Parcs nationaux du Québec

Les parcs nationaux du Québec sont des aires protégées créées par le gouvernement provincial du Québec dans le but de protéger des territoires représentatifs des régions naturelles de la province ou des sites à caractère exceptionnel tout en les rendant accessibles au public pour des fins d'éducation ou de récréations extensives. En date de mars 2024, le Québec compte vingt-huit parcs nationaux qui protègent une superficie de 42 765,57 km2, soit environ 2,6 % du territoire de la province[1],[2]. Ils sont pour la plupart administrés par la Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq) à l'exception de quatre parcs administrés par Parcs Nunavik, et d'un parc administrés conjointement par Parcs Canada et la Sépaq.

Au Québec, les parcs gérés pour le gouvernement québécois comme les trois parcs gérés pour le gouvernement canadien sont appelés « parc nationaux ».

Histoire

En 1894, Edmund James Flynn alors commissaire des Terres de la Couronne, publie son rapport annuel dans lequel il recommande notamment la création de réserves à des fins de conservation des forêts[3]. Celles-ci se situeraient dans les terres non concédées du canton de Grandison ainsi qu'au nord de Québec. Le sont sanctionnées les lois établissant d'une part le « parc de la montagne Tremblante », devenu Parc national du Mont-Tremblant ainsi que le « parc national des Laurentides », plus tard scindé pour devenir la Réserve faunique des Laurentides, le Parc national de la Jacques-Cartier ainsi que le Parc national des Grands-Jardins[4].

Les terres ciblées pour ces premiers parcs nationaux furent décrites comme étant rocailleuses, impropres à la culture et sur lesquelles se trouvent très peu de bois marchand[5]. La « loi établissant le parc national des Laurentides » édictera toutefois des notions claires de conservation, visant à « protéger les forêts, le poisson et le gibier, de conserver une réserve d’eau constante et d’encourager l’étude et la culture des arbres forestiers »[6]. Dans le but de renforcer la protection dans ses parcs et de respecter les critères[7] de l'Union internationale pour la conservation de la nature pour les aires protégées, le gouvernement légiféra en 1977 avec la Loi sur les parcs[8]. Celle-ci divisa les parcs en deux catégories : les parcs de conservation, privilégiant la protection du territoire naturel et les parcs de récréation, qui permettaient l'installation d'équipement de récréation intensive.

C'est à partir de 1999 que la Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq) se vit octroyer le mandat de gérer tous les parcs du Québec. En 2001, le gouvernement changea le statut des parcs de récréation et de conservation sous un seul statut, celui de parcs nationaux. Ce changement a eu pour but de renforcer le volet de conservation des parcs[8].

Superficie

La superficie des parcs nationaux du Québec varie selon qu'ils sont situés dans le Québec méridional, densément peuplé, ou dans le Québec septentrional, très faiblement peuplé. Ainsi, les parcs situés dans le sud du Québec sont généralement de petite taille.

  1. 0 à 100 km2 : 11 parcs
  2. 100 à 500 km2 : 8 parcs
  3. 500 à 1 000 km2 : 3 parcs
  4. 1000 à 10 000 km2 : 3 parcs
  5. 10 000 km2 et plus : 1 parc

Zonage

Pour rencontrer l’objectif de conservation, un système de zonage a été mis en place. Le zonage a entre autres la fonction de distinguer les aires de grande fragilité et celles à bonne capacité de support. Les zonages sont :

  1. Zone d'accueil et de service
  2. Zone d'ambiance
  3. Zone de préservation
  4. Zone de préservation extrême

La zone d'accueil et de service est, comme son nom l'indique, généralement l'endroit où les visiteurs entrent dans le parc. Les restrictions à l’aménagement sont moins importantes que dans les autres secteurs. C'est pourquoi on y retrouve l'accueil, des campings avec services, des aires de jeux, des blocs sanitaires.

La zone d'ambiance est la région d'un parc où il est possible de pratiquer des sports qui permettent la découverte de la nature tout en ayant un faible impact sur le milieu, comme la randonnée pédestre ou la raquette. Généralement, les aménagements sont de moindre envergure que dans la zone de service.

La zone de préservation a une capacité de support et de régénération limitée et abrite souvent des espèces végétales et animales particulières, rares ou fragiles. L’utilisation du territoire y est réduite et fortement encadrée. Mis à part quelque belvédère, les aménagements sont inexistants.

La zone de préservation extrême est interdite à toute circulation et aménagement. Pour s'y rendre, il faut détenir une autorisation du directeur du parc et avoir un but scientifique. On y retrouve souvent des espèces rares et sensibles au dérangement.

La protection de certains écosystèmes fragiles ou exceptionnels se fait par l'entremise de règlements stricts. La coupe de bois, l'exploitation minière, pétrolière et énergétique ainsi que la chasse et le piégeage sont formellement interdits. Par contre, la pratique de sports de plein-air comme la marche en montagne, la raquette, le canot ou le vélo sont acceptés et s'inscrivent dans le mandat de découverte des parcs. Plusieurs autres activités d'interprétation du milieu naturel sont offertes et les nombreux guides naturalistes présents sont là pour répondre à vos questions. Depuis 1999, la gestion des activités et des services de ces milieux est confiée à la Société des établissements de plein air du Québec (SÉPAQ). Par ailleurs, les parcs au nord du 55e parallèle sont gérés par l'Administration régionale Kativik.

En 2001, les parcs québécois devinrent des parcs nationaux. Même si plusieurs y voient une connotation politique (plusieurs personnes voient le Québec comme une nation et non comme une province) l'appellation 'national' indique que les parcs respectent des normes établies par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Selon l'UICN, un parc national est une aire protégée gérée principalement dans le but de protéger les écosystèmes et à des fins récréatives.

Liste des parcs nationaux du Québec

Parc national Image Superficie
km²
Constitution Région

(MRC)

Gestionnaire
Aiguebelle 268,30 1985 Abitibi-Témiscamingue

(Abitibi-Ouest et Rouyn-Noranda)

Sépaq
Anticosti 571,80 2001 Côte-Nord

(Minganie)

Sépaq
Bic 33,20 1984 Bas-Saint-Laurent

(Rimouski-Neigette)

Sépaq
Fjord-du-Saguenay 326,70 1983 Saguenay–Lac-Saint-Jean (Le Fjord-du-Saguenay),

Capitale-Nationale (Charlevoix-Est) et Côte-Nord (La Haute-Côte-Nord)

Sépaq
Frontenac 156,50 1987 Estrie

(Le Granit) et Chaudière-Appalaches (Les Appalaches)

Sépaq
Gaspésie[9] 802,00 1981 Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine

(La Haute-Gaspésie) et Bas-Saint-Laurent (Matane)

Sépaq
Grands-Jardins[10],[11] 318,90 1981 Capitale-Nationale

(Charlevoix)

Sépaq
Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie[12] 224,90 2000 Capitale-Nationale

(Charlevoix et Charlevoix-Est)

Sépaq
Île-Bonaventure-et-du-Rocher-Percé[13] 5,80 1985 Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine

(Le Rocher-Percé)

Sépaq
Îles-de-Boucherville 8,14 1984 Montérégie

(Longueuil)

Sépaq
Jacques-Cartier[11] 670,60 1981 Capitale-Nationale

(La Jacques-Cartier et La Côte-de-Beaupré)

Sépaq
Kuururjuaq 4 460,80 2009 Nord-du-Québec

(Kativik)

Parcs Nunavik
Lac-Témiscouata 176,50 2009 Bas-Saint-Laurent

(Témiscouata)

Sépaq
Mont-Mégantic[14] 59,90 1994 Estrie

(Le Haut-Saint-François et Le Granit)

Sépaq
Mont-Orford 58,37 1979 Estrie

(Memphrémagog)

Sépaq
Mont-Saint-Bruno 8,84 1985 Montérégie

(Longueuil)

Sépaq
Monts-Valin 153,60 1996 Saguenay–Lac-Saint-Jean

(Le Fjord-du-Saguenay)

Sépaq
Mont-Tremblant 1 510,10 1981 Laurentides

(Antoine-Labelle, Les Laurentides et Matawinie)

Sépaq
Miguasha[15] 0,62 1985 Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine

(Avignon)

Sépaq
Nibiischii 11 990,00 2024 Nord-du-Québec

(Jamésie)

Nation crie de Mistissini
Oka 23,70 1990 Laurentides

(Deux-Montagnes)

Sépaq
Opémican 252,50 2013 Abitibi-Témiscamingue

(Témiscamingue)

Sépaq
Pingualuit 1 133,90 2004 Nord-du-Québec

(Kativik)

Parcs Nunavik
Plaisance[16] 28,10 2002 Outaouais

(Papineau)

Sépaq
Pointe-Taillon 97,50 1985 Saguenay–Lac-Saint-Jean

(Lac-Saint-Jean-Est)

Sépaq
Tursujuq 26 121,00 2013 Nord-du-Québec

(Kativik)

Parcs Nunavik
Ulittaniujalik 5 293,00 2016 Nord-du-Québec

(Kativik)

Parcs Nunavik
Yamaska 13,40 1983 Estrie

(La Haute-Yamaska)

Sépaq

Parc marin

  • Parc faisant partie d'une réserve de biosphère
  • Parc national Image Superficie
    km²
    Constitution Région

    (MRC)

    Gestionnaire
    Parc marin du Saguenay-Saint-Laurent[17] 1 246,00 1998 Capitale-Nationale (Charlevoix-Est),

    Côte-Nord (La Haute-Côte-Nord)

    Saguenay–Lac-Saint-Jean (Le Fjord-du-Saguenay),

    Bas-Saint-Laurent (Kamouraska, Les Basques et Rivière-du-Loup)

    Parcs Canada et Sépaq

    Réserve de parc national

    En plus des parcs nationaux, le ministère a aussi désigné des territoires comme étant des « réserves de parc national ». Ces territoires, bien qu'il s'agisse d'aires protégées, n'ont pas la même protection juridique que celle des parcs[18]. Ces territoires sont exclusivement au Nunavik, le ministère préfère le statut de réserve de biodiversité pour les autres régions du Québec.

    Réserve de parc national Superficie
    km²
    Mise en réserve MRC
    Assinica 3 193,00 2011 Jamésie
    Baie-aux-Feuilles 3 868,10 2008 Kativik
    Collines-Ondulées 1 659,50 2008 Kativik
    Iluiliq 1 263,00 Kativik
    Monts-de-Puvirnituq 3 159,00 Kativik

    Projets de parc national

    Des recherches seront menées en vue de procéder à l'acquisition de connaissances concernant deux autres projets au Nunavik, soit :

    • du Cap-Wolstenholme
    • de la Baie-aux-Feuilles

    La création de deux parcs est aussi envisagée en forêt boréale, en partenariat avec les Cris. Il s'agit des projets de parc national :

    • Assinica

    Le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs du Québec a également entrepris des études préliminaires concernant d'autres projets de parc national :

    • Harrington-Harbour
    • Natashquan-Aguanus-Kenamu

    Des consultations publiques ont aussi été tenues pour l'agrandissement des parcs nationaux du Mont-Orford et de la Pointe-Taillon.

    Notes et références

    1. Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, « Réseau des parcs nationaux » (consulté le ).
    2. Sur une superficie du Québec établie à 1 667 441 km2
    3. L'événement, « Un parc national », sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Québec, (consulté le )
    4. « Gazette officielle du Québec », sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, (consulté le )
    5. Charles-François Langlois, « Les statuts de Québec : Loi établissant le Parc de la Montagne Tremblante », sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, (consulté le )
    6. Charles-François Langlois, « Les Statuts de Québec : Loi établissant le Parc national des Laurentides », sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, (consulté le )
    7. Voir Union internationale pour la conservation de la nature#Aires protégées selon l'UICN
    8. « La Loi sur les parcs », sur Ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (consulté le )
    9. Est compris dans la ZICO Monts Chic-Chocs
    10. Aire centrale de la réserve mondiale de la biosphère de Charlevoix et fait partie de la ZICO Charlevoix
    11. Parc créé à la suite de la scission du parc des Laurentides
    12. Aire centrale de la réserve de la biosphère de Charlevoix
    13. Comprend la ZICO Île Bonaventure et chevauche le refuge d'oiseaux de l'Île Bonaventure et du Rocher Percé
    14. Comprend la ZICO Mont Mégantic
    15. Site du patrimoine mondial du parc national de Miguasha
    16. Comprend la ZICO réserve faunique de Plaisance
    17. Chevauche en partie la réserve mondiale de la biosphère de Charlevoix
    18. Ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, « Les réserves de parc national » (consulté le )

    Annexes

    Articles connexes

    Bibliographie

    Liens externes

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