Mochica (langue)
| Mochica muchic - muchik yunga | |
| Date de création | Moyen Horizon |
|---|---|
| Extinction | Milieu du siècle XXe |
| Pays | Pérou |
| Région | Côte nord (littoral) et Cordillère Occidentale (Andes centrales) Région de Lambayeque: Vallée de Lambayeque Vallée de Motupe Vallée de La Leche Vallée de Zaña Région de La Libertad: Vallée de Jequetepeque Vallée de Chicama |
| Nombre de locuteurs | 80 (néo-enceintes)[1] |
| Classification par famille | |
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| Statut officiel | |
| Langue officielle | Pérou |
| Codes de langue | |
| ISO 639-3 | omc
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| Type | langue éteinte |
| Glottolog | moch1259
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| État de conservation | |
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Éteinte
EXÉteinte Menacée
CREn situation critique
SESérieusement en danger
DEEn danger
VUVulnérable
Sûre
NE
Non menacée Langue éteinte (EX) au sens de l’Atlas des langues en danger dans le monde
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| Carte | |
| Localisation de la langue mochica avant sa disparition. | |
Le mochica[2],[3],[4],[5] (parfois écrit muchic, muchik, múchik ou muchick, aussi appelé yunga) est la langue, aujourd'hui éteinte, qui était parlée par les peuples Moche et Lambayeque, situés dans les régions littorales et andines du nord du Pérou. Pour cette raison, elle est aussi appelée « langue d'Eten »[6]. C'est d'après le nom de ce langage, qui vient lui-même du fleuve Moche que l'archéologue péruvien Julio Tello a nommé la culture Moche dite aussi Mochica.
Caractéristiques linguistiques
Cette langue comportait trois dialectes. Elle comporte une syntaxe polysynthétique, semblable en cela aux langues nahuatl et k'iche'[7].
La principale source descriptive de la langue mochica provient de l'ouvrage colonial intitulé "Arte de la lengua yunga de los valles del Obispado de Trujillo" (1644), écrit par le prêtre métis de Reque, Fernando de la Carrera. Ce travail est considéré comme la seule grammaire détaillée existante de la langue. Il est important de noter que cette grammaire a servi de base pour les études ultérieures de la langue[8]. Au XIXe siècle, l'explorateur allemand Ernst Wilhelm Middendorf s'est appuyé sur l'ouvrage de Calancha et 'de la Carrera' pour rédiger sa propre grammaire du muchik, popularisant ainsi le terme et ses règles.
D'autres chroniqueurs et religieux ont également mentionné ou enregistré la langue. L'augustin Antonio de la Calancha dans sa ''Crónica moralizada'' (1639) a fait référence à la langue muchic, ce qui confirme son usage et sa vitalité au début de la période coloniale[9]. Le franciscain Luis Jerónimo de Oré est aussi connu pour son '''Rituale seu Manuale Peruanum''' (1607), un manuel pour la administration de sacrements en plusieurs langues natives, ce qui témoigne de l'intérêt pour la documentation linguistique à des fins d'évangélisation.[10]
Il existe une chanson dans ce langage : Tonada del Chimo qui est préservé dans le Codex Martínez Compañón (1785).[11]
Postérité
Bien que la langue mochica soit considérée comme une langue éteinte, son héritage et l'identité ethnique de ses locuteurs ont perduré sur la côte nord du Pérou, principalement dans le département de Lambayeque et La Libertad.
Continuité ethnique et génétique : La population actuelle de la région de Lambayeque présente une forte continuité génétique avec ses ancêtres préhispaniques. Des études scientifiques ont confirmé que l'ethnie mochica n'a pas disparu, mais a continué d'exister malgré les conquêtes chimú, inca et espagnole.[12],[1],[13]
Onomastique : Le nom de la langue a laissé une trace indélébile dans les noms de famille et les toponymes de la région. Des noms de famille tels que Llontop, Neciosup, Chanamé, Samamé, Serrepe, Suclupe, Inope, Miñope, Ñopo, Ñiquén, Ñanfuñay, Chafloque, Chumioque, Chapilliquén, Chancafe, Chapoñán, Inoñán, Farroñán, Farro, Farromeque, Eneque, Reque, Casusol, Cajusol, Quesquén, Esquén, Pisfil, Yafac, Yaipén, Yotún, Falén, Siadén, Signol, Uypan, Ucañán, Puicón, Puican, Puyén, Effio, Túllume, Tuñoque, Tocño, Uchofen et Chimpén sont d'origine mochica et témoignent de la persistance de lignées familiales ancestrales.[12]
Toponymie : De nombreux noms de lieux et de canaux d'irrigation, essentiels à l'agriculture locale, conservent des racines mochica. Des toponymes comme Yortuque[14], Seur, Cois et Pulén sont des rappels vivants de la connexion de la langue avec le territoire.
Codes
- Code de langue IETF : omc
Notes et références
- (es) Víctor Alvarado (La Razón), « La Lengua Muchik ya tiene 80 muchik hablantes » , sur Servindi - Servicios de Comunicación Intercultural, La Razón, (consulté le )
- ↑ Even Hovdhaugen, Mochica, Lincom Europa, coll. « Languages of the world », (ISBN 978-3-89586-862-7)
- ↑ (es) José Antonio Salas García, « El Padre Nuestro en la lengua mochica », Boletín de la Academia Peruana de la Lengua, , p. 69–111 (ISSN 2708-2644 et 0567-6002, DOI 10.46744/bapl.201101.002, lire en ligne, consulté le ).
- ↑ Matthias Urban, « Una nueva lista de palabras de la lengua mochica del siglo XIX* », Bulletin de l’Institut français d’études andines, no 50 (2), , p. 117–146 (ISSN 0303-7495 et 2076-5827, DOI 10.4000/bifea.13465, lire en ligne, consulté le ).
- ↑ (es) José Antonio Salas Garcia, « SOBRE EL LEXEMA XA O XIA Y SU RELACIÓN CON LOS NUMERALES DEL MOCHICA », Escritura y Pensamiento, vol. 14, no 29, , p. 7–34 (ISSN 1609-9109, DOI 10.15381/escrypensam.v14i29.7977, lire en ligne, consulté le )
- ↑ Claude Collin-Delavaud, « Les communautés de petits cultivateurs indigènes sur la côte nord du Pérou », Journal de la société des américanistes, , p. 240 (lire en ligne [PDF])
- ↑ Emilio Harth-Terré, « El signo verbal en la cerámica Mochica (Una contribución de la investigación estética en la arqueología) », Bulletin de l’Institut Français d’Études Andines, , p. 24 (lire en ligne [PDF])
- ↑ (es) Fernando de la Carrera, Arte de la Lengua Yunga de los valles del Obispado de Truxillo del Peru, con un Confessonario, y todas las Oraciones Christianas, traducida en la lengua, y otras cosas, Lima, I. de Contreras, (lire en ligne)
- ↑ (es) Antonio de la Calancha, Crónica moralizadora del orden de San Agustín en el Perú, Pedro Lacavalleria, (lire en ligne)
- ↑ (la + es) Luis Jerónimo de Oré, Rituale, seu Manuale Peruanum, et forma breuis administrandi apud Indos sacrosancta Baptismi, Poenitentiae, Eucharistiae, Matrimonij, & Extremae vnctionis sacramenta. Iuxta ordinem Sanctae Romanae Ecclesiae. Per R.P.F. Ludouicum Hieronymum Orerium, ordinis Minorum concionatorem, & sacrae theologiae lectorem accuratum: et quae indigent versione, vulgaribus idiomatibus Indicis, secundum diuersos situs omnium prouinciarum noui orbis Perù, aut per ipsum translata, aut eius industria elaborata, Napoli, apud Io. Iacobum Carlinum, & Costantinum Vitalem, (lire en ligne)
- ↑ (es) Baltazar Martinez de Compañón, « Códice Trujillo del Perú . Volumen 1 », sur www.cervantesvirtual.com, (consulté le )
- (es) RedacciónRPP, « El 65% de los apellidos lambayecanos son de raíz muchik », sur rpp.pe, (consulté le )
- ↑ (es) « Pobladores del norte del Perú aun comparten ADN con culturas de hace 6 mil años, reveló estudio genético » , sur Infobae, (consulté le )
- ↑ (es) MINCETUR, « Paseo Yortuque » , sur "mincetur.gob.pe",
Articles connexes
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