Omar Sívori
| Omar Sívori | ||
| Sívori avec la Juventus en 1963 | ||
| Biographie | ||
|---|---|---|
| Nom | Enrique Omar Sívori | |
| Nationalité | Argentin Italien | |
| Naissance | San Nicolás (Argentine) |
|
| Décès | San Nicolás (Argentine) |
|
| Taille | 1,63 m (5′ 4″) | |
| Poste | Attaquant | |
| Parcours junior | ||
| Années | Club | |
| River Plate | ||
| Parcours senior1 | ||
| Années | Club | M.(B.) |
| 1954-1957 | River Plate | 63 (29) |
| 1957-1965 | Juventus FC | 253 (167) |
| 1965-1969 | SSC Naples | 76 (16) |
| Sélections en équipe nationale2 | ||
| Années | Équipe | M.(B.) |
| 1956-1957 | Argentine | 19 (9) |
| 1961-1962 | Italie | 9 (8) |
| Parcours entraîneur | ||
| Années | Équipe | Stats |
| 1969-1970 | Rosario Central | |
| 1972 | Estudiantes LP | |
| 1972-1973 | Argentine | |
| 1979 | Racing Club | |
| 1983 | Toronto Italia | |
| 1 Compétitions officielles nationales et internationales senior, incluant le parcours amateur et en équipe réserve et pas les matchs amicaux. 2 Matchs officiels. |
||
Enrique Omar Sívori, né le à San Nicolás de los Aroyos près de Buenos Aires en Argentine et mort le dans la même ville, est un footballeur international argentin puis italien (oriundo) qui joue au poste d'avant-centre du milieu des années 1950 à la fin des années 1960, avant de se reconvertir comme entraîneur.
Cet attaquant est particulièrement connu pour sa carrière à la Juventus, entre 1957 et 1965, au cours de laquelle il remporte le ballon d'or. L'attaquant remporte trois titres en Serie A et devient alors le meilleur buteur étranger de l'histoire du club.
Sívori a pour particularité d'avoir joué pour deux équipes nationales. Avec l'équipe d'Argentine, il remporte la Copa América en 1957, avant de venir jouer en Europe et ne plus être sélectionné. Naturalisé italien en 1961, il est sélectionné en équipe d'Italie pour la Coupe du monde 1962.
Carrière en club
Débuts à River Plate
D'origine italienne, la famille d'Omar Sívori vient de Lavagna en Ligurie, tout comme le pape argentin François, un lointain cousin[1]. Omar naît à San Nicolás de los Arroyos[2], près de Buenos Aires.
Sívori signe à River Plate, un des plus grands clubs du pays, alors qu'il est encore adolescent[3]. Il y croise les attaquants Ángel Labruna et Félix Loustau, membres de la célèbre équipe de « la maquina ».
Avec les millonarios, il remporte le championnat d'Argentine en 1955, année qui voit River l'emporter sur le terrain de leurs grands rivaux de Boca Juniors[2] (2-1), puis le championnat 1956[4]. Il se révèle véritablement aux yeux du grand public sous les commandes de l'entraîneur italo-argentin de River Renato Cesarini.
Sacres à la Juventus
Membre du Trio Magico et Ballon d'or
Le club piémontais de la Juventus recrute Sívori en 1957 au club argentin du River Plate pour la somme de 160 mille lires[5] (équivalent d'une indemnité de dix millions de pesos), un montant record à l'époque. Cette somme permet au club argentin d'agrandir le stade El Monumental. À Umberto Agnelli, président de Fiat et de la Juventus Turin, qui l'accueille à Turin en lui disant : « Je vous attendais depuis deux ans », il répond : « Moi, je rêvais de jouer à la Juve depuis cinq ans »[6]. Suite à son départ, le club de Buenos Aires attend dix-huit ans pour remporter de nouveau le championnat[7].
L'Argentin arrive alors que le club turinois ne réussit plus à s'imposer à la tête du football italien depuis le début des années 1950, au profit des deux clubs milanais, plus particulièrement de l'AC Milan et le trio suédois d'attaque du « Gre-No-Li ».
À l'occasion de sa présentation devant les supporteurs de la Juve, avant son premier match, Sivori effectue quatre tours du stade en jonglant avec le ballon sans jamais le faire tomber[6]. Il joue son premier match sous les couleurs de la Vieille Dame le lors d'un succès 3-2 sur l'Hellas Vérone en championnat et inscrit le deuxième but turinois. Sívori s'impose dès ses débuts au club et lui redonne ses lettres de noblesse. Aux côtés du gallois John Charles arrivé en même temps que lui et de l'expérimenté Giampiero Boniperti, Sívori forme vite un redoutable trio surnommé le « Trio magique[8] » (ou Trio Boniperti-Charles-Sivori) qui enchaîne les buts et domine en championnat et en coupe d'Italie. Ce Trio Magico permet à la Juve de remporter son dixième scudetto (synonyme d'une étoile sur le maillot)[2] dès la saison 1957-1958, six ans après le dernier succès du club. Pour sa première saison, Sivori inscrit 22 buts en 32 matchs[9].
Le , il devient le premier buteur bianconero de l'histoire de la Coupe des champions de l'UEFA et d'une compétition européenne depuis la création de l'UEFA. Il marque dès la 2e minute en 16e-de-finale de la C1 1958-59 contre les Autrichiens du Wiener Sport-Club (victoire 3-1)[10].
La Juventus s'impose comme le meilleur club italien du moment, remportant deux Coupes d'Italie (en 1959 et 1960) et deux nouveaux championnats (en 1960 et 1961). Durant cette période, il retrouve au club son ancien entraîneur en Argentine Renato Cesarini.
Le , Omar Sívori devient le premier italien et premier joueur de Serie A, et donc de la Juve, à être élu Ballon d'or[2][11], récompense alors réservée au meilleur joueur d'Europe.
Dernières années à Turin
Lors de la Coupe des champions 1961-62, Sívori marque le seul but de la première défaite européenne de l'histoire du Real Madrid à domicile, en quart de finale retour (0-1)[12],[13]. Les Italiens sont éliminés en match d'appui (1-3)[13] malgré un nouveau but de Sivori[12].
En janvier 1963, Sívori figure sur la première page de couverture du mensuel Hurrà Juventus (vendu 100 lires et entièrement destiné au club), qui fait sa réapparition après plus de 30 ans d'absence.
Sívori quitte le club à la fin de la saison 1964-65, départ provoqué par des dissensions et des problèmes avec l'entraîneur paraguayen Heriberto Herrera[6],[14] et son système de jeu dit du movimiento[15], très différent de ce que connaît Sívori auparavant. Suite à un choc avec le jeune gardien Dino Zoff lui brisant deux côtes, Sivori lui déclare plus tard : « Pour le choc, je te pardonne sans problème. En revanche, je n'oublierai jamais que j'ai du sortir du terrain dans les bras d'Herrera à cause de toi »[6].
À son départ en 1965, l'attaquant argentin est le meilleur buteur étranger de l'histoire du club[16]. En novembre 2009, il est rejoint par David Trezeguet en tant que quatrième meilleur buteur de l'histoire de la Vieille Dame[16].
Fin de carrière à Naples
Sívori signe au SSC Napoli, de retour en Serie A. Le club napolitain, qui peut compter sur des jeunes comme Dino Zoff et José Altafini, termine sa première saison à une inattendue troisième place du championnat, égalant la meilleure performance de son histoire, et remporte la coupe des Alpes.Sivori forme un duo d'attaque avec Altafini[14], mais est handicapé par des blessures au genou[17].
Quatrième l'année suivante, Napoli termine à la seconde place en 1968 derrière le Milan AC. Une blessure ne lui permet que de jouer dix rencontres lors de ses deux dernières saisons là-bas[14]. Sívori joue le dernier match de sa carrière face à la Juventus, au cours duquel il est expulsé pour une brutalité sur Erminio Favalli qui lui vaut six matchs de suspension.
Il quitte ensuite le pays d'origine de sa famille, l'Italie, pour retourner sur ses terres natales, l'Argentine.
Joueur international pour deux nations
Argentine
Sélectionné en équipe d'Argentine à partir de 1956, Sívori forme avec Humberto Maschio, Antonio Angelillo et Oreste Corbatta une ligne d'attaque redoutable surnommée en espagnol Los Ángeles de la Cara Sucia[18] (« Les anges avec les visages sales »). Elle permet à l'Albiceste de remporter la Copa América 1957 organisée par le Pérou[6], en écrasant notamment la Colombie 8-2 et les rivaux brésiliens 3-0.
À l'été 1957, Sívori décide de partir jouer en Italie, à la suite de quoi il est exclu de l'équipe argentine à 21 ans et après 19 sélections[19]. Le même été, deux compères de Sívori en équipe nationale, Angelillo et Maschio, sont respectivement recrutés par l'Inter Milan et le Bologne FC.
Italie
D'origine italienne (oriundo), Sívori est naturalisé italien en 1961 et dès lors sélectionné en équipe d'Italie quelques mois avant la Coupe du monde 1962 organisée au Chili, pour laquelle il est sélectionné[19].
Après un premier match nul face à l'Allemagne, il ne dispute pas le match perdu face au pays organisateur (0-2)[20]. La victoire face à la Suisse au troisième match n'empêche pas l'élimination des Italiens au premier tour. C'est son dernier match avec les azzurri, pour lesquels il marque huit buts en neuf sélections[21].
Reconversion comme entraîneur et fin de vie
À la suite de sa retraite sportive en 1969, Sivori devient entraîneur en Argentine, notamment de Rosario Central, Club Atlético River Plate, Estudiantes de La Plata, le Racing Club, Vélez Sarsfield.
De 1972 à 1973, il est sélectionneur de l'équipe nationale argentine en lien avec Miguel Ignomiriello[22],[23], lors des éliminatoires de la Coupe du monde de 1974.
Il devient par la suite recruteur pour la Juventus en Amérique du Sud, puis en 1993-1994 chroniqueur pour le quotidien de Buenos Aires Clarín.
Omar Sivori meurt dans sa propriété de San Nicolas, sa ville natale, à 69 ans des suites d'une tumeur au pancréas[6] le [24]. Il laisse alors derrière lui sa femme Maria Elena Casas et ses deux enfants : Néstor et Miriam. Humberto, leur troisième enfant, meurt à l'âge de 15 ans en juin 1978 d'une tumeur.
Style de jeu
Reconnu pour la qualité de son pied gauche, Omar Sivori est un attaquant italo-argentin provocateur et au tempérament affirmé[19]. Joueur aux dribbles redoutables, Sívori est décrit comme « fantasque et lunatique[25] » compensant sa petite taille par sa vivacité[2]. Sivori pousse son talent au point de vouloir ridiculiser les défenseurs, le laissant revenir à sa hauteur pour lui infliger un petit pont avant de reprendre son chemin vers le but[6]. Il termine souvent les matches avec les jambes pleines de coups[6]. En parallèle, il totalise 33 jours de suspension pendant son séjour en Italie (à la Juventus de 1957 à 65 puis à Naples de 1965 à 69)[6].
Il est surnommé « El Cabezón »[26], la « grosse tête » en espagnol, dû à sa petite taille (1,63 m, faisant paraître sa tête plus grosse qu'à la normale), à sa haute estime de lui-même et de son talent[19]. Les chaussettes toujours baissées[6], il est considéré comme l'un des plus grands talents de l'histoire[19]. Son talent balle au pied lui vaut d'être comparé rétroactivement à son compatriote Diego Maradona[6].
Statistiques
En club
L'attaquant argentin totalise 167 buts inscrits en 253 matches pour la Juventus[27] qui font alors de lui le meilleur buteur étranger de l'histoire du club[16]. Il est aussi le quatrième meilleur buteur de l'histoire de la Vieille Dame jusqu'en novembre 2009, dépassé par David Trezeguet[16]. Trentième meilleur buteur de l'histoire de Serie A (en juin 2025), Sivori totalise 147 buts en 278 matchs[28].
En équipe nationale
Dans un premier temps, Omar Sivori dispute 19 matchs internationaux avec l'équipe d'Argentine et inscrit neuf buts en un an et deux mois (janvier 1956 à avril 1957)[21]. Quatre ans plus tard, naturalisé italien, il est retenu en sélection italienne et huit réalisations, dont un quadruplé, en neuf sélections[21].
Entraîneur
À la tête de l'équipe d'Argentine en 1972-1973, Sivori encadre treize rencontres pour huit victoires, deux nuls et trois défaites (61,54 % de succès)[22].
Palmarès
Titres et trophées collectifs
Avec l'équipe d'Argentine, Sivori remporte le Championnat d'Amérique du sud 1957 à Lima[6].
L'attaquant argentin remporte trois titres de champion de Serie A[16] ainsi que trois Coupes d'Italie en huit saisons avec la Juventus[6],[14],[17].
| Compétitions continentales | Championnat nationaux | Coupes nationales |
|---|---|---|
|
|
|
Distinctions individuelles
En 1961, Omar Sívori devient le premier italien et premier joueur de Serie A, et donc de la Juve, à être élu Ballon d'or[11]. Il termine auparavant 9e en 1960[29]. Son talent est à nouveau récompensé avec une 11e place au ballon d'or 1962[30], une 13e place en 1963[31] puis une 19e place en 1964[32].
En 2004, Sivori fait partie du FIFA 100, liste de footballeurs ayant marqué leur génération, publiée en 2004 pour les 100 ans de la FIFA et signée par Pelé.
Au niveau national, l'Argentin obtient titre de meilleur buteur de Serie A en 1960 avec 27 buts[6].
Filmographie
- 1965 : Idoli controluce d'Enzo Battaglia : lui-même
- 1970 : Il presidente del Borgorosso Football Club de Luigi Filippo D'Amico : lui-même
Annexes
Bibliographie
- (it) Bruno Bernardi et Massimo Novelli, Tre re per la Signora : Boniperti, Charles, Sivori. L'Italia del boom e la Juve delle stelle, Turin, Graphot, , 1re éd., 223 p. (ISBN 978-88-86906-42-5)
- (it) Claudio Gregori, Omar Sivori—La leggenda del Cabezón [« Omar Sivori—La légende du Cabezón »], Milan, Italie, RCS Quotidiani, coll. « I libri della Gazzetta dello Sport », (lire en ligne)
- (it) Omar Sivori, Cara Juventus, Limina, , 144 p. (ISBN 978-88-6041-002-3)
Liens externes
- Ressources relatives au sport :
- Ressource relative à l'audiovisuel :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
Articles connexes
Notes et références
- ↑ FRANÇOIS, UN PAPE PRESQUE ITALIEN — ACTU-MATCH | SAMEDI 16 MARS 2013
- Ugo Bocchi, « Ils ont marqué le foot italien (40 à 31) » , sur SOFOOT.com, (consulté le )
- ↑ (es) RedArgentina.com
- ↑ (en) Final Tables Argentina 1951-1960, RSSSF.com
- ↑ (en) « Juve legend Sivori dies », sur UEFA.com, (consulté le )
- « Omar Sivori, le Maradona des années 60 », sur fifa.com, (archivé sur Internet Archive).
- ↑ (en) « Argentina mourns lost son Sivori », BBC.co.uk,
- ↑ (it) « Nasce il trio Boniperti-Charles-Sivori », Gazzetta dello Sport, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ (en) Roberto Di Maggio, « Italy - Players with 15 or more goals in first Serie A season » , sur www.rsssf.org, (consulté le )
- ↑ (it) Coppa dei Campioni 1958/59: Sedicesimi di Finale Andata — Myjuve.it
- Victor Sinet, « 1961 – Omar Sivori – Le symbole d'une rivalité profonde »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), France Football, (consulté le )
- « Juventus - Real Madrid, toute une histoire » , sur uefa.com, (consulté le )
- « 1961/62 : Eusébio envoie Benfica aux anges » , sur uefa.com, (consulté le )
- Eric Maggiori, « Top 10 : Argentins du Napoli » , sur SOFOOT.com, (consulté le )
- ↑ (it) Addio Heriberto, profeta del " movimiento " - archiviostorico.corriere.it 1996
- Roberta Radaelli, « Trezeguet heureux de rejoindre Sivori » , sur uefa.com, (consulté le )
- Fabio Balaudo, « Juve-Napoli : les grands Argentins » , sur uefa.com, (consulté le )
- ↑ (en) « Omar Sívori: the Maradona of the Sixties »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur fifa.com, (consulté le )
- Roberto Notarianni, « Sur les traces d'Omar Sivori, un ange aux allures de diable » , sur L'Équipe, (consulté le )
- ↑ Chile - Italy, 1962 FIFA World Cup Chile, fifa.com
- (en) Roberto Mamrud, « [https://www.rsssf.org/miscellaneous/sivori-intlg.html Enrique Omar S�vori - International Appearances] » , sur www.rsssf.org, (consulté le )
- (en) Maxim Olenev, « ARGENTINIAN NATIONAL TEAM COACHES » , sur www.rsssf.org, (consulté le )
- ↑ Miguel Ignomiriello encadre seul deux matchs en mai 1973 puis le binôme Sivori-Ignomiriello gère un match en septembre suivant.
- ↑ https://www.dhnet.be/sports/omnisports/ils-nous-ont-quittes-en-cette-annee-2005-51b7c4bde4b0de6db98cee77
- ↑ guide Football 63, Jean Cornu
- ↑ (it) I SOPRANNOMI DEI GIOCATORI — Juworld.net
- ↑ (it) Omar Enrique Sivori sur MyJuve.it
- ↑ (en) Maurizio Mariani et Roberto Di Maggio, « Italy - All-Time Most Matches Played in Serie A » , sur www.rsssf.org, (consulté le )
- ↑ (en) Ballon d'or 1960 — rsssf.com.
- ↑ (en) José Luis Pierrend, « European Footballer of the Year ("Ballon d'Or") 1962 » , sur www.rsssf.org, (consulté le )
- ↑ (en) Ballon d'or 1963 — rsssf.com.
- ↑ (en) Ballon d'or 1964 — rsssf.com.
- Portail du football
- Portail de l’Argentine
- Portail de l’Italie