Oriande

Oriande
Gravure représentant Oriande et Maugis

Oriande est une fée de la tradition épique médiévale évoquée dans la chanson de geste des Quatre fils Aymon, et principalement la chanson de geste de Maugis d'Aigremont (fin XIIIe siècle) où elle joue un rôle important. Elle est la marraine de l'enchanteur Maugis. C'est elle qui l'élève et lui impose de conquérir le cheval Bayard pour obtenir son statut[1].

Sources médiévales

La fée Oriande apparaît principalement dans Maugis d’Aigremont, texte en ancien français transmis par un petit nombre de manuscrits, avec une continuation (La Mort de Maugis). Les principales éditions et inventaires modernes incluent l’édition Castets (1893)[1] et la notice ARLIMA[2]. La tradition iconographique tardo‑médiévale (prose illustrée, XVe siècle) témoigne de la diffusion du cycle[3].

Rôle dans la légende

Au début du récit, l’enfant Maugis, fils de Beuves d’Aigremont, enlevé par Sorgalant, est retrouvé par la fée Oriande, qui l’élève à Rosefleur (ou Rocheflor), près de Mongibel (Etna, Sicile). L’épreuve décisive qu’elle lui impose pour confirmer ses pouvoirs est de délivrer Bayard, retenu sous terre sur l’île volcanique de Bocan/Boucam, généralement rattachée à l’archipel des Lipari. Cette intrigue explique, dans la tradition des Quatre Fils Aymon, l’origine merveilleuse du cheval et l’accession de Renaud à Bayard et à l’épée Floberge[1].

Typologie et analyses

Dans les études modernes, Oriande est souvent classée parmi les « fées nourrices », figures féminines qui recueillent, protègent et initient le héros, à la frontière du merveilleux « rationalisé » propre aux chansons de geste tardives[4]. La critique a souligné les interférences avec la matière de Bretagne (Morgain/Morgue), où Oriande est parfois citée en regard d’autres fées, indice de perméabilité entre cycles[5]. La place d’Oriande dans l’« enfance de Maugis » et le dispositif d’épreuves a aussi été relue, du point de vue narratologique et anthropologique, comme un schéma d’initiation où la fée ouvre/ferme l’accès au monde épique ordinaire[6].

Postérité et représentations

Littérature et arts

  • Maugis d’Aigremont connaît, aux XVe – XVIe siècles, une diffusion en prose illustrée ; des enluminures représentent Maugis, Oriande et Bayard et s’inscrivent dans la culture visuelle tardomédiévale.
  • La fée Oriande a été illustrée par Hervé Gourdet dans le Petit guide de féerie en Ardennes.
  • Guillaume Apollinaire consacre un poème intitulé « Oriande » dans Poèmes à Lou, où la fée est évoquée comme présence onirique (« La fée Oriande vivait dans son château de Rose‑Fleur »).[7]
  • Dans la fantasy contemporaine, la figure d’Oriande est réinterprétée dans Le cycle de Maugis de Benoit J. Caron[8] (t. I–III, 20242025). Dans ce récit, elle apparaît cependant comme un personnage ambigu caractéristique de la Dark fantasy et du sous-genre maison de l'auteur de la Dark Epic Lore Fantasy (DELF). Si, comme dans la chanson de geste elle élève le jeune Maugis (appelé Guilhem d'Aygremont), c'est plus à la suite d'un enlèvement que d'un sauvetage[9],[10],[11].

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Philippe Vernay, Maugis d'Aigremont: chanson de geste, vol. 93 de Romanica Helvetica, Francke, , 504 p. (ISBN 9783772014857)
  • Hervé Gourdet, Petit guide de féerie en Ardennes, SEA Nef des Fées, , 58 p.

Notes et références

  1. Ferdinand Castets, Maugis d'Aigremont, chanson de geste. Texte publié d'après le manuscrit de Peterhouse et complété à l'aide des manuscrits de Paris et de Montpellier par Ferdinand Castets, Montpellier : Camille Coulet, (lire en ligne)
  2. « Maugis d'Aigremont (version en vers) | Arlima - Archives de littérature du Moyen Âge », sur www.arlima.net (consulté le )
  3. « Feminae: Details Page », sur inpress.lib.uiowa.edu (consulté le )
  4. « 2020–2021 », sur L'Agenda des Médiévistes, (consulté le )
  5. Jeanne Whatelet-Willem, « La fée Morgain dans la chanson de geste », Cahiers de Civilisation Médiévale, vol. 13, no 51,‎ , p. 209–219 (DOI 10.3406/ccmed.1970.1860, lire en ligne, consulté le )
  6. (en) Christa Agnes Tuczay, « Medieval Magicians as Entertainers: Magic as Demonic Illusion or Stagecraft », dans Pleasure and Leisure in the Middle Ages and Early Modern Age: Cultural-Historical Perspectives on Toys, Games, and Entertainment, De Gruyter, , 161–188 p. (ISBN 978-3-11-062307-9, DOI 10.1515/9783110623079-002/pdf?licensetype=restricted&srsltid=afmbooqhfo9jqrnsbejvfxx4nsixfbhni4d2dglmgpzqhvcfsz-ejx-t, lire en ligne)
  7. Frédérique Cosnier-Laffage, « Vivre poème en classe : Apollinaire et la dinette rose », Pratiques, nos 179-180,‎ (ISSN 0338-2389 et 2425-2042, DOI 10.4000/pratiques.5207, lire en ligne, consulté le )
  8. « Benoît Caron se livre pour la troisième fois et retrouve la société des écrivains ardennais », sur www.lardennais.fr, (consulté le )
  9. Muriel Ott, « « Maugis d’Aigremont », chanson de geste, suivie de « La Mort de Maugis » », Perspectives médiévales, no 36,‎ (ISSN 0338-2338 et 2262-5534, DOI 10.4000/peme.8472, lire en ligne, consulté le )
  10. Benoît J. Caron, Froidmont (Le Cycle de Maugis - Tome I), Froidmont, , 110 p. (ISBN 979-8880094479)
  11. Benoît J. Caron, Les Enfants de l'Obsidienne, le Cycle de Maugis - Tome II, , 230 p. (ISBN 979-8880098514)
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