Les Chaouïa étaient alors sous la juridiction des Caïds des
Doukkala. El-Hachemi El-Arousi, contemporain du Sultan
Sidi Mohammed ben Abd Allah, est le seul de ces Caïds dont le nom ait été conservé. Il fut destitué et emprisonné par le Sultan. Un Qaïdat fut ensuite créé pour les Oulad Saïd, avec pour premier titulaire Qâsem Ould Jeddi, qui reçut son dahir de
Sidi Mohammed ben 'Abdallah. Son Qaïdat comprenait les
Chaouïa, les
Ourdigha, les Beni Zemmour et Boul-Dja'd. Cependant, il ne put commander que pendant deux ans avant que ses administrés ne se révoltent. Son fils Tahar le remplaça, mais n'eut pas plus d'autorité.
De la mort de Mohammed III jusqu'au règne de Moulay Slimane, les tribus restèrent sept ans en siba (anarchie). Tahar fut ensuite remplacé par Si El-Ghazi, et le pays redevint plus calme. À cette époque, l'argent avait une grande valeur : l'établissement d'un acte de propriété coûtait un demi-guirch, un bœuf valait 4 pièces de monnaie, et un chameau 20 pièces. On pouvait acheter six pains pour l'équivalent d'un centime français actuel. À la mort de Si El-Ghazi, sous le règne de Moulay Slimane, le Caïd Saïd Bel-Hachemi des Hadami, une fraction des Hallalich, lui succéda. Il fit construire une Kasbah, mais mourut deux ans après sa nomination, et la Kasbah fut aussitôt détruite.
Le Caïd Chafaï, qui lui succéda, ne commandait plus que les Oulad Bou Rezq (M'Zamza, Oulad Saïd, Bouziri, Zenata, Oulad Sidi Ben Daoud). À sa mort, le Caïd Bahloûl des M'zamza lui succéda. C'était un alcoolique qui pressurait ses administrés. Les Hadami, les Oulad Abbou et une partie des M'zamza se révoltèrent contre lui et envoyèrent une députation demander justice au Sultan. Le Sultan fit emprisonner le Caïd et nomma à sa place Si El-Kebir ben Madani des M'zamza. Les tribus retrouvèrent alors un certain ordre. Le nouveau Caïd commandait les Oulad Bou Rezq. À la suite des vexations du Caïd, les Mualin al-Hafrah, les Hadami, les Oulad Abbou et les Oulad 'Arif se révoltèrent, attaquèrent les M'zamza, et les Kadanah se joignirent à eux, commandés par un neveu du Caïd.
Sollicité par les tribus pour se débarrasser d'El-Kebir ben Madani, le Sultan nomma deux nouveaux Caïds : 'Ali ben Ahmed, Caïd des Oulad Abbou et des Hadami, et Abbou Ould Moul Et-Taba', Caïd des Oulad 'Arif et des Moualin El-Hofra. Les Kadanah restèrent sous le commandement du Caïd El-Kebir ben Madani. L'ordre fut rétabli et se maintint pendant cinq ans.
Cependant, à la suite d'une révolte des Oulad 'Arif contre le Caïd Abbou Ould Moul Et-Taba', qui exonérait ses frères, les Mualin al-Hafrah, d'impôts, tout en faisant payer les Oulad 'Arif, les deux factions en vinrent aux mains. Les Oulad 'Arif envoyèrent alors au Sultan, à Marrakech, une délégation de 40 membres dirigée par Si Bou Chaïb ben Djilali pour demander la nomination d'un seul Caïd pour les Oulad 'Arif, Oulad Abbou, Oulad Saïd, et Hadami. Après avoir consulté les Caïds Fekkák des Mzab et Rechid des Oulad Hriz, le Sultan fit emprisonner 'Ali ben Ahmed et détruire sa Kasbah de Dar Ould Fátima. Le Caïd Abbou, quant à lui, ne tarda pas à fuir vers Boul-Dja'd, et sa Kasbah de Sooq El-Arba' fut également détruite. Bou Chaïb ben Djilali devint alors Caïd des quatre fractions, et pendant les trente-deux ans de son mandat, le pays demeura tranquille.
Son fils Mokhtar lui succéda, mais ne conserva son commandement que quatre mois. Un riche propriétaire des Oulad Saïd, El-Ayyachi, incita la tribu à se révolter à la mort de Moulay El-Hasan. Après six mois d'anarchie totale, marquée par des combats avec les M'zamza et les Oulad Bouziri, El-Ayyachi parvint à se faire nommer Caïd à la place de Mokhtar, qui s'était réfugié à Fès chez Ba Ahmed, mais fut tout de même emprisonné