Mouvement doux

Le mouvement « doux » (angl. slow movement, appelé aussi slow attitude) prône une transition culturelle vers le ralentissement de notre rythme de vie, l'adoucissement des pressions modernes et l'appréciation des choses simples. Il s'oppose à un nombre de tendances qu'a vues naître le XXe siècle telles que la restauration rapide (et donc la malbouffe), le tourisme de masse, l'hyperconnexion, la consommation démesurée... Le mouvement embrasse un nombre de priorités au-delà de son sens de base, notamment l'amoindrissement de notre impact sur l'environnement et la simplicité dans un monde de plus en plus complexe.

La protestation lancée par Carlo Petrini contre l'ouverture d'un McDonald's à la Piazza di Spagna, Rome en 1986 marqua le début du mouvement dans le domaine de l'alimentation. Au cours des années, le mouvement est devenu une contre-culture dans d'autres domaines, par exemple l'urbanisme ou la mode, voire le sexe[1].

Filières

En faveur des déplacements à vélo, à pied au lieu d'un système axé sur la voiture.

Tourisme doux et slow sport

Il s'agit ici de s'engager dans des activités physiques, récréatives, ludiques ou touristiques[2] qui participent d'une véritable transition en ce qu'elles ne sont pas inscrites dans une logique compétitive et qu'elles portent une attention considérable aux trois dimensions de l'écologie telles que les définit Félix Guattari dans son ouvrage "les trois écologies"[3]. Les activités récréatives engagées sont des activités qui autorisent le développement personnel et l'épanouissement de la personne elle-même. Elles s'engagent encore dans une relation respectueuse d'autrui, des autres cultures (en particulier les cultures autochtones dans le cadre de voyages écologiques en phase avec le milieu culturel local[4], mais aussi les relations à un environnement naturel sensible et au sein duquel il y a immersion voire émersion[5], et encore avec les cultures minoritaires telles que celles des LGBTQIA+ ou des personnes handicapées[6]). Elles souscrivent enfin au principe d'un rapport de respect et d'attention bienveillante à l'environnement afin d'en finir avec la rupture entre nature et société telle que la culture et l'idéologie modernes l'ont construite. Il s'agit encore de "sentir le vivant de son corps" (Da Nobrega, T. et al. 2017[7]) et de considérer que, dans la relation apaisée à l'altérité (humaine, culturelle, naturelle, etc.) la sensation envahit le corps vivant et que nous n’en avons connaissance que dans sa rémanence dans la conscience du corps vécu[8].

Slow Working

Cette filière se caractérise par le développement du travail à temps partiel et le télétravail (le temps de trajet étant converti en temps de loisir). La question du revenu universel s'inscrit aussi dans cette filière par l'acceptation d'un revenu très inférieur à un salaire mais sans contrepartie. Cette filière s'oppose par définition au célèbre travailler plus pour gagner plus.

Financement doux

Cette filière du mouvement, une réponse à la crise économique survenue en 2008, préfère des investissements durables aux échanges boursiers effrénées.

Slow parenting, parentalité douce

Carl Honoré, journaliste, a défendu une approche qualifiée, par la suite, de slow parenting120,121, 122. Le slow parenting consiste à moins organiser et moins planifier pour permettre aux enfants de profiter de temps libre et explorer le monde à leur propre rythme. Les jeux électroniques sont limités, les jouets sont volontairement plus simples. Ce mouvement tente d'éviter ou limiter l'influence du marketing et tout ce qui génère une surconsommation chez les parents et enfants. Les enfants sont encouragés à développer leurs propres intérêts et à passer du temps en famille123.

La télévision lente peut également faire partie de ce mouvement.

Slow Cinema

Connu en France sous le nom de Cinéma contemplatif.

Notes et références

  1. « Slow TV, slow food, slow cities… Cinq façons de ralentir le rythme », (consulté le )
  2. Florian Lebreton Christophe Gibout Bernard Andrieu, Vivre slow. Enjeux et perspectives pour une transition corporelle, récréative et touristique, Nancy, Presses Universitaires de Nancy / Editions universitaires de Lorraine, , 423 p.
  3. Félix GUATTARI, Les trois écologies, Paris, Éditions Galilée, , 80 p.
  4. (en) Christophe Gibout, « Saharan Recreation: From a Transformation of Bodily Experiences to a Transformation of Cultural Representations », Sport, Ethics and Philosophy, vol. 16, no 2,‎ , p. 193–206 (ISSN 1751-1321 et 1751-133X, DOI 10.1080/17511321.2020.1758957, lire en ligne, consulté le )
  5. (en) Florian Lebreton et Jacquelyn Allen-Collinson, « ‘I’m here for the water’: sensory dimensions of slow sporting embodiment through seascapes in northern France », Loisir et Société / Society and Leisure, vol. 47, no 3,‎ , p. 522–535 (ISSN 0705-3436 et 1705-0154, DOI 10.1080/07053436.2024.2423306, lire en ligne, consulté le )
  6. Eric PERERA, Roland THALER, André GALY, « « Les valeurs écoresponsables des expéditions en fauteuil tout terrain, un moyen de renforcer la mise en scène de la différence handi-capable » », Staps, vol. vol. 132, no 2,‎ , p. 27-38
  7. Terezinha Petrucia Da Nobrega, Mary Schirrer, Alexandre Legendre et Bernard Andrieu, « Sentir le vivant de son corps : trois degrés d’éveil de la conscience: », Staps, vol. n° 117-118, no 3,‎ , p. 39–57 (ISSN 0247-106X, DOI 10.3917/sta.117.0039, lire en ligne, consulté le )
  8. David Lorenté, Bernard Andrieu et Olivier Sirost, « Face au corpocène, une cosmotique des vivants : Hartmut Rosa, Andreas Weber et Hildegard Kurt: », Allemagne d'aujourd'hui, vol. N° 245, no 3,‎ , p. 103–116 (ISSN 0002-5712, DOI 10.3917/all.245.0103, lire en ligne, consulté le )

Bibliographie

  • HONORÉ, Carl (2004). Éloge de la lenteur. (ISBN 978-2501089524)

Liens internes

  • Portail de l’altermondialisme