Omar Youssef Souleimane

Omar Youssef Souleimane
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Prix littéraire du Quai d’Orsay (d) ()

Omar Youssef Souleimane, né le à Al-Qutayfah près de Damas[1], dans le gouvernorat de Damas, est un journaliste, poète et écrivain syrien et français.

Biographie

Né en Syrie dans une famille sunnite traditionaliste, Omar Youssef Souleimane, dès cinq ans, est mis au contact du Coran et de poètes comme Al Mutanabbi et Al Maari dans le seul but qu'il se familiarise avec la langue classique, sa famille étant plus tournée vers les sciences (son père est dentiste), mais il prend goût à la poésie et découvre des auteurs plus modernes comme Khalil Gibran et Elia Abou Madi[2]. A neuf ans, il déniche dans les occasions de la librairie de sa ville natale un recueil de poèmes de Paul Éluard, traduit en arabe, dont il admire la modernité, qu'il lit et relit malgré la désapprobation de son père devant son attirance pour un "infidèle" [3]. De treize à seize ans, il accompagne sa famille en Arabie saoudite[4]. Inscrit dans une école coranique, vivant dans un entourage qui admire Oussama ben Laden, il fait de lui un héros et rêve d'aller combattre en Afghanistan[5]. La lecture de Taha Hussein lui fait découvrir les poètes anté-islamiques qui lui ouvrent les yeux et l'amènent à une relecture critique du Coran[6]. En 2003 la famille rentre en Syrie. Quand il déclare qu'un poème d'Éluard vaut davantage que les propos de Mahomet, son père le renie ; il quitte sa famille pour s'installer à Homs où il suit des cours de littérature arabe à l'université. Tout en poursuivant ses études, il travaille pour un journal local et publie en 2006 un recueil de poèmes, de facture très classique, Les Chansons des Saisons, puis Je ferme les yeux, couronné par le prix Souad al-Sabah, attribué par le Koweit [7]. En 2011, il prend part aux manifestations contre l'état d'urgence en vigueur depuis 1963[8].

La guerre civile ayant éclaté, O.Y Souleimane s'engage résolument dans la résistance, filme des scènes de répression sanglante qu'il fait parvenir à des chaînes de télévision internationales [9]. Traqué par les services secrets du régime, quand il apprend en 2012 que son père a été frappé et menacé, il quitte clandestinement la Syrie pour la Jordanie[10], d'où il rejoint la France qui lui accorde l'asile[11],[12]. Il arrive dans un pays dont il ignore tout de la langue et s'inscrit à des cours pour étrangers dans un collège de Bobigny , tout en publiant en arabe des articles et des recueils de poèmes[13]. En 2016, il est lauréat du prix Amélie-Murat pour le recueil La Mort ne séduit pas les ivrognes[14]. Il lit désormais dans leur langue de nombreux écrivains français parmi lesquels Camus et Éluard, mais aussi Christian Bobin, dont il admire le style poétique. « Je me suis réfugié dans la langue d'Éluard » écrira-t-il[15]. En , il devient temporairement directeur de programme au Collège international de philosophie[16]. L'attentat contre Charlie-Hebdo l'incite à relater en arabe l'expérience qu'il a vécue adolescent en Arabie saoudite dans Le Petit Terroriste. Une responsable des éditions Flammarion le convainc de réécrire en français le texte qui paraît en [17], récit autobiographique dans lequel il défend la liberté de critiquer la religion dans laquelle il a été élevé, l'islam[18]. C'est désormais en français qu'il publie des récits d'inspiration principalement autobiographique et un recueil de poèmes, Damas, je te salue (2024), dont il donne lui-même la traduction arabe. Il sillonne la France, se partageant entre l'écriture, le journalisme (chroniques au Point et dans L'Express sur le Proche-Orient et l'islamisme[19]) et des interventions dans des établissements scolaires où, s'appuyant sur son expérience, il éclaire des jeunes sur la tentation de l'islamisme radical[20]. En 2022, après plusieurs tentatives, il finit par obtenir la nationalité française. Sa seconde patrie n'atténue en rien son profond attachement à la Syrie, là où vit sa mère qu'il tente en vain de rencontrer en se rendant au Liban [21] :

   Dans mon œil
   Sommeille une blessure de l'enfance
   Dans ma voix
   Pleurent les oiseaux de l'Euphrate
   Dans mes nuits
   La lune a la couleur de l'Orient
   Qui a dit que j'étais seul quand j'ai traversé les frontières ?    (Damas, je te salue, 2ème partie: Dans la foule de l'exil, 2024)

Publications

Récit, roman

Adapté au théâtre par l'auteur, Montansier, Versailles, 2022

Poésie

  • Damas je te salue[31], Paris, édition Le Castor Astral, 2024
  • Loin de Damas, Paris, éditions Le Temps des cerises, 2016
  • L’Enfant oublié, Paris, éditions Signum, 2016
  • La Mort ne séduit pas les ivrognes, Paris, éditions L'oreille du loup, 2014
  • Il ne faut pas qu'ils meurent, Liban, éditions Al Ghaoune, 2013
  • Je ferme les yeux et j'y vais, 2010
  • Chansons des saisons, Syrie, 2006

Prix

  • Prix du Quoi D'Orsay, première édition, pour son roman L'Arabe qui sourit, Flammarion[32]
  • Prix Souad al-Sabah 2010 pour Je ferme les yeux et j'y vais[33]
  • Prix Amélie-Murat 2016 pour La Mort ne séduit pas les ivrognes[14]
  • Prix du poète résistant 2017 pour Loin de Damas[34]

Notes et références

  1. Omar Youssef Souleimane (trad. Salah Al Hamdani et Isabelle Lagny), Loin de Damas [« بعيداً عن دمشق »], Montreuil, le Temps des cerises, coll. « Vivre en poésie »,‎ , 206 p. (ISBN 978-2-37071-090-1, BNF 45148741), quatrième de couverture.
  2. O.Y.Souleimanne, "Etre français", p.42-43
  3. O.Y. Souleimanne, "Une chambre en exil", p.156-157
  4. O.Y. Souleimanne, Le Petit Terroriste"
  5. O.Y. Souleimanne,"Le Petit Terroriste", 3ème partie "un chemin dans le néant", p.105-143
  6. " O.Y. Souleimanne,"Le Petit Terroriste", 4ème partie "Le Salut", p.186-194
  7. Carte d'identité poétique, postface à Damas, je te salue,p.119
  8. « Samar Yazbek et Omar Youssef Souleimane », sur franceinter.fr, (consulté le ).
  9. "Etre Français" (p.118)
  10. O.Y. Souleimanne,"Le Petit Terroriste", 1ère partie " La rue de Paradis" , p.11-40
  11. « Omar Youssef Souleimane », France Culture, (consulté le ).
  12. "Être Français" (p.16-29)
  13. « Les grands débats. Comment écrire et éditer dans la tourmente de la guerre et l’exil ? », L'Humanité, (consulté le ).
  14. « Le prix Amélie-Murat décerné à Omar Youssef Souleimane », La Montagne, (consulté le ).
  15. "Etre Français" (p.37-46)
  16. « Omar Youssef Souleimane », Collège international de philosophie (consulté le ).
  17. "Etre Français" (p.49-51)
  18. Thomas Mahler et Clément Pétreault, « C'est grâce au Coran que je suis devenu athée » , Le Point, (consulté le ).
  19. O.Y.Souleimanne, "Être français", p.75
  20. O.Y.Souleimanne, "Etre français", p.98-104
  21. O.Y.Souleimanne, "Etre français", p.153-157
  22. Omar Youssef Souleimane, « L'Arabe qui sourit de Omar Youssef Souleimane - Editions Flammarion », sur editions.flammarion.com (consulté le )
  23. Omar Youssef Souleimane, « Être Français de Omar Youssef Souleimane », Editions Flammarion (consulté le )
  24. « Une chambre en exil de Omar Youssef Souleimane », Flammarion (consulté le ).
  25. Omar Youssef Souleimane, « Le Dernier Syrien », Editions Flammarion (consulté le )
  26. (it) « L’ultimo siriano - Omar Youssef Souleimane », sur Edizioni E/O (consulté le )
  27. (de) « Der letzte Syrer | Lenos Verlag », sur lenos.ch (consulté le )
  28. (en) « The Last Syrian » (consulté le )
  29. Omar Youssef Souleimane, « Le petit terroriste », Editions Flammarion (consulté le )
  30. (it) « Il piccolo terrorista | Astarte Edizioni », (consulté le )
  31. « Damas je te salue », Le Castor Astral (consulté le )
  32. « Culture : quand le Quai d'Orsay lance son prix littéraire », Les Echos,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  33. « Omar Youssef Souleimane (Syrie) », sur les-dominicains.com (consulté le ).
  34. « Omar Youssef Souleimane : “L’écriture, une solution qui sauve de la mort” », sur buzzles.org, (consulté le ).

Liens externes

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