Marcel Ophüls

Marcel Ophüls
Biographie
Naissance
Décès
Nationalités
Formation
Activités
Réalisateur de cinéma, acteur, scénariste de cinéma
Période d'activité
Père
Mère
Hildegard Wall (d)
Conjoint
Régine Ackermann-Ophüls (d)
Autres informations
Membre de
Distinctions
Films notables

Marcel Ophuls, né Hans Marcel Oppenheimer le à Francfort-sur-le-Main (république de Weimar) et mort le à Lucq-de-Béarn (Pyrénées-Atlantiques)[1], est un réalisateur franco-américain d'origine allemande, surtout connu pour ses documentaires et essentiellement actif en France.

Après quelques expériences peu fructueuses dans le cinéma de fiction au début de la Nouvelle Vague, Marcel Ophuls se tourne vers le documentaire au sein de l'ORTF. En écornant le mythe gaullien d’un pays rassemblé contre l’occupant allemand[2], Le Chagrin et la Pitié, film-somme qu'il réalise en 1969, fait date dans l'histoire du cinéma documentaire autant qu'il marque l'opinion française et internationale[1].

Biographie

Famille

Marcel Ophuls est le fils du réalisateur juif allemand Max Ophuls et de l'actrice allemande Hildegard Wall[3].

Jeunesse

Jeune, il fuit l'Allemagne nazie vers la France, puis les États-Unis, où il verra son père, Max Ophüls, humilié par les studios et les producteurs français et américains ; cela expliquera ses conflits permanents avec le monde du cinéma (ainsi que ses difficultés à trouver des collaborateurs dans le domaine de la production).[réf. nécessaire]

Pendant la période américaine de son père, il est G.I. et envoyé au Japon.

Carrière

Après avoir assisté de grands noms de la réalisation (John Huston, Julien Duvivier, son père...), il débute assez discrètement dans la réalisation. Jean de Baroncelli, qui avait jugé sans enthousiasme son sketch de L'Amour à vingt ans, « un peu pâlot, mais où on décelait, à défaut d'une forte personnalité, des qualités certaines d'exécution », voit dans Peau de banane « une aimable comédie, absolument dépourvue de prétention », tout en remarquant que « d'un film à l'autre, le talent de Marcel Ophuls ne s'en est pas moins étoffé[4]. »

Son film suivant, Faites vos jeux, mesdames avec Eddie Constantine, est un échec critique et commercial, le contraignant à travailler pour la télévision. Il réalise des reportages et du journalisme subjectif pour l'ORTF en 1966, notamment l'émission Zoom, et forme en son sein un groupe qui s'efforce, selon ses termes, d'« essayer de briser la censure gaulliste » et « surtout les bondieuseries »[5]. En 1967, il réalise deux émissions consacrées aux accords de Munich, puis quitte l'ORTF après Mai 68.

Après quelques téléfilms et comédies « sans prétention »[4], il change radicalement de voie et de dimension en 1969, avec Le Chagrin et la Pitié : ce documentaire d'investigation sur l'occupation allemande à Clermont-Ferrand et sur le régime de Vichy, entre 1940 et 1944, dénonce ce que l'on appelle alors le « mythe résistancialiste ». L'historien Pierre Laborie a critiqué la lecture de ce documentaire dans son essai Le Chagrin et le Venin.

C'est une véritable bombe pour les milieux tant cinématographiques que politiques. Encensé à l'étranger, le film est censuré par l'ORTF et n'est diffusé à la télévision qu'après l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981[6]. Il est nommé aux Oscars dans la catégorie du meilleur film documentaire.

Marcel Ophuls poursuit son œuvre sans toujours rencontrer le succès. Plusieurs de ses films, comme L'Empreinte de la justice et November Days ne bénéficient pas, en leur temps, d'une sortie dans les salles françaises, malgré leurs sélections dans des festivals internationaux. S'il obtient, en 1989, l'Oscar du meilleur film documentaire pour Hôtel Terminus : Klaus Barbie, sa vie et son temps (produit aux États-Unis), son film suivant, Veillées d'armes : histoire du journalisme en temps de guerre, enregistre un grand succès critique mais peu d'entrées en salles.

Honneurs

Mort

Marcel Ophuls meurt le à son domicile de Lucq-de-Béarn à l'âge de 97 ans[1],[8], douze ans après le tournage de son dernier film, Un voyageur, encore inédit en salles.

Ses obsèques se déroulent dans la plus stricte intimité le , suivie par sa crémation à Labastide-Monréjeau[9].

Engagement

Marcel Ophuls est membre du comité d'honneur de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD).

Filmographie

Comme réalisateur

Au cinéma

À la télévision

  • 1957 : Der Punkt auf dem i (Les points sur les "i"), réalisé sous le pseudonyme de Marcel Wall, 43 min
  • 1957 : Die Ballade vom Groschen (La ballade de cinq centimes), réalisé sous le pseudonyme de Marcel Wall, 20 min
  • 1958 : Standpunkte (Points de vue), réalisé sous le pseudonyme de Marcel Wall, 8 min
  • 1958 : Das Pflichtmacht, réalisé sous le pseudonyme de Marcel Wall, 50 min
  • 1967 : Munich ou La Paix pour cent ans, documentaire de 172 min[11]
  • 1970 : Clavigo, téléfilm réalisé en collaboration avec Fritz Kortner
  • 1970 : Auf des Suche nach meinem Amerika (À la recherche de mon Amérique), 147 min
  • 1970 : La Moisson de My Lai, téléfilm de 42 min
  • 1970 : Zwei ganze Tage, téléfilm de 74 min
  • 1980 : Kortnergeschichten, documentaire pour la télévision
  • 1982 : Festspiele (Festival), téléfilm, 86 min
  • 1982 : Yorktown, le sens d'une victoire, documentaire pour Antenne 2, 86 min
  • 1990 : November Days, documentaire pour la télévision qui a bénéficié d'une sortie en salles en 1991, 129 min

Comme assistant réalisateur

Distinctions

Récompenses

Nominations

Publications

Notes et références

  1. Jacques Mandelbaum, « Marcel Ophuls, auteur du Chagrin et la Pitié, maître du documentaire malgré lui, est mort », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  2. « Le Chagrin et la Pitié : la France de Vichy dynamitée : l’onde de choc salutaire d’une œuvre censurée » par Isabelle Poitte sur telerama.fr du 7 avril 2024.
  3. « Marcel Ophüls : “Le documentaire est un genre étriqué” », Les Inrocks,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. « Peau de banane », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. [vidéo][Production de télévision] « Le Chagrin et la Pitié - la France de Vichy dynamitée », Joseph Beauregard, , Arte.
  6. François Ekchajzer, « Marcel Ophuls : “Je n’aime pas me servir d’une caméra comme d’une arme” », Télérama,‎ (lire en ligne).
  7. (de) Marcel Ophuls - Von 1984 bis 1989 Mitglied der Akademie der Künste, Berlin (West), Sektion Film- und Medienkunst. Seit 1998 Mitglied der Akademie der Künste, Berlin, Sektion Film- und Medienkunst sur le site de l'Akademie der Künste.
  8. AFP, « Décès à 97 ans du documentariste français Marcel Ophüls », sur Ici Radio-Canada, (consulté le ).
  9. Avis de décès
  10. (en) A Sense of Loss, IMDb, lire en ligne (consulté le 8 décembre 2021).
  11. (en) Munich ou la paix pour cent ans, IMDb, lire en ligne (consulté le 8 décembre 2021).

Voir aussi

Bibliographie

Filmographie

Radio

Liens externes

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