Nicolas Grollier de Servière

Nicolas Grollier de Servière
Nicolas Grollier de Servière par Gaspard Grollier de Servière dans Recueil d'ouvrages curieux de mathématique et de mécanique, ou description du cabinet de Monsieur Grollier de Servière en 1719.
Biographie
Naissance
Décès
Activité
Parentèle
Antoine Grollier, seigneur de Belair (d) (arrière-grand-père paternel)
Autres informations
Personne liée

Nicolas Grollier de Servières, né en à Lyon en France et mort en au même lieu, est un ingénieur français et inventeur de « machines fantastiques ».

Le contenu de son cabinet de curiosités fut publié en 1719 par son petit-fils, Gaspard II Grollier de Servières.

Biographie

Nicolas Grollier de Servières, cousin de Jean Grolier de Servières, trésorier de France, ambassadeur de François 1er à la Cour de Rome[1] et célèbre bibliophile, est né à Lyon, le quatrième fils d'Antoine Grollier de Servières[2] (1545-1606), secrétaire du roi, receveur général des finances du Dauphiné et célèbre pour sa fidélité à Henri IV[3] et de Marie Camus.

Lieutenant-colonel du Régiment d'Aiguebonne, il a suivi une carrière militaire qui l'a emmené en Flandre, en Allemagne, en Italie et à Constantinople. En tant qu'ingénieur, il s'est spécialisé pendant quarante ans de guerres et de sièges[4] dans le déploiement d'engins de sièges ou de ponts mobiles. Après s'être retiré chez lui à Lyon, il a construit une série de modèles fantastiques en tournant du bois et de l'ivoire comme une version améliorée de la Roue à livres d'Agostino Ramelli.

Dans un cabinet de curiosités, qu'il a ouvert au public une fois par semaine et qui est devenu assez célèbre pour attirer des politiciens, des savants, des artisans et d'autres inventeurs, il présentait des modèles de pompes à eau et des vis d'Archimède, des engins de siège, des dessins de ponts flottants et des horloges réglementées par des boules parcourant des plans inclinés ou le long de pistes en spirale, des machines pour tracer le paysage et convertir les images du plan en perspective, des odomètres avec les engrenages réducteurs, des fauteuils roulants.

En 1673, Jacob Spon, dans sa Recherche des antiquités et curiosités de la ville de Lyon en fit cette description : « Quand je ne dirois mot du Cabinet de Mr de Servieres, la renommée le fait assés apprendre aux Etrangers : & l'empressement qu'ils témoignent tous à le voir, est une preuve de l'estime qu'ils en font. On y void plusieurs sortes de montres surprenantes, des Ouvrages de Tour tres-delicats, & des Machines de guerre fort singuliéres ; enfin presque tout ce que peut faire la Mathematique Mécanique »[5].

Louis-Henry de Rouvière a également décrit le cabinet dans son Voyage du tour de la France en 1713 : « Le Cabinet de M. de Servieres demanderoit un Volume entier, afin de pouvoir faire un léger détail de tous les ouvrages surprenants de Mécanique qu’on n’y sçauroit voir, sans une espèce d’enchantement. On s'imagine être dans un autre monde, & dans le pays des Fées. Dans un siècle moins éclairé, on attribueroit au Démon & à la Magie toutes les merveilles de l’art qui composent ce ravissant Cabinet. Il faut que j’en demeure-là ; car enfin il n’y a point de machine qu’on n’estropiât, si on entendait la description, avec un génie moindre que celui de M. de Servieres, qui a exécuté toutes ces belles choses. »[6]..

En 1730 le père Dominique de Colonia relate : « [...] il y dressa un rare cabinet de Mathématiques & de Mécanique, qui attira bientôt l’attention de tous les curieux de l’Europe, & que le Roi Loüis XIV honora de sa visite deux jours de suite. »[7].

Après sa mort en 1689, son fils Gaspard (1646-1716) et son petit-fils Gaspard II (1676-1745), neveu du précédent, ont continué à montrer le contenu du cabinet[8] et ont publié un livre cataloguant les curiosités: Recueil d'Ouvrages Curieux de Mathématique et de Mécanique, ou Description du Cabinet de Monsieur Grollier de Servière[9]. Gaspard II a également suivi une carrière militaire et était membre de l'Académie de Lyon[10].

Lorsque Pierre le Grand vient à Paris en 1717, il tint à rencontrer le père Sébastien Truchet, inventeur français dans le domaine des mathématiques, de l'hydraulique, du graphisme et de la typographie qui fut formé dans le cabinet de Nicolas Grollier de Servières. Un exemplaire du Recueil d'Ouvrages Curieux de Mathématique et de Mécanique figure dans les collections de Pierre le Grand.

Le botaniste et voyageur-naturaliste français Charles Plumier, qui visita le cabinet après la mort de Nicolas Grollier de Servieres, a écrit le premier livre sur le tournage sur bois en 1749[11].

Un modèle de mât de battage que Nicolas Grollier de Servières avait construit a été offert en 1754 à Stephen Demainbray (en), scientifique et astronome anglais dont le père a quitté la France à la suite de la révocation de l'édit de Nantes, et est maintenant conservé dans la collection George III au Science Museum de Londres.

Galerie

Toutes les pages présentées sont issues du Recueil d'ouvrages curieux de mathématique et de mécanique, ou description du cabinet de Monsieur Grollier de Servière.

Cadran ovale

Il ne figure cependant pas de gravure du cadran ovale de Grollier de Servières dans le Recueil comme il en est précisé page 16[13],[14] :

« L'horloge quatorzième, dont il est inutile de donner la planche, a son cadran en ovale au lieu de l’avoir parfaitement rond comme les autres, et son aiguille s’allonge et se raccourcit et suit toujours exactement les différents diamètres de l’ovale en marquant les heures. Il y a au-dessous de ce cadran et dans le milieu de son piédestal une niche de laquelle on voit sortir en saillie des figures qui marquent les différents jours de la semaine. Les figures sortent successivement les unes après les autres de l’intérieur du piédestal et leur changement se fait régulièrement tous les jours à minuit au moyen des ressorts de l’horloge. »

Bibliographie

  • Gaspard Grollier de Servière, Recueil d'ouvrages curieux de mathématique et de mécanique, ou Description du cabinet de M. Grollier de Servière : avec des figures en taille-douce, par M. Grollier de Servière, Lyon, David Forey, (lire en ligne).
  • (en) Anthony Turner, « Grollier de Servière, the brothers Monconys : Curiosity and collecting in seventeenth-century Lyon », Journal of the History of Collections (Oxford University Press), vol. 20, no 2,‎ , p. 205-215 (ISSN 0954-6650, e-ISSN 1477-8564, présentation en ligne)

Notes et références

  1. généalogie de la famille Grolier puis GrollierClaude Bréghot du Lut et Antoine Péricaud, Biographie lyonnaise : catalogue des lyonnais dignes de mémoire, Lyon, Société Littéraire de Lyon, (lire en ligne).
  2. Roger Le Roux de Lincy, baron Portalis, 1907. Researches Concerning Jean Grolier: His Life and His Library pp25ff.
  3. généalogie de la famille Grolier puis Grollier : Henri de Jouvencel, L'assemblée de la noblesse de la sénéchaussée de Lyon en 1789 : avec étude historique et généalogique, Lyon, L. Brun, (lire en ligne).
  4. Louis Moréri, Supplément au grand dictionnaire historique généalogique, géographique, &c. de M. Louis Moréri, : pour servir à la dernière édition de l'an 1732. & aux précédentes, t. M-Z, Volume 2, Paris, Eugène Fasquelle, (lire en ligne).
  5. Jacob Spon, Recherche des antiquités et curiosités de la ville de Lyon, ancienne colonie des romains et capitale de la Gaule Celtique : Avec un mémoire des principaux antiquaires & curieux de l'Europe, Lyon, Jaques Faeton, (réimpr. 1675), 234 p., in-8° (BNF 31395291, lire en ligne), page 205.
  6. Louis-Henry de Rouvière, Voyage du tour de France : par feu M. Henry de Rouvière, Conseiller du Roy en l'Hôtel de Ville de Paris, & Apothicaire ordinaire de sa Majesté, Paris, Estienne Ganeau, (lire en ligne).
  7. Dominique de Colonia, Histoire littéraire de la ville de Lyon : avec une bibliothèque des auteurs lyonnais, sacrés et profanes, distribués par siècles par le P. de Colonia de la Compagnie de Jésus - seconde et dernière partie, Lyon, François Rigollet, (lire en ligne).
  8. En 1749, dans l'Almanach astronomique et historique de la ville de Lyon précise qu'« il y a dans son Hôtel, Place de Louis le Grand, une personne préposée pour le faire voir aux Etrangers et aux Curieux, et un recueil imprimé qui en donne une parfaite connoissance » : Almanach astronomique et historique de la ville de Lyon : revu et augmenté pour l'année 1749, Lyon, Aimé de La Roche, , 239 p. (lire en ligne), page 159.
  9. Gaspard Grollier de Servières, Recueil d'ouvrages curieux de mathématique et de mécanique, ou Description du cabinet de M. Grollier de Servière : avec des figures en taille-douce, par M. Grollier de Servière, Lyon, D. Forey, (lire en ligne).
  10. généalogie de la famille Grolier puis Grollier : Henri de Jouvencel, L'assemblée de la noblesse de la sénéchaussée de Lyon en 1789 : avec étude historique et généalogique, Lyon, L. Brun, (lire en ligne).
  11. R.P. Charles Plumier, L'Art de tourner ou de faire en perfection toutes sortes d'ouvrages au tour... ouvrage très curieux et très nécessaires à ceux qui s'exercent au tour : composé en français et en latin en faveur des étrangers, Paris, Charles-Antoine Jombert, (lire en ligne).
  12. Mitrailleuse du temps de Louis XIII, d'après un dessin de Nicolas Grollier de Servière publié dans « Les Anciennes Mitrailleuses », Guignol Illustré, Lyon, no 31,‎ 12 au 19 mars 1871, p. 4 (lire en ligne [sur Numelyo]).
  13. Une thèse de Doctorat d’histoire de l’Université de Lyon au titre de l’école doctorale de la Faculté d’Histoire de Lyon mentionne ce cadran ovale : Charles-Henri Eyraud, Horloges astronomiques au tournant du XVIIIe siècle : de l’à-peu-près à la précision, Lyon, Université Lumière-Lyon-II, (lire en ligne).
  14. la page 16 de : Gaspard Grollier de Servières, Recueil d'ouvrages curieux de mathématique et de mécanique, ou Description du cabinet de M. Grollier de Servière : avec des figures en taille-douce, par M. Grollier de Servière, Lyon, D. Forey, (lire en ligne).

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