Période de communion

Dans le presbytérianisme écossais, une période de communion (communion season), parfois appelée sainte foire (holy fair), est un festival annuel d'une semaine culminant avec la célébration de la Sainte Cène (communion).

Déroulement

La période de communion commençait généralement par un jeûne le jeudi[1]. Le vendredi était consacré aux interventions des prédicateurs laïcs, appelés « les hommes », qui donnaient leurs interprétations des versets bibliques choisis par le pasteur. On appelait cette journée le « jour des questions »[2]. Certains de ces prédicateurs révélaient parfois des qualités charismatiques et occasionnaient des réveils locaux[3]. Le samedi était une journée de préparation[1] avant le point culminant du dimanche : la célébration de la communion, souvent en plein air, dans un amphithéâtre naturel[2]. Un service d'action de grâce avait lieu lundi[1].

Origine

La pratique de célébrer la communion une seule fois par an s'est développée au XVIIIe siècle par hostilité envers l'épiscopat, et en raison de la pauvreté (on épargnait le pain !) ou encore du manque de pasteurs[1]. Là où les ministres ne célébraient pas la communion en paroisse, de grandes assemblées étaient organisées en plein air, regroupant souvent plusieurs paroisses. Dans les Highlands, les communiants parcouraient de grandes distances pour y participer, et logeaient chez des amis et des membres de leur famille[2].

Popularité en Écosse

Malgré l'opposition de l'Assemblée générale (équivalent du synode) de l’Église d’Écosse, ces grands rassemblements se développèrent, en ajoutant souvent au volet religieux de nombreuses festivités profanes, comme l'évoque Robert Burns dans son poème « The Holy Fair »[4].

Robert Burns, The Holy Fair (extrait)
Dialecte écossais Traduction anglaise Traduction française
My name is Fun - your cronie dear,

The dearest friend ye hae;
An' this is Superstition here,
An' that's Hypocrisy.
I'm gaun to Mauchline Holy Fair,
To spend an hour in daffin:
Gin ye'll go there, yon runkl'd pair,
We will get famous laughin
At them this day[5].

My name is Fun - your intimate friend dear,

The dearest friend you have;
And this is Superstition here,
And that is Hypocrisy.
I'm going to Mauchline Holy Fair,
To spend an hour in larking:
Before you will go there, those wrinkled pair,
We will get much laughing
At them this day[6].

Mon nom est goguette - votre ancienne connaissance,

La meilleure amie que vous ayez ;
Et celle-ci, c'est la Superstition,
Et celle-là, c'est l'Hypocrisie.
Je vais à la foire sainte de Mauchline,
Passer une heure à me divertir :
Si vous voulez y venir, ce couple ridé,
Nous prêtera fameusement à rire
De lui en ce jour[7].

Développements ultérieurs aux États-Unis

Aux États-Unis, les presbytériens ont incorporé les périodes de communion au renouveau évangélique, et cette pratique a contribué au développement des camp meetings. Cette pratique a été l’un des vecteurs majeurs du Réveil, un vaste mouvement d’évangélisation lancé dans la deuxième moitié du XIXe siècle par les prédicateurs méthodistes dont le succès entraîna directement la création des mouvements pentecôtistes et de renouveau charismatique. L’ambiance particulière, parfois très exaltée, de ces rassemblements donnait lieu à de nombreuses conversions[8].

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Communion season » (voir la liste des auteurs).
  1. (en) Hart et Muether, « The Lord's Supper: How Often? », Ordained Servant, vol. 6, no 4,‎ (lire en ligne)
  2. (en) D. Meek, The Oxford Companion to Scottish History, Oxford, Oxford University Press, (ISBN 0192116967), « Religious life: 8 Highlands since the Reformation », p. 517-522.
  3. (en) M. Lynch, Scotland: a New History, Londres, Pimlico, (ISBN 0712698930), p. 365.
  4. (en) D. Murray, The Oxford Companion to Scottish History, Oxford, Oxford University Press, (ISBN 0192116967), « Religious life: 1650-1750 », p. 513-514.
  5. (en) Robert Burns, The Complete Poems and Songs of Robert Burns, New Lanark, Geddes & Grosset, (ISBN 1855349825), p. 141-146
  6. (en) « The Holy Fair, standard English translation », sur http://www.robertburnsfederation.com/ (consulté le )
  7. Robert Burns (trad. Léon de Wailly), Poésies complètes de Robert Burns, Paris, Gauthier éditeur, (lire en ligne), p. 15-16
  8. (en) Keith J. Hardman, Seasons of Refreshing: Evangelism and Revivals in America, Wipf and Stock Publishers, USA, (ISBN 9781597525121), p. 95

Bibliographie

  • Leigh Eric Schmidt, Holy Fairs: Scotland and the Making of American Revivalism, Wm. B. Eerdmans,
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