Marche des drapeaux
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Événement annuel (d), défilé, célébration, flag flying day |
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La marche des drapeaux est un défilé annuel de l'extrême droite israélienne organisé depuis 1968 dans le cadre de la journée de Jérusalem, qui célèbre la prise de Jérusalem-Est par Israël lors de la guerre des Six Jours.
Initialement limité au quartier juif de la vieille ville, le défilé traverse désormais le quartier musulman. L'événement est régulièrement marqué par des slogans racistes, des actes de vandalisme et des violences à l'égard de la population palestinienne.
Cette marche constitue une source récurrente de tensions géopolitiques, ayant notamment contribué au déclenchement de la crise israélo-palestinienne de 2021. Plusieurs ministres du gouvernement israélien y participent régulièrement depuis 2023, notamment Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich.
Contexte et organisation
La marche des drapeaux a lieu annuellement depuis 1968[1] dans le cadre de la journée de Jérusalem[2], qui célèbre la prise de Jérusalem-Est par Israël lors de la guerre des Six Jours[3],[4]. Si le défilé ne passait à l'origine qu'à travers le quartier juif de la vieille ville, il traverse désormais le quartier musulman[1]. Depuis les années 2010, elle vise d'après Le Monde moins à célébrer la victoire de 1967 qu'à affirmer la domination juive sur les Palestiniens[5].
L'événement est financé par la municipalité de Jérusalem à hauteur de 700 000 shekels sans appel d'offres public[6],[7]. Il est organisé par l'association Am K'Lavi, présidée par Baruch Kahane, fils du rabbin suprémaciste Meir Kahane[7],[1].
Impact sur la population palestinienne
L'événement provoque régulièrement des situations tendues avec les résidents palestiniens de la vieille ville[4]. Il impose des restrictions sévères aux Palestiniens : fermeture forcée des commerces, couvre-feu informel dans le quartier musulman et déploiement de policiers pour sécuriser le parcours[8].
Des slogans racistes comme « Mort aux Arabes » et « Nous détruirons la mosquée al-Aqsa » ainsi que des actes de vandalisme contre les commerces palestiniens ont régulièrement lieu lors des défilés[8].
Violences
L'événement attire régulièrement des groupes extrémistes, notamment des « jeunes des collines » et des membres du groupe d'ultras La Familia (en), qui agressent des habitants de la vieille ville et participent aux actes de vandalisme. La police tolère ces comportements, préférant souvent évacuer les militants pacifistes venus protéger les Palestiniens plutôt que d'arrêter les perturbateurs[6].
En 2022, les manifestants célèbrent la mort de la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh et commettent des agressions à l'encontre des palestiniens, des journalistes et des commerçants[9]. Les heurts font 40 blessés palestiniens[1]. En 2023, plusieurs journalistes sont agressés par des manifestants, ce qui conduit à l'arrestation de deux personnes[2],[10]. Cinq policiers israéliens sont également légèrement blessés[4].
En 2024, 18 personnes sont interpellées, dont cinq adolescents pour avoir agressé des journalistes[5],[11]. Des palestiniens et des opposants sont également attaqués par des manifestants[12]. En 2025, les manifestants crachent sur des femmes palestiniennes, renversent un homme âgé et tentent de brûler un exemplaire du Coran près de la porte de Damas[7].
Déploiement sécuritaire et répression
Le dispositif sécuritaire mobilise des effectifs importants, avec entre 2 500[2] et 3 500[10] policiers déployés en 2023 et environ 3 000 agents déployés dans Jérusalem en 2024[5],[13].
En 2021, la police israélienne établit un périmètre de sécurité autour de la porte de Damas et évacue préventivement les palestiniens de la zone. Une vingtaine de palestiniens sont arrêtés et une trentaine blessés par les autorités israéliennes[14],[15].
En 2022, Les heurts entre manifestants palestiniens et policiers israéliens font 79 blessés palestiniens à Jérusalem (par balles en caoutchouc, grenades assourdissantes et gaz lacrymogène) et 163 en Cisjordanie, dont 11 par balles réelles selon le Croissant-Rouge palestinien. Plus de 50 personnes sont arrêtées[4], dont plus de 40 palestiniens[9].
Tensions géopolitiques
En mai 2021, une marche des drapeaux est finalement annulée, ayant participé à déclencher onze jours de conflit entre Israël et le Hamas[16].
En juin 2021, le gouvernement Bennett autorise la tenue d'une marche des drapeaux en modifiant son parcours pour éviter le quartier musulman, seul compromis accepté par les organisateurs[16],[14]. Cette manifestation de militants nationalistes d'extrême droite fait craindre une reprise des affrontements, le Hamas menaçant d'une reprise des hostilités si la procession a lieu[16]. En réponse à des manifestations à Gaza, Israël mène des frappes aériennes dans la soirée[14].
En 2023, malgré les craintes d'escalade en raison des affrontements récents avec Gaza, la marche s'achève sans incident sécuritaire majeur[2].
Implication de membres du gouvernement
Depuis 2023[17],[10], plusieurs ministres du gouvernement israélien participent régulièrement à l'événement, notamment Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich[17],[10],[11],[18],[7].
En 2024, Ben-Gvir y déclare notamment que « le mont du Temple nous appartient » et revendique le droit des Juifs à y prier librement[18]. En 2025, il prononce un discours appelant à refuser l'aide humanitaire à Gaza dans le cadre de la guerre qui s'y déroule depuis 2023 et dans lequel il déclare que « nos ennemis ne méritent qu'une balle dans la tête ! »[19].
Violations du statu quo sur l'esplanade des Mosquées
En 2022, plus de 2 600 juifs montent sur l'esplanade des Mosquées pour y prier en marge de la marge, malgré le statu quo établissant que les Juifs n'y ont pas le droit de prier[1]. En 2024, plus de 1 000 juifs y prient[12],[18].
Participation
En 2021, la manifestation réunit plus d'un millier de personnes, dont une majorité de colons, tandis qu'elle réunissait auparavant une dizaine de milliers de manifestants[15]. En 2022, plusieurs milliers de personnes défilent[3],[4],[9]. De 2023 à 2025, des dizaines de milliers de manifestants participent à la marche[2],[11],[19].
Opposition
En réaction à la marche, des contre-manifestations sont organisées en parallèle en 2021[16] et des palestiniens organisent leurs propres marches aux drapeaux en Cisjordanie et à Gaza en 2023[2]. Des militants pacifistes israéliens tentent d'apaiser les tensions lors de la marche en distribuant des fleurs aux passants en 2025[20].
Références
- Cécile Lemoine, « Comment la marche des drapeaux s’est (re)radicalisée » , sur Terre sainte magazine, (consulté le )
- (en) Rami Amichay, « Israel's 'Flag March' in Jerusalem rattles Palestinians » , sur Reuters, (consulté le )
- (en) Raffi Berg, « Jerusalem Flag March: Israeli nationalists stream through Muslim Quarter » , sur BBC, (consulté le )
- (en) Atika Shubert, Abeer Salman, Lauren Izso et Celine Alkhaldi, « Violence erupts around Jerusalem during controversial flag march » , sur CNN, (consulté le )
- (en) Samuel Forey, « A Jérusalem, une « marche des drapeaux » sous haute surveillance » , sur Le Monde, (consulté le )
- (en) Nir Hasson, « Jerusalem Day Flag March Reached a New Low: Mocking the Dead Children of Gaza » , sur Haaretz, (consulté le )
- (en) Emma Graham-Harrison et Quique Kierszenbaum, « Thousands of Israelis join violent, racist march through Jerusalem’s Muslim quarter » , sur The Guardian, (consulté le )
- Lubna Masarwa et Huthifa Fayyad, « « Marche des drapeaux » : les Palestiniens se préparent au pire avant le défilé de l’extrême droite israélienne » , sur Middle East Eye édition française, (consulté le )
- (en) Oren Ziv, « Jewish supremacists chant 'Death to Arabs' during Flag March » , sur +972 Magazine, (consulté le )
- (en) Hadas Gold, Richard Allen Greene et Amir Tal, « Contentious Flag March attracts thousands of Israelis to Jerusalem’s Old City » , sur CNN, (consulté le )
- (en) Aaron Boxerman, « 18 Arrested at Israeli Nationalist Flag March Through East Jerusalem » , sur The New York Times, (consulté le )
- « “Mort aux Arabes” : à Jérusalem, la Marche des drapeaux n’épargne ni civils ni journalistes » , sur Courrier international, (consulté le )
- ↑ (en) Bethan McKernan, « Jerusalem braces for Israeli nationalist flag march through Muslim Quarter » , sur The Guardian, (consulté le )
- Nicolas Rouger, « Marche des drapeaux à Jérusalem : le nouveau gouvernement évite le pire » , sur La Croix, (consulté le )
- Cécile Lemoine, « Une « marche des drapeaux » sous tension à Jérusalem » , sur Terre sainte magazine, (consulté le )
- « Israël. Une marche des drapeaux prévue ce mardi fait craindre une reprise des affrontements » , sur Ouest-France, (consulté le )
- Guillaume de Dieuleveult, « À Jérusalem, la «marche des drapeaux» ravive les tensions » , sur Le Figaro, (consulté le )
- Oren Ziv, « Avec les slogans «brûlez Shuafat» et «aplatissez Gaza», la Marche des drapeaux de Jérusalem illustre la banalisation d’une politique » , sur A l'encontre, (consulté le )
- (en) « A celebration of hate: racism and incitement at Jerusalem’s flag march » , sur The Jewish Independent, (consulté le )
- ↑ (en) Matthew Doran, Hamish Harty et Raed Khatib, « Israeli nationalists chant 'death to Arabs' in annual 'Dance of the Flags' march through Jerusalem » , sur Australian Broadcasting Corporation, (consulté le )
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