Oxygène doublement ionisé

L’oxygène doublement ionisé est l'ion O2+ (également désigné par O III en notation spectroscopique), correspondant à un atome d'oxygène privé de deux électrons.

Cette espèce chimique se trouve en concentration relativement significative dans les nébuleuses diffuses et les nébuleuses planétaires où elle se caractérise par des raies spectrales en émission à 500,7 nm et secondairement à 495,9 nm, dans la partie verte du spectre visible ; il s'agit de raies de transitions interdites, notées de ce fait avec des crochets : [O III]. Il est ainsi possible d'obtenir des clichés très contrastés de nébuleuses riches en [O III] à l'aide de filtres à bande passante étroite isolant les longueurs d'onde à 501 nm et 496 nm.

Ces raies d'émission à 501 nm et 496 nm ont été observées dès les années 1860 dans le spectre d'émission de nébuleuses planétaires et avaient alors été interprétées comme relevant d'un nouvel élément chimique appelé nébulium. Ce n'est qu'en 1927 que l'astronome américain Ira Sprague Bowen les a identifiées comme de l'oxygène doublement ionisé O2+ bien qu'il s'agisse de raies de transitions interdites[2].

Il existe six raies de transition interdites de l’oxygène doublement ionisé [O III], dont quatre dans le spectre visible et deux situées dans l’infrarouge : la raie d’émission à 88 μm (88,36 microns) de 3393,0062 GHz et celle à 52 μm (51,81 microns) de 5785,8796 GHz[3][4].

L’observation de ces deux longueurs d’onde par le grand réseau d'antennes millimétrique/submillimétrique de l'Atacama (en abrégé ALMA) a permis de déterminer par spectroscopie le décalage vers le rouge de certaines des galaxies les plus lointaines détectées jusqu'à présent. La détection par ALMA de la raie d’émission [O III] à 88 μm, émises par les galaxies JADES-GS-z14-0 et GHZ2/GLASS-z12, a ainsi permis de confirmer, avec une grande précision, le décalage vers le rouge de ces deux galaxies découvertes par JWST[4].

Notes et références

  1. (en) Great Images in NASA – 18 septembre 1994 « The Cat's Eye Nebula  ».
  2. (en) Ira Sprague Bowen, « The Origin of the Nebulium Spectrum », Nature, no 120,‎ , p. 473 (lire en ligne) DOI 10.1038/120473a0
  3. (en) Shengqi Yang et Adam Lidz, « An analytic model for [O III] fine structure emission from high redshift galaxies », MNRAS, vol. 499,‎ (lire en ligne [PDF])
  4. (en) Jorge A. Zavala et al., « ALMA Detection of [OIII] 88μm at z=12.33: Exploring the Nature and Evolution of GHZ2 as a Massive Compact Stellar System », The Astrophysical Journal Letters, vol. 977,‎ (lire en ligne [PDF])
  • Portail de l’astronomie
  • Portail de la chimie
  • Portail de la physique