Nancy Fraser

Nancy Fraser
Nancy Fraser en 2008.
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Philosophie contemporaine
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Karl Marx, Michel Foucault
Distinction

Nancy Fraser, née le à Baltimore, est une philosophe féministe, socialiste et post-structuraliste, qui, depuis 1995, enseigne la science politique et la philosophie à la New School de New York.

Biographie

Nancy Fraser est née à Baltimore dans le Maryland, d'un père juif d'Europe de l'Est et d'une mère catholique irlandaise. Elle étudie la philosophie à l'université entre 1965 et 1969 et milite à partir de 1968 dans un milieu trotskiste[1].

Après une maîtrise et une thèse en philosophie à l'université de la ville de New York, elle est d'abord professeure assistante à l'université de Géorgie, puis à l'université Stanford et à l'université Northwestern. Elle devient en 1995 professeur de philosophie et de sciences politiques à la New School de New York. Par ailleurs, depuis 1994, elle est régulièrement professeure invitée dans plusieurs universités européennes en France, aux Pays-Bas et en Allemagne. En 2008 et 2009, elle est la lauréate de la chaire Blaise Pascal à l'École des hautes études en sciences sociales à Paris[1]. En 2011, elle est nommée à la chaire Rethinking Social Justice in a Globalizing World de la Fondation Maison des sciences de l'homme.

Travaux

Nancy Fraser développe à travers ses nombreux écrits une réflexion philosophique et politique sur les enjeux majeurs de nos sociétés contemporaines : espaces publics, fondements de la justice sociale, reconnaissance, évolution du mouvement féministe dans le contexte de la globalisation[1], crises et contradictions du capitalisme, care.

À la fois militante (Nancy Fraser se revendique féministe) et intellectuelle, elle indique vouloir « participer (par son travail) à des mouvements qui contribuent à changer et imaginer une nouvelle société »

Un paradigme important de Nancy Fraser est que la justice est un concept complexe, qui doit être compris comme le point de départ de trois dimensions séparées bien qu'entremêlées :

  • la question de la distribution et de la redistribution des richesses, et plus largement de la réorganisation de l’économie et de la production
  • celle de la reconnaissance d'un statut égal pour tous
  • celle de la représentation (dans le langage, le symbolique, et surtout la politique).

Pour elle, la justice sociale coïncide avec la parité de participation, c'est-à-dire avec la possibilité offerte à chacun de participer en tant que pair aux interactions dans toutes les sphères sociales[2], possibilité résultant d'une juste redistribution, d'une juste reconnaissance, et d'une juste représentation.

Elle inscrit ses travaux dans la « Théorie critique » (« Critical theory ») au sens large, c’est-à-dire un ensemble de théories dénonçant l'ordre existant, telles que celle de l'École de Francfort, les études de genre, la théorie queer et le post-structuralisme français.

Néanmoins, Fraser est loin de demander une fusion vague d'écoles différentes ; elle milite plutôt pour un « néo-pragmatisme », dans lequel chaque école de pensée sépare rigoureusement les éléments utiles de ceux qui lui sont moins utiles.

En plus des nombreuses publications qu'elle a rédigés et des cours qu'elle a assurés, Nancy Fraser a également été l'éditrice de Constellations, une revue internationale de théorie critique et progressiste.

Distinctions

2015 : docteur honoris causa de l'université de Liège[3]

Publications

  • Unruly practices: power, discourse, and gender in contemporary social theory, Minneapolis, University of Minnesota Press, (ISBN 9780816617784, lire en ligne )
  • avec Sandra Bartky : Revaluing French Feminism : Critical Essays on Difference, Agency, and Culture, 1992.
  • (en) « Rethinking the Public Sphere: A Contribution to a Critique of Actually Existing Democracy », dans Craig Calhoun (dir.), Habermas and the Public Sphere, Cambridge (Mass.), MIT press, coll. « : Studies in contemporary German social thought » (ISBN 0-262-03183-3), p. 109-142.
  • avec Seyla Benhabib, Judith Butler et Drucilla Cornell : Feminist Contentions : A Philosophical Exchange, 1994.
  • Justice Interruptus : Critical Reflections on the « Postsocialist » Condition, 1997.
  • (en) « Rethinking Recognition », New Left Review, no 3,‎ (lire en ligne).
  • The Radical Imagination : Between Redistribution and Recognition, 2003.
  • avec Axel Honneth : Redistribution or Recognition ? A Political-Philosophical Exchange, 2003.
  • (en) « Transnationalizing the Public Sphere. On the Legitimacy and Efficacy of Public Opinion in a Post-Westphalian World », Theory, Culture & Society, vol. 24, no 4,‎ , p. 7–30 (lire en ligne ).
  • Scales of Justice: Reimagining Political Space in a Globalizing World, 2009.
  • Qu'est-ce que la justice sociale ? : Reconnaissance et redistribution, traduction d'Estelle Ferrarese, La Découverte, 2005 ; réédition, 2011.
  • (en) « Feminism, Capitalism and the Cunning of History », New Left Review, no 56,‎  ; publication en français : « Féminisme, capitalisme et ruses de l'histoire », Cahiers du Genre, vol. 1, no 50,‎ , p. 165-192 (lire en ligne ).
  • Le féminisme en mouvements, traduction d'Estelle Ferrarese, La Découverte, 2012[4].
  • Domination et émancipation. Pour un renouveau de la critique sociale, dialogue avec Luc Boltanski, présenté par Philippe Corcuff, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, collection "Grands débats : Mode d'emploi", 2014.
  • Collectif, préface de Heinrich Geiselberger (trad. de l'allemand par Frédéric Joly (anglais et allemand) et Jean-Marie Saint-Lu (espagnol)), L'Âge de la régression, Paris, Éditions Premier parallèle, , 328 p. (ISBN 979-10-94841-48-8).
  • « De Clinton à Trump, et au-delà », Esprit,‎ (lire en ligne )
  • avec Cinzia Arruzza et Tithi Bhattacharya : Féminisme pour les 99 %. Un manifeste, traduction Valentine Dervaux, Paris, La Découverte, .
  • « Crise du care ? Paradoxes socio-reproductifs du capitalisme contemporain », dans Tithi Bhattacharya (dir.), Avant 8 heures, après 17 heures. Capitalisme et reproduction sociale [« Social reproduction theory : remapping class, recentering oppression »], Toulouse, Blast, .
  • Le capitalisme est un cannibalisme [« Cannibal Capitalism »] (trad. Laure Mistral), Agone, , 288 p. (ISBN 9782748905724)
  • Collectif, Nouveau peuple, nouvelle gauche, Amsterdam Eds, , 320, précédé d'un entretien avec Nancy Fraser et Jean-Luc Mélenchon (ISBN 2354803222).

Références

  1. Laura Lee Downs et Jacqueline Laufer, « Nancy Fraser, une philosophe rebelle », Travail, Genre et Sociétés, vol. 27,‎ (lire en ligne).
  2. Estelle Ferrarese, « Nancy Fraser ou la théorie du « prendre part » », La Vie des idées,‎ (ISSN 2105-3030, lire en ligne ).
  3. « Docteurs honoris causa sur proposition des autorités de l'ULiège », sur www.uliege.be (consulté le )
  4. Clémence Fourton, « Nancy Fraser, Le féminisme en mouvements (compte-rendu) », Variations, no 18,‎ (lire en ligne ).

Bibliographie

  • « Pour une imagination radicale. Un entretien de Nancy Fraser avec Estelle Ferrarese », Variations, no 18,‎ (lire en ligne).
  • Paul-André Lapointe, « La théorie critique de Nancy Fraser », Les Cahiers du CRISES,‎ (lire en ligne [PDF]).
  • (en) Terry Lovell (dir.), (Mis)recognition, social inequality and social justice : Nancy Fraser and Pierre Bourdieu, Londres, Routledge, coll. « Critical realism », , XII-209 p. (ISBN 978-0-415-40466-2).
  • Pierre Ansay, « Nancy Fraser : luttes culturelles et luttes de redistribution », Politique. Revue de débats, no 55,‎ (lire en ligne ).

Liens externes

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