Massyles
(ber) ⵜⴰⴳⵍⴷⴰ ⵏ ⵎⴰⵙⵉⵍ
(la) Regnum Massylorum
IVe siècle av. J.-C. – 202 av. J.-C.
| Statut | Monarchie |
|---|---|
| Langue(s) | Libyque (berbère ancien), punique |
| Religion | Numitheisme |
| IVe siècle av. J.-C. | Création du royaume des Massyles |
|---|---|
| Fin IIIe siècle av. J.-C. | Conquête du royaume massyle par les Masaesyles |
| 202 av. J.-C. | Unification par Massinissa |
| IVe siècle av. J.-C. – IVe siècle av. J.-C. | Zelalsan I |
|---|---|
| IVe siècle av. J.-C. – 344 av. J.-C. | Ilès |
| 344 – 310 av. J.-C. | Aylimas |
| 310 – 274 av. J.-C. | Niptasan |
| 274 – 250 av. J.-C. | Zelalsan II |
| 250 – 207 av. J.-C. | Gaïa |
| 207 – 206 av. J.-C. | Oezalcès |
| 206 – 206 av. J.-C. | Capussa |
| 206 – 206 av. J.-C. | Lacumazès |
| 206 – 202 av. J.-C. | Massinissa |
Entités suivantes :
Les Massyles (en latin Massyli ou Maesulii), (Neo-Punique: 𐤌𐤔𐤋𐤉𐤉𐤌, MŠLYYM[1]) sont un royaume de confédérations berbères située en Numidie orientale (Nord-Est de l'Algérie), qui a été formée au cours du IVe siècle av. J.-C.. Leurs voisins sont les Massæsyles et à l'est la république carthaginoise.
Étymologie
Le nom Massyles possède plusieurs graphies en grec et latin (Massoli[i], Massuli[i], Massyli[i]) et existe sous les formes Mas(s)yrie. Confondu régulièrement avec les Massæsyles dans les sources antiques, le terme Massyles est surtout utilisé sous la forme d'un ethnonyme[2].
Le nom des Massyles peut être relié au toponyme contemporain M'Sila (en arabe) ou Tamsilt (en berbère) situé dans le territoire de l'ancien royaume[3].
Géographie
Pline l'Ancien considère les Massyles comme une des grandes tribus numides de la province d'Afrique. Cependant, ils ne sont pas mentionnés comme tribus africaines par Claude Ptolémée par la suite[2]. Le royaume des Massyles est une confédération qui occupe l'est du plus vaste territoire de la Numidie, avec à l'ouest un territoire occupé par les Massæsyles. Le territoire Massyles s'étend ensuite jusqu'aux territoires de la civilisation carthaginoise[4].
La partie nord est bordée partiellement par des chaînes de montagne peu élevées qui bénéficient de précipitations assez abondantes. Viennent ensuite les Hautes plaines jusqu’au pied de l’Aurès[4]. L'Aurès, où les habitants de l'Aurès, les Aurésiens, sont identifiés comme les Chaouia, aurait été le berceau de la dynastie massyle[5].
Histoire
La chronologie du royaume Massyles et de sa dynastie est très incertaine avant Gaïa[4],[6]. Cependant, les données archéologiques pourraient faire remonter l'hypothèse de l'émergence du royaume des Massyles au IVe siècle av. J.-C. Avant cette date, rien ne permet d'indiquer que les groupes numides constituent un quelconque royaume[7]. Le roi Aylimas est toutefois mentionné comme régnant en 310 av. J.-C. sur le territoire directement voisin de Carthage dans le récit de Diodore[7]. Une première mention du royaume massyle, durant la première guerre punique existe mais intervient dans un récit douteux et inexploitable[8].
L'apparition du royaume au IVe siècle av. J.-C. comme une entité stable et établie sur la durée reste très incertaine, mais l'émergence d'une dynastie ayant des prétentions pour régner sur ces territoires est confirmée. L'organisation du royaume ne se stabilise qu'au IIIe siècle[9]. C'est également au IIIe siècle que l'extension territoriale du royaume semble la plus importante. Il recouvre les territoires entre Rhummel et Dougga. Cependant, le territoire va décroitre progressivement durant le règne de Gaïa[10]. En effet, à partir de 240 av. J.-C., Carthage procède à un empiètement progressif des territoires Massyles[11].
À partir de son règne, la chronologie dynastique semble complète et s'intègre ensuite à la chronologie du royaume de Numidie. Le royaume est décrit comme un acteur important de la deuxième guerre punique[4],[6]. L'existence du royaume Massyles est une certitude à partir de son règne attesté par des données archéologiques[6].
En 218 av. J.-C., la guerre reprend entre les Carthaginois et les Romains. Les Massyles sont classés par Polybe avec les Massæsyles comme partenaire et allié important de Carthage, approvisionnant l'armée punique d'Espagne en cavalerie numide[2]. Il considère que leur troupe sont d'une grande efficacité dans la péninsule Ibérique et en Italie[12][réf. obsolète]. Durant cette période, les tractations diplomatiques de Rome et Carthage sont nombreuses et se servent de la rivalité qui oppose Massyles et Massaesyles dans le cadre du conflit. Ainsi, lorsque Syphax s'allie aux Romains, Gaïa prend le parti de Carthage[13].
Après la mort de Gaïa, le royaume connaît une crise de succession et des luttes de territoires avec les Massaesyles et Carthage[4]. Le neveu de Gaïa, Massinissa, entreprend une marche militaire depuis l'Espagne et la Maurétanie afin de rejoindre les territoires Massyles dans l'intention de récupérer le trône. Cependant, durant ces opérations, les successions se poursuivent selon la règle de succession prévue et, à la mort de Capussa, le trône est sensé lui revenir légitimement mais est usurpé par Lacumazès[14].
Les jeux d'alliance continuent et lorsque Syphax fait défection de son alliance romaine pour faire allégeance aux Carthaginois, il profite des dissensions internes pour annexer le royaume Massyles en 205 av. J-C.[15]. Massinissa saisit l'occasion pour s'allier aux Romains et récupérer le trône[13]. Scipion l'Africain renforce sa légitimité en lui décernant le titre de roi des Massyles[16]. Après la bataille de Zama (202 av. J.-C.), les territoires Massyles et Massæsyles sont unifiés en un seul royaume de Numidie[4],[17].
Organisation politique
L'organisation politique interne du royaume Massyles est peu connu, mais semblent posséder une organisation propre qui ne relève pas d'une monarchie absolue. Elle repose d'une part sur une confédération tribale qui établit son influence sur différentes cité-États préservant une relative autonomie[4]. La succession dynastique s'effectue au sein de la branche régnante, non pas de père en fils, mais par succession adelphique et droit d'aînesse[14].
Economie
Le pays est un important producteur de céréales, objet déjà d’exportation au temps de Massinissa, mais aussi des chevaux, « production » importante de la Numidie[4].
Salluste mentionne que Massylia était beaucoup plus fertile que Massaessylia dans son livre sur la guerre contre Jugurtha, Massinissa et d'autres rois numides ont développé la production agricole en Numidie orientale à l'extrême dans la Numidie orientale unifiée, en particulier dans les Aurès et le Hodna où la production de blé et d'orge était sans égal dans toute la Méditerranée, là, l'agriculture et le pâturage des animaux étaient pratiqués côte à côte[réf. nécessaire].
La production de monnaie massyles, dites massinissa, est importante et s'inspire des monnaies carthaginoises en bronze. Elles sont dispersées dans toute l'Afrique du Nord ainsi qu'en Espagne. L'important volume découvert en Maurétanie occidentale indique la présence d'un atelier de monnayage à l'ouest du territoire[18].
Mausolée dynastique
Le Medracen est un mausolée numide datant du IIIe siècle av. J.-C., situé en Algérie dans les Aurès, sur le territoire de la commune de Boumia, dans la wilaya de Batna. Il est le plus ancien mausolée royal antique conservé d'Afrique du Nord. Le site est attribué à plusieurs membres différents de la dynastie Massyle. Il est construit en territoire massyle, cependant les données archéologiques ne permettent pas de déterminer s'il est construit avant ou après l'unification du royaume de Numidie[19].
Références
- ↑ Philippe Berger, « Inscription Néopunique De Cherchell, En L'honneur De Micipsa », Revue d'Assyriologie et d'archéologie orientale, vol. 2, no 2, , p. 35–46 (ISSN 0373-6032, lire en ligne, consulté le ) :
« pages 36-37, 39 »
- J. Desanges, « Massyles / Massyli », Encyclopédie berbère, no 30, , p. 4662–4663 (ISSN 1015-7344, DOI 10.4000/encyclopedieberbere.497, lire en ligne, consulté le )
- ↑ S. Chaker, « Massyles et Massaesyles : note linguistique complémentaire », Encyclopédie berbère, no 30, , p. 4663 (ISSN 1015-7344, DOI 10.4000/encyclopedieberbere.500, lire en ligne, consulté le )
- Mansour Ghaki, Jean-Pierre Laporte et Xavier Dupuis, « Numides, Numidie », Encyclopédie berbère, no 34, , p. 5633–5668 (ISSN 1015-7344, DOI 10.4000/encyclopedieberbere.2768, lire en ligne, consulté le )
- ↑ E. B, Ph Leveau, P. Morizot et J. Morizot, « Aurès », Encyclopédie berbère, no 8, , p. 1097–1169 (ISSN 1015-7344, DOI 10.4000/encyclopedieberbere.258, lire en ligne, consulté le ) :
« l’Aurès qui aurait été le berceau de la dynastie massyle »
- Bridoux 2022, p. 7.
- Bridoux 2022, p. 11.
- ↑ Jehan Desanges, « L'Afrique romaine et libyco-berbère », dans Rome et la conquête du monde méditerranéen (264-27 av. J.-C.). Tome 2, vol. 6, Presses Universitaires de France, , 627–656 p. (ISBN 978-2-13-043913-4, lire en ligne)
- ↑ Bridoux 2022, p. 12-13.
- ↑ Bridoux 2022, p. 25.
- ↑ Bridoux 2022, p. 26.
- ↑ Polybe, III, 33, 15.
- Innocent Kati-Coulibaly, « Les prémices de la négociation entre Rome et le Royaume numide pendant la seconde guerre punique », Hypothèses, vol. 4, no 1, , p. 131–140 (ISSN 1298-6216, DOI 10.3917/hyp.001.0131, lire en ligne, consulté le )
- Bridoux 2022, p. 8.
- ↑ André Piganiol, « Chapitre VII. La question d’Espagne et la guerre d’Hannibal », Dito, , p. 249–278 (lire en ligne, consulté le )
- ↑ Christine Hamdoune, « Massinissa, l’ami des Romains », L'Histoire - Les Collections, vol. 78, no 1, , p. 20–21 (ISSN 1276-4183, DOI 10.3917/lhc.078.0020, lire en ligne, consulté le )
- ↑ Massensen Cherbi, « Chapitre 1. Histoire et géographie », Monde arabe / Monde musulman, vol. 2, , p. 9–46 (ISSN 2295-2810, DOI 10.3917/dbu.cherb.2017.01.0009, lire en ligne, consulté le )
- ↑ Laurent Callegarin, « Production Et Mouvements Monétaires Entre Hispanie Et Maurétanie (iiie Siècle Av. J.-C. - Ier Siècle Apr. J.-C.) », dans D’une rive à l’autre: circulations et échanges entre la Maurétanie césarienne et le sud-est de l’Hispanie (Antiquité-Moyen-âge), Archaeopress, , 53–80 p. (lire en ligne)
- ↑ Gabriel Camps, « Nouvelles observations sur l'architecture et l'âge du Medracen, mausolée royal de Numidie », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 117, no 3, , p. 470–517 (DOI 10.3406/crai.1973.12921, lire en ligne, consulté le )
Bibliographie
- Virginie Bridoux, Les Royaumes d’Afrique du Nord: Émergence, consolidation et insertion dans les aires d’influences méditerranéennes (201-33 av. J.-C.), Publications de l’École française de Rome, (ISBN 978-2-7283-1524-6, lire en ligne), p. 7-10
- Gabriel Camps, « Origines du royaume massyle », dans Revue d'histoire et de civilisation du Maghreb, 3 (1967), p. 29-38.
- Stéphane Gsell, Histoire ancienne de l'Afrique du Nord. Tome III. Paris, Hachette, 1920, p. 175-198 ; tome V, ibid., 1927, p. 95-102.
- Werner Huß, article « Massyli », dans Der Neue Pauly, 7 (Stuttgart, 1989), p. 209-220.
Voir aussi
Articles connexes
- Histoire de l'Algérie dans l'Antiquité et le Haut Moyen Âge, histoire du Maghreb
- Numides (peuples) (en) (Massyles, Massæsyles)
- Royaume de Numidie (300c–46 AEC}, liste des rois de Numidie, dont Gaïa (260c-206), Syphax (225-203/202), Sophonisbe (235-203), Massinissa (238-148)
- Deuxième guerre punique (218-202), Scipion l'Africain (236-183), bataille de Zama (202)
- Afrique romaine, Province d'Afrique (de -146 à 486), Diocèse d'Afrique (314-432)
- Numidie (province romaine) (de -46 à 429/435), Numidie cirtéenne (303-313)
- Maurétanie tingitane (de -42 à 429/435), Maurétanie césarienne (de-41 à 429/435), Maurétanie sétifienne (293-585)
Liens externes
- Massyles
- Massinissa, un roi numide / Extrait de l'Encyclopédie Universalis
- Numides / Encyclopédie Universalis
- Cirta (Constantine) capitale Numide / Encyclopédie Universalis
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