May Belfort
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May Belfort, née Egan vers 1873 en Irlande et morte en à Santa Barbara, est une chanteuse de cabaret, danseuse et actrice irlandaise. Elle se produit d'abord à Londres, puis dans les cafés-concerts de Paris dans les années 1890, où elle se lie à d'autres artistes lesbiennes et bisexuelles. Dans les années 1900, elle effectue des tournées à l'international. Elle émigre ensuite aux États-Unis, où elle joue dans des vaudevilles et music-halls.
Biographie
May Belfort nait May ou Maisie Egan en Irlande vers 1873[1],[2], peut-être à dans le comté de Mayo ou à Dún Laoghaire[3]. Elle suit une éducation religieuse, dans des couvents, d'abord en Irlande, puis en France[4].
Carrière musicale
May Egan et fait ses débuts comme danseuse sur la scène londonienne en 1889, dans une adaptation du roman East Lynne (en), sous le nom de scène de May Belfort[4],[5]. L'accueil critique de sa performance est positif[4]. Elle se fait connaître par sa capacité à chanter en anglais et en français, ainsi que pour ses compétences en pantomime et en danse, notamment en jig écossaise[6].
L'une de ses chansons les plus populaires est Daddy Wouldn't Buy Me a Bow Wow (en), une chanson humoristique dont le texte possède un double-sens érotique, qu'elle interprète dans une tenue enfantine, tenant un chat noir[6],[7]. Son répertoire, franco-anglais, comprend également des comptines, des berceuses et des chansons traditionnelles irlandaises[7],[8].
En 1893, May Belfort fait ses débuts parisiens, en première partie du bal de l'Orphelinat des arts au mois d'avril, où elle danse la gigue[9],[10], puis à l'Olympia et au Jardin de Paris pendant l'été[11],[12]. Au mois de mai, son portrait est affiché en vitrine d'un photographe du Figaro[13]. L'année suivante, elle chante au Parisiana[14]. Le quotidien La Presse note qu'elle reçoit « le plus vif succès »[15].
En 1895, May Belfort se produit de nouveau à Paris dans plusieurs cafés-concerts : les Décadents, l'Eden-Concert, Le Jardin de Paris et le Parisiana[7],[16]. En 1896, elle chante au Concert Duclerc, 16 bis rue de la Fontaine[17]. En 1898, elle donne une tournée au London Pavilion en février[18], et dans le sud de l'Angleterre en mars[19]. Elle joue de nouveau à Londres en 1901[20] et en 1904, pendant six semaines d'affilée[21],[22].
Au cours de sa carrière, May Belfort se produit également à Johannesburg, Dublin, New York et Saint-Pétersbourg[19]. En 1904, elle effectue une tournée au Cap[23]. En 1905, elle joue à Boston[24].
Fin de vie
Au début du xxe siècle, May Belfort émigre aux États-Unis. Elle y joue dans des vaudevilles et des music-halls, et épouse James Mudge, président de l'organisation White Rats of America (en)[5]. Elle donne sa dernière représentation dans Les Rivaux, avec la compagnie Community Players, puis quitte la scène à cause de problèmes de santé[5].
Suite à de mauvais placements financiers après le décès de son époux, elle meurt dans la pauvreté, à Santa Barbara en Californie, en [5],[25]. À sa mort, la presse américaine l'évoque sous le nom de May Mudge[26].
Vie privée
En 1895, May Belfort entretient une relation lesbienne avec la danseuse britannique May Milton, durant la saison où celle-ci travaille au Moulin-Rouge[7],[27],[28], ainsi qu'avec la danseuse française Jane Avril[29]. Elle aurait également eu une liaison avec le peintre Henri de Toulouse-Lautrec[29],[30], qui l'aurait surnommée « l'orchidée »[31].
En , la presse annonce ses fiançailles avec le général Benjamin Viljoen (en), un militaire qui s'est illustré dans la guerre des Boers et qu'elle a rencontré avant le début de la guerre, pour un mariage prévu en [32],[21],[22],[33]. Viljoen s'avère en réalité déjà marié, nie la rumeur du mariage dans la presse et ne tient pas sa promesse de divorcer[34]. En réaction, May Belfort le bat en public dans la salle de concert du Chicago Coliseum en [35],[36].
Postérité
Henri de Toulouse-Lautrec représente May Belfort à plusieurs reprises en 1895, notamment dans des peintures à l'huile et sur six litographies[7],[37]. En 1895, il la peint portant un bonnet d'enfant surdimensionné, une robe rouge, et serrant un chat noir dans ses bras, dans une affiche publicitaire pour son spectacle au Petit Casino[38]. L'année suivante, l'affiche remporte un prix à l'exposition d'affiches artistiques de Reims[38]. Elle est pensée pour être affichée aux côtés de celle qu'il réalise pour May Milton[39]. Il est possible que, par ces portraits complémentaires, il ait souhaité symboliser leur liaison[7].
En 1897, Toulouse-Lautrec la représente à nouveau sur une carte de vœux de Noël[7],[40] et sur un menu[8].
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			Affiche par Pal, 1893.
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			Affiche par Toulouse-Lautrec, 1895.
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			Peinture à l'huile par Toulouse-Lautrec, 1895.
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			Lithographie par Toulouse-Lautrec, 1895.
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			Lithographie de Toulouse-Lautrec, 1898.
 
Bibliographie
- (en) Oliver O'Hanlon, « Always on song – Oliver O’Hanlon on May Belfort, international star of the music hall », The Irish Times, (lire en ligne)
 
Notes et références
- ↑ « May Belfort (May Egan) », sur National Portrait Gallery (consulté le )
 - ↑ « May Belfort », sur The British Museum (consulté le )
 - ↑ O'Hanlon 2022, §2
 - O'Hanlon 2022, §3
 - (en) « May Belfort, Actress, Dies in Poverty at 56; Once Famous Vaudeville Comedienna Had Eked Out a Livingas a Rug Weaver », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
 - O'Hanlon 2022, §4
 - Anne Roquebert, Claire Frèches, Françoise Cachin, Joanna Drew et Richard Thomson, Toulouse-Lautrec, Paris/Londres, Galeries nationales du Grand Palais/Hayward gallery, , 568 p. (ISBN 9782711876709, lire en ligne), p. 332-333
 - (en) Colta Feller Ives, Toulouse-Lautrec in the Metropolitan Museum of Art, Metropolitan Museum of Art, (ISBN 978-0-87099-804-1, lire en ligne), p. 86
 - ↑ « Théâtre », Le Constitutionnel, , p. 3 (lire en ligne)
 - ↑ « Derrière la toile », Le Rappel, , p. 3 (lire en ligne)
 - ↑ « Courrier des théâtres », Le Petit Parisien, , p. 3 (lire en ligne)
 - ↑ « Théâtres », Le Constitutionnel, , p. 3 (lire en ligne)
 - ↑ « Informations », Le Figaro, , p. 3 (lire en ligne)
 - ↑ « Courrier des théâtres », Le Petit Parisien, , p. 3 (lire en ligne)
 - ↑ « Courrier des théâtres », La Presse, , p. 2 (lire en ligne)
 - ↑ Gustave Coquiot, Lautrec ou Quinze ans de moeurs parisiennes, 1885-1900, Ollendorff, (lire en ligne), p. 150
 - ↑ « Spectacles », Gil Blas, , p. 4 (lire en ligne)
 - ↑ « Propos de Coulisses », Gil Blas, , p. 4 (lire en ligne)
 - O'Hanlon 2022, §7
 - ↑ Jean Breton, « Courrier des théâtres », Le Siècle, , p. 4 (lire en ligne)
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 - ↑ O'Hanlon 2022, §13
 - ↑ O'Hanlon 2022, §14
 - ↑ (en) « May Milton », sur Cleveland Museum of Art (consulté le )
 - ↑ O'Hanlon 2022, §8
 - Jean Devoisins, Christine Gonella et G. M. Sugana, Toulouse-Lautrec, Flammarion, (ISBN 9782403045901, lire en ligne), p. 84-85
 - ↑ Émile Schaub-Koch, Psychanalyse d'un peintre moderne : Henri de Toulouse-Lautrec, L'Édition Littéraire Internationale, (ISBN 9782307289234, lire en ligne)
 - ↑ Annie de Montry, Chat pub : 100 ans d'images de chat dans la publicité, Aubier, (ISBN 9782403039924, lire en ligne), p. 185
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 - ↑ « Notes et informations », Le Monde Artiste, , p. 15 (lire en ligne)
 - ↑ Andrew Offenburger, « Cultural Imperialism and the Romanticized Frontier: From South Africa and Great Britain to New Mexico's Mesilla Valley », Amerikastudien / American Studies, vol. 59, no 4, , p. 535–552 (ISSN 0340-2827, lire en ligne, consulté le )
 - ↑ O'Hanlon 2022, §11
 - ↑ « Petites Nouvelles », Le Soleil, , p. 3 (lire en ligne)
 - ↑ O'Hanlon 2022, §5
 - O'Hanlon 2022, §6
 - ↑ (en) « May Belfort », sur Art Institute Chicago (consulté le )
 - ↑ Herbert D. Schimmel, « “Bessie Wentworth Singing 'Little Alabama Coon” A Lithograph by Toulouse-Lautrec », Print Quarterly, vol. 7, no 3, , p. 286–291 (ISSN 0265-8305, lire en ligne, consulté le )
 
Liens externes
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