Marau Taʻaroa
| Reine consort |
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(à 74 ans) Papeete |
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| Conjoint |
Johanna Marau Taʻaroa a Tepau Salmon, née le et morte le est la dernière reine consort de Tahiti en tant qu'épouse du roi Pōmare V, qui règne de 1877 à 1880[1].
Biographie
Jeunesse et formation
Elle naît en 1860 d'Alexander Salmon, un marchand juif anglais, et de la princesse Oehau, qui reçut plus tard le titre d'ariʻi Taimaʻi. Elle est leur troisième fille et septième enfant[2],[3]. Sa mère est la fille adoptive de la veuve du roi Pomare II, mère de Pomare III et de Pomare IV. Considérée comme l'une des dynasties les plus haut placées du pays, elle est à la tête des Teva, les rivaux traditionnels de la famille Pōmare, et descend du chef Amo et de la reine Oberea.
Les enfants Salmon et leurs proches de la famille Brander fréquentent des écoles en Europe[4] ou en Australie[5]. À partir de la fin des années 1860, Marau fait ses études à Sydney, en Australie. Elle fréquente une école privée, le Young Ladies' College, dirigée par Miss Fallow dans la ville jusqu'à ce qu'elle rentre chez elle à Tahiti pour se marier[6]. Le retour de Marau se déroule probablement après 1868 car elle assiste au pique-nique du 12 mars 1868 à Clontarf où Alfred Ier de Saxe-Cobourg et Gotha. Il visite ensuite Tahiti en 1870 et partage un repas avec la famille Brander[réf. nécessaire].
Mariage et influence politique
Le , elle épouse le prince héritier Ariiaue, futur roi Pōmare V, à Papeete[7]. Ce mariage, bien que politiquement stratégique, est marqué par des tensions et des incompatibilités. Les habitudes de son mari, notamment son penchant pour l'alcool, rendent la vie commune insupportable. Elle quitte le palais pour vivre chez sa mère à Papara[8].
Sa belle-mère, Pōmare IV (1813–1877), décède après un long règne le 17 septembre 1877, et Marau et Ariiaue se séparent, mais l'amiral français Paul Serre les persuade de faire la paix. Ils furent couronnés roi et reine de Tahiti le 24 septembre 1877 avec l'approbation de l'Assemblée législative de Tahiti et des Français, et son mari prit le nom de Pōmare V[9]. Ils ont trois enfants :
- Teri'i-nui-o-Tahiti Te-vahine-taora-te-rito-ma-te-ra'i Teri'ia'e-tua, mieux connue sous le nom de princesse Teri'inui o Tahiti (9 mars 1879 - octobre 29, 1961)[10][7],[11],[12]
- Ari'i-manihinihi Te-vahine-rere-atua-i-Fareia, mieux connue sous le nom de princesse Takau Pōmare-Vedel (4 janvier 1887 - 27 juin 1976)[7],[13]
- Ernest Albert Teri'i-na-vaho-roa-i-te-tua-i-Hauviri Tetua-nui-marua-i-te-ra' i Aro-roa-i-te-mavana-o-Tu Te pau, (15 mai 1888 — 4 décembre 1961)[7]
Cependant, il est convenu que la nièce de Pōmare V, la princesse Teriivaetua (fille de son deuxième frère Tamatoa V de Raiatea) et son neveu le prince Hinoi (fils de son quatrième frère Teri'itua Tuavira Joinville) seraient placés devant les enfants de la reine Marau dans l'ordre de succession[2].
En 1884, après l'abdication de Pomare V, elle entreprend un voyage en Europe où elle est reçue avec enthousiasme dans les cercles aristocratiques et artistiques parisiens[8],[9]. Après son divorce en 1888, Marau continue de jouer un rôle public important. Elle est un pont entre les traditions tahitiennes et le monde occidental, participant notamment à la transcription des mémoires de sa famille et à la publication des récits historiques de Tahiti[8]. En 1907, elle utilise son influence pour négocier des contrats dans l’exploitation des phosphates sur l’île de Makatea, un acte qui permet de contrecarrer les plans de son ex-mari et de son avocat[8],[9].
Plus tard, elle fait la connaissance de l'écrivain américain Henry Adams qui écrit une biographie de sa mère et d'elle-même[14]. Parmi ses autres amis, on compte Paul Gauguin, Pierre Loti, Somerset Maugham, Rupert Brooke, Robert Keable, Alain Gerbault[15] et Robert Louis Stevenson[16].
Elle décède le 2 février 1935 à l'hôpital de Papeete à la suite d'une opération. Sa tombe, conçue comme un hommage au marae Mahaiatea, est un monument symbolisant son lien indéfectible avec la culture tahitienne traditionnelle[8],[9].
Ouvrage
- Marau Taaroa, Mémoires de Marau Taaroa, dernière reine de Tahiti: Traduit par sa fille, la princesse Ariimanihinihi Takau Pomare, Société des Océanistes, (ISBN 978-2-85430-098-7, lire en ligne).
Les Mémoires de Marau Taaroa constituent l'une des principales sources sur la société tahitienne. Cet ouvrage réalisé aux côtés d'Henry Adams, combine les informations anthropologiques et les témoignages de différents membres de l'aristocratie tahitienne ainsi que les données provenant des premiers explorateurs et missionnaires de l'île. La première édition envoyée à Marau Taaroa en 1893 la pousse à contribuer davantage et à fournir plus d'informations pour compléter le document. Elle devient la principale source des informations relatives aux traditions sur l'île et aux relations entre les différentes dynasties. Marau Taaroa tente d'ailleurs de mettre en avant la dynastie Tavau, contrairement à la dynastie Pomare[17].
Postérité
En 2019, un manuscrit rédigé par sa fille, Ariimanihimanhi Takau Pomare-Vedel, dans les années 1932-1933, est retrouvé dans un appartement à Nice[18]. Ce manuscrit et celui de sa mère mènent à la rédaction d'un nouvel ouvrage reposant sur les souvenirs collectés sur plusieurs générations[19], rédigé par Raanui Daunassans. Il est publié le 4 novembre 2024[20].
La « Maison de la Reine Marau » est également une attraction touristique. Construite en 1899, c'est également dans cette maison que meurt Marau Taaroa. Le bâtiment est remis à neuf en 1988 pour accueillir des visiteurs, puis abandonné progressivement. Située face à l'Assemblée de la Polynésie française, la préservation du bâtiment fait l'objet de plusieurs questions[21].
Notes et références
- ↑ Robert D. Craig, Historical Dictionary of Polynesia, vol. 39, Scarecrow Press, , 126–127 p. (ISBN 0-8108-4237-8, lire en ligne [archive du ])
- Constance Gordon-Cumming, A Lady's Cruise in a French Man-of-War, William Blackwood and Sons, (lire en ligne), p. 161
- ↑ George Biddle, Tahitian Journal, University of Minnesota Press, (ISBN 0-8166-5708-4, lire en ligne [archive du ])
- ↑ « LADY BRASSEY'S CRUISE TO TAHITI IN THE SUNBEAM. », The World's News, Sydney, National Library of Australia, , p. 6 (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « Ancient Race has Permeated Empire. », The World's News, Sydney, National Library of Australia, , p. 5 (lire en ligne, consulté le )
- ↑ « MARAU TAAROA. », The Sydney Morning Herald, NSW, National Library of Australia, , p. 11 (lire en ligne, consulté le )
- Teuira Henry, John Muggridge Orsmond, Ancient Tahiti, vol. 48, Bernice Pauahi Bishop Museum, (lire en ligne [archive du ]), p. 250
- (en) « Pacific women of history: Marau Ta'aroa, the Sydney-schooled 'last Queen of Tahiti' », sur ABC Pacific, (consulté le )
- (en-US) Nicholas Hoare, « Hidden women of history: Marau Ta'aroa, the Sydney-schooled ‘last Queen of Tahiti’ », sur The Conversation, (consulté le )
- ↑ Dodd 1983, p. 198.
- ↑ « Splendor of Tahiti Is Gone », San Jose News, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- ↑ « To Charm Or Not To Charm », Eugene Register-Guard, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- ↑ « Tahitian Princess Here – Ariimahinihini Pomare, Daughter of Late King Pomare », The Day, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- ↑ Henry Adams, Marau Taaroa, Memoirs of Arii Taimai e Marama of Eimeo, Teriirere of Tooarai, Teriinui of Tahiti, (lire en ligne [archive du ])
- ↑ Eric Ramsden, « Marau Taaroa, a Sydney-educated Queen », Sydney Morning Herald, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- ↑ Finney, « Robert Louis Stevenson's Tahitian Poems », Journal de la Société des Océanistes, vol. 20, no 20, , p. 92–96 (DOI 10.3406/jso.1964.1912, lire en ligne [archive du ], consulté le )
- ↑ Robert Langdon, « A View on Ari'i Taimai's Memoirs », The Journal of Pacific History, vol. 4, , p. 162–165 (ISSN 0022-3344, lire en ligne, consulté le )
- ↑ Quentin Lacour, « Tātou : les souvenirs de Marau Taaroa • TNTV Tahiti Nui Télévision », sur TNTV Tahiti Nui Télévision, (consulté le )
- ↑ « Marau Taaroa, dernière reine de Tahiti | Association des éditeurs de Tahiti et des îles », sur lireenpolynesie.fr (consulté le )
- ↑ Delphine Barrais, « Raanui Daunassans : “Tout le monde est passionné” », sur TAHITI INFOS, les informations de Tahiti (consulté le )
- ↑ « À la découverte du patrimoine de la Polynésie française : La Maison de la Reine Marau », sur Outremers360° (consulté le )
Bibliographie
- Steven R. Fischer, Island at the End of the World: The Turbulent History of Easter Island, London, Reaktion Books, (ISBN 978-1-86189-245-4, OCLC 254147531, lire en ligne)
- Marau Taaroa (trad. Ariimanihinihi Takau Pomare), Memoires de Marau Taaroa: Derniere Reine de Tahiti. Traduit par sa fille, la princesse Ariimanihinihi Takau Pomare, Paris, Société des Océanistes, (ISBN 9782854300512, OCLC 233646038, DOI 10.4000/books.sdo.227, lire en ligne)
- Ernest Salmon, Alexandre Salmon, 1820–1866, et sa femme Ariitaimai, 1821–1897: deux figures de Tahiti à l'époque du protectorat, Paris, Société des Océanistes, (ISBN 9782854300420, OCLC 6229240, DOI 10.4000/books.sdo.777, lire en ligne)
- Edward Dodd, The Rape of Tahiti, New York, Dodd, Mead & Company, (ISBN 978-0-396-08114-2, OCLC 8954158, lire en ligne)
- Ariimanihinihi Takau Pomare-Vedel et Raanui Daunassans, Marau Taaroa: Dernière reine de Tahiti, Au Vent des Iles, (ISBN 978-2-36734-576-5, lire en ligne)
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