Myrmarachne formicaria
Saltique fourmi
| Règne | Animalia | 
|---|---|
| Embranchement | Arthropoda | 
| Sous-embr. | Chelicerata | 
| Classe | Arachnida | 
| Ordre | Araneae | 
| Sous-ordre | Araneomorphae | 
| Famille | Salticidae | 
| Genre | Myrmarachne | 
- Aranea joblotii Scopoli, 1763
 - Aranea formicaria De Geer, 1778
 - Attus formicoides Walckenaer, 1826
 - Pyrophorus semirufus C. L. Koch, 1837
 - Pyrophorus helveticus C. L. Koch, 1846
 - Pyrophorus siciliensis C. L. Koch, 1846
 - Pyrophorus tyrolensis C. L. Koch, 1846
 - Pyrophorus austriacus Doleschall, 1852
 - Pyrophorus flaviventris Canestrini & Pavesi, 1868
 - Pyrophorus venetiarum Canestrini, 1868
 - Salticus simonis Herman, 1879
 
Myrmarachne formicaria, la Saltique fourmi, est une espèce d'araignées aranéomorphes de la famille des Salticidae[1].
Par sa morphologie et sa démarche, cette Araignée sauteuse mime des fourmis rousses des genres Myrmica et Formica. Présente du Portugal au Japon, cette espèce a été introduite dans les années 2000 en Amérique du Nord.
Répartition
Cette espèce se rencontre dans l'écozone paléarctique : en Macaronésie, en Europe, en Turquie, en Russie, en Iran, en Chine, en Corée du Sud et au Japon[1].
En Europe, l'espèce est présente dans les pays suivants : Allemagne, Arménie, Autriche, Azerbaïdjan, Biélorussie, Belgique, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Croatie, Espagne dont les îles Baléares, Finlande, France dont la Corse, Géorgie, Grèce dont la Crète, Hongrie, Italie dont la Sardaigne et la Sicile, Lettonie, Liechtenstein, Luxembourg, Moldavie, Monténégro, Macédoine du Nord, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Russie, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Suède, Suisse, Turquie, Ukraine, Tchéquie[2]. Sur ce continent, l'espèce peut être assez fréquente et n'est pas considérée comme une espèce menacée[3].
Myrmarachne formicaria est introduite au Canada et aux États-Unis[1], la première population établie ayant été découverte en Ohio en [4]. Elle est par la suite signalée à New York en et en Pennsylvanie en [5].
Habitat
Myrmarachne formicaria se rencontre courant dans l'herbe ou sous les pierres dans les plaines et les collines jusqu'à 800 m d'altitude, où elle privilégie les zones plus chaudes, généralement les pelouses calcaires sèches, les forêts thermophiles, les dunes fixées par la végétation et les falaises, mais elle peut parfois se trouver dans des zones humides comme les pourtours de marais ou de tourbières, les prairies humides et les bancs de roseaux[3],[6],[7],[8].
Description
Les mâles mesurent de 5,0 à 6,5 mm et les femelles de 4,75 à 6,1 mm[2].
Contrairement aux Araignées sauteuses typiques comme la Saltique zébrée (Salticus zebraneus) qui ont un corps compact, la Saltique fourmi présente un corps allongé, le céphalothorax étant rétréci. La coloration de base de ce dernier est brun-orange, seule la zone céphalique est plus foncée. La région oculaire est surélevée et la paire d'yeux postérieure est assez grande. L'opisthosome, l'équivalent de l'abdomen chez les araignées, est ovale, allongé, jaune à brun-orange, avec une coloration noire dans le dernier tiers. L'opisthosome est relié au céphalothorax par un pédicule étroit. Les pattes sont de couleur jaune à orange avec des marques noires et des bandes longitudinales sur les côtés. La première paire de pattes est rayée et possède des métatarses très foncés et légèrement épaissis[3].
La femelle présente des pièces buccales aplaties mais normalement développées, alors que celles du mâle s'étendent plus ou moins horizontalement vers l'avant et sont à la fois aplaties et allongées[3]. Les pédipalpes du mâle sont particulièrement fins et forment une double boucle autour du bulbe. L'épigyne de la femelle est ornée d'une grande zone triangulaire blanche. Chez le mâle, l’abdomen est plus sombre que chez la femelle et le fémur de la patte antérieure est noir[2].
Les soies des araignées sont en général d'autant plus denses et larges que l'espèce colonise des milieux secs. Ce n'est absolument pas le cas de Myrmarachne formicaria chez qui elles sont longues et fines et recouvrent à peine 2 % de l'abdomen avec 220 soies au mm2, à l'inverse d'une espèce comme Salticus scenicus qui porte 1 070 soies au mm2 pour un recouvrement de 142 %[9].
Espèces proches
En Europe, deux autres espèces de Salticidae miment les fourmis : Synageles venator ne mesure que 3 à 4 mm de long, tandis que Leptorchestes berolinensis est de taille similaire à Myrmarachne formicaria, ses yeux sont au même niveau que le céphalothorax et ne sont pas surélevés, le dos du céphalothorax ne présentant pas de cassure. De plus, la hanche de la patte III est noire dans le genre Leptorchestes[3].
Myrmécomorphisme
Physiquement, Myrmarachne formicaria mime l'apparence d'une fourmi de par la forme allongée de son corps, son pédicule semblable à un pétiole, sa première paire de pattes qui ressemble aux antennes, et la taille ainsi que la position des yeux postérieurs[3].
Cette espèce mime également les mouvements des fourmis, en premier lieu leur façon de marcher. Au lieu de la marche typique des Araignées sauteuses, elle alterne de courtes phases de course et de poses tout en suivant des tracés sinueux, comme s'il s'agissait d'une fourmi suivant une piste de phéromones. Par contre, contrairement à une idée reçue, l'araignée n'utilise pas uniquement ses trois paires de pattes pour marcher mais les quatre et ne maintient ses pattes avant en l'air, mimant les antennes d'une fourmi uniquement pendant les phases stationnaires[10]. Néanmoins, rien ne prouve que cette illusion est perceptible pour les prédateurs myrmécophobes et myrmécophiles[11].
Les fourmis mimées sont des espèces du genre Myrmica comme Myrmica rubra[3] et Myrmica scabrinodis[6] ou d'espèces du genre Formica telles Formica rufibarbis[12].
Il s'agit d'un mimétisme batésien de protection, l'araignée profitant du peu d'ennemis des fourmis parmi les oiseaux et les guêpes parasitoïdes des familles des Ichneumonidae et des Sphecidae[3]. Ce leurre semble plus efficace contre les prédateurs dont le système visuel est lent[10], notamment contre les autres araignées[13]. Les fourmis sont peu agressives envers elle, sans pour autant qu'elle n'imite le profil chimique de leur cuticule[14].
Éthologie
Les mâles courtisent les femelles à l'aide de leurs chélicères surdimensionnées pendant la période d'accouplement. Ils les utilisent également lors de combats rituels intenses où deux mâles se tiennent face à face en se menaçant de leurs chélicères largement écartées. La plupart du temps, l'un des mâles se retire avant l'affrontement, mais il arrive qu'un combat ait lieu et que les deux mâles s'accrochent avec leurs chélicères[3],[15].
Comme toutes les araignées sauteuses, la Saltique fourmi ne construit pas de toile mais pratique une chasse active au sol ou dans la litière de feuilles, généralement à proximité des fourmis qu'elle imite. L'araignée se nourrit de petites mouches, de moucherons et aussi de pucerons phytopathogènes[3].
Myrmarachne formicaria se rencontre tout au long de l'année, ses phases d'activité principales ayant lieu au printemps et en été, voire un peu plus tard pour la femelle[3],[6]. Elle hiverne souvent dans les coquilles d'escargots terrestres vides[16].
Systématique et taxinomie
Cette espèce a été décrite sous le protonyme Aranea formicaria par De Geer en . Elle est placée dans le genre Attus par Walckenaer en 1805[17], dans le genre Salticus par Sundevall en 1830[18], dans le genre Pyroderes par Simon en 1868[19] puis dans le genre Myrmarachne par Simon en 1901[20].
Pyrophorus semirufus[21] et Pyrophorus helveticus[22] ont été placées en synonymie par Thorell en 1872[23].
Pyrophorus flaviventris[24] et Pyrophorus venetiarum[25] ont été placées en synonymie par Pavesi en 1873[26].
Attus formicoides[27], Pyrophorus siciliensis[22], Pyrophorus tyrolensis[22] et Pyrophorus austriacus[28] ont été placées en synonymie par en [29].
Salticus simonis[30] a été placée en synonymie par Fuhn et Gherasim en 1995[31].
Publication originale
- De Geer, 1778 : « Des araignées. » Mémoires pour servir à l'histoire des insectes, Tome septième. Pierre Hesselberg, Stockholm, p. 176-324.
 
Liens externes
- (en) Myers, P. et al., Animal Diversity Web : Myrmarachne formicaria, 2025 (consulté le )
 - (en) BioLib : Myrmarachne formicaria (De Geer, 1778) (consulté le )
 - (en) Catalogue of Life : Myrmarachne formicaria (De Geer, 1778) (consulté le )
 - (fr + en) EOL : Myrmarachne formicaria (De Geer 1778) (consulté le )
 - (fr + en) GBIF : Myrmarachne formicaria (De Geer, 1778) (consulté le )
 - (fr) INPN : Myrmarachne formicaria (De Geer, 1778) (TAXREF) (consulté le )
 - (en) IRMNG : Myrmarachne formicaria (consulté le )
 - (fr + en) ITIS : Myrmarachne formicaria (De Geer, 1778) (consulté le )
 - (en) NCBI : Myrmarachne formicaria (taxons inclus) (consulté le )
 - (en) Taxonomicon : Myrmarachne formicaria (De Geer, 1778) (consulté le )
 - (en) World Spider Catalog : Myrmarachne formicaria (De Geer, 1778) dans la famille Salticidae +base de données (consulté le )
 - Photographies : Pierre Oger, « Myrmarachne formicaria », sur arachno.piwigo.com : les araignées de Belgique et de France
 
Notes et références
- World Spider Catalog (WSC). Musée d'histoire naturelle de Berne, en ligne sur http://wsc.nmbe.ch. doi: 10.24436/2, consulté lors d'une mise à jour du lien externe.
 - araneae
 - Christoph Hörweg & Jason Dunlop, « Myrmarachne formicaria ; Spider of the year 2019 », sur European arachnology society
 - ↑ (en) Richard A. Bradley, Bruce Cutler, and Maggie Hodge, « The first records of Myrmarachne formicaria (Aranae, Salticidae) in the Americas », The Journal of Arachnology, vol. 34, no 2, , p. 483-484 (DOI 10.1636/H04-67.1)
 - ↑ (en) Lawrence Barringer, « First record of Myrmarachne formicaria (De Geer) (Araneae: Salticidae) in Pennsylvania », Insecta Mundi, vol. 0549, , p. 1-2 (lire en ligne)
 - (en) L. Jones-Walters, « Myrmarachne formicaria a request for information », Spider Recording Scheme Newsletter, vol. 29, no 5,
 - ↑ Ph. Ponel, « Recherches sur la communauté des arthropodes terrestres des sables littoraux de la plage de la Palud (île de Port-Cros) », Travaux scientifiques du Parc national de Port-Cros, vol. 10, , p. 109-117 (lire en ligne)
 - ↑ Denis, J., « Quelques araignées paludicoles de Gironde », Bulletin de la Société entomologique de France, vol. 57, no 5, , p. 78-80
 - ↑ Canard, A., « Résistance à la sécheresse, revêtement tégumentaire et valence écologique de Salticidés », Bulletin de la société neuchâtéloise de sciences naturelles, vol. 116, no 1, , p. 59-66
 - (en) Paul S. Shamble, Ron R. Hoyn Itai Cohen and Tsevi Beatus, « Walking like an ant: a quantitative and experimental approach to understanding locomotor mimicry in the jumping spider Myrmarachne formicaria », Proceedings of the royal society, vol. 284, (DOI 10.1098/rspb.2017.0308)
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 - ↑ (it) Brignoli, P. M., « I ragni mirmecomorfi », Rendiconti Instituto Lombardo di Scienze e Lettere, vol. 100,
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 - ↑ (en) Pekár, S., & Jiroš, P., « Do ant mimics imitate cuticular hydrocarbons of their models? », Animal Behaviour, vol. 82, no 5, (DOI 10.1016/j.anbehav.2011.09.007)
 - ↑ (de) Bellmann H., Der Kosmos Spinnenführer: Über 400 Arten Europas, Kosmos, , 429 p. (ISBN 3-440-10114-2)
 - ↑ Hila, Niedobová & Košulič, 2009 : « Overwintering of spiders in land-snail shells in South Moravia (Czech Republic). » Acta Musei Moraviae, Scientiae biologicae, vol. 94, no 1-2, p. 1-12 (texte intégral).
 - ↑ Walckenaer, 1805 : Tableau des aranéides ou caractères essentiels des tribus, genres, familles et races que renferme le genre Aranea de Linné, avec la désignation des espèces comprises dans chacune de ces divisions. Paris, p. 1-88.
 - ↑ Sundevall, 1830 : « Svenska spindlarnes beskrifning. » Bihang till Kongliga Svenska Vetenskaps-Akademiens Handlingar, vol. 1829, p. 188-219.
 - ↑ Simon, 1868 : « Monographie des espèces européennes de la famille des attides (Attidae Sundewall. - Saltigradae Latreille). » Annales de la Société Entomologique de France, sér. 4, vol. 8, p. 11-72 & 529-726 (texte intégral).
 - ↑ Simon, 1901 : Histoire naturelle des araignées, Paris, vol. 2, p. 381-668 (intégral).
 - ↑ C. L. Koch, 1837 : Übersicht des Arachnidensystems. Nürnberg, Heft 1, p. 1-39.
 - C. L. Koch, 1846 : Die Arachniden. Nürnberg, vol. 13, p. 1-234 (texte intégral).
 - ↑ Thorell, 1872 : Remarks on synonyms of European spiders. Part III. Uppsala, p. 229-374.
 - ↑ Canestrini & Pavesi, 1868 : « Araneidi italiani. » Atti della Società Italiana di Scienze Naturali, vol. 11, p. 738-872.
 - ↑ Canestrini, 1868 : « Nuove aracnidi italiani. » Annuario della Società dei Naturalisti in Modena, vol. 3, p. 190-206.
 - ↑ Pavesi, 1873 : « Catalogo sistematico dei ragni del cantone ticino con la loro distribuzione orizontale e verticale e cenni sulla araneologica elvetica. » Annali del Museo civico di storia naturale di Genova, vol. 4, p. 5-215 (texte intégral).
 - ↑ Walckenaer, 1826 : « Aranéides. » Faune française ou histoire naturelle générale et particulière des animaux qui se trouvent en France, constamment ou passagèrement, à la surface du sol, dans les eaux qui le baignent et dans le littoral des mers qui le bornent par Viellot, Desmarrey, Ducrotoy, Audinet, Lepelletier et Walckenaer, Paris, livres 11-12, p. 1-96.
 - ↑ Doleschall, 1852 : « Systematisches Verzeichniss der im Kaiserthum Österreich vorkommenden Spinnen. » Sitzungsberichte der Kaiserlichen Akademie der Wissenschaften. Mathematisch-Naturwissenschaftliche Classe, vol. 9, p. 622-651 (texte intégral).
 - ↑ Simon, 1937 : Les arachnides de France. Tome VI. Synopsis générale et catalogue des espèces françaises de l'ordre des Araneae; 5e et dernière partie, vol. 6, p. 979-1298.
 - ↑ Herman, 1879 : Magyarország pók-faunája. Budapest, vol. 3, p. 1-394.
 - ↑ Fuhn & Gherasim, 1995 : « Familia Salticidae. » Fauna Romaniei (Arachnida), vol. 5, no 5, p. 1-301.
 
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