Rue du Marché aux Fromages
La rue du Marché aux Fromages (en néerlandais : Kaasmarkt), jadis Smaelbeek, aujourd'hui également désignée sous le sobriquet de rue des Pitas[1] ou rue des Pittas[2], est une très ancienne rue bruxelloise.
Après avoir été renommée par les édiles communaux, rue du Cercueil, elle a retrouvé son nom historique.
Elle commence rue des Chapeliers et finit rue des Éperonniers.
Dans la rue du Marché aux Fromages, débouchent deux antiques impasses: l'impasse du Dragon (Draeckenganck), et l'impasse du Poivre (Peperganck).
Maisons remarquables
Le Marché aux Fromages a conservé de nombreuses maisons anciennes, la plupart reconstruites après le bombardement de Bruxelles de 1695 ont subi de lourdes transformations au XIXe siècle mais sans perdre leur aspect original.
L'on y remarque les maisons nommées:
- Zeepeerd (au Cheval Marin), actuel n° 1 au coin de la rue des Chapeliers. Encadrement de porte de style Louis XV.
- Drij Pagekens (aux Troix Pages), actuel n° 5-7. Façade en briques et grès récemment décapée.
- Den Eijseren Draeck (au Dragon de Fer), actuel 15-17. Vaste maison de maître construite[3] en 1709 par Jean-Baptiste van Dievoet (1663-1751), frère du sculpteur Pierre van Dievoet (1661-1729), et située à droite de l'Impasse du Dragon. Le rez-de-chaussée a été totalement défiguré en 1882 et transformé en deux devantures commerciales[4]. On peut le regretter quand on lit dans les Wyckboeken[5] ou livre des Quartiers de Bruxelles, la belle description qui en est faite: "une nouvelle grande et belle maison que l'acheteur (Jean-Baptiste van Dievoet) a fait construire peu de temps après l'achat du terrain (en 1709)[6] et où actuellement pend le Dragon de Fer située sur le Marché aux Fromages". L'acte précise plus loin: "avec toutes les boiseries incluant les peintures qui y sont encastrées et les cuirs dorés qui sont tendus dans la pièce avant du rez-de-chaussée vers la rue, tout comme les menuiseries qui sont clouées dans ladite maison". Ce nom plonge son origine dans l'histoire la plus ancienne de Bruxelles puisque, selon la tradition, cette maison est située au lieu même où Saint Géry vainquit le dragon qui semait la terreur sur le territoire de la future cité et dont l'antre était situé à cet endroit près du ruisseau appelé le Smaelbeek[7]. Depuis son constructeur Jean-Baptiste van Dievoet (1663-1751), époux d'Anne van der Borcht, jusqu'à Jean-Louis Van Dievoet (1777-1854), quatre générations de la famille Van Dievoet y ont vécu. Vers 1825 cette maison fut habitée par le magistrat historien et généalogiste Luc de Roovere de Roosemersch et était alors connue sous le nom d'hôtel de Roovere de Roosemersch.
- De Kat (au Chat), actuel n° 35 formant le coin avec la rue des Éperonniers où elle porte le n° 43. Immeuble élevé[8] en 1697.
- Autrefois, la famille Van Cutsem y possédait la Brasserie France. Elle passa à Catherine, l'épouse de Jean-Baptiste Meeûs (1672-1734). Ce couple allait devenir propriétaire du Théâtre de la Monnaie.
Situation administrative
Dans l'ancien régime, la ville de Bruxelles était divisée en 10 quartiers, comprenant chacun quatre sections (wijcken) formant les 40 sections (Wijcken).
Chaque quartier avait un "capitaine de la garde bourgeoise" et chaque section un "centenier" (hondersteman - centurio).
Le Marché aux Fromages, faisait partie du 10e quartier dit du Marché aux Fromages ( Kaesmarktwijk) ou du Marché aux herbes (Gersemercktwijk) et de la Trente-huitième Section (Wijck 38), appelée "Smaelbeekwijk", et appartenait à la paroisse de Saint-Nicolas.
Au XIXe siècle il faisait partie de la Section 8.
Bibliographie
- Guillaume Des Marez et A. Rousseau, Guide illustré de Bruxelles, 1979, pp.30, 32, 62,151, 152.
- Eugène Bochart, Dictionnaire historique des rues, places...de Bruxelles, Bruxelles, 1853.p. 281.
- Le patrimoine monumental de la Belgique, Bruxelles, Pentagone, tome 1B, Bruxelles, 1993, pp. 404-406.
- Albert Mehauden et Michel Vanwelkenhuyzen, La Ville de Bruxelles. Ses habitants, leurs métiers et leurs adresses vers 1767, Bruxelles, 1998.
- Jean d’Osta, Dictionnaire historique et anecdotique des rues de Bruxelles, Bruxelles, 1986, pp. 187-188.
Notes
- ↑ « La Rue des Pitas n’est plus le Las Vegas bruxellois », sur www.lavenir.net (consulté le )
- ↑ N. G., « La rue des Pittas relookée », sur La Dernière Heure/Les Sports, (consulté le )
- ↑ Jean-Baptiste van Dievoet va y construire en 1709 la grande et belle demeure nommée Den Eyseren Draeck ou den Draeck sur le Marché-aux-Fromages. La construction de cette maison provoqua un procès avec son voisin Gérard Van Arckel à cause d’une fissure apparue dans son mur. (Archives Ville de Bruxelles, procès 4882. Procès, 1701-1710. Jan Baptista Van Dievoet contre Gérard Van Arckel. – 1710). Ce fait est relaté dans : Remarques sur le commentaire de Me Louis Le Grand, sur la coutume de Troyes, à l'usage des Pays-Bas Autrichiens et principalement du Duché de Brabant, partie première, Bruxelles, 1777 : « À quelles reparations est tenus celui, qui en bâtissant dans son propre fond, préjudicie à son voisin. N. Van Divoet faisant rebâtir sa Maison, et ayant fait des fondemens plus profonds que du passé, cela fut cause que le mur de N. Van Arckel, son Voisin, se fendit : Van Arckel le tira en justice, et il fut contraint à réparer la fente au dire des Experts ; mais Van Arckel ne s'étant pas contenté de cela ; le Magistrat de Bruxelles jugea que Van Divoet devoit passer parmi cette réparation, et cette Sentense fut confirmée au Conseil en Janvier 1711. au rapport de M. Farisseau, sous le Greffier Bodry ».
- ↑ Le patrimoine monumental de la Belgique, "Bruxelles. Pentagone", 1B, p. 405 : « R. d. ch. commercial aux devantures jumelées et "classiques" érigées en 1882 ».
- ↑ Archives Générales du Royaume, Wyckboecken de Bruxelles, SMALBEECK WYCK. N° 23
- ↑ Lors du bombardement de 1695, la maison au Grand Dragon, (den Grooten Draeck) située Marché aux Fromages, avait été détruite et sur son emplacement ainsi que sur celui de la maison à sa droite également bombardée appelée au Petit Dragon (den Cleijnen Draeck) appelée ensuite de Witte Roose, avait été construite en 1709 par Jean-Baptiste van Dievoet la maison au Dragon de Fer (den Eijseren Draeck) sur un grand terrain bombardé, actuel n° 15 et 17 du Marché aux Fromages (Archives Générales du Royaume de Belgique, Notariat Général de Brabant, Notaire Van den Eede, protocole n° 1159, acte du 4 mai 1709, n° 69) pour une valeur de 3.000 florins. Cette maison qui y sera construite par Jean-Baptiste van Dievoet immédiatement après son achat du terrain bombardé, est décrite comme étant une nouvelle belle et grande maison appelée au Dragon de Fer (Den Eyseren Draeck): een groote schone nieuwe huys appelée "Den Eyseren Draeck" ou "Dragon de Fer" d'où pendait comme disent les wijckboecken un dragon de fer: "waer hangt een eyseren draeck" (Archives Générales du Royaume, Wijckboeken, n° 23, Coop)
- ↑ Victor Devogel, Légendes bruxelloises, illustrations de C.-J. Van Landuyt, Bruxelles, p.29 à 36. Voir p. 34: « Un dragon dévastait Bruxelles, ses campagnes, ses bois et ses marais. D'aucuns affirment même que l'allée du Dragon, qui existait autrefois dans notre cité, tirait son nom du séjour qu'y fit cet animal fabuleux. ». L'allée du Dragon s'appelle maintenant impasse de la Poupée.
- ↑ Le patrimoine monumental de la Belgique, Bruxelles, Pentagone, 1B, Bruxelles, 1993, p. 24 (rue des Éperonniers).
Voir aussi
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