Miron Zlatin

Miron Zlatin
Miron Zlatin, en août 1940, sur la terrasse de la maison des grands-parents de Jean Lang (fonds A. Castillo).
Biographie
Naissance
Décès
(à 39 ans)
Tallinn
Nationalité
Activité
Conjoint
Autres informations
Conflit
Lieu de détention

Miron Zlatin, né le à Orcha (Russie) et mort en Estonie en , est un agronome français d'origine juive russe, engagé dans l'accueil et la protection d'enfants réfugiés pendant la Seconde Guerre mondiale.

Installé dans le sud de la France avec son épouse Sabine Zlatin, il participe à la création de la « colonie d’enfants réfugiés de l’Hérault »[1] à Izieu en Ain, en . Il en assure la direction effective durant l’année 1943-1944, Sabine Zlatin étant souvent absente en raison de ses activités humanitaires[2].

Le , il est arrêté lors de la Rafle d'Izieu, en même temps que 44 enfants et 7 adultes, organisée par Klaus Barbie. Son nom fut mentionné au procès Barbie en 1987, au cours duquel l’ancien chef de la Gestapo de Lyon fut reconnu coupable de crimes contre l’humanité.

Détenu à la prison de Montluc à Lyon, Miron Zlatin est ensuite transféré au camp de Drancy, puis déporté vers Tallinn, dans le convoi no 73[3], avec trois adolescents de la colonie. Il est exécuté par les S.S. en .

Biographie

Origines et formation (1904–1929)

Miron (Yoni)[4] Zlatin naît le [5] à Orcha (alors en Russie, aujourd'hui en Biélorussie), où son père, Roger est entrepreneur d'un flottage de bois sur le Dniepr. En 1918, la famille Zlatin aurait fui la révolution russe pour s’installer à Varsovie (Pologne).

De 1924 à 1927, Miron-Michel suit des études supérieures d’agronomie à Nancy (France). Il y rencontre Sabine Zlatin, polonaise, étudiante en lettres et histoire de l'art. Ils se marient à Nancy le , puis à Varsovie le .

Carrière avicole en France (1929–1941)

En 1929, après avoir occupé divers emplois en Limousin, dans la Loire et dans la région de Compiègne, Miron-Michel et Sabine Zlatin s'installent à Landas (Nord), près de la frontière belge. Ils y reprennent une ferme avicole.

Miron-Michel modernise l'exploitation en y introduisant des couveuses de grande capacité, alors quasi inconnues en France. Il développe aussi une activité de sélection de races de poules, notamment deux variétés de la race « Bleue de Hollande ».

En 1939, il obtient la médaille d'or de la Reconnaissance agricole lors de l'exposition agricole de la Porte de Versailles. Le président de la République, Albert Lebrun, le félicite personnellement et lui propose la naturalisation française.

En , à l’entrée en guerre, Sabine commence une formation d'infirmière militaire à la Croix-Rouge à Lille. Le , au lendemain de l'invasion allemande de la Belgique, Miron quitte Landas pour Paris, où il retrouve Sabine. Le couple quitte ensuite Paris pour Montpellier fin mai ou début .

De à , Miron-Michel travaille dans l'élevage avicole du propriétaire du château et domaine de Jacou, un petit village à 6 km au nord-est de Montpellier[6].

La guerre et l’engagement humanitaire (1941-1943)

En , Miron-Michel crée son propre élevage à la « villa des pins » à Montpellier, avec l'aide de Jean Lang et de Paul Niedermann[7], un adolescent sauvé du camp de Rivesaltes par Sabine Zlatin.

Le , à la suite de l'occupation allemande de la zone sud, Miron-Michel quitte Montpellier en train avec Paul Niedermann, Jean Lang et un autre adolescent, Théo Reiss. Ils rejoignent Vic-sur-Cère (Cantal), où l'Œuvre de secours aux enfants (O.S.E.) a transféré son siège après avoir quitté Montpellier.

Miron-Michel est alors employé par l'Union générale des israélites de France en tant qu'« instructeur technique ». En réalité, il occupe le poste d'intendant au Touring-Hôtel, un établissement loué par les Amitiés Chrétiennes et mis à disposition de l'O.S.E. pour héberger des jeunes filles sorties du camp de Gurs.

Début 1943, le préfet du Cantal ordonne la fermeture du centre de Vic-sur-Cère. Miron-Michel est alors affecté temporairement au château de Chabannes à Saint Pierre de Fursac, dans la Creuse, un autre centre de l'O.S.E., en tant qu'économe-intendant.

En mars-, le couple quitte Montpellier avec 17 enfants juifs pour Chambéry, puis s'installe dans le petit village d'Izieu dans l'Ain. À l'initiative de Sabine Zlatin — qui sera plus tard surnommée la Dame d'Izieu —, ils y fondent la colonie des Enfants d’Izieu, qui accueille des enfants juifs orphelins (mais aussi non juifs) dans l'objectif de les mettre à l'abri, notamment en les faisant passer en Suisse. Cette colonie, officiellement nommée colonie d'enfants réfugiés de l'Hérault, est fondée à l'initiative de Sabine Zlatin, avec le soutien du préfet délégué de l'Hérault, Jean Benedetti[8], de son secrétaire général Roger Fridrici, ainsi que de Pierre-Marcel Wiltzer, sous-préfet de Belley. Le choix du village d'Izieu s'explique notamment par sa situation dans la zone d'occupation italienne, alors exempte de persécutions antisémites, et par sa relative proximité avec la Suisse.

Arrestation, déportation et mort (1944)

La colonie d'Izieu devient progressivement connue, et de plus en plus de familles y confient leurs enfants dans l’espoir de les mettre en sécurité. Le couple Zlatin participe activement au sauvetage d'enfants juifs, notamment depuis les camps d'internement d'Agde, de Rivesaltes et de Gurs. Sabine Zlatin joue un rôle central dans ces opérations, se déplaçant régulièrement pour organiser des transferts et trouver des solutions de placement.

Le , la Gestapo de Lyon, investit la maison d'Izieu. Quarante-quatre enfants et leurs sept éducateurs sont arrêtés. Sabine, absente ce jour là — car partie à Montpellier pour solliciter d l'aide de l'abbé Prévost afin de mieux dissimuler les enfants — échappe à la rafle. Les personne arrêtées sont d'abord détenus à la prison de Montluc à Lyon les 6 et , puis transférés au camp de Drancy.

Le , Miron-Michel est déporté, depuis la gare de Bobigny dans le convoi no 73 jusqu'à Reval (aujourd'hui Tallinn, en Estonie), avec trois adolescents de la colonie : Théo Reiss, Arnold Hirsch et Jean Lang. Interné à la prison Paterei, Miron est contraint de travailler dans une carrière. Il est fusillé par les S.S. à la fin du mois de , peu avant l'arrivée de l'Armée rouge.

Après la guerre, Sabine Zlatin demande à ce que son mari soit reconnu comme résistant. Sa demande est rejetée par l'administration française, au motif que Miron Zlatin n'avait appartenu à aucun groupe de résistance dans le département de l'Ain et n'avait participé à aucune action armée ou clandestine.

Mémoire et hommages

  • Le , la commune de Landas, dans une cérémonie, a rendu hommage à Miron (ainsi qu'à deux résistants). La rue où était située sa ferme a été rebaptisée rue Miron Zlatin. Une plaque à sa mémoire figure sur le mur de la maison où il vécut. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de la commune.
  • Son nom figure sur le mur des déportés à Paris, ainsi que sur deux plaques à Izieu. Sa fonction de directeur est citée dans la stèle de Brégnier-Cordon, bourg proche d'Izieu.
  • En 2014, une allée Sabine-et-Miron-Zlatin est inaugurée à Castelnau-le-Lez, à proximité de la Maison de la petite enfance Sabine Zlatin de Jacou, créée en 2008.
  • En 2015, une rue Sabine et Miron Zlatin a été inaugurée à Montpellier par son maire P. Saurel, en présence de Paul Niedermann.
  • Le , à Jacou, une plaque à la mémoire de Miron Zlatin, sur le mur de la Maison des Jeunes et de la Culture, est dévoilée par le maire et vice-président du Conseil départemental chargé de la Culture, R. Calvat. Une exposition, organisée par l'association « Jacou, Histoire et Patrimoine », des films de témoins ayant connu Miron, une brochure ont retracé sa vie.

Notes et références

  1. « Mémorial d'Izieu.La colonie 1943-1944 », sur Memorial d'Izieu.
  2. Sabine Zlatin (épouse de Miron) était la directrice en titre de la « colonie d'enfants réfugiés de l'Hérault ». Durant cette période d'avril 1943 à avril 1944 elle était en fait, le plus souvent, à Montpellier où elle continuait à sauver des enfants des camps d'Agde et Rivesaltes. Aussi Miron-Michel était-il le directeur de fait de la maison d'Izieu.
  3. (fr + en + es) « Le convoi 73 », sur Le convoi 73 (consulté le ).
  4. Voir, Vitebsk Families Stories And Pictures. The H(G)erschman family. Photo de Miron-Michel Zlatin en 1906, à l'âge de 2 ans..
  5. Voir, Klarsfeld, 1978.
  6. Castillo Anne, de Labrusse Olivier, Miron-Michel Zlatin à Jacou 1940-1941. Un destin juif de 1904 à 1944 de la Russie à la France puis l'Estonie, Jacou (Hérault), association « Jacou, Histoire et Patrimoine », , 60 p., pages 22 à 34.
  7. Niedermann Paul, Un enfant juif, un homme libre. Mémoires, Bibliothèque Lindemann, , 160 p. (ISBN 978-3-88190-673-9).
  8. (fr) Benedetti Arnaud, Un préfet dans la Résistance, Paris, CNRS éditions, ,2012, 322 p. (ISBN 978-2-271-07073-9).

Voir aussi

Bibliographie

  • Beate et Serge Klarsfeld, Le Mémorial de la Déportation des Juifs de France, Paris, 1978. Nouvelle édition, mise à jour, avec une liste alphabétique des noms. FFDJF (Fils et Filles des Déportés Juifs de France), 2012
  • Olivier de Labrusse et Jean Vaché, Jacob Barosin assigné à résidence à Lunel 1941-1942 et Miron Zlatin à Jacou, 1940-1941. Deux destins parallèles : être juif pendant la guerre dans deux villages héraultais (association « Jacou, Histoire et Patrimoine » et association des « Amis du fonds Médard-Lunel », , 38 pages).
  • Anne Castillo et Olivier de Labrusse, Miron Zlatin à Jacou, 1940-1941 : un destin juif de 1904 à 1944 de la Russie à la France, puis à l'Estonie (association « Jacou, histoire et Patrimoine », , 60 pages)

Article connexe

Liens externes

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