Alauddin Muhammad Da'ud Syah II

Alauddin Muhammad Da'ud Syah II
Fonction
Sultan of Aceh (d)
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Alauddin Mahmud Syah II (en)
Biographie
Naissance
Décès
Nationalités

Le sultan Alauddin Muhammad Da'ud Syah II (1864 – 6 février 1939) est le trente-cinquième et dernier sultan d'Aceh, dans le nord de Sumatra. Il régne de 1874 à 1903 lorsque son sultanat est conquit et intégré aux Indes orientales néerlandaises.

Invasion coloniale

Tuanku Muhammad Da'ud est le fils de Tuanku Zainul Abidin et le petit-fils du sultan Alauddin Ibrahim Mansur Syah. À la mort de son père et de son grand-père en 1870, le trône revient à Alauddin Mahmud Syah II.

La région est alors marqué par un forte expansion coloniale. Craignant l'ingérence d'une puissance étrangère dans le nord de Sumatra, les Néerlandais cherchent à annexer le sultanat d'Aceh, jusque-là indépendant, ce qui conduit au déclenchement de la guerre d'Aceh le 26 mars 1873.

Lors de la seconde expédition d'Aceh en 1873-1874, la capitale Kutaraja (aujourd'hui Banda Aceh) est occupée par les troupes coloniales. Alauddin Mahmud Syah est évacué par ses partisans mais meurt du choléra le 28 janvier 1874. Trois jours plus tard, le général Jan van Swieten, commandant des forces néerlandaises, déclare l'intégration d'Aceh aux Indes orientales néerlandaises. Cependant, les Néerlandais se heurtent immédiatement à une résistance de la part de l’ensemble de la société achinaise.

Leader symbolique de la résistance

Après la mort d'Alauddin Mahmud Syah, le gouvernement en exil du sultanat est dirigé par Tuanku Hasyim et Sri Setia Ulama, descendants de sultans antérieurs, maisqui ne sont pas prétendants au trône. Dans leur communication avec les oulémas et les uleëbalangs (chefs), ils ont fortement fait appel au devoir religieux de combattre les Hollandais « infidèles », combiné à un patriotisme achinais émergent. Conformément aux lois coutumières, Tuanku Muhammad Da'ud est désigné sultan le 4 mars 1875. Il prend comme nom de règne Alauddin Muhammad Da'ud Syah Johan Berdaulat.

Le couronnement a lieu dans la mosquée de Lam Teungoh à Aneuk Galong. Ce fut une étape importante car elle tendait à montrer que le sultanat d'Aceh disposait toujours d’un gouvernement central. Tuanku Hasyim agit comme mangkubumi (régent) pour le jeune sultan qui élit domicile à Kota Dalam (Keumala Dalam) dans la région de Pidië. Il est finalement déclaré majeur en 1883. Sa principale épouse est Tengku Gambang Gading, fille de son parent Tuanku Abdulmajid ; il est également marié à Pocut Manyak Cot Murong et Tengku Jam Manikam[1].

Suite de la guerre

Pendant de longues périodes, la zone occupée par les Hollandais était limitée à 20 kilomètres carrés autour de Kutaraja. Cette présence néerlandaise permet à l'élite achinaise de s'unir derrière un ennemi commun.

Parmi les combattants de la résistance les plus importants se trouve Teungku Chik di Tiro, qui gagne la confiance du sultan et reçoit un sceau royal. A sa mort en 1891, les attaques des Achinais contre les positions néerlandaises diminuèrent.

Dans les années 1890, les Hollandais ont essayé deux méthodes pour briser la résistance : en cooptant les dirigeants locaux ou en appliquant de nouvelles tactiques antiguérilla. Ces stratégies ont progressivement porté leurs fruits et le sultan a dû s'éloigner de sa capitale vers la côte nord-ouest d'Aceh pour éviter d'être capturés.

Rôle du sultan

Le rôle personnel d’Alauddin Muhammad Da’ud Syah dans la lutte est question à débat. Le célèbre érudit néerlandais Christiaan Snouck Hurgronje le considère comme une personne sans importance, sans grande influence sur la conduite et l'issue de la guerre : « Le jeune sultan, sortant progressivement de l'enfance, montra bientôt qu'il aspirait à autre chose que de partager les bonheurs et les malheurs de son pays en tant que chef de file de la lutte contre les Gompeuni [les Hollandais]. Fidèle aux traditions de sa maison, il cherchait et cherche encore des divertissements dans l'amour, légitime ou illicite, la boisson, le violon, les combats d'animaux, les jeux de hasard et la chasse à l'éléphant et au cerf. »

Les études ultérieures, en revanche, ont adopté une vision plus positive de sa contribution. Le sultan est décrit comme un homme joyeux et beau, avec un comportement royal envers ses chefs, tout en étant poli et attentionné envers les personnes avec lesquelles il entrait en contact.

Il a fait appel à la Russie pour qu'elle accorde au sultanat le statut de protectorat et l'aide à repousser la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. La demande du sultan fut rejetée et Aceh fut finalement conquise par les Hollandais[réf. nécessaire].

À sa cour, il gardait quelques déserteurs hollandais et indonésiens de l'armée coloniale, à qui il confiait des missions et qui enseignaient même au sultan quelques chansons hollandaises. C'est toujours son parent éloigné Tuanku Hasyim qui exerçait la majeure partie du pouvoir à la cour alors qu'il était vice-roi. Tant que Tuanku Hasyim était en vie, il n’était pas question de se rendre aux troupes coloniales. Le cousin et beau-père du sultan, Tuanku Abdulmajid, se rendit aux Hollandais en 1887, mais cela n'eut aucun effet sur le dévouement du sultan et du vice-roi. Le célèbre combattant de la résistance Teuku Umar fut nommé commandant de la mer ( amirul bahri ) de la côte ouest par le sultan, mais conclut un accord avec les Hollandais en 1893 et commença à combattre activement les troupes d'Aceh. Le sultan envoya une lettre à Teuku Umar l'accusant d'apostasie. Ceci, ainsi que d'autres facteurs tels que l'influence de sa femme Cut Nyak Dhien, a poussé Teuku Umar à revenir au parti du sultan après un court moment.

Capitulation

Tuanku Hasyim est mort en 1897 et Teuku Umar a été tué en 1899. La même année, le général JB van Heutsz attaqua Pidië et force de nombreux dirigeants à se rendre. Après une défaite sanglante à Batei Ilie en 1901, le sultan et Panglima Polem s'enfuirent vers les hauts plateaux Gayo où les troupes hollandaises n'avaient pas encore mis le pied. Van Heutsz envoya à leur poursuite l'impitoyable major Van Daalen avec un corps de Maréchaussée. Ils ne parvinrent cependant pas à capturer le sultan.

En 1902, l'officier de l'armée néerlandaise Hans Christoffel réussit à capturer l'épouse principale du sultan, suivie un mois plus tard par sa seconde épouse Cot Murong et l'un de ses fils. Alauddin Muhammad Da'ud Syah reçoit un ultimatum : s'il ne se rend pas dans un délai d'un mois, sa famille sera exilée d'Aceh. Le sultan finit par céder. Il demande aux autorités néerlandaises s'il serait exilé s'il se rendait. Cela a posé un dilemme à Van Heutsz qui avait auparavant convenu avec son principal conseiller politique, Christiaan Snouck Hurgronje, que le sultan devait être ignoré et qu'en conséquence aucune négociation ne devait avoir lieu avec lui. Van Heutsz donna néanmoins une réponse à contrecœur à la question du sultan : "Eh bien, bon sang, que dois-je maintenant répondre à cela ?". Après avoir ordonné à ses principaux chefs de continuer le combat, le sultan se rend aux Hollandais dans la forêt de Merasa Ië Leubeuë le 10 janvier 1903 et est emmené à Kutaraja. Van Heutsz organise une cérémonie de reddition très médiatisée où une photo grandeur nature de la reine Wilhelmine est exposée dans la salle. Panglima Polem a suivi son exemple en septembre de la même année. Snouck Hurgronje était furieux contre Van Heutsz pour avoir ignoré ses conseils. Cependant, ces deux redditions brisèrent une grande partie de la résistance restante, bien que la guerre d'Aceh ait continué à une échelle moindre jusqu'en 1910-1912 environ.

Les Hollandais fournirent au sultan une maison et une allocation mensuelle de 1 200 florins.

En 1907, il est révélé que le sultan a secrètement aidé à planifier des attaques contre les positions néerlandaises. Les autorités coloniales décident alors de l'exiler à Java puis sur à Amboine. En 1918, il est autorisé à s'installer à Meester Cornelis ( Jatinegara) à Batavia. L'ex-sultan y décède le 6 février 1939 et est enterré à Rawamangun[2]. Il laisse un fils, Tuanku Raja Ibrahim, qui meurt en 1982.

Références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Alauddin Muhammad Da'ud Syah II » (voir la liste des auteurs).
  1. « Zainuddin (1966), p. 429.; Sultan Aceh » [archive du ] (consulté le )
  2. « Encyclopedia of Criminology and Criminal Justice », Reference Reviews, vol. 28, no 8,‎ , p. 15–17 (ISSN 0950-4125, DOI 10.1108/rr-07-2014-0210, lire en ligne, consulté le )
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