Mon vrai nom est Élisabeth
| Langue | |
|---|---|
| Auteur | 
Adèle Yon (d) | 
| Illustration | 
Elené Shatberashvili | 
| Genres | 
Roman autobiographique Roman non fictionnel Roman féministe (d) | 
| Sujet | |
| Époque de l'action | |
| Date de parution | |
| Pays | |
| Éditeur | 
Éditions du sous-sol | 
| Nombre de pages | 
392 | 
| ISBN 13 | 
978-2-36468-957-2 | 
Mon vrai nom est Élisabeth est un récit autobiographique d'Adèle Yon, paru aux Éditions du sous-sol le . L'écrivaine enquête sur la vie de son arrière-grand-mère diagnostiquée schizophrène et à qui l'entourage familial et médical a fait subir des électrochocs, une cure de Sakel, une lobotomie et un internement sans consentement à l'hôpital psychiatrique de Fleury-les-Aubrais pendant dix-sept ans[1],[2]. Outre un travail de recherche doctorale, il s'agit d'une quête personnelle qui amène l'auteure à la conclusion : « J'hérite de la colère de mon arrière-grand-mère, pas de sa folie »[3].
L' auteure
Adèle Yon est née en 1994 à Paris. Son père est exportateur de films indépendants ; sa mère, passée par les cabinets ministériels sous Jospin, se lance par la suite dans la restauration dans la Sarthe. Sa fille y officie parfois comme cheffe cuisinière[4],[5],[6].
Elle fait ses études au lycée Louis-le-Grand où elle obtient un baccalauréat littéraire mention très bien puis au lycée Henri-IV[7] avant d'intégrer l'ENS en 2014[8]. Elle est titulaire d'un master de philosophie contemporaine à l’EHESS et d'un master en études cinématographiques à l’université Sorbonne-Nouvelle[9].
En septembre 2019, elle obtient un contrat doctoral[9].
Son ouvrage est tiré de sa thèse de doctorat « "Mon vrai nom est Élisabeth" : enquête sur le double fantôme » en recherche-création à l'université PSL, réalisée sous la direction d'Antoine de Baecque et d'Antonio Somaini et soutenue le .
Résumé
Voici le résumé qui accompagne la thèse :
« Mon vrai nom est Élisabeth. Enquête sur le double féminin fantôme, est une tentative de prendre à la racine le désir de savoir de la chercheuse en sciences humaines. Où et comment naît une question de recherche ? Parties de l’examen du motif cinématographique du « double féminin fantôme » hérité de Jane Eyre et de Rebecca, mes quatre années de recherche se sont déployées autour d’une enquête sur mon arrière-grand-mère Betsy. Déclarée schizophrène, elle a été lobotomisée en 1950 puis internée pendant dix-sept ans à l’hôpital psychiatrique de Fleury-les-Aubrais. Dans ma quête pour comprendre ce qu’elle avait vécu et pour déconstruire l’influence qu’elle exerçait sur moi, j’ai retrouvé toutes les caractéristiques du « double féminin fantôme » : l’enquête familiale a été le chemin à emprunter pour décrypter ce motif, ses origines, ses manifestations, ses effets. Parallèlement, le point de vue situé duquel sourd cette enquête m’a invitée à questionner la manière dont nous produisons nos connaissances et à expérimenter d’autres formes de savoir. Que veut dire être remuée par l’archive ? La recherche en sciences humaines peut-elle adopter la forme d'un road-trip ? Ce que la recherche nous fait est-il constitutif de nos résultats de recherche ? Qu’impose la prise en compte de l’individualité de la chercheuse à l’écriture académique ? Les questions soulevées par cette enquête m’ont in fine conduite à explorer les modalités de dialogue existantes entre posture intime et démarche scientifique. Cette recherche adopte la forme d’un raisonnement abductif, partant de l’intuition d’une question de recherche pour se relier au cours du processus à plusieurs familles disciplinaires et méthodologiques. »
— Adèle Yon, Mon vrai nom est Élisabeth : enquête sur le double fantôme[10]
Structure du roman
En préambule, l'auteure relate le suicide de l'un des fils de son arrière-grand-mère Élisabeth, dite Betsy (1916-1990)[11],[1] :
« Quand tu liras ces mots, j’aurai fini mes jours après avoir basculé dans le vide depuis le balcon de l’appartement que j’ai loué au 7e étage. »
— Adèle Yon, Mon vrai nom est Élisabeth : enquête sur le double fantôme[10]
Débute ensuite l'enquête menée par l'auteure à partir de photos, d'entretiens avec des membres de sa famille et du personnel soignant, de la correspondance entre Betsy et son futur mari André, des articles scientifiques et des archives hospitalières.
La couverture de l'ouvrage est illustrée par un autoportrait de l'artiste géorgienne Elené Shatberashvili[12].
Réception critique
Les critiques de la presse sont globalement très positives. Dans le Masque et la Plume, Patricia Martin salue un « livre absolument époustouflant [...] c'est un mélange d'autobiographie, d'enquête, de recherche historique qui mêle les temps, les générations, les points de vue avec une minutie obsédante »[13]. Pour Amaury da Cunha du Monde, le livre « mêle enquête et récit intime pour mettre en pièces le roman familial d’une aïeule folle, longtemps internée, qui la hantait depuis l’enfance »[11]. Pour Frédérique Roussel de Libération, Adèle Yon signe un « livre, habile, bien mené, passionnant, choral, [qui] restera en mémoire »[14]. Amandine Schmitt du Nouvel Obs souligne que l'auteure « expose la violence insidieuse faite aux femmes »[15].
Dans Le Temps, Salomé Kiner estime que le livre « apporte une pièce fondamentale à l’édifice de réhabilitation de ce qu’on peut qualifier de chasse aux sorcières du XXe siècle »[1]. Pour Christian Desmeules du Devoir, l'auteure soulève « plusieurs questions troublantes qui en disent long sur le contrôle patriarcal, social et médical auquel ont longtemps été soumises les femmes — et qui, à plusieurs égards, subsiste aujourd’hui encore »[16]. Dans L'Orient-le Jour, Georgia Makhlouf souligne que « l’écriture est parfois clinique, par moments aussi rigoureuse qu’un procès-verbal, souvent d’une grande beauté dans ses passages plus intimes »[17].
Le premier roman d'Adèle Yon est multi-récompensé, notamment par le prix France Télévisions dans la catégorie Essai[18], le grand prix des lectrices de Elle dans la catégorie Non-Fiction[18], le prix Régine-Deforges doté de 500 euros et décerné lors du Festival du livre de Montmorillon[19],[20] et le tout premier prix littéraire du Nouvel Obs doté de 20 000 euros pour accompagner l’autrice dans l’écriture de son second ouvrage[18],[21]. L'ouvrage a également reçu le prix littéraire du Barreau de Marseille doté de 5 000 euros et décerné lors du festival Oh les beaux jours ![22].
Publié lors de la rentrée littéraire d'hiver, l'ouvrage a rencontré un succès littéraire inattendu[23] avec plus 85 000 exemplaires vendus en juillet 2025[24].
Les droits de traduction ont été acquis dans une douzaine de langues, dont l'anglais, l'espagnol, l'italien et le portugais brésilien et une adaptation théâtrale est prévue[24],[25].
Notes et références
- Salomé Kiner, « Dans «Mon vrai nom est Elisabeth», Adèle Yon brise un secret familial dévastateur: l’internement forcé de son arrière », Le Temps, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Adèle Yon : "La société est prête et a besoin" de parler de la santé mentale des femmes », sur France Inter, (consulté le )
- ↑ Marine Gohébel, « Adèle Yon, autrice de “Mon vrai nom est Élisabeth” : “J’hérite de la colère de mon arrière-grand-mère, pas de sa folie” », Télérama, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Adèle Yon : "Chacun a ses propres ressources pour se protéger" », sur France Inter, (consulté le ).
- ↑ Sascha Garcia, « Adèle Yon, follement elle-même », Libération, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ « Sarthe. Elle quitte Paris et vit son rêve à la campagne avec un tout nouveau projet professionnel », Le Maine libre, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ Sandrine Bajos, « "Elle brise le tabou familial de la maladie mentale" : le phénomène Adèle Yon, autrice de Mon vrai nom est Élisabeth », Le Parisien, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ « Journal officiel » [archive du ], sur legifrance.gouv.fr (consulté le ).
- Voir sur doclittarts.hypotheses.org.
- Adèle Yon, « Mon vrai nom est Elisabeth : enquête sur le double fantôme », theses.fr, Université Paris sciences et lettres, (lire en ligne, consulté le )
- Amaury da Cunha, « « Mon vrai nom est Elisabeth », d’Adèle Yon : un fantôme de famille rendu à son humanité souffrante », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ Elsa Meunier, « Entretien d'Elené Shatberashvili réalisé le 17 mars 2022 », sur Dans les yeux d'Elsa (consulté le )
- ↑ « Internement psychiatrique, lobotomie forcée… Le Masque époustouflé par le premier roman d'Adèle Yon : épisode 6/10 du podcast Les coups de cœur littéraires du Masque 2025 », sur France Inter, (consulté le )
- ↑ Frédérique Roussel, « «Mon vrai nom est Elisabeth» d’Adèle Yon, Betsy revit », Libération, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Adèle Yon, histoire de la violence », L'Obs, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ Christian Desmeules, « «Mon vrai nom est Elisabeth»: légendes familiales », Le Devoir, (lire en ligne)
- ↑ « Adèle Yon : remplacer la peur de la folie par la colère », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
- « Adèle Yon : remplacer la peur de la folie par la colère », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
- ↑ « Vienne : le prix Régine-Deforges pour Adèle Yon au Festival du livre de Montmorillon », sur La Nouvelle République, (consulté le )
- ↑ Adèle Buijtenhuijs, « Le prix Régine Deforges du premier roman dévoile ses finalistes », Livres Hebdo, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Le premier prix littéraire du « Nouvel Obs » est attribué à Adèle Yon pour « Mon vrai nom est Elisabeth » », L'Obs, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Adèle Yon multiprimée : elle remporte le Prix du Barreau de Marseille », sur ActuaLitté.com (consulté le )
- ↑ « "Mon vrai nom est Elisabeth" : 3 choses à savoir sur le roman phénomène d’Adèle Yon », sur TF1 INFO, (consulté le )
- Alice Develey, « Adèle Yon: le phénomène littéraire complètement fou qui secoue la librairie », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Books From France », sur www.booksfromfrance.fr (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- Essai sur la place de la lobotomie dans le drame familial, thèse d'André Béjot, 1951
Articles connexes
- Secret de famille
- Patriarcat
- Histoire des troubles mentaux
- Histoire de la psychiatrie
- Récit à la première personne
Liens externes
- Notices d'autorité (pour Mon vrai nom est Élisabeth) :
- Mon vrai nom est Elisabeth : enquête sur le double fantôme sur theses.fr
- [PDF] Observation médicale d'André Béjot dans Louis-Marie Terrier, Marc Lévêque et Aymeric Amelot, « La lobotomie frontale : histoire de l’une des techniques chirurgicales les plus controversées de l’histoire de la médecine », Histoire des sciences médicales, vol. LI, no 3, , p. 397-416 (lire en ligne )
- Portail de la littérature française et francophone
- Portail de la médecine
- Portail du XXe siècle