Maladaptation
En évolution, une maladaptation (on parle aussi d'inadaptation) est un trait qui est (ou est devenu) plus nuisible qu'utile, contrairement à une adaptation, qui est plus utile que nuisible.
En science de l'environnement et en sciences du climat, le concept de maladaptation est utilisé pour décrire un processus présenté comme une solution aux changements climatiques qui constitue en réalité un facteur d'aggravation de la vulnérabilité climatique par report de vulnérabilité spatiale ou temporelle. Selon le GIEC, elle se traduit par une augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES), un transfert ou une amplification de la vulnérabilité au dérèglement climatique, une aggravation des inégalités sociales ou une réduction du bien-être, présent ou futur[1].
Ce concept est central dans les politiques et stratégies d'adaptation, où il souligne les risques et enjeux (sociaux, économiques, militaires, de santé environnementale, etc.), liés à des mesures mal conçues ou mal mises en œuvre. En Fance, en 2023 le Haut Conseil pour le Climat rappelle aussi que l’adaptation doit impérativement être pensée en cohérence avec les objectifs d’atténuation, afin d’éviter ces effets pervers[2],[3].
Maladaptation au changement climatique
Il s'agit d'un processus d’adaptation mal conçu, qui - involontairement - au lieu de réduire la vulnérabilité des systèmes humains ou naturels face aux aléas climatiques, l’aggrave en raison d'un ou de plusieurs facteurs[3]. Il peut s'agir d'une mauvaise anticipation des effets à moyen et long terme, d'une focalisation excessive sur des bénéfices immédiats, ou d'une absence de prise en compte des dynamiques contextuelles (sociales, économiques et écologiques)[4].
Parmi les exemples les plus souvent cités : une recours massif à la climatisation pour faire face aux vagues de chaleur urbaines, apporte un confort thermique immédiat, mais tout en aggravant significativement l'effet d’îlot de chaleur urbain et l’augmentation des émissions de GES, tout en renforçant les inégalités d’accès au rafraîchissement[4],[5]. Autre exemple : l'artificialisation de berges et du trait de côte, ainsi que le mauvais dimensionnement ou positionnement de berges artificielles et de digues côtières ou d'aménagement antiérosifs peuvent aggraver localement l’érosion et/ou déplacer les risques, parfois en les aggravant, vers d’autres zone. L'irrigation et le drainage intensifs en agriculture, accentuent la pression sur les ressources en eau et peut compromettre la résilience des écosystèmes[6].
Prévention
Pour prévenir la maladaptation[7], les experts recommandent généralement une approche systémique, prospective et inclusive, intégrant un certain degré d'incertitudes climatiques et biogéographique, les besoins des populations vulnérables (migrants et réfugiés climatiques y compris) et les principes de justice climatique. Un point de vigilance concerne le littoral[8],[9],[10]. Des outils d’évaluation ex ante, des mécanismes de suivi, et une gouvernance participative sont essentiels pour garantir l’efficacité et la durabilité des mesures d’adaptation.
Notes et références
- ↑ GIEC, AR6, WGII, 2022 et GIEC, AR6, WGII, Glossaire (2022).
- ↑ HCC, rapport annuel 2023
- « « Maladaptation » :comment ne pas faire face au changement climatique », sur fr.scienceaq.com (consulté le )
- « La maladaptation », sur Manche.fr (consulté le )
- ↑ « Climat et énergie / atténuation et adaptation au changement climatique. Tout comprendre des différences », sur www.oxfamfrance.org (consulté le )
- ↑ Magnan, A. (2013). Éviter la maladaptation au changement climatique. IDDRI Policy Briefs, 8(13), 1-3.
- ↑ « Éviter la maladaptation au changement climatique », sur www.iddri.org (consulté le )
- ↑ Klöck, C., & Woillez, M. N. (2023). L’adaptation côtière aux Comores. Le rôle des perceptions et le risque de mal-adaptation (pp. 1-50). Éditions AFD.
- ↑ Naud A (2024) S'adapter aux risques littoraux : de la perception à l'adaptation, au travers des différentes temporalités du risque (Thèse de doctorat ; Nantes Université)
- ↑ Alexandre Magnan, « 1. La chaîne des impacts du changement climatique », Éditions Rue d’Ulm, (ISBN 978-2-7288-1400-8, consulté le ), p. 19–32