Madeleine Brohan

Madeleine Brohan
Portrait de Madeleine Brohan en 1864,
photographie de Étienne Carjat
Fonction
Sociétaire de la Comédie-Française
-
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Émélie Madeleine Brohan
Nationalité
Activité
Mère
Fratrie
Conjoint
Enfant
Paul Langély (d)
Signature

Madeleine-Émilie Brohan, née à Paris le [1],[2] et morte à Paris 1er le [3],[4], est une actrice française.

Biographie

Madeleine est la fille d'Augustine-Suzanne Brohan et la sœur cadette d'Augustine Brohan, toutes deux comédiennes[2].

Elle entra très jeune au Conservatoire, suivit les cours de Samson et obtint un second prix de comédie en 1839 puis le premier en 1840[2]. Bien qu'elle ait un talent reconnu, c'est sa beauté qui va faire sa renommée en début de carrière. Elle est admise à la Comédie-Française en 1850, à l'âge de dix-sept ans[2], et son triomphe dans Les Contes de la reine de Navarre la font remarquer par Louis-Napoléon Bonaparte, futur président de la République, dont elle devient la maîtresse[5].

Mariée à Mario Uchard (orthographié Mario Huchard[2]) le [6], et séparée deux ans plus tard, elle passe quelques années en Russie, où elle joue au Théâtre français de Saint-Pétersbourg. Pour se venger de son délaissement, son mari écrit la comédie La Fiammina rapportant son infortune[7].

Elle rentre à la Comédie-Française en 1858, mais elle doit faire face à des problèmes de voix, qui l'obligent à s'éloigner parfois plusieurs mois des planches. Faisant trop confiance à sa beauté pour travailler ses rôles à fond, mais également atteinte d’embonpoint, elle ne peut plus obtenir les rôles de jeunes premières, qui reviennent plus à ses concurrentes plus jeunes comme Sophie Croizette, et n'a pas le talent pour obtenir des créations spécifiques, comme le peut Jeanne Plessy[5].

Elle est la maîtresse du prince de Joinville, et a ensuite une longue relation avec le jeune Paul Déroulède[8] dont elle a en 1866 un enfant, Paul Langély, que le poète (mineur au moment de leur relation) fera passer pour son filleul.

Le chroniqueur, Auguste Villemot reporte lors de ses rencontres, « ce qui fait que j'aime mieux l'esprit de Madeleine que celui de sa sœur, […], quoiqu'elle passe, à tort, pour en avoir beaucoup moins, c'est qu'elle ne vous enlève pas le vôtre et vous permet la riposte »[9], peut-on lire dans les Lettres d'une voyageuse, publiées en 1897[10].

À l’issue de ses obsèques, célébrées en l’église de Fresnes, elle a rejoint sa mère et sa sœur dans le caveau familial du cimetière de Fresnes[11].

Théâtre

Carrière à la Comédie-Française

Mentions dans la littérature

  • 1913 : Dans l'ouvrage Du côté de chez Swann de Marcel Proust, le narrateur, jeune, classe « les [actrices] les plus illustres par ordre de talent : Sarah Bernhardt, la Berma, Bartet, Madeleine Brohan, Jeanne Samary »[12].
  • 1922 : Dans On passe dans huit jours, comédie en un acte de Sacha Guitry, l'auteur dit : « C'est arrivé à Frédérick Lemaître… et à Madeleine Brohan »[13].
  • 2003 : Dans l'ouvrage La terre et le ciel de Jacques Dorme d'Andreï Makine, le nom de l'actrice est orthographié « Madeleine Brohant ».

Notes et références

  1. Paris, État civil reconstitué, vue 3/51.
  2. Société des gens de lettres (ill. Eustache Lorsay et Alexandre Collette), Les Théâtres de Paris : Mlle Madeleine Brohan, Paris, Chez Martinon Libraire, coll. « Galerie illustrée des célébrités contemporaines », , 616 p., 27 cm (OCLC 697963382, BNF 39773611, présentation en ligne, lire en ligne), p. 82 à 86.
  3. Acte de décès à Paris 1er, n° 166, vue 25/27.
  4. Théophile Gautier (1811-1872), Claudine Lacoste-Veysseyre (rédactrice), Pierre Laubriet (dir.) et Jean-Claude Fizaine et Andrew Gann (collab.), Correspondance générale. 5, 1852-1853, vol. 5, Genève, Paris, Droz, coll. « Histoire des idées et critique littéraire », , 324 p., 22 cm (ISBN 2600037012 et 9782600037013, BNF 36653543, présentation en ligne, lire en ligne ), p. 397.
  5. Jean-Claude Yon, « Une grande actrice sous le Second Empire », L'Histoire par l'image,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. Archives de Paris, « Acte de mariage »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) [jpg], sur archives.paris.fr (visionneuse), page 3-8, (consulté le ).
  7. Julius Lovy, « Semaine théâtrale : Le théâtre français », Le Ménestrel, Paris, t. 15, no 590,‎ , p. 2-4 (BNF 34493983).
  8. Adrien Dansette, Les Amours de Napoléon III, A. Fayard, 1938.
  9. Valentina Ponzetto (Select Essays from Women in French International Conference 2012), Women in French Studies : Augustine Brohan, reine des soubrettes et auteur de proverbes, s.l., Mark Cruse, , 158-170 p. (lire en ligne), p. 162.
  10. Marie Rattazzi, Lettres d'une voyageuse : Vienne, Budapest, Constantinople, Paris, F. Alcan, , 112 p., in-8º (OCLC 459169450, BNF 32557460, SUDOC 097424498, présentation en ligne).
  11. [[Marie-Louise Néron|Marie-Louise Néron]], « Enterrement de Madeleine Brohan », La Fronde, Paris, vol. 4, no 812,‎ , p. 1 (ISSN 2534-7004, lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  12. Marcel Proust, Du côté de chez Swann, Paris, Gallimard, , 527 p. (ISBN 2-07-037924-8), p.74
  13. Sacha Guitry, On passe dans huit jours, Paris, Librairie théâtrale / Place des éditeurs, , 17 p., 18 cm (ISBN 2258145589 et 9782258145580, OCLC 799692626, SUDOC 118665359, présentation en ligne, lire en ligne), p. 11.

Bibliographie

  • « Brohan (Emilie-Madeleine) », dans Pierre Larousse, Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, Paris, Administration du grand dictionnaire universel, 15 vol., 1863-1890 [détail des éditions].
  • Georges d'Heylli, Madeleine Brohan : sociétaire retirée de la Comédie-française, 1886.
  • Eugène de Mirecourt, Madeleine Brohan, 1867.
  • Eugène de Mirecourt, Portraits et silhouettes du XIXe siècle : Augustine et Madeleine Brohan, 1867.
  • Félix Savard, Les actrices de Paris, préface d'Henri de Pène, 1867.
  • Paul Gaulot et Louis Schneider (dir.), Les trois Brohan, Fontenay-aux-Roses / Paris, Impr. PUF / Lib. Félix Alcan, coll. « Acteurs et Actrices d'autrefois », , 151 p., 21 cm (OCLC 461535065, BNF 34214794, SUDOC 055638708, présentation en ligne).

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