Mohamed Khider
| Mohamed Khider محمد خيضر | |
| Mohamed Khider en 1956. | |
| Fonctions | |
|---|---|
| Député français | |
| – (4 ans, 7 mois et 5 jours) |
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| Élection | 10 novembre 1946 |
| Circonscription | Alger |
| Législature | Ire (Quatrième République) |
| Groupe politique | TLDA |
| Ministre d'État du Gouvernement provisoire de la République algérienne | |
| – (3 ans, 10 mois et 3 jours) |
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| Secrétaire général du bureau politique du Front de libération nationale | |
| – (6 mois et 23 jours) |
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| Prédécesseur | Ahmed Ben Bella |
| Successeur | Ahmed Ben Bella |
| Biographie | |
| Date de naissance | |
| Lieu de naissance | Alger (Algérie) |
| Date de décès | (à 54 ans) |
| Lieu de décès | Madrid (Espagne) |
| Parti politique | PPA, MTLD, puis FLN |
| Entourage | Hocine Aït Ahmed (beau-frère) |
Mohamed Khider (en arabe : محمد خيضر), né le à Alger en Algérie et mort assassiné le à Madrid en Espagne[1], est militant indépendantiste et un homme politique algérien.
Biographie
Des débuts à la guerre d'Algérie
Mohamed Khider est issu d'une famille modeste originaire de Tolga, au nord du territoire de Touggourt (actuelle wilaya de Biskra)[2]. Il milite très tôt en faveur de l'indépendance. En 1934, il adhère à l'Étoile nord-africaine (ENA). Le , il milite au sein du Parti du peuple algérien (PPA). En 1937, il est élu permanent du PPA en qualité de secrétaire du bureau d'Alger et trésorier de la section Alger marine. Mais durant la Seconde Guerre mondiale, le PPA est dissous et ses membres sont traqués : le , Mohamed Khider est arrêté pour atteinte à la sécurité de l'État et il reste emprisonné jusqu'en 1944.
Libéré, il est à nouveau arrêté en 1945 après le massacre de Sétif du . Libéré en 1946, il est l'un des artisans de la transformation du PPA, qui se divise en deux partis, l'un légal, le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), l'autre secret, l'Organisation spéciale (OS).
En 1946, il est élu sur la liste du MTLD député d'Alger à l'Assemblée nationale française. Il est nommé membre de la Commission des pensions et le de la Commission de la famille, de la population, de la santé publique et de la Commission de la presse.
C'est durant cette même année qu'il assiste au Comité central de Zeddine qui donne alors priorité à la lutte armée par la création de l'OS (Organisation spéciale). En , il est impliqué dans l'attaque de la poste d'Oran préparée par L'OS et fait alors l'objet d'une demande de levée d'immunité parlementaire.
En , à la fin de son mandat, pour éviter une arrestation, il quitte la France pour Le Caire, en Égypte. Il est adjoint à Chadli Mekki, responsable de la section algérienne du bureau du Maghreb. En , lors de l'exclusion de Chadli Melli, Khider prend la direction de la section algérienne du bureau du Maghreb en tant que délégué du MTLD.
Pour venir à bout de la crise qui éclate au sein du MTLD entre les messalistes et les centralistes qui s'affrontent sans merci et pour ressouder le parti, le Comité révolutionnaire d'unité et d'action (CRUA) est créé par ceux qui sont par la suite désignés comme les « neuf historiques » : Mohamed Khider, Mohamed Boudiaf, Mostefa Ben Boulaïd, Larbi Ben M'hidi, Rabah Bitat, Didouche Mourad, Krim Belkacem, Hocine Aït Ahmed et Ahmed Ben Bella. Le , les membres du CRUA fixent la date de l'insurrection au lundi et créent deux organismes : l'un politique, Le Front de libération nationale (FLN), l'autre militaire, l'Armée de libération nationale (ALN).
Guerre d'Algérie
Entre 1955 et 1956, Khider se rend dans plusieurs pays européens pour expliquer la cause algérienne et rencontrer un envoyé de Guy Mollet. Il se rend également en en Libye pour y obtenir un soutien.
Le , lors du Congrès de la Soummam, la direction politique du FLN est confiée au Conseil national de la Révolution algérienne (CNRA), composé de 34 membres dont Khider. Le , l'avion de la compagnie Air Atlas-Air Maroc qui transporte les dirigeants du FLN (Ahmed Ben Bella, Mohamed Khider, Mohamed Boudiaf, Hocine Aït Ahmed, Mostefa Lacheraf) de Rabat à Tunis est détourné sur Alger par l'armée française. Ils sont mis en état d'arrestation puis emprisonnés, notamment sur l'île d'Aix. En , Khider et ses compagnons sont nommés ministres d'État du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA).
Indépendance de l'Algérie
Libéré en 1962, Mohamed Khider soutient Ben Bella et il devient en septembre secrétaire général et trésorier du FLN[3]. Cependant, des divergences apparaissent avec la politique d'inspiration socialiste que mène Ben Bella. En , Khider affiche des positions conservatrices et islamistes : il soutient la fondation de l'association religieuse El Qiyam, qui appelle à l'application de la charia[4], et, durant le ramadan, il déclare à la radio que « tout musulman qui ne pratiquerait pas strictement le Ramadan, ne pourrait pas être considéré comme algérien »[5]. Enfin, c'est le penseur et frère musulman égyptien Tewfik El Shawi qui lui rédige ce discours selon ses mémoires[6].
Khider est en fin de compte contraint à l'exil. À l'abri, depuis Genève, en Suisse, il annonce officiellement son opposition à la dictature du FLN. S'ensuit l'affaire dite du « trésor du FLN », où Ben Bella puis Houari Boumédiène l'accusent d'avoir détourné les fonds du FLN qu'il gérait. Khider déclare d'ailleurs son opposition au coup d'État et au régime autocratique du colonel Boumédiène en 1965. À la tête des fonds du FLN, Mohamed Khider annonce qu'il finance tout projet visant à lutter contre le régime existant. Pour le dépôt de ces fonds, il crée en Suisse avec notamment la participation de François Genoud la Banque commerciale arabe (BCA)[7]. Le gouvernement algérien intentera plusieurs procès contre la BCA pour en démontrer l'illégitimité, en vain[1].
Assassinat
Le en Espagne, Mohamed Khider est assassiné[1] à Madrid. Une personne se présente un soir à sa voiture devant chez lui alors qu'il se prépare à partir, et tire plusieurs coups de pistolet qui lui sont fatals. Rabah Boukhalfa, attaché culturel de l'ambassade d'Algérie à Madrid, est interrogé, et un revolver de 9 millimètres avec une balle engagée dans le canon est retrouvée à son domicile[8].
Il est enterré au Maroc en présence d'Hocine Aït Ahmed et Mohamed Boudiaf.
Famille
Mohamed Khider est le beau-frère de Hocine Aït Ahmed.
Décorations
- Ahid de l'ordre du Mérite national d'Algérie.
Notes et références
- Tarik Khider, « Mohamed Khider, le parcours d’un nationaliste algérien assassiné », sur Lematindz.net,
- ↑ Tramor Quemeneur (dir.), Ouanassa Siari Tengour (dir.) et Sylvie Thénault (dir.), Dictionnaire de la guerre d'Algérie, Paris, éditions Bouquins, , 1424 p., 20 × 13,4 cm (ISBN 978-2-38292-306-1, EAN 9782382923061, présentation en ligne)), pages 682-683.
- ↑ « 14. La guerre ininterrompue ».
- ↑ Mustafa Al-Ahnaf, Bernard Botiveau, Franck Frégosi, L'Algérie par ses islamistes, Paris, Karthala, , 328 p. (ISBN 2-86537-318-5, lire en ligne), p.24
- ↑ Gérard Chaliand, Chaliand, un itinéraire combattant : Afrique, Asie, Amérique latine : 30 ans d'enquêtes de terrain, Paris, KARTHALA, , 697 p. (ISBN 2-86537-679-6, lire en ligne), p.42
- ↑ (ar) توفيق الشاوي, مذكرات نصف قرن من العمل الإسلامي", Le Caire, , 580 p. (lire en ligne)
- ↑ Richard Labévière, Histoire, la-croix.com, 26 janvier 1996
- ↑ « Un attaché consulaire de l'ambassade d'Algérie à Madrid est appréhendé puis relâché par la police espagnole », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- Tarik Khider, L’affaire Khider, histoire d’un crime d’État impuni, éditions Koukou, 2017.Tarik Khider est le fils de Mohamed Khider.
Liens externes
- Ressource relative à la vie publique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
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