Maramureș (région)

Maramureș
Marmatie

Église en bois à Oncești.
Administration
Pays Roumanie
Ukraine
Territoires actuels Județ de Maramureș
Oblast de Transcarpathie
Ville principale Sighetu Marmației
Géographie
Coordonnées 47° 57′ 00″ nord, 23° 39′ 00″ est
Altitude Max. 2 303 m m (Pietrosul Rodnei)
Localisation

La région du Maramureș (jaune).

La région du Maramureș (roumain : Maramureș ro ; rusyn : Мараморош ; ukrainien : Мармарощина ; hongrois : Máramaros hu) est une région historique d'Europe, au niveau géographique, historique et culturel. Elle correspond à la région du Maramureș au nord de la Roumanie et à l'Ouest de Ukraine (Est de l’oblast d’Ukraine transcarpatique). Elle se situe dans les Carpates orientales et dans le bassin supérieur de la rivière Tisza.

Toponymies

L'appellation ancienne en français est Marmatie liée au voïvodat de Marmatie, duché slavo-roumain au Moyen Âge.

Les noms dans d'autres langues sont les suivants : en russe Мармарош (Marmarosh), en allemand Maramuresch ou Marmarosch, en latin Marmatia et en Yiddish מאַרמאַראָש.

Géographie

Le Maramureș fait partie de la région historique de la Transylvanie. Au niveau administratif, la région du Maramureș fait partie de la province de Maramureș (capitale : Baia Mare) en Roumanie et de la province de Transcarpathie (capitale : Oujhorod) en Ukraine même si les limites de ces deux entités ne correspondent pas exactement aux limites géographiques de la région du Maramureș.

La spécificité topographique du Maramureș est d'être une longue et large vallée encadrée de montagnes dont l'amont se situe en Roumanie (à l'est) et l'aval en Ukraine (à l'ouest). Le territoire du Maramureș est en effet constitué par la dépression du Maramureș sur le cours supérieur de la rivière Tisza (affluent du Danube) et par les versants des montagnes qui l'entourent : les monts Oaș, Gutâi, Țibleș et Rodna (la partie nord des Carpates orientales intérieures) à l'ouest et au sud de même que par les monts Maramureș à l'est et au sud[1]. En Ukraine, le nord-ouest du Maramureș correspond à la partie sud-est de la province de Transcarpathie (raïons de Khoust, Rakhiv et Tiatchiv)[2].

La dépression du Maramureș d'une largeur de maximum 80 km en son point le plus large a été creusée par la rivière Tisza et ses affluents les rivières Iza et Vișeu qui prennent leur source dans les monts Rodna en Roumanie. La Tisza se fraye un étroit passage au goulet proche de la localité de Khoust en Ukraine en débouchant à l'ouest dans la plaine de Panonnie[1],[3].

Les différents massifs montagneux encadrant le Maramureș sont les suivants :

  • au nord en Ukraine :
    • les Gorgany qui culminent à 1 836 mètres d'altitude au mont Syvoulia à 1 836 m ;
    • les Svydovets qui culminent au mont Blysnyzi à 1883 m.
  • au nord-est :
    • en Ukraine, la Tchornohora qui culmine au mont Hoverla à 2 061 m ;
    • en Roumanie et en Ukraine, les monts Maramureș (Munții Maramureșului) qui culminent au mont Farcău à 1 957 m.
  • à l'est en Roumanie, les monts Rodna (Munții Rodnei) qui culminent au mont Pietrosul Rodnei à 2 303 m ;
  • au sud en Roumanie, d'ouest vers l'est :
    • les monts Oaș (Munții Oaș) qui culminent au mont Piatra Vâscului à 917 m ;
    • les monts Gutâi (Munții Gutâiului) qui culminent au mont Gutâi Mare à 1 443 m ;
    • les monts Lăpuș (Munții Lăpușului) qui culminent à 1 322 m ;
    • les monts Țibleș (Munții Țibleșului) qui culminent au mont Bran à 1 840 m.

La région du Maramureș dispose de deux centres urbains significatifs :

Histoire

Le Maramureș a commencé à être significativement peuplé à l'âge du bronze principalement dans la vallée de la Tizsa. Les établissements humains étaient en général fortifiés[4].

Vers 1000 av. J.-C., les tribus daces peuplaient la région du Maramureș où ils avaient des forteresses à Oncești, Slatina, Sighet et Călinești. Lors de la conquête par les Romains en 106 après J.-C., leurs troupes ne sont jamais parvenues à franchir les chaînes de montagne protégeant les villages du Maramureș. La conquête romaine a pour résultat la romanisation du territoire de la Roumanie et d'une partie des Carpates orientales. Les grandes invasions qui suivent la chute de l'empire romain n'ont pas entraîné la disparition des langues romanes issues du latin.

Durant la seconde moitié du Ve siècle apr. J.-C., les Slaves, profitant du départ des Goths vers l’ouest, s’installent sur les versants est et nord des Carpates orientales, occupant les terres abandonnées par les Germains. C'est à partir de cette époque que les ancêtres des Ruthènes occupent sporadiquement le territoire de ce qui deviendra bien plus tard la Ruthénie subcarpathique[5].

Le peuplement humain du Maramureș est cependant resté très faible jusqu'au milieu du Moyen Âge[4].

La christianisation s'est effectuée relativement tardivement en Maramureș et est concomitante avec la date de fondation des églises orthodoxes de Bulgarie (865), de Russie (988) ou de Hongrie (1001). Le Maramureș est alors rattaché au patriarcat de Constantinople et à l'éparchie de Severin qui sera remplacée au XIVe siècle par l'organisation en patriarcats orthodoxes.

À partir du XIIIe siècle, le royaume de Hongrie impose progressivement son autorité sur la région. Le voïvodat de Marmatie, duché slavo-roumain, qui a été créé au XIIIe siècle disparaît ainsi au au XIVe siècle. Le Maramureș devient le comté de Máramaros à partir de 1470. En 1541, le Maramureș tombe aux mains des Ottomans tout en gardant une certaine autonomie au sein de la principauté de Transylvanie.

En 1596, une partie de l'Église orthodoxe des provinces ruthènes scelle l'allégeance à l’Église catholique romaine par l’union de Brest, du nom la ville de Brest en Biélorussie. C'est ainsi que naît l'Église grecque-catholique ukrainienne[6]. Conformément à ce qui a été convenu avec le Pape, la nouvelle Église (appelée par la suite « uniate ») se soumet au Pape, adhère à l'essentiel des dogmes catholiques, mais conserve des particularités propres dont la liturgie byzantine slave (et non latine), le maintien de l'ordination d'hommes mariés à la prêtrise (conformément aux usages orthodoxes) et une organisation propre[7].

Á la fin du XVIIe siècle, le Maramureș passe sous l'autorité de l'Empire autrichien. En 1699, il lui est cédé officiellement par le Traité de Karlowitz conclu entre l'Empire autrichien et l'Empire ottoman. Le Maramureș subit toutefois des invasions tatares jusqu'au début du XVIIIe siècle. La reconstruction d'églises en bois a suivi le retrait des Tatares[8].

Dans l'Empire autrichien (puis autro-hongrois), le Maramureș fait partie du comté de Máramaros et ce, jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale. En 1920, le Maramureș quitte le giron austro-hongrois et est scindé sur une base ethnique[9] conformément aux traités de Saint-Germain-en-Laye (10 septembre 1919) et de Trianon (4 juin 1920). Le sud-est (peuplé en majorité de Roumains) est rattaché à la Roumanie et le nord-ouest (peuplé en majorité de Ruthènes) est rattaché à la Tchécoslovaquie.

En 1938, lors du premier arbitrage de Vienne, la partie tchèque du Maramureș (Ruthénie subcarpathique actuellement en Ukraine) est annexée par la Hongrie. En 1940, lors du deuxième arbitrage de Vienne, le Maramureș roumain est à son tour annexé par la Hongrie. Au terme de la Seconde Guerre mondiale, la Hongrie perd le Maramureș[8]. Sa composition ethnique est aussi modifiée : les nombreuses communautés juives ashkénazes ont été exterminées.

En 1945, la Tchécoslovaquie est contrainte de céder la Ruthénie subcarpathique à l'URSS en vertu du traité soviéto-tchécoslovaque du 29 juin 1945 qui la rattache à la république soviétique socialiste d'Ukraine. Depuis 1991, cette région fait partie de la République d'Ukraine indépendante.

Après la Seconde Guerre mondiale, la Roumanie a quant à elle récupéré la partie roumaine du Maramureș. Enclavé par l'éloignement et les Carpates, le Maramureș roumain a été préservé de la collectivisation des terres imposée par le régime communiste roumain et de l'occidentalisation des années 1990 qui a suivi la chute du régime communiste[8].

Spécificité ethnographique

Loin des grands carrefours de civilisation et peu équipée en moyens de transport, la région du Maramureș est considérée comme une des dernières régions possédant une culture paysanne européenne. En témoignent les villages et les églises anciennes en bois,les portails d'entrée sculptés en bois, la musique populaire, l'artisanat, les coutumes, mythes, les costumes traditionnels colorés et les fêtes folkloriques[8].

Le bois a de tout temps été une des principales ressources de la région. Depuis 1999, huit églises en bois sont inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO bien qu'il en existe bien d'autres de la même facture. Le Cimetière joyeux de Săpânța est également une des grandes curiosités de la région par ses tombes ornées de stèles funéraires en bois peintes de couleurs vives, représentant une scène de la vie, une activité ou les causes du décès de la personne inhumée, accompagnés d'un poème, parfois nostalgique, souvent humoristique, dédié à la mémoire du mort[10]. L'exploitation des ressources forestières a également amené la construction en 1925 d'une ligne de chemin de fer à voie étroite appelé Mocăniță dont la plus connue se situe dans vallée encaissée de la Vaser en Roumanie. Cette ligne est notamment exploitée à des fins touristiques[8].

Selon le recensement de 2002, le Maramureș méridional (en territoire roumain) est à large majorité roumanophone (82 %) avec des minorités hongroises et ukrainiennes et, plus marginalement, tsigane et allemande[11]. En 2002, plus des trois quarts de la population du judeṭ de Maramureṣ en Roumanie était de confession orthodoxe[12] .

En Maramureș septentrional (en territoire ukrainien), la Ruthénie subcarpathique est peuplée d'Ukrainiens en majorité, aussi appelés Rusyns (Ruthènes, de langue rusyn) et Houtsoules, et de minorités hongroise, slovaque, polonaise, roumaine et tsigane. Les Ruthènes parlent une langue slave très proche de l’ukrainien et utilisent l’alphabet cyrillique. Les Ruthènes sont généralement de confession gréco-catholique de rite uniate, contrairement aux Ukrainiens qui sont généralement de religion orthodoxe[13].

Protection de l'environnement

Le Parc Naturel Monts Maramureș a été créé pour protéger la biodiversité et pour la préserver la faune et la flore endémique ainsi que les habitats naturels. La végétation et la faune sont liées à l'étage alpin considéré. En plus haute altitude, on peut rencontrer des chamois, marmottes, aigles,Tétras lyre et dans les forêts de conifères : le loups gris, le Lynx boréal, le Vison d'Europe, le Grand Tétras, l’Ours brun, le Cerf élaphe, etc. Dans les cours d’eau de montagne des rivières Tisza, Vişeu, Ruscova şi Vaser, outre les Truites, on rencontre l'espèce de Saumon, « lostriţa »[14].

Festivals et événements

Les principales fêtes folkloriques du Maramureș sont[8] :

  • Hora de la Prislop : fête de la musique folklorique.en août ;
  • Tânjaua : célébration du travail paysan en avril-mai ;
  • Sanzienele : fête de la Saint-Jean en juin ;
  • Festival Maramuzical : en juillet ;
  • Fête de l'Assomption : le 15 août à Moisei ;
  • Fête de l'hiver : le 27 décembre.

Galerie

Notes

  1. (en) Alan E. Sparks, Into the Carpathians : a journey through the heart and history, Lonely day publishing, (lire en ligne)
  2. « Pays de Maramures », sur Regio (consulté le )
  3. (ro) « Terapie », sur www.e-calauza.ro (consulté le )
  4. (en) Aurel Rustoiu, « Evolution of environment and human habitation in Maramureş from the Neolithic to the early Middle Age : An Overview », sur Researchgate, (consulté le )
  5. Michel Kazanski, « Les Slaves, des origines aux premières principautés », sur Clio voyages culturels, (consulté le )
  6. Laurent Tatarenko, Une réforme orientale à l’âge baroque : Les Ruthènes de la grande-principauté de Lituanie et Rome au temps de l’Union de Brest (milieu du XVIe - milieu du XVIIe siècle), Rome, Publications de l’École française de Rome, coll. « Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome », (ISBN 978-2-7283-1471-3, lire en ligne)
  7. Stefan Mund, Orbis Russiarum, Librairie Droz, Genève, 2003, p.38
  8. Robert Reid et Leif Pettersen, Roumanie et Moldavie, Maribyrnong, Lonely Planet, p. 229
  9. Selon le principe (énoncé par le président américain Woodrow Wilson) du « droit des peuples à disposer d'eux-mêmes »
  10. « Soirée tragique qui se termine par un hic », La Libre Belgique,‎ (lire en ligne).
  11. [1].
  12. Fiche du judet au recensement de 2002.
  13. « Les Ruthènes », sur Université Laval (Canada), (consulté le )
  14. « La région de Maramureş », sur Roumanie.fr (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

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