Mitsogho

Mitsogho / Mitchôghô
Femmes Mitsogo après une journée de recolte

Populations importantes par région
Autres
Régions d’origine Bantou
Langues Tsogo, Ghetsogho
Religions rites Bwiti
Ethnies liées groupe ethnique Membè

Les Mitsogho sont un peuple bantou d'Afrique centrale établi au centre du Gabon dans la province de la Ngounié. Ils font partie du groupe ethnique Membè, l'un des plus anciens peuples Bantu du Gabon. Bien que minoritaire à l'echelle du Gabon, la tribu Mitsogho est la plus nombreuse des tribus Membè. Les Mitsogho parlent le Tsogo / Ghetsogo, un idiome proche du pindzi, du Kandé, du Dikota, du Ghimbaka, du Gheviya, du Puvi et dans une moindre mesure de l'Omyèné. Les Mitsogho sont la tribu Membè la plus méridionale.

Traditionnellement agriculteurs (agriculture sur brûlis) et matrilinéaires, les Mitsogo sont réputés pour leurs rituels de pratique religieuse, et particulièrement d'initiation, très élaborés, notamment le Bwiti, dont ils sont les principaux précurseurs. Mais aussi d'autres rituels tels que le Mwiri pour les hommes, et le Nyembe pour les femmes.

Ethnonymie

Selon les sources on observe de multiples variantes : Apidji, Apiji, Apindji, Ashogo, Getsogho, Getsogo, Ghetsogho, Isogho, Isogo, Itsyogho, Mitchôghô, Mitshogho, Mitshogo, Mitsoghos, Mitsogo, Mitsongo, Mitsogos, Nitsogho, Nitsogo, Shogo, Sogo, Tshogho, Tsogho, Tsogo, Tsogos[1].

Histoire

Le peuple descend à l'origine du peuple Akandè, ce peuple Bantou venu de l'Est dans la région des grands Lacs jusqu'au bassin de l'Ogooué dans l'actuelle province de l'Ogooué Ivindo.

Au fil du temps, les Akandè se scindent en deux groupes dont les Okani, ancêtres direct des Membè et les proto-myènè, qui sont quant à eux, les ancêtres directs des myènè. les Okani s'installent durant des siècles dans la Lopé-Okanda, c'est dans cette région que naîtra les Simba-Na-Okandè puis les Apindji. [2]

Par la suite, vers le XI Siècle, certains Okani décident d'aller dans le Sud pas l'Offoué se sont les Pové. Tandis que d'autres migrent vers le sud-ouest en longeant l'Ogooué puis vers le sud traversant ainsi la Ngounié et d'autres rivières se sont les Mitsogho Na Apindji et les Eviya. Les Mitsogho se séparent de leur frères Apindji dans l'actuelle province de la Ngounié et s'établissent dans la région situé entre les rivières Ngounié et Ogoulou. [3]

c'est dans cette région, quasiment vierge, qu'ils rencontrent certains peuples dons les Babongo, peuple avec lequel ils tissent un bonne relation permettant ainsi au de s'adapter plus facilement à leur nouvel environnement. mais aussi le peuple Akélé, considéré comme le premier peuple Bantou de la région avec lequel les relations n'étaient pas tout aussi favorables.

Quelques temps plus tard, les mitsogho occupent un vaste territoire de forêt dense jalloné de montagne au centre du Gabon qu'ils subdivisent en douze secteurs appelés Mibiyè en langue Ghétsogho notamment: Mapanga, Disengué, Ghesuma, Motongo, Mopindi, Waka, Matendè, Dibwa, Etavo, Mbatsi, Matchèguè et un petit secteur non loin de Matchèghè.

Au milieu de XIX siècle, une famille du clan Motoka quitte le territoire Mitsogho pour s'installer en pays Punu, il fonde les villages des Dikoka, Mossighe et Etamba, qui, avec trois villages Punu voisins (Dissiala, Tsakounengue et Pahibou), forment plus tard, le regroupement de Moukoko-Mbaka, au nord de la Nyanga. [4]

Langue

Ils parlent le tsogo ou encore Ghetsogho une langue bantoue, dont le nombre de locuteurs était estimé à 9 000 en 2007[5].

Culture

La culture Mitsogho, héritée des Membè du sud-est du Gabon, est l'une des plus riches, anciennes et structurées du pays[6]. Elle constitue une véritable synthèse de l’identité gabonaise traditionnelle, mêlant spiritualité, artisanat, art, société et quotidien[7].

Une culture initiatique et spirituelle profondément enracinée

Au cœur de la culture Mitsogho se trouve le Bwiti ou Bwété dans l'appellation d'origine, dont ils sont les principaux précurseurs. C'est une tradition initiatique mêlant religion, philosophie, cosmologie et règles sociales. Ils pratiquent plusieurs formes de ce culte : le Bwété Dissumba (strictement masculin), le Bwété Missoko (exceptionnellement mixte) et le Nyembè, réservé aux femmes. Leur spiritualité repose sur l’initiation, les rites de passage, la divination et la relation aux ancêtres, notamment à travers les sociétés du Bwété, Kono, Ya-Mwei, Ombudi et Boo[8].

ces sociétés initiatiques (Bwété, Kono, Ya-Mwei, Ombudi, Boo…) structurent toute la vie de la communauté. Chaque société a ses propres rituels, symboles, chants, danses, objets et instruments. L’initiation permet à chacun de comprendre les lois du monde, la place de l’homme dans l’univers, et de tisser un lien vivant avec les ancêtres, les génies et les forces invisibles.

Le temple du Bwété (ébandza) incarne cette spiritualité : bâti selon un schéma anthropomorphique, il symbolise le corps humain et la dualité sexuelle du monde, avec ses piliers sexués et ses décorations géométriques chargées de significations ésotériques. Les rituels qui s’y déroulent sont ponctués de musique sacrée, de masques et de symboles peints ou sculptés.

Une spiritualité qui s’exprime par l’art

Chez les Mitsogho, l’art n’est jamais décoratif : il est sacré. Chaque sculpture, masque, peinture ou instrument a une fonction rituelle, thérapeutique ou mythologique.

Les masques Mitsogho, couverts de pigments blancs, reconnaissables à leur bouche ouverte et leurs sourcils en forme de « M », apparaissent surtout la nuit lors de rites de passage, de mort ou de possession. Ils ne sont pas de simples objets, mais des manifestations vivantes d’esprits ou d’ancêtres.

La statuaire, les planches peintes, les marionnettes et les figurines anthropomorphes représentent des entités spirituelles ou des personnages mythiques. On retrouve des symboles comme le lézard, le serpent ou le gorille, rattachés à des récits fondateurs (comme la découverte de l’iboga par le gorille ou les migrations portées par des serpents-pirogues). Ces objets sont chargés rituellement, parfois avec des substances animales, végétales ou humaines, pour leur conférer un pouvoir protecteur ou curatif.

Les instruments de musique eux aussi sont symboliques :

  • Le Ngombi, harpe féminine, évoque les chutes d’eau où vivent les génies
  • Le mirliton est la voix de l’Être suprême.
  • Le tambour, la voix des ancêtres.
  • La tringle sonore représente la colonne vertébrale du premier homme.

Un artisanat utilitaire et sacré

Les Mitsogho ont développé un artisanat extrêmement riche, à la fois pratique et symbolique. Il comprend :

  • La vannerie (paniers, corbeilles, tamis) utilisée au quotidien mais aussi lors des rituels (dot, deuil, initiation).
  • Le travail du bois (ustensiles, sièges rituels, sculptures, instruments) toujours porteur de symboles.
  • Le tissage du raphia, surtout pour les rituels.
  • Les outils de chasse et de pêche (arbalètes, filets, nasses), aujourd’hui parfois devenus symboliques.
  • Des objets médicaux et prophylactiques (calebasses, bistouris en bambou, statuettes de guérison).

Même les ustensiles de cuisine (mortier-pilon, couteaux, filtres à huile) sont chargés d’un sens spirituel, comme le mortier qui représente l’utérus et le pilon, le phallus usage soumis à des interdits sexuels.

Une culture quotidienne enracinée dans la nature

Le lien avec la forêt est central. Les Mitsogho consomment des produits naturels et préparent des mets traditionnels comme :

  • Le pô (Nyembwè), (sauce à base de noix de palmes)
  • Le Tchaghâ (feuilles de manioc),
  • Le Ghetsébé sa pivi (aubergine),
  • Le Djidjâ (grenouilles au paquet), et bien d’autres.

Les anciennes maisons étaient ornées de figures féminines sculptées sur les volets pour chasser les mauvais esprits, témoignant d’une esthétique raffinée dès le XVIIIe siècle, avec une maîtrise remarquable des formes et des couleurs (blanc, bleu, vert).

Répartition géographique

Les Mitsogho sont principalement implantés dans la province de la Ngounié (G4), mais également au nord de la province de la Nyanga (G5). Notamment dans des villes et villages comme: Fougamou [Ngouassa], Ogoulou (Mimongo), Douya-Onoye (Mouila), Douigny (Moabi), Bilengui, Egoumbi, Sindara. Certaines familles Mitsogho sont fixées depuis plus de trois gènèrations dans les villages de Four-Place 1 et de Pointe-Claire, deux villages de la province de l'Estuaire (G1)[8].

Clans Mitsogho

Motoka, Poghéo, Ndjôbè, Ghéongo, Ossembé, Ghazanga, Moghènè, Ghambè, Ghàvemba[9].

Patronymes

Mokambo, Mogangue, Massande, Motoka, Mingongué, Mouangue, Moundende, Motombi, Monanga, Mossouma, Mavitsi, Moundoube, Bopenga, Boukandou, Bossonga, Mobouassé...

Notes et références

  1. « Mitsogho (peuple d'Afrique) », BnF — Fiche RAMEAU
  2. Patriote 241, « <iframe%20src= "https://www.facebook.com/plugins/post.php?href=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2FPatriote241%2Fposts%2Fpfbid0rg94fKPo9eK5qE1U27C8XZ3FPrBfBcc6koyvM5Xubfo5i9C8Ngm6F8NsqVHLoHZ7l&show_text=true&width=500"%20width="500"%20height="756"%20style="border:none;overflow:hidden"%20scrolling="no"%20frameborder="0"%20allowfullscreen="true"%20allow="autoplay;%20clipboard-write;%20encrypted-media;%20picture-in-picture;%20web-share"></iframe> LES MITSOGHO », sur Facebook Patriote 241,
  3. Patrote 241, « <iframe%20src= "https://www.facebook.com/plugins/post.php?href=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2FPatriote241%2Fposts%2Fpfbid0rg94fKPo9eK5qE1U27C8XZ3FPrBfBcc6koyvM5Xubfo5i9C8Ngm6F8NsqVHLoHZ7l&show_text=true&width=500"%20width="500"%20height="756"%20style="border:none;overflow:hidden"%20scrolling="no"%20frameborder="0"%20allowfullscreen="true"%20allow="autoplay;%20clipboard-write;%20encrypted-media;%20picture-in-picture;%20web-share"></iframe> LES MITSOGHO » [poste], sur Facebook: Patriote241,
  4. PAtriote241, « <iframe%20src= "https://www.facebook.com/plugins/post.php?href=https%3A%2F%2Fwww.facebook.com%2FPatriote241%2Fposts%2Fpfbid0rg94fKPo9eK5qE1U27C8XZ3FPrBfBcc6koyvM5Xubfo5i9C8Ngm6F8NsqVHLoHZ7l&show_text=true&width=500"%20width="500"%20height="756"%20style="border:none;overflow:hidden"%20scrolling="no"%20frameborder="0"%20allowfullscreen="true"%20allow="autoplay;%20clipboard-write;%20encrypted-media;%20picture-in-picture;%20web-share"></iframe> LES MITSOGHO » [POSTE], sur Patriote241,
  5. Ethnologue [tsv].
  6. Documentation IRD., « L'Art et l'artisanat chez les Mitsogo », Document Journal, site web IRD, vol. 76 Pages,‎ , page 2,3,4,8,16... (résumé)
  7. Otto Gollnhofer et Roger Sillans, « Aperçu sur les pratiques sacrificielles chez les Mitsogho », Systèmes de pensée en Afrique noire, no 4,‎ , p. 167–174 (ISSN 0294-7080 et 2268-1558, DOI 10.4000/span.466, lire en ligne, consulté le )
  8. Documentation IRD, « L'art et l'artisanat chez les Mitsogo » [PDF], sur site web IRD, (consulté le )
  9. par Focus Groupe media, « Culture : Qui sont les Mitsogho du Gabon ? », sur Focus Groupe Media, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Otto Gollnhofer et Roger Sillans, « Recherche sur le mysticisme des Mitsogo : peuple de montagnards du Gabon central (Afrique équatoriale) », in Réincarnation et vie mystique en Afrique noire, Paris, 1965
  • Otto Gollnhofer, Les rites de passage de la société initiatique du Bwete chez les Mitsogho : la manducation de l'Iboga, Université René Descartes, Paris V, 1974
  • Otto Gollnhoffer, « Aspects phénoménologiques et initiatiques de l'état de destruction temporaire de la conscience habituelle chez les Mitsogho du Gabon », dans Psychopathologie Africaine, XII, 1, 1976, p. 45-75
  • Otto Gollnhofer et Roger Sillans, La mémoire d'un peuple : ethno-histoire des Mitsogho, ethnie du Gabon central, Présence africaine, Paris, Dakar, 1997, 244 p. (ISBN 2708706403)
  • André Raponda-Walker, Au pays des Tsogo (titre original Au pays des Ishogo), Messager du Saint-Esprit (Belgique), 1910
  • Roger Sillans, Motombi : mythes et énigmes initiatiques des Mitsogho du Gabon central, Paris, Institut d'ethnologie, , d’après une thèse de 3e cycle, 1967
  • Désiré Mounanga, L'héritage de Canaan: (L'Afrique en mission pour la terre promise), édition Veritas Québec 2017.

Filmographie

  • Disoumba : liturgie musicale des mitsogho du Gabon central : scènes de la vie initiatique de la confrérie du Bweté, film documentaire de Pierre Sallée, CNRS Audiovisuel, Meudon, 1969, 51 min

Articles connexes

Liens externes

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