangier, Max Ophüls, François Truffaut[11]… Elle a très souvent des rôles de soubrettes[12]. Elle participe aussi à des téléfilms et à des séries télévisées[1].

En 1935, lors de la première de La Petite Sauvage, elle rencontre à Oujda, André Ostértag, d'origine alsacienne, veuf et père de deux filles, propriétaire d'un cinéma, qui l'invite à venir voir sa ferme se trouvant à la frontière algéro-marocaine, où il engraisse des porcs[13]. Ils se marient le 23 décembre 1936 à Antibes (Alpes-Maritimes)[14], avec un déjeuner de mariage à La Colombe d'Or, à Saint-Paul de Vence[15]. Ils divorcent en 1950[16].

En 1937, lors d'un dîner de gala en l'honneur du cinéma français en Allemagne, elle se retrouve, à sa grande surprise, à dîner aux côtés d'Adolf Hitler[17].

Paulette Dubost a une fille unique prénommée Christiane, née le 4 juillet 1942 à Boulogne-Billancourt (alors dans la Seine) et issue d'une relation avec Maurice d'Okhuyssen (1896-1968), président des entraîneurs des chevaux de course et ancien amant d'Alice Field (1903-1969) et de Marie Glory (1905-2009). Sa fille est la mère de deux enfants : Aurélia et Julie[18].

Elle donne la réplique à de nombreux comédiens ou comédiennes[19] tels que Romy Schneider, Viviane Romance, Fernandel, Bourvil, Jean Gabin, Albert Préjean, Danielle Darrieux, Louis de Funès, Jean Marais, Annie Girardot, Jeanne Moreau, Jacques Villeret, Brigitte Bardot, Pierre Mondy, Gérard Depardieu, Arletty, Michel Simon, Francis Perrin, Philippe Noiret, Michel Piccoli, Michel Serrault, Catherine Deneuve, Martine Carol, Maggie Cheung, Darry Cowl, Nathalie Boutefeu, Marc Citti, Michel Galabru, Gert Fröbe, Louis Jouvet, etc.

En 1992, elle publie un livre de souvenirs intitulé C'est court la vie[1]. En 2007, elle tourne son dernier film, aux côtés de Daniel Prévost dans le court-métrage d'Alexandre Moix, Curriculum. Elle y joue une call-girl maltraitée dans un jeu télévisé où des candidats s'affrontent pour trouver un emploi. En 2008, elle dit le poème les Parents d’Arthur Rimbaud pour l'album hommage du compositeur Raphaël Didjaman. Les et , elle est l'invitée de Michel Drucker sur le plateau de Vivement dimanche pour sa longue carrière et aussi en compagnie de son amie Danielle Darrieux.

Elle n'a jamais été récompensée pour sa carrière. Un projet d’hommage à Paulette Dubost aurait dû voir le jour à la Cinémathèque française pour ses innombrables participations dans le cinéma français et pour fêter son siècle, mais ce projet a été abandonné. En revanche, une salle du cinéma d'art et essai, L'Arvor, sur son site historique de la rue d'Antrain, à Rennes, porte son nom, dès son vivant, peut-être en référence à son rôle dans le personnage « breton » de « Bécassine ».

Elle fête ses cent ans, le , au théâtre de Longjumeau. Elle est à l'époque, avec l'actrice Yvette Lebon, vice-doyenne des actrices françaises. Elle meurt à l'âge de 100 ans en à Longjumeau[19]. Elle est crématisée aux Ulis (Essonne)[20].

Filmographie

Cinéma

Longs métrages

Courts métrages

Télévision

Théâtre

Distinctions

Publication

  • Paulette Dubost, C'est court, la vie. Souvenirs, Flammarion, 2006.

Notes et références

  1. Bruno Villien, « Dubost, Paulette (née Deplanque) [Paris 1910 - Longjumeau 2011] », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Dictionnaire universel des créatrices, Éditions Des femmes, , p. 1324
  2. « Paulette Dubost », sur Encyclopædia Universalis
  3. Acte de naissance d'Anthime Oscar Joseph Deplanque, le 26 septembre 1848 à Béthune, registre de l'état civil de Béthune, cote 5 MIR 119/8. Acte consultable en ligne page 358/1449.
  4. Paulette Dubost, C'est court, la vie, Flammarion, 1992, p.129 :"Et puis je ne pouvais pas laisser mes parents, enfin, ma mère, puisque mon père, très âgé, venait de mourir. Il avait quatre-vingt-dix-huit ans."
  5. Acte de naissance de Paulette Marie Déplanque (sic) en date du 10 octobre 1910, née l'avant-veille. Mention de reconnaissance par sa mère Suzanne Dubost, artiste lyrique, domiciliée à Paris 8, rue Georges Ville, le 8 février 1911 et mention de légitimation par le mariage de ses parents survenu à Villers-sur-Mer (Calvados) le 13 septembre 1929. Registre de l'état civil de Paris, 16ème arrondissement, cote 16N 104. Page 31/31 du registre de l'état civil consultable en ligne
  6. Paulette Dubost, C'est court, la vie, Flammarion, 1992, p.13 : "C'était la quatrième femme de mon père, et moi j'ai été sa onzième fille."
  7. « Paulette Dubost : "Dans ce métier, il y a beaucoup de gens qui croient avoir sucé la Tour Eiffel pour qu’elle devienne pointue" », sur France Culture (consulté le ).
  8. Paulette Dubost, C'est court, la vie, Flammarion, 1992, p.38
  9. Paulette Dubost interrogée par Eliane Contini dans l'émission Mémoires du siècle - (France culture, 1H, diffusée le 08/11/1992) en ligne sur le site Internet de France Culture.
  10. Paulette Dubost, C'est court, la vie, Flammarion, 1992, p.40 : "Suicidé ? Oh non ! Assassiné ? Sa femme Arlette était partie en Amérique, pourquoi ne l'y aurait-il pas rejointe ? Peut-être qu'on a tué quelqu'un d'autre à sa place. En tout cas, moi, je l'affirme, je l'ai revu encore une fois, à Casablanca, longtemps après cette mort supposée. Je jouais dans La Petite Hutte de Roussin et j'étais passée au contrôle devant, juste avant le lever du rideau : "Mettez deux places au nom de mes amis Untel..." Et là, l'espace d'un éclair, j'aperçois Stavisky. J'en suis certaine. On n'oublie pas un bonhomme comme ça, son regard, son allure... Alors cette histoire de suicide à Chamonix, en 1934, je n'y crois pas."
  11. Armand Hennon. François Truffaut, la passion des seconds rôles : 100 portraits d’acteurs et d’actrices. Lett Motif, 2024 (ISBN 9782367164335), pp. 173-175.
  12. Télé 7 Jours n° 629, semaine du 13 au 19 mai 1972, p. 76-77, article de Geneviève Coste intitulé « Paulette Dubost » : — À soixante ans, je suis toujours "la petite Paulette" où Paulette Dubost déclare : « Pour être comédien il suffit d'avoir sa gueule à soi. Pour les concierges, on s'adressait à Pauline Carton. Pour les soubrettes, on appelait « La Paulette ». Parce que ni Simone Simon, ni Blanchette Brunoy, ni Viviane Romance ne portaient le tablier blanc : il fallait à ces dames le beau costume. »
  13. Paulette Dubost, C'est court, la vie, Flammarion, 1992, p.83
  14. Acte de naissance de Paulette Marie Déplanque (sic) en date du 10 octobre 1910, née l'avant-veille. Mention marginale de son mariage à Antibes le 23 décembre 1936. Registre de l'état civil de Paris, 16ème arrondissement, cote 16N 104. Page 31/31 du registre de l'état civil consultable en ligne
  15. Paulette Dubost, C'est court, la vie, Flammarion, 1992, p.85
  16. Acte de naissance de Paulette Marie Déplanque (sic) en date du 10 octobre 1910, née l'avant-veille. Mention marginale de son divorce prononcé par le tribunal d'Oujda (Maroc) le 15 décembre 1950. Registre de l'état civil de Paris, 16ème arrondissement, cote 16N 104. Page 31/31 du registre de l'état civil consultable en ligne
  17. Paulette Dubost, C'est court, la vie, Flammarion, 1992, p.97 : "Et Hitler est arrivé. Je me suis retrouvée à côté de lui. J'ai ensuite appris que je remplaçais une grande comédienne allemande, Renate Müller. Elle s'était suicidée le jour même et on répétait que c'était la maîtresse d'Hitler. J'ai serré la main à ce mec. "Fraulein Dubost..." Très exalté, il a lu un discours écrit en français... Il est parti avant la fin du dîner, il n'a rien mangé, rien bu ; ça m'avait frappée : il avait peur qu'on l'empoisonne."
  18. Paulette Dubost, C'est court, la vie, Flammarion, 1992, p.205
  19. « L'actrice Paulette Dubost est morte », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  20. Cimetières de France et d'ailleurs
  21. Bulletin officiel des décorations, médailles et récompenses no 9 du 21 août 1999.

Annexes

Bibliographie

  • Raymond Chirat, Olivier Barrot, Les Excentriques du cinéma français : 1929-1958, Paris, Henri Veyrier, 1983 (ISBN 978-2-85199-304-5).

Liens externes

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