Pélage Galvani

Pélage Galvani
Fonctions
Doyen du Collège des cardinaux
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Cardinal-évêque
Diocèse suburbicaire d'Albano
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Cardinal-prêtre
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Cardinal-diacre
Santa Lucia in Septisolio (en)
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Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom dans la langue maternelle
Paio Galvão
Activités
Autres informations
Ordre religieux
Conflit
Blason

Pélage Galvani ou Pélage d'Albano[Note 1] (ca. 1165, Guimarães, Portugal ou Gusindos, León1230, Mont Cassin) est un bénédictin du Portugal ou de León[1], cardinal et docteur en droit canon[2]. Il devient en 1219 légat pontifical et chef religieux de la cinquième croisade, mais son intransigeance et son fanatisme causent l'échec de cette croisade.

Biographie

Il entre dans l'Ordre bénédictin en 1178 et étudie la théologie à Paris. Le pape Innocent III le fait cardinal-diacre de Sainte-Lucie à Septisolio en 1206 (ou en 1207)[3]. Plus tard, il est promu au rang de cardinal-prêtre de Sainte-Cécile (entre le 25 février et le ) et finalement cardinal-évêque du diocèse suburbicaire[Note 2] d'Albano, en 1213.

En 1213, Innocent III le charge d'une mission diplomatique à Constantinople en vue d’une réconciliation entre l’Église byzantine et l’Église romaine. Mais l’orgueil, le fanatisme et l’intransigeance de Pélage font échouer cette mission, ainsi que le projet d’Innocent III de réunifier la chrétienté afin de faire face à l’Islam. À cette occasion, l’historien byzantin Georges Acropolite le décrit comme « dur de caractère, fastueux, insolent, se présentant comme investi de toutes les prérogatives du pouvoir papal, vêtu de rouge des pieds à la tête, avec jusqu’à la couverture et les brides de son cheval de la même couleur, montrant une sévérité insupportable envers les Byzantins, emprisonnant les moines grecs, enchaînant les prêtres orthodoxes, fermant les églises[Note 3], … »[4],[5].

La croisade

En 1218, le pape Honorius III lui confie la direction religieuse de la cinquième croisade, en train d'assiéger Damiette, en Égypte. Il y débarque à la fin du mois de septembre 1218, peu après que les croisés ont réussi à prendre la tour contrôlant l’accès au Nil, permettant aux navires croisés de patrouiller sur le bras oriental du Nil. Il prétend immédiatement assurer la direction totale de la croisade, soutenu par les croisés italiens, et entre en conflit avec le premier organisteur de l'expédition, Jean de Brienne, roi consort de Jérusalem, soutenu par les barons syriens et les croisés français[6].

Al-Kâmil, sultan ayyoubide d’Égypte, se trouve dans une position délicate, car un de ses vassaux allié à un de ses frères tente de le renverser ; pour avoir les mains libres, il propose à deux reprises l’échange des anciens territoires du royaume de Jérusalem, l’Outrejourdain excepté, contre le départ des Francs d’Égypte, échange qui est l’objectif originel de la cinquième croisade. Mais Pélage repousse à chaque fois ces offres de paix[7].

La garnison de Damiette, affaiblie par la disette et les épidémies, résiste de moins en moins aux assauts croisés ; les mangonneaux des Hospitaliers entament les remparts et la ville est prise le 5 novembre 1219. La lutte fait aussitôt rage entre les factions croisées pour le contrôle de la ville. Le 21 décembre 1219, les Italiens tentent de chasser les Français de la ville. Le 6 janvier 1220, ces derniers prennent leur revanche et chassent les Italiens. Une trêve est acceptée par les rivaux le 2 février 1220, mais ceux-ci ne s’entendent pas sur le sort de la ville. Les Italiens souhaitent y établir une colonie qui leur permettra d’y faire du commerce, tandis que les Français souhaitent l’échanger contre Jérusalem et les possessions du royaume perdues en 1187. Un quartier de la ville est attribué à Jean de Brienne, mais (selon le chroniqueur Ernoul) Pélage décide d’excommunier les chrétiens qui s’y établiraient[8]. De guerre lasse et comprenant qu’il ne peut tirer aucun avantage, Jean de Brienne quitte la croisade, en en laissant la direction complète à Pélage[9].

Ce dernier fait alors peser une véritable tyrannie sur les Croisés et sur Damiette. Rapidement, il met l’embargo sur les navires, puis interdit aux croisés qui quittent la ville d’emporter quoi que ce soit, même leurs affaires personnelles, puis leur interdit simplement tout départ sans son autorisation. Les navires sont laissés à l’abandon et les Égyptiens en profitent pour faire construire et armer dix galères. Des espions préviennent Pélage qui néglige l’avertissement, laissant aux musulmans la maîtrise de la mer et leur permettant de couler de nombreux navires chrétiens entre le delta et Chypre[Note 4]. D’abord opposé à la démarche que François d’Assise souhaite entreprendre auprès du sultan Al-Kâmil, Pélage finit par l’autoriser à contrecœur et après fortes persuasions. Il refuse encore une nouvelle offre d’échange des villes faite par Al-Kâmil, espérant l’arrivée de l’armée de l’empereur Frédéric II[10].

En n’arrive toutefois qu’une maigre troupe conduite par le duc Louis Ier de Bavière et le grand-maître teutonique Hermann von Salza. Pélage décide néanmoins de partir à l’offensive et appelle Jean de Brienne, qui n’a pas d’autre choix que participer à l’expédition pour éviter que la responsabilité de l’échec de l’entreprise ne lui soit attribuée[réf. nécessaire]. L’armée quitte Damiette le 7 juillet et parvient devant Mansourah le 24 juillet, après quelques escarmouches contre les avant-gardes musulmanes qui se dérobent, pratiquant la tactique de la terre déserte. La crue du Nil a commencé et les Musulmans rompent les digues, inondant la plaine et isolant les Francs sur une étroite bande de terre. Pélage, escomptant une prise rapide de Mansourah, avait négligé d’emporter des vivres en suffisance et la retraite est coupée par les galères musulmanes qui contrôlent le Nil. Les croisés ne peuvent alors que se rendre et négocier leur liberté contre la cession de Damiette[11].

Revenu à Rome, Pélage devient doyen du Collège des cardinaux le avec l'élection d'Ugolino Conti, qui devient pape sous le nom de Grégoire IX. Il est mort au Mont Cassin le [12],[13]. La dernière bulle pontificale qu'il a signée est datée du .

Notes et références

Notes

  1. également nommé Pelagio Galvão, Pelayo Gaytan, Pelagio di Santa Lucia, Pélage d'Albano, Pelagius of St Lucia, Pelagius Albanensis.
  2. Un des sept diocèses dépendant de l'archidiocèse de Rome.
  3. Byzance était alors occupée par les croisés, qui avaient fondé l’empire latin de Constantinople.
  4. Treize mille hommes tués du fait de ces naufrages, selon la Chronique d’Ernoul, mais le chiffre est probablement exagéré.

Références

  1. (es) Antonio García y García, « La canonística ibérica (1150–1250) en la investigación reciente », Bulletin of Medieval Canon Law, vol. 11,‎ , p. 41–75 et 54–55.
  2. « In primis hominibus fuit coniugium : Pelagius Albanensis » (version du sur Internet Archive).
  3. Maleczek 1984, p. 166.
  4. Luchaire, Innocent III et la question d’Orient.
  5. Grousset 1936, p. 250.
  6. Grousset 1936, p. 238-240.
  7. Grousset 1936, p. 249-250 et 253-4.
  8. Chronique d’Ernoul.
  9. Grousset 1936, p. 254-9.
  10. Grousset 1936, p. 259-261.
  11. Grousset 1936, p. 261-7.
  12. Donovan 1950, p. 115.
  13. Maleczek 1984, p. 169.

Annexes

Bibliographie

  • (en) Joseph Patrick Donovan, Pelagius and the Fifth Crusade, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, , 124 p. (OCLC 1224250)
  • René Grousset, Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem , vol. III : 1188-1291 L'anarchie franque, Paris, Perrin, (réimpr. 2006), 902 p.
  • (de) Werner Maleczek, Papst und Kardinalskolleg von 1191 bis 1216, Wien,

Liens externes

Articles connexes

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