Onion Futures Act
L'Onion Futures Act (en français « Loi sur les contrats à terme d'oignons ») est une loi des États-Unis adoptée le 28 août 1958 et est encore en vigueur en août 2025[1] interdisant la négociation de contrats à terme sur les oignons ainsi que sur les recettes du box-office du cinéma.[1]
La loi est adoptée après qu'en 1955 deux traders en oignons de la Chicago Mercantile Exchange, Sam Siegel et Vincent Kosuga (en) aient opéré un corner du marché à terme de l'oignon. Elle est amendée en 2010 pour ajouter les contrats à terme sur les ventes de films à la liste des contrats à terme interdits.[2]
Histoire
Manipulation du marché
En 1955, Sam Siegel et Vincent Kosuga achètent une quantité suffisante d'oignons et de contrats à termes d'oignons pour contrôler 99,3% des oignons disponibles à Chicago.[3] Afin de répondre à leurs achats, des milliers de tonnes d'oignons sont expédiées à Chicago et fin 1955, 14.000 tonnes d'oignons sont stockées à Chicago.[4] Menaçant d'inonder le marché d'oignons, Siegel et Kosugua convainquent les producteurs d'oignons d'acheter leur stock,[4] promettant de conserver le reste de leur stock afin de maintenir les prix des oignons à leur niveau.[5]
Alors que les producteurs commencent à acheter des oignons, Siegel et Kosuga vendent à découvert un grand nombre de contrats à termes d'oignons, de manière à engendrer un large profit lors de la baisse orchestrée du cours de l'oignon.[4] Leurs stocks d'oignons commençant à pourrir, ils les reconditionnent avant de les expédier hors de Chicago pour les faire nettoyer et de les ré-expédier à Chicago, re-conditionnés une nouvelle fois. Ces nouvelles expéditions d'oignons font penser à de nombreux traders de contrats à termes qu'il y a à Chicago un excédent d'oignons, faisant encore baisser le cours de l'oignon. En mars 1956, le prix de 50 livres (23 kg) d'oignons descend jusqu'à 10 cents le sac,[4] alors qu'il se vendait en août 1955 à 2,75 dollars.[5] Au plus bas de leur prix, 50 livres d'oignons valent moins cher que le sac qui les contiennent. Des pénuries d'oignons surviennent dans d'autres parties des États-Unis, du fait du nombre d'oignons expédiés à Chicago.[6]
La vente à découvert en grande quantité de contrats à terme d'oignons de Siegel et Kosuga leur rapportent des millions de dollars, tandis que la baisse massive du cours de l'oignon conduit de nombreux producteurs à la faillite.[3] Se retrouvant avec de larges stocks sans valeur,[7] une grande partie d'entre eux sont obligés de payer pour se débarrasser de leurs oignons se vendant parfois pour un prix négatif.[8]
Mesures réglementaires
La chute rapide des cours de l'oignon attire l'attention de l'agence de régulation du Département de l'Agriculture des États-Unis, la Commodity Exchange Authority (en), qui lance une enquête.[5] En parallèle, les commissions de l'agriculture du Sénat des États-Unis et de la Chambre des représentants des États-Unis tiennent des audiences sur la question.
Au cours des audiences, la Commodity Exchange Authority estime que c'est la nature périssable des oignons qui les rend vulnérables aux fluctuations de prix. [6] En réaction, le républicain Gerald Ford, alors membre du Congrès du Michigan, propose un projet de loi sous le nom d' « Onion Futures Act » (en français « Loi sur les contrats à terme d'oignons ») interdisant les contrats à terme sur les oignons. Impopulaire auprès des négociants, le projet de loi fait l'objet d'un fort lobbying contre lui de la part du président du Chicago Mercantile Exchange, E. B. Harris, qui le décrit comme « mettre le feu à la grange pour trouver un rat » ("burning down the barn to find a suspected rat").[8] La loi est cependant adoptée et promulguée par le président républicain Dwight D. Eisenhower en août 1958.[8]
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Onion Futures Act » (voir la liste des auteurs).
- 7 U.S.C. § 13-1
- ↑ Finke, « CONGRESS BANS FILM FUTURES TRADING », Deadline, (consulté le )
- Lambert 2010, p. 42
- Greising et Morse 1991, p. 81
- Time Staff, « COMMODITIES: Odorous Onions », Time, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- Markham 2002, p. 324
- ↑ Greising et Morse 1991, p. 82
- Lambert 2010, p. 43
Bibliographie
- Emily Lambert, The Futures: The Rise of the Speculator and the Origins of the World's Biggest Markets, New York, Basic Books, , 240 (ISBN 978-0-465-01843-7, lire en ligne)
- Jerry Markham, From J.P. Morgan to the Institutional Investor (1900-1970), vol. 2, New York, M.E. Sharpe, coll. « A Financial History of the United States », , 480 p. (ISBN 978-0-7656-0730-0)
- David Greising et Laurie Morse, Brokers, Bagmen, and Moles: Fraud and Corruption in the Chicago Futures Markets, Hoboken, Wiley, , 337 (ISBN 978-0-471-53057-2, lire en ligne )
Liens externes
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