Marcelle Pardé

Marcelle Pardé
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Marcelle Berthe Pardé
Nationalité
Formation
Activités
Fratrie
Parentèle
Philippe Couillard (petit-neveu)
Autres informations
Membre de
Grade militaire
Conflit
Lieux de détention
Distinctions
Archives conservées par
Service historique de la Défense (GR 16 P 457527, AC 21 P 522812)

Marcelle Pardé, née le à Bourgoin (actuelle commune de Bourgoin-Jallieu[1]) et morte le à Ravensbrück, est une déportée résistante[2] française, cheffe de la Section Bourgogne du réseau de renseignement Brutus.

Biographie

Marcelle Pardé sort de l'École normale supérieure de Sèvres en 1915, en pleine guerre[3]. Se mettant au service des hôpitaux militaires dans l'École de Sèvres même, puis en Bretagne,[réf. nécessaire] elle se retrouve finalement près de sa famille à Chaumont où elle est nommée au lycée de garçons[4]. Elle passe alors ses loisirs à agir comme infirmière à l'hôpital militaire local[4]. Le quartier général du corps expéditionnaire américain s'étant installé à Chaumont en 1917, la maison familiale est réquisitionnée en partie pour loger plusieurs officiers de l'État-Major du général Pershing[réf. nécessaire]. Cette proximité lui fait s'intéresser aux États-Unis et accepter en 1919 un poste d'enseignement du français au collège Bryn Mawr en Pennsylvanie, où elle enseigne jusqu'en 1929[réf. nécessaire][3]. Elle peut alors profiter d'une liberté exceptionnelle pour une femme de sa génération, se promenant régulièrement à cheval et apprenant à conduire une voiture. Revenue en France pour se rapprocher de sa mère dont la santé décline[réf. nécessaire], elle obtient en 1932 la bourse Albert Kahn pour mener une enquête sur l'état des écoles françaises au Moyen-Orient[3],[4]. Cette mission la conduira en Espagne, en Égypte, en Palestine, en Syrie et en Perse. Elle gagne Bagdad et parcourt la Perse en auto de la mer Caspienne à l'Océan Indien. Au retour, un grave accès de paludisme la retient plusieurs semaines à Alep. Elle revient par l'Asie Mineure, Constantinople, la Yougoslavie et l'Autriche[5]. Après une période de convalescence, elle devient directrice du lycée de jeunes filles Edgar-Quinet à Bourg-en-Bresse en 1932[6] puis directrice du lycée de filles de Dijon en 1935[3]. À la déclaration de guerre, ses amis de Bryn Mawr, inquiets, lui offrent rapidement un poste aux États-Unis, mais elle refuse de quitter sa patrie en danger[réf. nécessaire]. Le gouvernement français lui confie une mission délicate de renseignement et de propagande française en Turquie en 1939[3].

Peu de temps après son retour de mission en , elle cherche à se rendre utile à la France puis après juin à la Résistance. Elle parvient finalement à s'engager dans les Forces françaises combattantes en liaison directe avec Londres en [3]. Dès 1943, elle est lieutenante au sein du réseau Brutus, coordonnant la collecte de renseignements militaires et coordonnant avec d'autres unités résistantes[3]. À la suite d'arrestations effectuées à Paris en , elle est arrêtée le avec sa fidèle secrétaire Simone Plessis, résistante de la première heure et déportée avec elle par le « convoi des 57000 » le à Ravensbrück[7],[8], où Marcelle Pardé meurt d'épuisement, de famine et de maladie en [3]. Selon des témoignages de survivantes, elle fut, pendant les quelques mois qui lui restaient à vivre, le soutien spirituel du camp, empêchant ses sœurs prisonnières de sombrer dans l'abrutissement bestial complet en organisant des causeries diverses et cultivées[9]. Sa promotion à la Légion d'honneur du souligne l'exemple qu'elle donna à Ravensbrück « par son calme courage et son dédain de l'ennemi. »[3]

Famille

Marcelle Pardé est la sœur d'Isabelle Pardé (1900-1993), artiste-peintre[10], et de Maurice Pardé (1893-1973), éminent potamologue de renommée internationale. Parmi ses neveux, Emile Pardé (fils de Maurice) s'est engagé dans le maquis de l'Oisans où il a été tué, le 13 août 1944, lors de l'attaque du Poursollet[11]. Son petit-neveu Philippe Couillard est Premier ministre du Québec entre 2014 et 2018.

Distinctions

Marcelle Pardé est récipiendaire, à titre posthume, des décorations suivantes :

En 2002, Marcelle Pardé se vit également octroyer le titre de « Gardien de la Vie » par L'Association Française pour l'Hommage aux Justes en reconnaissance de son action déterminée pour la sauvegarde de ses élèves juives lors de ses années de résistance à l'occupation.

Hommages

  • En 1945, le Collège de Bryn Mawr créa une bourse « Marcelle Pardé » en mémoire de leur collègue.
  • À la fin de la guerre, le lycée qu'elle dirige à Dijon prend son nom, avant que celui-ci devînt un collège en 1967.
  • Le lycée professionnel issu de son lycée de Bourg-en-Bresse porte également son nom[13].

Notes et références

  1. Archives départementales de l'Isère, registres de l'État-civil :

    « L’an mil huit cent quatre-vingt-onze et le quatorze février à deux heures du soir par-devant nous Volozan Pinet Ennemond, adjoint délégué, officier d’Etat-Civil de la ville de Bourgoin (Isère) est comparu M. Pardé Léon Gabriel Charles, âgé de vingt-six ans, garde général des Forêts, demeurant à Bourgoin, lequel nous a présenté un enfant de sexe féminin, né aujourd’hui à huit heures du matin en son domicile, rue Docteur Polosson, de lui déclarant et de Leboeuf Jeanne Augustine Louise, âgée de vingt-deux ans, sans profession, son épouse auquel enfant il a déclaré vouloir donner les prénoms de Marcelle Berthe. Les dites déclarations et présentations faites en présence de Messieurs Caral Jérôme soixante-cinq ans principal honoraire et Marthouret Michel cinquante-et-un ans notaire domiciliés à Bourgoin.
    Après lecture du présent acte le déclarant et les témoins ont signé avec nous. »

  2. Journal officiel de la République française no 048 du 25 février 1996
  3. Collège Marcelle Pardé (Dijon)., Les Femmes et la Résistance en Côte-d'Or, Dijon, Collège Marcelle Pardé (Dijon), , 60 p., p. 33-35
  4. (de) Sigrid Jacobeit et Elisabeth Bruman-Güdter, Ravensbrückerinnen, 176 p. (ISBN 3-89468-163-2), p. 135
  5. Albert Heuvrard, « Mademoiselle Marcelle Pardé », Le Miroir Dijonnais et de Bourgogne, no 189,‎ , p. 4982-4983
  6. Bourg se souvient, p. 4, paragraphe "Lycée Pardé".
  7. "Livre Mémorial des Déportés de France" de la Fondation pour la mémoire de la déportation Tome 3 p. 124
  8. MemorialGenWeb.org - Marcelle PARDÉ
  9. Simone Bertrand, Mille Visages un seul Combat, Les Femmes dans la Résistance, Les Éditeurs Français Réunis, , p. 76
  10. Cercle Généalogique de Haute-Marne, "Isabelle Pardé", Leurs ancêtres étaient Haut-Marnais, 2004.
  11. http://www.maquisdeloisans.fr/wp-content/uploads/2016/12/Biographie-dEmile-Pard%C3%A9-V2.pdf
  12. Ordre de la Libération, « Médaille de la Résistance française - fiche Marcelle PARDE » (consulté le )
  13. Qui était Marcelle Pardé sur le site du lycée Marcelle-Pardé.

Bibliographie

  • « Le Lycée pendant l'occupation (1939-1944) » in : Le Lycée de Jeunes Filles de Dijon, 1897-1967, par Marie-Jeanne Ormancey, ouvrage broché édité par le Collège Marcelle Pardé, coopérative scolaire, en 1998.
  • Bulletin des Anciennes Élèves du Lycée Marcelle-Pardé de Dijon, année 1967 : une brève biographie (3 pages) écrite par une compagne de l'École de Sèvres de Mlle Pardé.
  • Archives familiales de Hélène Pardé-Couillard, nièce de Marcelle Pardé. Hélène Pardé étudia elle-même à Bryn-Mawr en 1954-1955 en tant que boursière « Marcelle Pardé ».
  • Les Femmes et la Résistance en Côte-d'Or, par le Collège Marcelle Pardé, 1991.
  • Ravensbrückerinnen, par Sigrid Jacobeit en collaboration avec Elisabeth Brüman-Güdter, 1995.
  • Club Mémoires 52, Des Haut-Marnais déportés et internés, , 124 p. (ISBN 9782307312949, lire en ligne)

Voir aussi

Liens externes

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